OPTIMISER LA DEMOCRATIE (2ème partie) – LE JAPON

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« Sakura » – Fragment de vitrail – (jpra)

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                                     OPTIMISER LA DEMOCRATIE (2ème partie) – LE JAPON

Nous renouons avec notre rubrique « Optimiser la démocratie » dont la 1ère partie est parue sur ce Blog le 29 septembre 2013 sur une question : « Démocratie ou démocraties ? », et par laquelle nous abordions sous différents angles les rôles du droit et des institutions dans l’amélioration de la qualité – et pour ainsi dire, de l’efficacité – de la Démocratie.

En poursuivant la discussion, il est intéressant de voir, dans le concret des expériences en Asie extrême-orientale et en Francophonie , comment cette « amélioration » se traduit-elle et, partant, ce qu’il conviendrait d’en tirer comme enseignements. Le choix de ces espaces géographiques et culturels n’est pas anodin ; il procède de la simple idée qu’aujourd’hui  les sources d’inspiration démocratique ne proviennent pas nécessairement et obligatoirement de l’Occident, même si à l’origine cette région du monde a fourni en idéaux le corpus démocratique.

L’Asie extrême-orientale, tout spécialement la Chine et le Japon, montre malgré quelques variations le visage d’un très grand dynamisme économique, commercial et culturel, certes chacun à sa manière. Chacun à sa manière également et apparemment de façon opposée, ces deux pays majeurs, phares s’il en est du continent asiatique (la Corée du Sud et Taïwan faisant également leur entrée dans ce cercle privilégié), ont développé des concepts de la démocratie étroitement liés à la notion de développement, qui ne sont pas sans nous intéresser grandement, en particulier nous, Malgaches, qui sommes à la recherche de notre propre voie démocratique.

Cependant, comparaison n’étant pas raison, si l’on a choisi la Chine et le Japon c’est moins pour les mettre en parallèle dans une vaine optique comparative à proprement parler, que pour mettre en exergue leur évolution respective dans les efforts démocratiques qui sont les leurs et par rapport, surtout, aux pesanteurs historiques et aux perspectives de développement qu’ils se sont données. 

 

                                                       LA VOIE DEMOCRATIQUE DU JAPON (1)

 

L’expérience japonaise est très parlante à plus d’un titre.

Elle évoque le long et dramatique chemin parcouru depuis le Japon féodal, en passant par la période centralisatrice de l’ère Meiji et, surtout, successivement, celles du Japon expansionniste et du Japon martyrisé par deux frappes atomiques, jusqu’à l’ère actuelle marquée tant par les catastrophes naturelles (le Japon est assis sur la longue chaîne volcanique du Pacifique et a connu, au niveau mondial, les premières grandes catastrophes écologiques dues à l’hyper industrialisation) que par une stabilité institutionnelle remarquable atteinte au prix d’énormes sacrifices. 

La démocratie y a trouvé une traduction jugée satisfaisante par le peuple japonais et, en tout cas, apaisée. Le façonnement du système démocratique et institutionnel japonais, parvenu à son accomplissement depuis 1946, est donc le fruit d’une évolution successive et continue.

C’est ce qui lui donne sa vivacité actuelle, en dépit des débats récurrents quant aux adaptations jugées nécessaires liées à une certaine sclérose du système parlementaire et qu’ont révélé récemment les conséquences politiques de la catastrophe nucléaire de Fukushima.

                                                Un cheminement dicté par des contraintes extérieures

Les nécessités de la résistance japonaise aux tentatives d’intrusions coloniales occidentales du XIXème siècle se sont rapidement traduites par une révolution institutionnelle. Très intelligemment, ce n’est point en rejetant en bloc les apports étrangers que le Japon s’était armé pour s’opposer à ces intrusions, mais bien par leur assimilation et leur appropriation après un sévère processus sélectif.

C’est ainsi qu’avec la promulgation d’une constitution moderne, celle dite de Meiji en 1889, le Japon est devenu un Etat fortement centralisé sur le modèle prussien, à la tête duquel se trouvait un Tennô (Empereur) paradoxalement désacralisé par le fait même d’une extraordinaire concentration de tous les pouvoirs temporels entre ses mains, alors que dans le Japon féodal de l’ère Tokugawa  le pouvoir souverain, d’ordre intemporel, se limitait pour l’essentiel à  des prérogatives d’ordre rituel et sacramental.

Mais, tout aussi paradoxalement, c’est pendant cette période autoritaire de l’ère Meiji que l’influence de la tradition juridique française bat son plein avec, en particulier l’introduction au Japon des principes généraux de droit en matière civile, dont le Professeur Boissonade en a été l’artisan.

Le code civil japonais, de forte inspiration française mais adapté aux spécificités japonaises, demeure de nos jours comme un pilier institutionnel avec l’apport de réformes successives, tandis que la tradition administrative et étatique germanique d’un « Etat fort » qui, à partir des années 1930 va permettre à une dictature militaire de s’imposer, a été supplantée dès 1946 par une importante et décisive greffe anglo-américaine. En effet, après la capitulation du Japon en 1945, la puissance victorieuse, les Etats-Unis, a imposé à ce pays la constitution qui est toujours actuellement en vigueur.

Cette constitution unique en son genre, a voulu tout à la fois respecter le tréfonds de la mentalité japonaise et ancrer définitivement le Japon dans la démocratie avec l’introduction de principes fondamentaux tels que la laïcité, le pacifisme, l’habeas corpus ou les libertés individuelles.

La stricte séparation des pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire est une réalité vécue au quotidien, et dans cette nouvelle architecture institutionnelle le Tennô (Empereur) ne règne qu’en virtualité et ne gouverne pas. Selon le Professeur Fukase, un éminent constitutionnaliste japonais, la charte fondamentale japonaise est bâtie sur des principes purement républicains (voir sur ce Blog : « le Japon, une monarchie républicaine », article du 27/9/2013), ce qui fait que nous sommes, selon les mots du professeur, dans une « République qui cantonne l’Empereur à une fonction purement formelle ». D’ailleurs, aux termes de la constitution (article 14) il n’y a plus au Japon « ni nobles ni titres nobiliaires » ni privilège particulier.

Il y a là une manifestation particulière, conforme à l’esprit démocratique, et en tout cas pleinement accepté par un peuple politiquement majeur, du rôle moderne et humaniste d’un monarque. Les Japonais se satisfont amplement de ce rôle non pas « amoindri » ni « galvaudé » car, fondamentalement, le Tennô est tout à la fois le symbole vivant de la permanence d’une tradition trimillénaire et de la démocratie très chèrement acquise après les terribles punitions atomiques de Hiroshima et de Nagasaki et de l’humiliante capitulation de 1945.

Et, à l’inverse, ceux qui, avec une certaine gauche japonaise, soulignent l’ « inutilité » du Tennô, semblent marginalisés au fil du temps et, en réalité, une grande majorité de Japonais semble s’accommoder fort bien de la vacuité du pouvoir politique – et non du rôle – de l’empereur.

Car, le rôle public reconnu au Tennô, qui le rend accessible et visible contrairement à son statut de naguère,lui donne une stature  politique au sens noble. Il tient au fait établi qu’il est le ciment d’une nation comme d’une démocratie auxquelles chacun tient, une démocratie unanimement conçue comme le fondement de l’avancée matérielle du Japon dans une modernité qui n’a jamais renié ses traditions.

                                                         Co-existence de l’intemporel et du temporel

En effet, juridiquement le Tennô dont le rôle et la personne sont désacralisés (le crime de lèse-majesté n’existe plus), n’a juridiquement  ni les prérogatives d’un souverain ni celles d’un Chef d’Etat. Il est dans l’intemporalité identitaire et référentielle et non dans la temporalité de la représentation étatique. La souveraineté formelle appartient au peuple et le Tennô, qui n’est que le symbole de l’Etat et de l’unité du peuple, « doit ses fonctions à la volonté du peuple » comme le précise la constitution.

Ceci étant, la fonction de Tennô revêt toujours, dans une civilisation japonaise trimillénaire qui accorde à l’acte symbolique une signification aussi profonde qu’identitaire, une solennelle dimension qui dépasse l’aspect formel et politique. C’est le niveau intemporel, propre au système institutionnel japonais. Et en fait, c’est à travers les actes rituels, mémoriels et cérémoniaux que le Tennô exerce cette force symbolique – et évocatrice –  incomparable et, en quelque sorte, c’est cette force qui confère une dignité certaine aux actes étatiques du plus haut niveau.

A n’en pas douter, c’est là où se situe le rôle-clef du Tennô auquel les Japonais sont très attachés même si dans leur majorité, vénérant l’empereur pour ce qu’il représente et le respectant du seul fait de sa personnalité propre, ils ne le perçoivent plus comme une personne divine, invisible et hors d’atteinte. Car, en réalité, la version actuelle, démocratique et moderne du Tennô correspond bien, selon  le Professeur Watanabe, un  autre éminent constitutionnaliste japonais, « à la perception des Japonais puisqu’ils regardaient traditionnellement l’Empereur comme un sujet de vénération plutôt que comme une autorité politique ». Et, à un autre degré intéressant et au dire du Professeur Fukase précité, le Tennô est également « l’incarnation de la continuité du génie de la nation japonaise ».

C’est grâce à ce sentiment national d’ordre essentiellement affectif , – qui le différencie du sentiment nationaliste exacerbé de la période guerrière et qu’incarnait récemment le romancier et acteur Mishima – , que confusément dans l’esprit de la masse des Japonais le Tennô « règne », est au plus haut niveau de l’Exécutif, et que beaucoup perçoivent qu’ils sont toujours dans un régime monarchique.

Ceci nous conduit tout naturellement à examiner le pouvoir exécutif, cette fois-ci dans le sens strict du terme, c’est à dire par référence aux textes et à l’articulation institutionnelle, de même qu’en tant que pouvoir temporel.

Au Japon, l’Exécutif, exercé par le « Naïkaku » (littéralement, le « Cabinet »), s’inspire dans sa structure et dans l’étendue de ses pouvoirs, plus de la tradition américaine qu’anglaise contrairement à une idée répandue (a); par contre, dans sa pratique et dans ses relations avec la Diète (Parlement bicaméral), le fonctionnement de l’Exécutif tire plus vers la tradition anglaise qu’américaine (b).

(a)     Une « Administration » à l’américaine, pléthorique mais  puissante :

Les contours des prérogatives reconnues au Cabinet sont, selon le Chapitre V de la constitution japonaise, somme toute assez classiques dans l’apparence. Mais en réalité, les pouvoirs du Cabinet sont énormes. Son chef, le Premier ministre (« Naïkaku-sôri-daijin »), est tout à la fois chef du Gouvernement (« Seifu »), Chef de l’Etat (puisque le Tennô ne règne formellement  pas et n’est pas reconnu comme le Chef de l’Etat japonais, ce contrairement au souverain britannique par exemple), chef des armées et de la Défense nationale (bien qu’aux termes de l’article 9 actuellement très controversé de la constitution, officiellement le Japon n’a pas d’armées mais des « forces d’auto-défense »), chef de l’Administration (dans le sens américain du terme), dirige la politique étrangère, dispose du droit de grâce, de commutation des peines et de réhabilitation (prérogatives habituellement dévolues à un chef d’Etat qu’il est effectivement).

De fait aussi, gravitent autour du Cabinet d’importants organes consultatifs et de coordination, dits « auxiliaires » (exemples : le très tentaculaire Secrétariat Général du Gouvernement – « Naïkaku-kambo-chôkan » –  qui dépasse en importance et en compétence son équivalent français et dont le chef a d’ailleurs rang de ministre, ainsi que l’imposant Bureau Législatif – « Hôsei-kyoku » – ), et des organes aux compétences administratives et juridictionnelles, dits « autonomes » (exemples : la Cour des Comptes – « Kaïkei Keinsa-in » – chargée de vérifier annuellement la comptabilité définitive des dépenses de l’Etat, ou le Conseil de la Fonction publique – « Jinji-in » – chargé essentiellement de garantir l’impartialité des fonctionnaires et le respect de leur statut, fonctions qui mériteraient d’être étudiées de près par beaucoup de pays comme Madagascar).

Et, mis à part les différents départements ministériels à proprement parler qui le composent, le Cabinet compte encore une multitude de « Commissions » ou d’ « Agences d’Etat », qui sont en réalité des institutions ministérielles d’inspiration américaine, parmi lesquelles on relèvera à titre d’exemples : l’ « Agence de la Maison Impériale » (il est remarquable qu’un général américain, en l’occurrence le génial général McArthur, le vainqueur du Pacifique et « proconsul » au Japon, ait été à l’origine du maintien de l’institution impériale japonaise… !) ; la « Commission de la Libre Concurrence » (qui à l’origine était destinée à empêcher la reconstitution des « Zaîbatsu » – les conglomérats industriels japonais qui furent au soutien du Japon expansionniste de la période guerrière ; et qui, aujourd’hui continue de jouer un rôle primordial dans la structuration de l’économie japonaise avec ses « guidelines »), détenant le pouvoir d’édicter des directives contraignantes (un peu à la manière des directives européennes…) et un pouvoir quasi juridictionnel de poursuite et de sanction ; et l’ « Agence de Défense », dont l’importance politique est si considérable que son titulaire est généralement considéré comme un futur Premier ministre ou un futur ministre important (affaires étrangères, ou économie, ou finances, ou commerce extérieur), et qui à terme a vocation à devenir un ministère de plein exercice à la faveur d’une évolution institutionnelle tendant à  une révision de l’article 9 de la constitution.

Sur ce dernier point, il est significatif que récemment le Premier ministre Abe ait renforcé considérablement les capacités d’intervention de la marine japonaise, le conflit territorial sino-japonais à propos des îlots de la mer de la Chine du Sud-oriental redoublant d’intensité. 

(b)     une pratique parlementaire à l’anglaise :

En dépit de cette « américanisation » structurelle de l’Exécutif japonais, dans la pratique politique interne, dominée par le poids de la Diète et par un système électoral à  l’italienne, c’est-à-dire caractérisé par le fractionnement partisan, le Cabinet fonctionne plutôt selon le modèle de Westminster et, d’une façon générale, comme la plupart des démocraties parlementaires de l’Europe occidentale.

Ceci n’est pas sans fréquents grincements dans la vie politique japonaise, car trop souvent les majorités parlementaires sont introuvables à cause d’un système électoral qui donne au principe proportionnel une trop grande place, ce qui renforce chez certains leaders politiques la conviction qu’un système favorisant le scrutin majoritaire, à la manière française, serait bienvenu. Des projets de réformes allant dans ce sens sont en cours et en passe d’être appliqués.

Politiquement, le Cabinet dépend en effet étroitement de la Diète et il n’est pas rare qu’il soit bloqué dans ses actions. De son côté, le peuple japonais ressent de plus en plus une trop grande distance entre lui-même et ses représentants, créant un malaise certain chez certaines catégories de la population, en particulier chez les jeunes, l’oligarchie formée par la classe politique fonctionnant en vase clos.

Le Premier ministre, qui est habituellement le chef du parti politique dominant de la majorité parlementaire, est désigné parmi les parlementaires par une résolution de la Diète et ensuite nommé formellement par le Tennô. Et les ministres eux-mêmes, certes désignés par le Premier ministre ainsi investi, doivent être majoritairement choisis parmi les parlementaires.

Comme dans toutes les démocraties parlementaires, la Diète ici contrôle très étroitement les activités du Gouvernement et, bien entendu, celui-ci est solidairement responsable devant elle avec toutes les implications que l’on connaît.

(A suivre)

                                                                               Jean-Pierre Razafy-Andriamihaingo

* Ancien Ambassadeur de Madagascar en France, près le Saint-Siège, en Italie, en Espagne. Avocat honoraire au Barreau de Paris, ancien conférencier et chargé de cours auprès de grandes écoles de commerce et d’universités françaises pour « Les systèmes institutionnels chinois et japonais », Expert international en Promotion de la Démocratie et de la Bonne gouvernance, diplôme  supérieur d’études chinoises de l’Institut National des Langues et Civilisations Orientales de Paris et du CPEI.

                                                                                              (Reproduction, même partielle, interdite)

5ème INVITE DE LABODIPLO – LA RECONSTRUCTION DE MADAGASCAR

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« Fruit-Passion 3 » (jpra)

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                                     LA RECONSTRUCTION DE MADAGASCAR 

                                                         Le 5ème invité

                                                                                  Propos introductifs

Dans la suite de mon message aux lecteurs de « LaboDiplo », (cf.« Aux lecteurs de LaboDiplo », sur ce même Blog, le 16novembre 2013), nous continuons à  nourrir la rubrique « Parole aux invités de LaboDiplo », toujours dans l’esprit d’une « polarisation » souhaitable de Madagascar, les invités étant d’origine étrangère, lesquels se proposent de nous dire, à nous Malgaches et à la face du monde, comment ils voient notre retour indispensable sur la scène internationale. 

Leur est ainsi proposé lethème : « La reconstruction de Madagascar ».

Après moins de dix ans d’undéveloppement remarquable, de 2002 à 2009, à nouveau Madagascar est plongée dans une grave crise institutionnelle et politique sans précédent après le coup d’Etat du 17 mars 2009. Néanmoins, les signes d’un renouveau sont palpables pour une réelle sortie de crise, à condition que les Malgaches fassent les bons choix à la présidentielle et aux législatives dès le 20 décembre 2013 et que ces choix ne soient en aucune façon faussés.

Le moment est donc venu, nonseulement de l’accompagner, mais surtout de préparer dès maintenant l’après-crise afin que les conditions du redressement soient réunies. 

Dans cette nouvelle quête au développement de Madagascar, la Grande Ile doit naturellement retrouver avec ses partenaires de toujours des rapports de confiance réciproque et ceux-ci sont encouragés à conserver dans l’espace malgache une place de choix et un rôle moteur. Parallèlement, Madagascar a  à assurer chez elle le renouveau de la Démocratie et à  mettre en œuvre une planification devant garantir une bonne articulation des politiques sectorielles et une harmonisation des niveaux de développement dans les régions. Pour cela également, dans un monde en constant bouleversement Madagascar se doit d’être plus attentive que jamais à son environnement géostratégique et géopolitique, son positionnement géographique et les leçons de son histoire lui commandant d’être au diapason des questions internationales.                                                                                        

                                                                                          Panel des intervenants

Pour cette rubrique « La reconstruction de Madagascar », je remercie vivement mes invités qui ont bien voulu marquer par leurs écrits le vif intérêt qu’ils portent au redressement nécessaire de Madagascar, pays qu’ilsaiment et dont ils reconnaissent les énormes potentiels. Ils nous livrent respectivement leur vision personnelle, et il est certain que compte tenu des hautes responsabilités qui furent ou qui demeurent les leurs, nous ne pouvons qu’être d’autant plus attentifs à leur contribution expertale.

Précédemment :

Pour commencer, j’avais donné la parole le 20 novembre 2013 à l’Amiral Laurent Mérer, ancien Commandant de la Zone maritime de l’Océanindien et ancien Préfet maritime de l’Atlantique. Il nous a livré ses pertinentes réflexions sur un thème d’une actualité certaine et d’un intérêt permanent : « Madagascar, l’environnement stratégique ». Puis, c’est le docteur Didier Coulomb,  le Directeur de l’Institut International du Froid (IIF), une organisation internationale intergouvernementale d’une importance croissante, qui intervenait pour  la nécessaire  maîtrise, pour Madagascar, de la chaîne du froid, dispositif stratégique  indispensable pour assurer la sécurité alimentaire et sanitaire, mais aussi la diversification et la promotion des produits agricoles et halieutiques,  notamment à travers les techniques de conservation et de distribution. Le 24 novembre, ce fut au tour du  colonel (er) Hughes Lelouvier Aumont de Bazouge d’intervenir, un grand spécialiste de l’Afrique et de Madagascar, et, devrait-on ajouter, un grand amoureux de Madagascar. Il a abordé les « perspectives du développement de Madagascar » sous un angle inédit et plein d’enseignements. Puis, le 26 novembre nous avons donné la parole à Monsieur René-Paul Victoria, ex Député-Maire de Saint-Denis de La Réunion et ex Président du Groupe d’Amitié France-Madagascar de l’Assemblée nationale française, un fin  observateur des réalités malgaches et qui continue à œuvrer à l’optimisation des rapports franco-malgaches. Son texte, initialement conçu pour un colloque à la Maison du Barreau de Paris en  février 2013, n’en garde pas moins son actualité. Il y évoque dans un esprit positif  la vocation de « géant » de Madagascar, l’idée n’étant pas sans  rappeler l’expression de Alain Peyrefitte qui, à son époque dans les années 1970, évoquait l’inéluctable  « Réveil de la Chine » comme d’une échéance proche…

A présent :

Nous donnons la parole à un Suédois, le Professeur Per-Sigrud Agrell, spécialiste de Géopolitique, Professeur aux universités de Stockholm et de Londres, Directeur de recherche à l’Ecole des Mines de Paris et associé à la Société suédoise « Secana » liée au Ministère suédois de la Défense. Il est particulièrement intéressant de voir comment un natif d’un pays aussi éloigné de Madagascar, la Suède, pays-modèle en matière de démocratie, perçoit notre problématique de reconstruction. Il  évoque la nécessité pour Madagascar de faire le bon choix en matière systémique, la bonne articulation des rouages  étatiques à tous les niveaux étant fondamental pour une application  efficace des politiques et pour une transmission effective des directives, de même que pour une remontée indispensable des informations en provenance  du terrain. Autrement dit : pour assurer une bonne connexion, soignons l’ information et la communication.

Merci Monsieur le Professeur !

  

 

     QUEL CHOIX SYSTEMIQUE POUR LE REDRESSEMENT DE MADAGASCAR ?

 

                                  Par Per-Sigurd Agrell

                                            Professeur des Universités à Stockholm et à Londres,

                                              Directeur de Recherche à l’Ecole des Mines de Paris

                                        Associé à la Société « SECANA », spécialiste en Géostratégie

                                                                                                        *

Grâce à Jean-Pierre Razafy-Andriamihaingo, l’histoire de Madagascar est devenue bien accessible et l’Amiral Laurent Mérer dans son intervention nous fournit d’importantes références factuelles d’actualité. Malgré une longue expérience monarchique et républicaine, Madagascar n’est pas encore parvenue à une gouvernance lui permettant d’être au diapason de la compétition globalisée. Il en est de même de sa population qui ne jouit pas de la richesse naturelle du pays, laquelle est pillée mais  reste en potentiel.

Ainsi, apprend-on que cette île toujours très belle était l’arène de luttes de type tribal et autres, le clientélisme,  le favoritisme  et le « bakchich » faisant office de portes d’entrée à toutes initiatives et entreprises. Une comparaison avec l’histoire des effondrements de Jared Diamond fait ressortir les mêmes causes de déclin:  dégradation des pays partenaires commerciaux, ségrégation et, de façon très classique, déforestation et autres abus de la nature.  Le développement, qui certes a pu se produire, se faisait surtout au profit des entreprises étrangères.

                                                                                                                   *

Le moment est donc venu pour une remise à plat, ce de diverses façons avec le Président qui sera élu le 20 Décembre 2013.

Même dans un esprit de décentralisation, il faudra un  aperçu d’ensemble, pas nécessairement pour tout embrasser mais pour définir un fond ou un cadre sélectif qui mette en exergue les priorités.  A cet égard, dans un bon esprit de transparence on peut se servir de grilles, comme par exemple celle des « cinq rubriques » établie par Stafford Beer, celle des « contrôles » et des « feed backs » de Norbert Wiener, ou encore celle des  « living systems » de James Miller. Laquelle choisir ?  Cela peut se discuter sur le terrain. Assurément, ce sera une question de choix technique mais éminemment politique, sachant que ces grilles ne sont pas très différentes les unes des autres. Nous dirions même qu’elles se répondent mutuellement en tant que constructions opérationnelles viables. Elles ne se différencient que par des degrés de détail.

Prenons par exemple la dernière d’entre elles : les « Living Systems » de James Miller !

Miller définit deux flux et une catégorie plus générale. Il décrit des fonctionnalités, pas des ministères ou autre organisme. Un tel focus est important pour l’analyse et pour pouvoir étudier la cohérence et la fonctionnalité globales.

Les deux généralités sont la « reproduction » (taux de naissance) et la « bordure ». La reproduction est bonne, même très bonne à 2,65%. Cependant, la malnutrition, pour ne pas dire plus, est une réalité quasi-constante, ce qui est inacceptable à tous points de vue et qui, de façon induite freine le redressement de Madagascar. La «  bordure » fait également souci avec  les dernières décisions gouvernementales  de vente si généreuse de terrains, de mines et d’autres droits d’exploitation, notamment pour la pêche ?

S’agissant du flux matériel, on peut constater que l’exportation, sauf celle des crevettes, est faible. Une industrie minière existe, mais sans aucun profit pour le pays. Les flux domestiques manquent d’infrastructure et cette faiblesse touche le peuple et les régions de façon forte et inégale. Il y a aussi la résurgence d’un tribalisme et d’un enclavement qui bloquent les affaires. https://www.cia.gov/library/publications/the-world-factbook/geos/ma.html. Quant aux flux d’information, techniquement ça fonctionne grâce aux opérateurs internationaux, mais les lacunes sont nombreuses.

                                                                                                             *

Le gouvernement actuel dépend de l’Armé, mais certes, l’élection du 20 décembre 2013 ne concerne que des civils. L’agence de statistique est bien établie depuis plus que 50 ans, ce qui peut constituer  une bonne base pour mener une politique maîtrisée. Le problème central est, malgré une administration structurée, la chaîne décisionnelle et le modus operandi des décisions. La centralisation actuelle est éloignée du peuple, et la transparence démocratique fait défaut.  Certes, l’héritage législatif français est omniprésent, mais il n’y a pas de politique sociale et sanitaire digne de ce nom, comme en Europe, ce malgré maintes déclarations lénifiantes. Il est aussi regrettable que, malgré quelque statistique disponible, il est impossible de  savoir à qui profite réellement  les choix politiques et la législation existante et en projet. 

Madagascar et son peuple ne vont pas bien dans leurs structures et dans leur existant. La durée moyenne de vie n’est que de 54 ans. C’est peu, même pour un pays des tropiques où les infections sont nombreuses. Le problème n’est pourtant pas dans les structures administratives, qu’il ne faut cependant pas alourdir. Elles coûtent déjà beaucoup, même proportionnellement plus que le pays peut se payer.  La déficience n’est peut-être pas non plus dans la compétence des fonctionnaires, qui sont généralement bien formés. Le problème est plus profond. Trop d’administrations publiques perdent de vue la nature même de leur mission respective et les objectifs qui leur sont assignés. Rares sont celles qui connaissent les besoins de leurs administrés.  Et, il faut leur reconnaître le handicap que les directives hiérarchiques à ces égards leur manquent.

                                                                                                         *

Dans ce contexte, la vision suédoise que je me permets de transmettre de l’autre coté de notre globe se résume en ceci : c’est d’abord une question de perspective systémique. Tout le monde est appelé à travailler pour quelqu’un et pour quelque chose, et ce, en équipe. Evidemment, il faut aussi rendre publics et visibles les résultats atteints par tous les ministères et toutes les agences publiques selon des critères essentiellement prédéfinis. Si les politiciens s’engagent honnêtement pour cette forme d’efficacité, alors pourrait-on peut-être se passer d’un audit coûteux.  Il n’est pas nécessaire pour cela d’avoir une compétence scientifique très poussée, mais par contre une ferme volonté de travailler avec tous les habitants du pays est nécessaire, avec comme point de mire l’efficacité de toutes les fonctionnalités essentielles.

Pour qu’une telle reconstruction du système administratif soit possible, bien sûr faudra-t-il avoir une vision globale et  « totalisante » des fonctions  à remplir. Selon James Miller et  d’autres, il faut inclure une série de rubriques qui donnent une fonctionnalité complète et cohérente. Au-delà de la disponibilité d’une fonctionnalité complète, les avantages d’une telle démarche sont:

          Un encadrement permettant de voir et de  penser les améliorations utiles,

          Une terminologie pour désigner les fonctions essentielles,

          Un cadre et un langage appropriés pour évaluer les priorités,

          Un cadre et un langage appropriés pour expliquer et enseigner les fonctions d’une administration,

          Un cadre pour détecter les besoins de coopération entre organisations,

          Un cadre pour cibler et penser les  critères  d’efficacité.

          Une transparence compréhensible pour les gens concernés,

          Une définition des critères pour l’audit,

          Une structuration pour mener des  comparaisons pertinentes.

             

                                                                                                  (Reproduction, même partielle, interdite)

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                                                              INFORMATION

A nos prochains rendez-vous sont prévus de venir des spécialistes et amis provenant d’Italie, toujours de France, et sans doute aussi des Etats-Unis, du Japon et d’autres contrées de la communauté des nations.

Je les remercie à l’avance.

                                                                                                                        JPRA

 

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4ème INVITE DE LABODIPLO – LA RECONSTRUCTION DE MADAGASCAR

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« Fruit-Passion 3 » (jpra)

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                                     LA RECONSTRUCTION DE MADAGASCAR 

                                                   Le 4ème invité

                                                                         Propos introductifs

Dans la suite de mon message aux lecteurs de « LaboDiplo », (cf.« Aux lecteurs de LaboDiplo », sur ce même Blog, le 16novembre 2013), nous continuons à  nourrir la rubrique « Parole aux invités de LaboDiplo », toujours dans l’esprit d’une « polarisation » souhaitable de Madagascar, les invités étant d’origine étrangère, lesquels se proposent de nous dire, à nous Malgaches et à la face du monde, comment ils voient notre retour indispensable sur la scène internationale. 

Leur est ainsi proposé lethème : « La reconstruction de Madagascar ».

Après moins de dix ans d’undéveloppement remarquable, de 2002 à 2009, à nouveau Madagascar est plongée dans une grave crise institutionnelle et politique sans précédent après le coup d’Etat du 17 mars 2009. Néanmoins, les signes d’un renouveau sont palpables pour une réelle sortie de crise, à condition que les Malgaches fassent les bons choix à la présidentielle et aux législatives dès le 20 décembre 2013 et que ces choix ne soient en aucune façon faussés.

Le moment est donc venu, nonseulement de l’accompagner, mais surtout de préparer dès maintenant l’après-crise afin que les conditions du redressement soient réunies. 

Dans cette nouvelle quête au développement de Madagascar, la Grande Ile doit naturellement retrouver avec ses partenaires de toujours des rapports de confiance réciproque et ceux-ci sont encouragés à conserver dans l’espace malgache une place de choix et un rôle moteur. Parallèlement, Madagascar a  à assurer chez elle le renouveau de la Démocratie et à  mettre en œuvre une planification devant garantir une bonne articulation des politiques sectorielles et une harmonisation des niveaux de développement dans les régions. Pour cela également, dans un monde en constant bouleversement Madagascar se doit d’être plus attentive que jamais à son environnement géostratégique et géopolitique, son positionnement géographique et les leçons de son histoire lui commandant d’être au diapason des questions internationales.                                                                                        

                                                                 Panel des intervenants

Pour cette rubrique « La reconstruction de Madagascar », je remercie vivement mes invités qui ont bien voulu marquer par leurs écrits le vif intérêt qu’ils portent au redressement nécessaire de Madagascar, pays qu’ilsaiment et dont ils reconnaissent les énormes potentiels. Ils nous livrent respectivement leur vision personnelle, et il est certain que compte tenu des hautes responsabilités qui furent ou qui demeurent les leurs, nous ne pouvons qu’être d’autant plus attentifs à leur contribution expertale.

Pour commencer, j’avais donné la parole le 20 novembre 2013 à l’Amiral Laurent Mérer, ancien Commandant de la Zone maritime de l’Océanindien et ancien Préfet maritime de l’Atlantique. Il nous a livré ses pertinentes réflexions sur un thème d’une actualité certaine et d’un intérêt permanent : « Madagascar, l’environnement stratégique ». Puis, c’est le docteur Didier Coulomb,  le Directeur de l’Institut International du Froid (IIF), une organisation internationale intergouvernementale d’une importance croissante, qui intervenait pour  la nécessaire  maîtrise, pour Madagascar, de la chaîne du froid, dispositif stratégique  indispensable pour assurer la sécurité alimentaire et sanitaire, mais aussi la diversification et la promotion des produits agricoles et halieutiques,  notamment à travers les techniques de conservation et de distribution. Le 24 novembre, ce fut au tour du  colonel (er) Hughes Lelouvier Aumont de Bazouge d’intervenir, un grand spécialiste de l’Afrique et de Madagascar, et, devrait-on ajouter, un grand amoureux de Madagascar. Il a abordé les « perspectives du développement de Madagascar » sous un angle inédit et plein d’enseignements.

A présent, nous donnons la parole à Monsieur René-Paul Victoria, ex Député-Maire de Saint-Denis de La Réunion et ex Président du Groupe d’Amitié France-Madagascar de l’Assemblée nationale française, un fin  observateur des réalités malgaches et qui continue à œuvrer à l’optimisation des rapports franco-malgaches. Son texte, initialement conçu pour un colloque à la Maison du Barreau de Paris en  février 2013, n’en garde pas moins son actualité. Il y évoque dans un esprit positif  la vocation de « géant » de Madagascar, l’idée n’étant pas sans  rappeler l’expression de Alain Peyrefitte qui, à son époque dans les années 1970, évoquait l’inéluctable  « Réveil de la Chine » comme d’une échéance proche…

Nous lui donnons la parole.

Merci Monsieur le Député !

  

 

Conférence débat  Le vendredi 22 février 2013 à 18- « La Maison du Barreau de Paris »

 

                                                          LE RETOUR DU GEANT

Nul ne peut comprendre Madagascar, son passé, les difficultés de son présent et la construction complexe de son avenir, si on ne connaît pas l’histoire du géant Vazimb(a).

Vestige du continent englouti, le Gondwana ou la mythique Lémurie, Madagascar se penche légèrement vers l’Est, vers l’Indonésie d’une partie de son peuplement, comme par nostalgie. Sur la carte, aux antipodes de l’Europe, Madagascar est un pied gauche renversé, à cheval sur le tropique du Capricorne. Elle fut habitée, disent les récits anciens, par les Vazimbas, ces géants noirs à tête plate. On se souvient encore, que pour un plat de tandrak(a) grillé (un petit hérisson fort goûté), le fils aîné d’Andriandravindravin(a), premier chef Vazimb(a), abandonna son droit d’aînesse à son cadet.

Ces géants des temps seront vaincus. Ils le seront par des hommes arrivant à Madagascar d’un pays lointain au-delà des mers, en marchant, dit-on sur des feuilles de nénuphars (ravintantamo). Le roi des vainqueurs, Andrianampong(a), va construire à Ifanongoavan(a) le premier village de l’Imerina. Ainsi commence, vers l’an 1500, la saga des dix-huit premiers souverains de l’Imerina, d’Andrianampong(a) à Andrianjafinandriamanitr(a). Les Vazimb(as) seront vaincus par les lances à pointe de fer. Et vers 1620, Andrianjak(a), le onzième souverain, pouvait alors s’installer dans sa nouvelle capitale : Analamang(a), « la ville des mille », la future Tananarive.

Et puis la France eut un rêve. Après les Arabes et les Portugais, le cardinal de Richelieu rêve d’une « France Orientale » aux antipodes. En 1643, la Compagnie de l’Orient installe le premier gouverneur français, Jacques Pronis, à Fort-Dauphin. Décimés par les fièvres, victimes du massacre de 1674, le rêve madécasse des Français, terme emprunté au poète Rabearivel(o), tourne au cauchemar. Les édits de Louis XIV confirmant le rattachement de Madagascar, devenue Ile Saint-Laurent, puis Ile Dauphine, à la France, resteront lettres mortes. Mais elle garde un œil jaloux sur l’île et punira de mort, en 1786, l’aventurier Benyowski qui s’était proclamé roi de Madagascar.

Au XVIIIe siècle, pendant que les Français tentent de s’implanter sur la côte orientale, plusieurs royaumes malgaches se constituent ; un prince de Menabe fonde le royaume sakalave de Bouina. Mais Madagascar ne peut être gouverné que par un géant : Andrianampoinimerina. « C’est la mer qui constitue la limite de ma rizière » affirme-t-il. L’histoire du Madagascar moderne, dans son intégrité géographique, commence avec cette phrase. L’homme aux douze épouses va unifier les six parties de l’Imerina et règnera de 1787 à 1810. Il marquera sa méfiance des Européens en leur interdisant de monter à Tananarive.

Radam(a) 1er, son successeur, transgressera l’interdit ; il fit monter les Anglais. Ces derniers introduisirent le cheval, le haut-de-forme et le protestantisme. L’armée et l’imprimerie, mises en œuvre par l’Angleterre, consolidèrent l’unité du royaume. Mais tout le XIXe siècle, la royauté malgache sera prise entre deux géants, La France et l’Angleterre. Après un premier échec en 1885, la France, encouragée par le renoncement de l’Angleterre à Madagascar le 5 août 1890 (lui préférant Zanzibar dit-on), envahit la Grande Ile. Tananarive tombe le 30 septembre 1895.

Le 30 mai 1896, Madagascar devient colonie française. La France a triomphé d’une femme géante : Ranavalon(a) III. Elle est envoyée en exil à La Réunion en 1897 pendant deux ans. Mais considérée comme dangereuse, elle sera transférée en Algérie. La royauté est abolie, comme l’esclavage d’ailleurs. Galliéni va transformer « la forêt insurgée » en « colonie prospère » ; le chemin de fer étant la voie de pénétration de l’administration et de la modernité. Le rêve madécasse de la France est devenu une réalité.

La période coloniale prend officiellement fin le 26 juin 1960 quand le président Tsiranana conduit l’île à l’indépendance. Cette analyse n’est pas partagée. C’est la Révolution qui va décoloniser proclament certains ; les Républiques, comme les rapports de force vont se multiplier ; l’instabilité va s’installer.

Quatrième île du monde par sa superficie (592 000km2), plus grande que la France, la Belgique et la Hollande réunies, Madagascar est un énorme gisement de forces vives économiques et de contradictions culturelles. Est-elle dans l’attente de l’émergence d’un géant qui rassemble et galvanise ? Cela aussi est un trait culturel malgache : révérer les géants par qui passeraient le salut et le rêve de réunification et de grandeur. Mais quand Madagascar s’éveillera, mesdames et messieurs, toute cette partie du monde sera changée. Et quelle sera la relation entre le géant qui s’éveille et la France ? Je rappelle que la France est présente dans l’Océan Indien : une France chaude autour de La Réunion et Mayotte et une France froide autour des îles du Grand Sud des vents  hurlants : Crozet, Amsterdam, St-Paul, les Kerguelen. Et cette France de l’Océan Indien attend le réveil du géant pour faire un bout de chemin ensemble.

 

René-Paul VICTORIA

Ex Député-Maire : Saint-Denis de La Réunion

Ex président du Groupe d’Amitié : France-Madagascar, Assemblée Nationale.

               

                                                                                                  (Reproduction, même partielle, interdite)

 

                                                                                                         INFORMATION

A nos prochains rendez-vous sont prévus de venir des spécialistes et amis provenant de Suède, d’Italie, toujours de France, et sans doute aussi des Etats-Unis, du Japon et d’autres contrées de la communauté des nations.

Je les remercie à l’avance.

                                                                                                                        JPRA

 

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LIBERTE, LIBERTE !

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« Bâton de Liberté » (jpra)


Le 22 novembre 1963 à Dallas le Président J.F Kennedy venait d’être abattu, assassiné ! L’onde de choc avait été terrible, elle n’a épargné personne à travers le monde, ni même en Union Soviétique ni, d’une façon générale, dans le monde communiste de l’époque.

Au-delà de la peine partagée, que nous avions intensément vécue à Londres dans l’extrême tristesse de l’épais voile de « Fog » et de « Smog » d’une capitale britannique tétanisée, chacun savait bien que c’était la Liberté, à nouveau, qui avait été violée. Spontanément, l’union des sentiments s’était faite autour des valeurs vécues au fond de tous, dont l’universalité  était partagée par ceux qui avaient lutté contre les horreurs nazies ou qui combattaient un communisme aliénant.

Quand Kennedy s’était  proclamé  « eine Berliner » au milieu de l’enclave de liberté de la partie ouest de l’ancienne capitale allemande et faisant face à une Allemagne orientale menaçante, il s’adressait à tous les opprimés du monde entier. Il en était de même des autres messages lancés en d’autres lieux par d’autres, de de Gaulle au Pape Jean XXIII, tous épris des hauts sentiments qui transcendent l’Homme. 

Cet épisode tragique de l’Histoire nous interpelle où que nous soyions.

A cette époque là, Madagascar appartenait, Dieu merci !, à ce qu’il convenait de désigner « le Monde Libre », les Malgaches jouissant alors d’une réelle stabilité et partageant dans un sentiment d’appartenance collective les peines et les joies de la quotidienneté d’une vie de qualité. Que les Malgaches d’aujourd’hui ne s’y trompent pas, en ces temps là nos compatriotes savaient s’ouvrir aux autres et aux valeurs universelles, à leurs messages, la confrontation aux dures réalités nécessitant le renforcement de soi dans un monde ouvert.

Mais, que ce soit à Madagascar ou ailleurs, ce sont les mêmes dispositions d’esprit qui doivent prévaloir hier comme aujourd’hui, car quel que soit le défi du moment les mêmes références aux valeurs de Liberté sont à reconduire.

N’hésitons pas à renouer avec ces prédispositions d’esprit favorables à notre propre épanouissement, en commençant par recomposer notre vie commune, notre redressement national et notre appartenance à la société des nations ne s’en porteront que mieux.

Mais certes, en ces moments-ci d’ouverture hautement souhaitables aucune naïveté n’est tolérable, chacun sachant que les ramifications cachées de la pègre ou de la terreur savent en profiter, sachant aussi que la Liberté ne pouvant  admettre qu’on viole son intégrité.

A Madagascar, actuellement au milieu d’une misère ambiante le peuple ne récolte lui-même jamais la moindre petite miette de la Liberté, et c’est aussi la cohésion nationale qui en souffre, notamment parce que tout étant frappé de pénurie, rien ne peut se partager de sorte que la Liberté est nécessairement bridée avec trop d’assignations restrictives qui s’abattent sur toutes les catégories sociales, mais tout particulièrement celles des bas quartiers et des régions reculées comme le Grand Sud malgache où sévit la famine. Tout donc est plombé et les familles vivent dans une grande frustration, voire souffrance, face à laquelle s’affichent sans réserve les « libertés comportementales » dispendieuses que s’octroient de très hauts responsables et des prédateurs patentés. Quant aux forces armées réduites à n’être que des forces de l’ordre, toujours aussi trop aveuglément aux ordres, leurs actions sont trop souvent aussi incontrôlées et sont oublieuses depuis trop longtemps de leur propre code d’honneur ainsi que du sens de leur mission au service exclusif du corps national, et sont ainsi réduites à n’être que des instruments liberticides.

Peu ou prou, dans le contexte actuel d’une lutte supposée sans merci contre la très grave pandémie de la Cobid-19, ces dérives liberticides prolifèrent avec un sentiment d’impunité parce que supposées couvertes par les nécessités d’un ordre public sanitaire.

Or, dans les « pays de liberté »en Occident, n’observe-t-on pas que de telles tendances s’affirment insidieusement si l’on n’y prend pas garde ?…

Ni la communauté internationale à travers les organisations internationales et intergouvernementales, si apparemment engagée à défendre et promouvoir les libertés, ni l’opinion publique internationale, qui est pourtant consciente de la gravité des reculs des libertés, ne doivent tolérer un tel musellement qui est une insulte à leur propre considération.

Il est à craindre que les longs mois qui précèdent, entoureront et suivront la lutte contre le fléau épidémique continuent de semer les sèves récurrentes de ces pratiques liberticides, sauf à espérer qu’exceptionnellement la haute conscience inspire les hautes autorités autant que les tenants des différents leviers du pouvoir pour démentir cette crainte…

Car, la Liberté réclame que mille fleurs s’épanouissent dans un champ, certes sécurisé, mais pacifié !

                                                                                                Jean-Pierre Razafy-Andriamihaingo

2ème INVITE DE LABODIPLO – LA RECONSTRUCTION DE MADAGASCAR

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« Fruit-passion » (jpra)

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                                     LA RECONSTRUCTION DE MADAGASCAR 

                                                        Le 2ème invité

                                                                                Propos introductifs

Dans la suite de mon message aux lecteurs de « LaboDiplo », (cf.« Aux lecteurs de LaboDiplo », sur ce même Blog, le 16novembre 2013), nous continuons de nourrir la rubrique « Parole aux invités de LaboDiplo », toujours dans l’esprit d’une « polarisation » souhaitable de Madagascar, les invités étant d’origine étrangère, lesquels se proposent de nous dire, à nous Malgaches et à la face du monde, comment ils voient notre retour indispensable sur la scène internationale. 

Leur est ainsi proposé lethème : « La reconstruction de Madagascar ».

Après moins de dix ans d’undéveloppement remarquable, de 2002 à 2009, à nouveau Madagascar est plongée dans une grave crise institutionnelle et politique sans précédent après le coup d’Etat du 17 mars 2009. Néanmoins, les signes d’un renouveau sont palpables pour une réelle sortie de crise, à condition que les Malgaches fassent les bons choix à la présidentielle et aux législatives dès le 20 décembre 2013.

Le moment est donc venu, nonseulement de l’accompagner, mais surtout de préparer dès maintenant l’après-crise afin que les conditions du redressement soient réunies. Or, Madagascar, terre de biodiversité par excellence, jouissant d’une réelle position géostratégique, recèle d’énormes ressources énergétiques, minières, gazo-pétrolières, agricoles, halieutiques, sans parler de potentiels considérables, notamment en terresrares et en ressources humaines, propres à assurer à l’industrie, au secteur tertiaire et aux défis de l’économie durable un réel essor dans un contexte régional et mondial hyper concurrentiel.

Dans cette nouvelle quête au développement de Madagascar, la Grande Ile doit naturellement retrouver avec ses partenaires de toujours des rapports de confiance réciproque et ceux-ci sont encouragés à conserver dans l’espace malgache une place de choix et un rôle moteur. Il appartient pour cela à Madagascar d’assurer chez elle le renouveau de la Démocratie et de mettre en œuvre une planification devant garantir une bonne articulation des politiques sectorielles et une harmonisation des niveaux de développement dans les régions. 

Pour cela également, dans un monde en constant bouleversement Madagascar se doit d’être plus attentive que jamais à son environnement géostratégique et géopolitique, son positionnement géographique et les leçons de son histoire lui commandant d’être au diapason des questions internationales.                                                                                        

                                                       Panel des intervenants

Pour cette rubrique « La reconstruction de Madagascar », je remercie vivement mes invités qui ont bien voulu marquer par leurs écrits le vif intérêt qu’ils portent au redressement nécessaire de Madagascar, pays qu’ilsaiment et dont ils reconnaissent les énormes potentiels. Ils nous livrent respectivement leur vision personnelle, et il est certain que compte tenu des hautes responsabilités qui furent ou qui demeurent les leurs, nous ne pouvons qu’être d’autant plus attentifs à leur contribution expertale.

Pour commencer, j’avais donné la parole le 20 novembre 2013 à l’Amiral Laurent Mérer, ancien Commandant de la Zone maritime de l’Océanindien et ancien Préfet maritime de l’Atlantique. Il nous a livré ses pertinentes réflexions sur un thème d’une actualité certaine et d’un intérêt permanent : « Madagascar, l’environnement stratégique ».

Aujourd’hui, c’est le docteur Didier Coulomb qui intervient. Il est le Directeur de l’Institut International du Froid (IIF), une organisation internationale intergouvernementale d’une importance croissante puisqu’elle a à traiter de la maîtrise, à travers le monde, de la chaîne du froid, dispositif stratégique  indispensable pour assurer la sécurité alimentaire et sanitaire, mais aussi la diversification et la promotion des produits agricoles et halieutiques,  notamment à travers les techniques de conservation et de distribution. Quoi de plus fondamental pour un pays comme Madagascar, membre de  l’IIF, si riche de sa terre, de sa faune et de sa flore et dont le territoire est immense avec une importante dispersion de sa population dans des territoires encore enclavés ?

Voici l’intervention du docteur Coulomb.

  

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INSTITUT INTERNATIONAL

DU FROID

Organisation intergouvernementale

pour le développement du froid

INTERNATIONAL INSTITUTE

OF REFRIGERATION

Intergovernmental organization

for the development of refrigeration

 

177, boulevard Malesherbes, 75017 PARIS, France

Tél. 33-(0)1 42 27 32 35 – Fax 33-(0)1 47 63 17 98 – e-mail: iif-iir@iifiir.org – Web: http://www.iifiir.org

 

Chaîne du froid, sécurité alimentaire et développement économique

Le cas de Madagascar

 

L’alimentation de plus de 9 milliards d’habitants à l’horizon 2050 représente un formidable défi mondial: la FAO estime que la production alimentaire disponible au niveau mondial devrait augmenter de 70% d’ici 2050. Il est donc important de ne négliger aucune voie de progrès, en particulier la réduction des pertes après récolte comme le montre le tableau ci-dessous.

Les taux de pertes de produits périssables sont les plus importants dans les pays en développement, où habite plus de 80% de la population mondiale, et où près du quart de la production est perdu en raison de l’insuffisance ou de l’absence de chaîne du froid. Près de 400 millions de tonnes sont ainsi perdues chaque année.

 

 

Monde

Pays développés

Pays en développement

Population en 2009 (milliards d’habitants)

6,83

1,23

5,60

Population en 2050 (prévision, milliards d’habitants)

9,15

1,28

7,87

Volume entreposage frigorifique (m3/1000 hab.)

52

200

19

Pertes de denrées alimentaires (tous produits)  (%)

25 %

10 %

28 %

Pertes de fruits et légumes (%)

35 %

15 %

40 %

Pertes de denrées périssables par non application du froid (%)

20 %

9 %

23 %

Les données de ce tableau sont extraites de la 5e Note d’information sur le froid et l’alimentation intitulée « Le rôle du froid dans l’alimentation mondiale » publiée par l’IIF en juin 2009, téléchargeable depuis le site de l’IIF : www.iifiir.org 

Les aspects qualitatifs sont aussi très importants, qu’il s’agisse du risque sanitaire (développement d’agents pathogènes) ou des pertes de qualités nutritionnelles.

De lourdes pertes après récolte pèsent d’une autre façon sur la sécurité alimentaire, et en même temps sur l’économie rurale : en augmentant fortement la différence entre les prix à la consommation et les prix payés aux producteurs, elles rendent les produits moins accessibles aux consommateurs, et réduisent les revenus des producteurs, décourageant ainsi la production alimentaire.

L’impact de la mauvaise conservation des aliments sur l’offre alimentaire mondiale est donc sans doute bien supérieur aux seules pertes constatées.

Il faut noter enfin que la perte de centaines de millions de tonnes de denrées alimentaires se traduit par le gaspillage de ressources rares ou non renouvelables, utilisées pour les produire et les transporter, et par un impact supplémentaire sur le réchauffement planétaire.

Le coût de la chaîne du froid, tant économique qu’environnemental, peut souvent être plus que compensé par les bénéfices obtenus dans ces deux domaines grâce à la réduction des pertes après récolte.

Au-delà de ce constat, on peut relever au moins les tendances suivantes :

– l’urbanisation croissante, en particulier dans les pays en voie de développement, accroît les distances entre lieux de production et de consommation ;

– le développement des classes moyennes dans certains pays va se traduire par une demande d’alimentation plus diversifiée, comprenant des denrées très sensibles aux conditions de température et d’humidité ;

– l’objectif de meilleure alimentation globale pour l’humanité va d’ailleurs dans le même sens, puisqu’il ne s’agit pas seulement de ration calorique mais aussi de qualité nutritionnelle ; 

– le développement de filières à forte intensité de main d’œuvre et à forte valeur ajoutée, telles que les fruits et légumes, contribue à améliorer la situation de l’emploi en milieu rural ; il s’agit  souvent de produits périssables, nécessitant le recours à la chaîne du froid pour une bonne conservation.

Les besoins en chaîne du froid devraient donc augmenter, en valeur relative, plus vite que la production alimentaire totale, par augmentation à la fois de la proportion des produits périssables bénéficiant de la chaîne du froid, et de la part de ces produits dans l’alimentation.

 

Les maillons essentiels d’une chaîne du froid efficace sont l’entreposage frigorifique sur les lieux de production et de distribution, le transport frigorifique, et les interfaces correspondantes. L’entreposage frigorifique chez le consommateur final est aussi un élément important dans les pays développés ; dans les pays en développement, il peut ne pas être essentiel, si les consommateurs continuent de s’approvisionner auprès de points de vente de proximité en vue d’une consommation immédiate.

L’entreposage frigorifique mérite une mention particulière dans la mesure où il permet d’allonger la durée entre la récolte et la consommation des produits. Cela permet aux consommateurs d’avoir accès à ces produits pendant une période plus longue et à des prix plus réguliers, et aux producteurs d’avoir des stratégies de production à plus long terme.

Le transport frigorifique a aussi un effet qui dépasse la simple réduction des pertes. En permettant d’augmenter la distance entre lieux de production et de consommation, il donne aux producteurs un accès à des marchés plus vastes, ce qui peut également rendre économiquement viables des filières de production qui ne le seraient pas autrement.

Pour les produits les plus fragiles, qui sont souvent des produits à forte valeur ajoutée à destination des marchés domestiques ou a fortiori à l’exportation, une chaîne du froid fiable est même une condition sine qua non du développement de la production.

Il faut enfin noter que l’amélioration de la chaîne du froid dans les pays en développement nécessite des investissements matériels conséquents mais aussi un effort important de formation et de sensibilisation, et de gouvernance (contrôles, certification, dialogue interprofessionnel, planification des investissements privés et publics tels que réseaux de distribution d’énergie et de transports, etc.). Comme toute chaîne, la chaîne du froid a en effet la solidité de son maillon le plus faible, et la défaillance d’un élément est préjudiciable à l’ensemble des acteurs.

Une stratégie alimentaire globale doit donc, pour être efficace, intégrer le développement de chaînes du froid fiables, efficaces, et de capacité suffisante, aux autres volets (agronomie, économie, nutrition et santé publique, emploi, autres procédés de conservation,  infrastructures, utilisation raisonnée des ressources…). Une telle démarche nécessite également que des programmes spécifiques de recherche-développement soient définis et mis en œuvre pour les pays chauds en développement.

Ces principes s’appliquent de façon évidente au cas de Madagascar, qui dispose d’un

potentiel remarquable en matière de production agricole et de pêche. Le développement de la chaîne du froid doit être un élément clé du développement économique du pays, comme il le fut en France, faisant de ce pays une puissance agroalimentaire mondiale.

D’autres bénéfices notables peuvent être obtenus grâce à cet investissement. Des aliments mieux conservés préserveront leur qualité sanitaire et nutritionnelle pour les consommateurs. Une bonne chaîne du froid garantit aussi une bonne conservation de nombreux médicaments, vaccins, produits de santé. La réduction des pertes après-récolte permettra, pour un même volume de production agricole, de réduire l’accroissement des terres arabes au détriment des espaces naturels, dont Madagascar est si riche.

                                                               Didier COULOMB

                                                                    Directeur

                                                                                                             (reproduction, même partielle, interdite)

 

                                                                 INFORMATION

Mon prochain invité sera le Colonel (er) Hughes Lelouvier Aumont de Bazouge, grand connaisseur de l’Afrique et de Madagascar, écrivain, ancien chargé de mission au Bureau Afrique de la Délégation aux affaires stratégiques du Ministère de la Défense en France, attaché de Défense dans plusieurs pays africains avec accréditation auprès de la SADC, chargé d’enseignement de l’Histoire de l’Afrique à l’Ecole militaire de Saint-Cyr Coëtquidan et membre du Comité du Forum de l’Institut des Hautes Etudes de Défense Nationale (IHEDN) sur le continent africain, actuel chargé d’enseignement en Géopolitique et Histoire de l’Afrique à l’Institut Catholique d’Etudes Supérieures (ICES).

Son texte paraîtra sur ce même Blog pour ce week-end.

Je l’en remercie à l’avance.

                                                                                                                     JPRA

 

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KATANA ET LEFONA

Image            

Mon Katana « Hery » (jpra)


                                                                         KATANA ET LEFONA

Le sabre japonais, tout comme le javelot malgache ont ceci de commun :

. le forgeron qui en fabriquait la lame devait être de bon esprit et imprégné de toutes les purifications, tandis que sa monture faisait corps avec, et celui qui devenait le maître de l’ensemble devait en être digne.

C’est dire toute la noblesse d’âme exigée de ce forgeron, la lame qu’il confectionnait en étant la traduction et devant être le produit achevé et pur de la puissance mentale, physique et spirituelle.

lames Lames de Katana. Photographie de Jipiera – Reproduction interdite

On le sait, c’est bien ainsi que le Samuraï japonais concevait son Katana, lequel était, par extension, le reflet de son âme et quiconque portait un Katana se devait donc de se comporter en homme d’honneur et de droiture.

Quant au guerrier malgache, dont le roi Andriamanelo et le prince Andriandranando furent des figures de proue au XVIème siècle, le javelot (« Lefona ») reflétait les mêmes valeurs, étant l’âme même de leur puissance (leurs ennemis avaient coutume de s’écrier : « andeha isika handositra fa nanao vy manidina Andriamanelo ! » – « allons fuir car Andriamanelo a fabriqué le fer volant ! »).

La tradition de la forge, ce travail des métaux au feu et au marteau devenait tout naturellement l’apanage des plus hautes dynasties, au Japon comme à Madagascar.

Je m’honore grandement, avec mes frères des clans Andriandranando et Andrianamboninolona auxquels j’appartiens, que le premier ait depuis toujours le privilège exclusif de la tradition de l’argenterie royale et de la forge, comportant précisément celui de la confection et de l’entretien des javelots, auxquels s’ajoutent ceux de la détention et de l’usage des premiers fusils et canons en Imerina à partir du début du XVIIème siècle.

Et au second de ces clans revenait l’apanage de la confection de l’orfèvrerie.

Les pratiquants des arts martiaux d’aujourd’hui savent combien ces valeurs dépassent la simple symbolique.

Personnellement, m’étant engagé depuis 1969 dans la pratique de l’Aïkido, art qui est celui de « la voie du sabre sans le sabre », ainsi que l’avait défini par métaphore son fondateur, Morihei Ueshiba O’Senseï, l’observation et la pratique de ces valeurs font la substance de l’art dans toute sa dimension.

Elles sont indissociables d’une culture vécue,  ainsi que d’une pratique consciente au coeur de l’art, responsable et maîtrisée de leur discipline, laquelle ne doit pas être réduite à des exercices exclusivement physiques ou à quelques techniques plus ou moins assimilées.

Cet « esprit du sabre » est au cœur même d’un art formidable qu’est l’Aïkido, forgé par un génial Ueshiba Morihei, un « Trésor vivant » de son époque, inventeur d’une voie martiale d’une modernité permanente, où l’harmonie des énergies par la fusion du corps et de l’esprit, de même que par l’usage du sabre, du javelot, du bâton, du couteau, est sublimée et donne tout son sens à l’esprit pacifique.

andriamanelo 001

Ci-dessus: portrait du roi Andriamanelo et son « Lefona » (XVIème siècle). Dessin de Roberta Faulhaber

– Reproduction interdite –

andriandranando Le Prince Andriandranando, le premier à avoir utilisé le fusil dans de fameuses batailles au XVIème siècle en Imerina, et fut également stratège militaire du royaume. Acrylique – Jipiera – Reproduction interdite


Cet esprit pacifique génère en lui-même le culte du beau, de la beauté, de la recherche de la délicatesse d’esprit et de la noblesse de l’âme, de telles dispositions mentales devant conduire à cette sérénité mère de paix dans l’âme.

C’est le credo d’un vrai guerrier.

allegro vivace !

« Sérénité », acrylique sur papier doré – Jipiera – Reproduction interdite –


Je souhaiterais qu’à Madagascar, spécialement parmi la gente militaire, nous retrouvions de même, dans sa substance et dans la même veine spirituelle, cet « esprit du lefona » dont personnellement je m’incline à penser, me référant à ma propre tradition clanique et à ma modeste expérience d’aïkidoka et du maniement du sabre (katana), du bâton (court et long) et du couteau japonais, qu’il éveillera bien de potentiels actuellement enfouis, pour un meilleur épanouissement de la personnalité malagasy.

                                                                                                   Jean-Pierre Razafy-Andriamihaingo

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Reproduction, même partielle, interdite des textes et des illustrations

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L’INVITE DE LABODIPLO – LA RECONSTRUCTION DE MADAGASCAR

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« Fruit-passion » (jpra)

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                                     LA RECONSTRUCTION DE MADAGASCAR 

                                                                   Propos introductifs

Ainsi qu’annoncé dans mon message aux lecteurs de « LaboDiplo », (cf. « Aux lecteurs de LaboDiplo », sur ce même Blog, le 16 novembre 2013), nous ouvrons une rubrique « Parole aux invités de LaboDiplo ». Dans l’esprit d’une « polarisation » souhaitable de Madagascar, ces invités sont d’origine étrangère et ils se proposent de nous dire, à nous Malgaches, comment ils voient notre retour indispensable sur la scène internationale. 

Leur est ainsi proposé le thème : « La reconstruction de Madagascar ».

Après moins de dix ans d’un développement remarquable, de 2002 à 2009, à nouveau Madagascar est plongée dans une grave crise institutionnelle et politique sans précédent après le coup d’Etat du 17 mars 2009. Néanmoins, les signes d’un renouveau sont palpables pour une réelle sortie de crise, à condition que les Malgaches fassent les bons choix à la présidentielle et aux législatives dès le 20 décembre 2013.

Le moment est donc venu, non seulement de l’accompagner, mais surtout de préparer dès maintenant l’après-crise afin que les conditions du redressement soient réunies. Or, Madagascar, terre de biodiversité par excellence, jouissant d’une réelle position géostratégique, recèle d’énormes ressources énergétiques, minières, gazo-pétrolières, agricoles, halieutiques, sans parler de potentiels considérables, notamment en terres rares et en ressources humaines, propres à assurer à l’industrie, au secteur tertiaire et aux défis de l’économie durable un réel essor dans un contexte régional et mondial hyper concurrentiel.

Dans cette nouvelle quête au développement de Madagascar, la Grande Ile doit naturellement retrouver avec ses partenaires de toujours des rapports de confiance réciproque et ceux-ci sont encouragés à conserver dans l’espace malgache une place de choix et un rôle moteur. Il appartient pour cela à Madagascar d’assurer chez elle le renouveau de la Démocratie et de mettre en œuvre une planification devant garantir une bonne articulation des politiques sectorielles et une harmonisation des niveaux de développement dans les régions. Pour cela également, dans un monde en constant bouleversement Madagascar se doit d’être plus attentive que jamais à son environnement géostratégique et géopolitique, son positionnement géographique et les leçons de son histoire lui commandant d’être au diapason des questions internationales.          

                                                            Panel des intervenants

Pour cette rubrique « La reconstruction de Madagascar », je remercie vivement mes invités qui ont bien voulu marquer par leurs écrits le vif intérêt qu’ils portent au redressement nécessaire de Madagascar, pays qu’ils aiment et dont ils reconnaissent les énormes potentiels.

Ils nous livrent respectivement leur vision personnelle, et il est certain que compte tenu des hautes responsabilités qui furent ou qui demeurent les leurs, nous ne pouvons qu’être d’autant plus attentifs à leur contribution expertale.

Pour commencer, je voudrais donner la parole à l’Amiral Laurent Mérer. Il est Vice-Amiral d’Escadre, ancien Commandant de la Zone maritime de l’Océan indien et ancien Préfet maritime de l’Atlantique.

Il nous livre ses réflexions sur un thème d’une actualité certaine et d’un intérêt permanent : « Madagascar, l’environnement stratégique ».

Merci Amiral !

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Madagascar – l’environnement stratégique

                                                    Vice-amiral Laurent Mérer   ©

 

   L’espace géographique est un espace sensible :

*Il est soumis comme les autres à la pollution, mais elle y est moins contrôlée qu’ailleurs

*Il est soumis à la pêche illicite mais elle y est moins contrôlée qu’ailleurs

*Il est soumis à des catastrophes naturelles fréquentes et de grande ampleur

   Il faut donc bien prendre en compte qu’il s’agit d’un espace fragile qui mérite d’être surveillé et protégé 

   Un espace d’échange

Les échanges et les mélanges font partie de l’histoire de toute la région (il suffit de regarder son peuplement)

Aujourd’hui les échanges sont plutôt concentrés dans la partie nord (pétrole, conteneurs), et ils sont vitaux pour leurs destinataires, ce qui confère à cette région une grande importance à leurs yeux, qui déborde très largement la stricte proximité des lignes maritimes commerciales. Or les protagonistes de ces échanges sont extérieurs à la zone. Ce n’est pas un phénomène nouveau, car cette zone de l’océan Indien a toujours été soumise à de fortes influences extérieures, ou venues de loin : Arabes jusqu’au 15/16ème siècle, puis Portugais, Britanniques, Français, de nouveau Britanniques jusqu’aux années 1960, puis Américains, d’autres en embuscades.

Aujourd’hui, c’est un espace sous forte tension, certes surtout dans sa partie nord, mais avec des résonances dans tout le bassin ouest de l’océan Indien. Les facteurs de tensions sont bien connus :

* La géographie, avec les passages obligés pour le trafic commercial

* Un pourtour fragmenté avec beaucoup de pays aux niveaux de développements très divers, avec plusieurs états faillis ou incapables d’assumer leurs responsabilités nationales ou internationales, des états agités ou potentiellement instables 

* Les conflits périphériques (israëlo/palestinien, indo/pakistanais, Irak, Afghanistan) qui résonnent dans tout le bassin

* L’existence de « l’arc islamique » qui coiffe tout le nord de l’océan Indien, avec tous les grands pays musulmans du monde de l’Indonésie au Pakistan. Ce n’est pas en soi une menace, mais ce sont les tensions qu’il génère, en raison de l’extrémisme, des rivalités chiites/sunnites, des rivalités avec les indous, et du prosélytisme agressif des tenants de l’islamisation de l’ensemble des rivages de l’océan Indien.

   Ces tensions génèrent des menaces

* Terrorisme venu de la mer et/ou la déstabilisation des Etats

* La piraterie

* Chantage à étranglement des détroits ou des passages obligés

   Or une grande singularité de cet espace est l’absence de facteurs de régulation :

* Pas de pays membre du conseil de sécurité

* Pas d’organisme de sécurité régionale type OTAN

* Pas d’organisme à vocation à la fois politique, économique et culturelle d’une certaine dimension type ASEAN

* Certes il y a quelques organisations, dont Madagascar fait d’ailleurs partie, mais qui n’ont pas de surface ou d’assise suffisante pour avoir un rôle de régulateur (IOR/ARC, IONS, Commission de l’Océan Indien, Communauté de développement de l’Afrique Australe)

   Reste alors trois acteurs majeurs (je n’évoque pas le rôle de la France qui le sera par Monsieur René Paul Victoria) :

   Les Etats-Unis , bien installés dans l’océan Indien avec des forces navales puissantes et la base de Diégo Garcia. Je crois qu’ils ne sont pas près de partir, pour au moins trois raisons

* Le pétrole

* Israël

* La Chine

   Pour autant l’océan Indien n’est pas la priorité stratégique des Etats-Unis qui reste marquée par l’Atlantique et de plus en plus le Pacifique 

Ce qu’ils cherchent donc dans la région, c’est à « partager le fardeau » en établissant des partenariats locaux pour conforter leur présence et surveiller la montée en puissance de la Chine.

   Deuxième acteur l’Inde, qui a donné son nom à l’océan.

   Elle estime avoir un rôle majeur à jouer, c’est du moins ce qui ressort des déclarations de ses dirigeants et également des projets navals qu’elle affiche.

   Après un compagnonnage de près de 40 ans avec l’URSS, elle est engagée aujourd’hui dans un partenariat stratégique avec les Etats Unis, et dans une moindre mesure avec l’Australie et le Japon, avec toutefois beaucoup de prudence afin de ne pas donner à la Chine, son grand rival du nord, l’impression d’un front commun, alors que la rivalité historique avec le Pakistan reste une donnée cardinale de sa politique. Pour ma part je retiens qu’au delà des déclarations, l’Inde, si elle reste un acteur majeur de la zone, ne serait- ce que par la population d’origine indienne qui peuple les rivages, ne sera pas avant longtemps le régulateur de l’océan qui porte son nom.

   La Chine

   Elle s’était déployée massivement dans l’océan Indien avec une armada formidable au début du 15ème siècle et elle s’est brutalement retirée. La lutte contre la piraterie lui donne l’occasion de revenir six siècles plus tard.

   Evidemment c’est pour lutter contre la piraterie, mais c’est aussi pour marquer aux yeux de tous sa capacité à agir dans cette zone, à y défendre et promouvoir ses intérêts.

Je pense qu’elle n’a pas de visée de type colonialiste, mais qu’elle a besoin garantir et de sécuriser ses réseaux d’approvisionnements énergétiques, minéraux, alimentaires et ses exportations de biens, de services et d’infrastructures. Autant il y a des réticences dans certains pays d’Asie (Vietnam, Malaisie, Inde…) je constate qu’il n’y en a guère en Afrique : « Nous aimons bien les Chinois dit un ministre africain. Lorsqu’ils promettent une chose ils la réalisent. Pas de consultant, pas de mesure d’impact environnemental, pas de délai ». J’ajoute : Pas de question qui fâchent sur les droits de l’homme ou la gouvernance.

   En Afrique et par conséquent sur l’océan Indien, les Chinois veulent disposer d’une liberté d’action totale. A cet effet ils développent leur flotte. Aujourd’hui leurs capacités d’intervention (de projection) dans la zone restent modestes, mais ils déploient une intense activité diplomatique et multiplient les échanges, les accords de défense, les ventes d’armes, les grands travaux. S’il faut prendre avec prudence ou réserve la fameuse théorie du « collier de perles », il n’en demeure pas moins que les Chinois construisent des infrastructures portuaires sur une grande partie du littoral de l’océan Indien (Pakistan, Sri Lanka, Bangladesh, Birmanie « L’impact de la Chine sur l’Afrique est le principal phénomène géopolitique global de ce début de 21ème siècle (Africa, publié en 2012 du Britannique Richard Dowden).

Au delà des grands acteurs, il convient aussi de considérer avec attention l’environnement proche de Madagascar et d’être lucide sur la situation qui y prévaut :

  • Si la manne touristique tend à apaiser Zanzibar, les facteurs de tensions demeurent actifs, tant les différences de population constituent une donnée fondamentale de l’archipel, alors que les querelles de prérogatives restent fortes entre le gouvernement de Dar es Salam et celui de des îles où la revendication indépendantiste couve en permanence.
  • *Avec 19 coups d’état depuis l’indépendance la situation aux Comores, considéré comme un Etat « quasi failli », ne manque pas d’inquiéter la communauté internationale qui craint de le voir s’enfoncer encore davantage au plan économique comme au plan politique, laissant le champ libre à des réseaux criminels, et aux islamistes pour y asseoir leur influence.
  • *A Mayotte, où l’immigration clandestine est une question centrale, la situation sociale est explosive et risque de dégénérer à tout moment.
  • * Au Mozambique, les risques de dérive autoritaire ne sont pas à négliger, de même que l’affairisme croissant de la classe dirigeante, alors que la paupérisation des forces de sécurité, observée depuis plusieurs années, ne leur permet pas de contrôler les 2500 kilomètres de côtes maritimes que compte le pays, avec le danger de les voir utilisés par divers trafiquants. 

L’espace proche, bordant comme Madagascar la voie maritime du canal de Mozambique est donc, à bien des égards, en situation de grande fragilité.

Voilà les grandes données stratégiques de la région telles qu’elles m’apparaissent.

   Et si j’étais Madagascar ?

  On constate tout d’abord qu’il n’y a pas de menace sur l’intégrité physique du pays (les frontières ne sont pas en danger…). Les risques sont d’une autre nature.

   Le risque, c’est l’absence ou la faiblesse de l’Etat qui laisserait se développer les trafics, le prosélytisme, la prostitution, la piraterie, c’est le vide institutionnel qui permet et encourage toute sorte d’activités troubles. Par conséquent, ce qui intéresse la communauté Internationale, c’est de compter sur un Etat capable d’assumer ses responsabilités,  de contrôler son territoire et de surveiller ses alentours.

  Du point de vue diplomatique, en l’absence de régulateur fort, il convient d’un point de mettre l’accent sur les coopérations régionales à travers les  organisations déjà existantes pour les renforcer.

   Enfin il importe d’être attentif et sans naïveté face au prosélytisme islamique et aux agissements de la Chine.

                                                                                                                                                                        Vice-Amiral Laurent Mérer

 

 

                                                                                          (reproduction, même partielle, interdite)

                                                            INFORMATION

Mon prochain invité sera Monsieur Didier Coulomb, Directeur de l’institut International du Froid, une organisation intergouvernementale, dont Madagascar est membre, et dont le siège est à Paris.

Son texte paraîtra sur ce même Blog très prochainement.

Je l’en remercie à l’avance.

                                                                                                         JPRA

 

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SURSAUT POUR UNE ERE NOUVELLE

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« Ere nouvelle » (jpra)


                                            SURSAUT POUR UNE NOUVELLE ERE

PROPOS LIMINAIRES

Cet article que nous avions rédigé en novembre 2013 garde – mille fois hélas ! – toute son actualité aujourd’hui …et davantage encore !

Or, nous sommes mi-août 2022…et la situation à Madagascar a empirée…elle ne va pas, hélas, s’améliorer de sitôt. Bien au contraire au rythme actuel où vont les choses, c’est la catastrophe annoncée avec un peuple qui, parvenu à un point de désespérance, n’a même plus la force de réagir…

Et ici, nous ne visons personne en particulier, ce serait vain et ne ferait que nourrir des débats à n’en plus finir. Non, la responsabilité est collective, et il est vain de pointer du doigt untel ou unetelle, les faits sont là, têtus et dramatique: tout un peuple est plongé dans la misère.

Il ne faut point se voiler la face, de quelque bord que l’on soit : le peuple malgache est à l’agonie, et Madagascar est à la dérive.

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Les mentalités doivent changer. Radicalement. Entièrement. 

Afin de nous aider à déclencher ce sursaut salutaire, notre devenir a d’abord besoin d’être replacé dans la rétrospective historique, et toute rancœur jetée aux oubliettes, il est impératif de l’inscrire une bonne fois pour toute dans la perspective d’un Avenir de Lumières !

Car, ne voyons-nous pas que l’agonie joue sa partition ?

Dans une sidérante inconscience du temps qui court  inexorablement à la perte de tout un peuple, une foule de politiciens autosuffisants et emplis d’arrogance veut encore entretenir le mythe pourtant éculé de leur supposée utilité !

Mesdames et Messieurs, à la place de votre arrogance, travaillez l’humilité, ouvrez votre esprit, et travaillez votre capacité à la considération d’autrui, bref on vous demande d’être simplement à l’écoute, attentifs aux nécessités, droits dans vos bottes avec vos regards fixés sur cette obligation de moyen à laquelle on vous demande de vous attacher.

Allez, retroussez vos manches et n’hésitez pas à mettre vos mains dans le cambouis…! Tout le monde vous suivra…

LA CONSCIENCE DE NOTRE DEFICIT HISTORIQUE: SIX SIECLES D’ENFONCEMENT POUR 150 ANS DE LUMIERES

Répétons-le, et nous l’avons suffisamment démontré par ailleurs (Cf. notre série d’articles « Réformateurs et modernisateurs de Madagascar  » sur ce même blog) :

. en six siècles d’histoire connue et répertoriée de Madagascar, seules cent cinquante huit années, au demeurant sur des périodes discontinues, ont vu ce pays et son peuple connaître un progrès, d’ailleurs sans cesse promis mais, irrémédiablement et de façon récurrente, remis sur le métier !

On mesure aisément l’énorme déficit historique sans équivalent au monde, reléguant actuellement Madagascar dans l’unique catégorie du pays qui s’est le plus appauvri dans le monde selon le Représentant à Madagascar de la Banque Mondiale, tout ceci traduisant l’énormité du gâchis humain, moral et matériel.

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« Rizières » – JPRA –


Allons-nous poursuivre sur ce chemin chaoteux, que traduit si éloquemment l’état de nos routes, parsemées d’embûches et de désolations ?

Avons-nous une si courte et si oublieuse mémoire pour accorder encore la moindre petite chance aux fossoyeurs de la démocratie et des droits fondamentaux de continuer à compter sur une scène politique qu’ils ont largement usurpée et de poursuivre sur leur lancée prédatrice ?

Quant à ceux qui s’illusionnent encore sur leur propre étoile, l’heure n’est plus aux basses ou subtiles  manœuvres dans lesquelles trop de nos impénitents thuriféraires de la petite politique au jour le jour veulent nous entraîner. Leur survie ne doit pas se confondre avec celle, autrement plus dramatique, du peuple qu’ils prétendent servir.

Le corps social qu’est une Nation ne doit pas se fractionner ni être fractionné en autant d’individualismes, ni procéder d’une conception erronée de la démocratie, laquelle réclame par contre une responsabilisation sociale accrue et un sens aigu des priorités, du respect des différences et de la solidarité, sans quoi la jouissance des libertés n’aura que le laid visage de l’égoïsme et de l’égocentrisme.

OUVRIR UNE ERE NOUVELLE: UN NEW DEAL POUR LE SALUT PUBLIC

Une ère nouvelle doit donc s’ouvrir dans l’urgence absolue pour laisser place aux femmes et aux hommes de bonne volonté.

Elle réclame une conscience autrement plus élevée, des bases morales plus affirmées, des références intellectuelles plus sûres, des principes d’action plus justes, des vues plus éclairées et des méthodes de gouvernance plus affûtées. La voie qui y conduit doit ainsi être pavée des meilleures pierres et bordée des meilleures intentions.

Qui peut prétendre détenir à lui seul tous ces atouts ?

Par contre, être un pôle, polariser et concentrer sur soi et en soi la puissance vitale, provoquer les synergies autour d’un cap et harmoniser les énergies des uns et des autres, mobiliser toutes les capacités, tenir une ligne directrice, voilà les éléments d’un socle d’action commune, aussi indispensable dans la pratique des arts martiaux que dans la pratique politique actuelle à Madagascar.

Cela doit se traduire par une capacité inégalée à entraîner dans une irrésistible dynamique collective des sensibilités diversifiées qui ne demandent qu’à s’épanouir dans un projet commun clairement exprimé, pleinement reconnu, accepté et partagé.

En particulier chacun doit savoir qui est le mieux placé par référence à ces valeurs pour présider aux destinées du pays, et quel système institutionnel est le plus porteur pour l’ancrer une bonne fois pour toute dans l’authenticité de ses racines.

Institutionnellement, et à condition qu’une telle avancée fusionnelle s’opère avec suffisamment de cohésion et de conscience vécue par celles et ceux appelés à en faire partie, dans l’immédiat c’est un Gouvernement de combat pour le Salut Public qui doit pouvoir se mettre en place dès maintenant pour parer aux urgences du moment et pour préparer les orientations de moyen terme, en particulier au moyen de l’adoption de lois de programmation dans des secteurs clés tant du domaine proprement économique et matériel que du domaine social et sociétal.

L’expérience a démontré l’illusion entretenue par un soit-disant « Gouvernement d’union nationale », un machin fourre-tout uniquement destiné à calmer certaines ardeurs et à masquer tous types d’insuffisances…

Ce n’est que dans une deuxième étape, tenant compte d’une conscience nouvelle dans la pratique politique et institutionnelle, et en espérant qu’elle se traduira par l’émergence d’une majorité parlementaire de conviction et cohérente avec les fortes orientations présidentielles, qu’il sera temps de former un Gouvernement « normal » fonctionnant en harmonie, en amont avec le Président de la République, et en aval avec le nouveau Parlement, et ce dans le strict respect des prérogatives des uns et des autres.

montagnes-si-belles

« Montagnes si belles » – JPRA –


Une telle occurrence est possible. Il faut y croire.

A condition également que l’on se décide enfin dans l’urgence à optimiser dans le sens d’une vision organique, holistique et intégratrice le plan de développement actuel, lequel ne doit pas se contenter de son caractère limitatif actuel d’un vaste business plan à l’échelle nationale mais s’orienter résolument vers un plan e nature directive (à cet égard, chacun doit avoir en mémoire que les pays les plus développés actuels – les Etats-unis, l’Allemagne, la France, le japon, pour ne citer qu’eux -, avaient mis en place, chacun à sa façon, un plan de développement de type directif avec une forte implication de l’Etat. Et Madagascar, dans les années 50-60 avait son propre plan de développement économico-social de type directif).

D’ailleurs, à ces conditions où notre souveraineté nationale clairement exprimée se révèlera, la communauté internationale des bailleurs de fonds et les investisseurs nationaux et internationaux seront en mesure d’évaluer exactement la pertinence des financements que les uns se décideront à accorder et que les autres engageront, et tous pourront ainsi accompagner sans interrogations, ni arrière-pensée ni se tromper, cette ère nouvelle que nous préconisons.

POUR UNE ASSISE PERMANENTE: « MADAGASIKARA MIJORO »

Tout ceci doit conduire à ce que Madagascar et les Malagasy retrouvent leurs racines.

A cet Avenir de Lumières que nous évoquons en début d’article !…

C’est aussi cela « se retrouver » ! Car, il y va d’une Nation comme d’une personne qui a vocation à s’épanouir, étant mue par son histoire personnelle, riche de ses racines et de ses ouvertures.

Eh bien ! Que les Malagasy n’oublient pas de se référer à leur propre histoire. Pas à celle qui se nourrit de rancoeurs, de désirs identitaires et d’aspirations xénophobes, mais celle qui porte à les unir dans un vrai et fécond esprit patriotique, à assoir leur présent et à ouvrir leur avenir vers des horizons de progrès.

C’est à ce titre que nous avons, depuis fort longtemps que nous observons les chemins dans lesquels Madagascar et les Malagasy se sont engagés, la ferme conviction qu’il est vital qu’ils retrouvent enfin la voie royale – c’est le cas de le dire ! – qui les mènera vers ce progrès tant espéré et promis.

Ainsi, invitons-nous nos lecteurs à se reporter, tout d’abord, à notre série de treize articles parue sur ce même Blog sous le titre générique « réformateurs et modernisateurs de Madagascar » (cf. cliquez sur les articles parus à partir de septembre 2013). Ceci pour comprendre les évolutions de cette marche, trop souvent besogneuse, dans laquelle une certaine histoire subie nous a entraînés.

Ensuite, nous vous invitons à lire ce que contient ce projet « Madagasikara Mijoro » qui, nous en sommes convaincus avec un nombre croissant de compatriotes, vient en aboutissement de cette marche et doit être le socle d’une Monarchie Malagasy pleinement enracinée dans l’authenticité et la modernité (cf. cliquez sur l’article « Madagasikara Mijoro » du 20 juillet 2014).

                                                                Jean-Pierre Razafy-Andriamihaingo

LE ROVA D’ANTANANARIVO (Dernière partie)

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« Besakana » et le Temple Royal, côté sud-ouest du Rova. – Reproduction interdite –

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L’escalier et la porte d’entrée publique du Temple Royal, côté sud-est du Rova. – reproduction interdite –

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En 1953, après une visite complète, étant guidés par le conservateur en chef du Rova, notre très regrettée mère, Suzanne Razafy-Andriamihaingo, le général de Gaulle et son épouse se dirigent vers la sortie, satisfaits et emplis des souvenirs des souverains malgaches. (Reproduction interdite de toutes les photos, provenant des archives personnelles et familiales de JPRA)


La mémoire des lieux nous hante tant ils sont saccagés par le hideux « Colisée » et qu’on a fait revêtir par « Manjakamiadana », et il en sera de même pour les palais « Tranovola » et « Manampisoa » construits en bois précieux à leur origine, des habits aussi factices que clinquants.

A ce stade de notre visite (cf. les autres parties précédentes), notre itinéraire est sur le point de s’achever, bien que d’autres anecdotes édifiantes pourraient être relatées.

Car, le Rova recèle tant de secrets et suscite tant de rêveries que c’est toute une vie qu’il faudrait pour y consacrer !

C’est la religiosité royale qui s’ouvre maintenant à nous, puisque nous allons évoquer la case « Besakana » et le Temple Royal qui se situent côté sud du Rova, là où se développa à ses origines cette enceinte royale, et là où, comme une insulte au caractère des lieux, est récemment édifié le hideux « Colisée » dédié à des spectacles populaires et vulgairement lucratifs.

                                                       LA CASE BESAKANA

A l’origine, trois cases royales portaient le même nom de « Besakana »(« qui préserve bien ») : tout d’abord, celle construite en 1642 par le roi Andrianjaka, le fondateur d’Antananarivo, puis une autre par le roi Andriamasinavalona en 1680, tandis que celui qui subsistait jusqu’à l’incendie criminel de novembre 1995, date de 1800 et construite par le grand roi Andriananampoinimerina (cf. « Réformateurs et modernisateurs de Madagascar » 1ère ,2ème  et 3ème parties, sur ce même Blog, archives de début octobre 2013).

besakana

« Besakana » dans son authenticité…actuellement perdue due à une reconstitution qui le fait ressembler à …une résidence…d’un club de vacances… – Photo faisant partie des archives personnelles de JPRA – Reproduction interdite –  


C’est ici que le grand roi aimait demeurer. Elle était entièrement en bois, surmontée de grandes perches croisées et recouverte de chaume, tout comme « Mahitsielafanjaka » que le même Andrianampoinimerina bâtit peu de temps après avoir conquis Antananarivo en 1794 (cf. « Le Rova d’Antannarivo », 3ème partie sur ce même Blog, archives de novembre 2013).

C’est à la mort du grand roi que son corps, le « Masina » (littéralement : « le Saint »), fut exposé ici pendant une semaine. Par la suite, une tradition s’était perpétuée afin qu’à chaque intronisation d’un nouveau souverain et à sa mort, une cérémonie religieuse se déroulât  à « Besakana ».

C’était ici également que du temps des souverains non-chrétiens (donc avant Ranavalona II) ceux-ci percevaient le « Hasina » (offrande ou tribut de fidélité) sous forme d’argent, ainsi que le « Jaka » (étrennes du premier jour de l’an) sous forme de quarties de viande ou de récolte de fruits, à l’occasion du Nouvel An malgache « Alahamady ».

Pour cet usage, non loin de « Basakana », à l’ouest, se situait à l’époque une fosse où on engraissait les taureaux royaux (« omby malaza ») réservés pour les sacrifices des grandes occasions (tradition remontant au roi Ralambo, voir « réformateurs et modernisateurs de Madagascar », 1ère partie sur ce même Blog, archives de début octobre 2013). Quant à la « Fête du Bain » (« Fandroana »), elle avait lieu également en cet endroit jusqu’à la fin du règne de Ranavalona 1ère.

L’austérité de « Besakana » était à la mesure de son caractère religieux. Elle était accentuée par l’ombre des ficus royaux dont les feuillages s’étendaient à l’ouest et par celle de la façade sud de « Manjakamiadana ».

« Besakana » ne pouvant ainsi pas se dégager pour recevoir la lumière du jour, les lieux étaient humides, froids et très confidentiels.

C’est donc non sans soulagement mais emplis de respect qu’on quittait les lieux pour se diriger vers le Temple royal.

Le contraste avec « Besakana » était saisissant, architecturalement, bien sûr, mais surtout parce que ce subit saut dans le temps désorientait quelque peu…

                                                      LE TEMPLE ROYAL

  • Voir photo en début d’article –

De style italien, l’édifice avait été construit par l’architecte William Pool sur l’ordre de la reine Ranavalona II et du premier ministre Rainailaiarivony, son époux, nouvellement reconvertis au protestantisme anglican et baptisés le 21 février 1869. La pose de la première pierre eut lieu le 29 juillet 1869.

Pour la construction du temple qui ne put débuter qu’en 1872, d’ailleurs en même temps que le Palais du Premier ministre (voir plus loin), le peuple avait été réquisitionné pour fournir les milliers de pierres de taille, le meilleur bois, les meilleurs ardoises du pays Betsileo et les meilleurs ouvriers.

Et, l’inauguration solennelle du Temple n’eut lieu que le 8 avril 1880.

Pour en assurer l’accès privé des souverains, ce temple était relié directement au palais « Manampisoa » par un pont en arcade posé sur la terrasse sud-est que nous avions vue précédemment et qui enjambe un couloir s’élargissant joliment sur la façade est de « Manjakamiadana ».

Le public, lui, accède au temple par la façade sud-ouest du Rova après avoir escaladé un magnifique escalier de pierres et franchi une porte monumentale finement ouvragée.

A l’intérieur du temple, les sculptures et la chaise royale sont l’œuvre d’artisans malgaches de l’époque, très représentatives des beaux ouvrages de l’Imerina.

                                     LES EGLISES COMMEMORATIVES

Ce Temple  Royal est, en ce haut lieu royal du Rova, représentatif de la nouvelle foi chrétienne pleinement assumée par les souverains et dirigeants malgaches après le règne de Ranavalona 1ère.

En effet, ce fut le roi Radama II, sur les conseils du révérend Ellis, qui permit la construction, cette fois-ci dans différents quartiers d’Antananarivo, d’églises commémoratives élevées à la mémoire des martyrs chrétiens sacrifiés par le pouvoir absolu de sa propre mère, la reine Ranavalona 1ère , et consacrées au culte du Dieu Sauveur.

Ainsi, dès 1863 les architectes anglais Sibree et Pool purent-ils se mettre à l’œuvre pour que de telles églises fussent élevées :

. à Ampamarinana, une église en granit, lieu de persécution sanglante d’une quarantaine de chrétiens en 1849 ;

. à Ambohipotsy, une église de style gothique anglais, à l’endroit même où mourut Rasalama, première martyre chrétienne qui avait subi le supplice de la lame le 14 août 1837 ;

. à Ambatonakanga, une église de style normand ;

. et à Faravohitra, une église à l’endroit où fut dressé en 1849 le bûcher de quatre martyrs de la classe noble, dont une femme qui donna naissance à son enfant au milieu des flammes.

Nos pas nous mènent maintenant à des endroits chargés d’émotions différentes, puisque du haut de la terrasse ouest du Rova se profile le Champ de Mars malgache :

. « Mahamasina » (« qui rend sacré »), haut-lieu qui aujourd’hui et demain doit garde ce caractère, car de par son histoire fait incontestablement partie intégrante de celle du Rova. Mais là encore, l’entreprise de destruction de la mémoire, menée par un individu vide d’esprit et miné par une inculture crasse, l’a conduit par une inspiration coupable à carrément débaptiser le haut-lieu historique pour le nommer…- tenons-nous bien – : « Stade Barea » (du nom de l’équipe nationale malgache de Football !!!…).

Il nous importe donc d’autant plus de rappeler ce que sont « Mahamasina » et son environnement immédiat, le Lac d’Anosy, dans leur nature et origine.

                    LE CHAMP DE MAHAMASINA ET LE LAC D’ANOSY

A  ce stade, nous ne pouvons pas ne pas évoquer ces temps tragiques où, durant les pires moments de la persécution des chrétiens sous la reine Ranavalona 1ère (cf. « Réformateurs et modernisateurs de Madagascar », 5ème et 6ème parties, sur ce même Blog, archives d’octobre 2013), celle-ci donnait ordre de précipiter du haut de la falaise de granit du Rova, côté ouest devant l’endroit où nous nous trouvons maintenant, et jusqu’à Mahamasina, les corps encore vivants des victimes chrétiennes préalablement enroulés dans des nattes.

A  son origine, « Mahamasina », le Champ de Mars malgache, fut aménagé par Ranavalona 1ère , dit-on, vers 1834 à l’occasion de la cérémonie de circoncision de son fils le prince Rakoto, futur Radama II.

En son centre se trouve toujours aujourd’hui une « pierre sacrée » commémorant la naissance de ce même prince Rakoto, lequel la choisit en 1861 pour être sacré Roi lors de son couronnement, ce devant une foule qui lui répondit par de fortes acclamations.

Les trois dernières reines, rompant avec cette pratique, se firent « reconnaître » sur la place d’Andohalo, en maintenant toutefois l’usage de la « pierre sacrée » à cet endroit.

Champ-de-Mars également, ce lieu doit le demeurer, car durant la royauté s’y déroulaient des manœuvres et des défilés d’apparat, mais aussi des cérémonies rituelles consistant pour les soldats et officiers à former, avec leurs tentes, des carrés parfaits autour de celle du souverain, reconstituant ainsi sur le terrain l’esprit et la configuration du Rova, un peu comme au Japon féodal se formait sur le terrain autour du Daimyo, du Shogun ou du Tennô des cercles concentriques.

Ce rituel précédait la rentrée du souverain dans l’enceinte du Rova après un long déplacement en province.

Plus récemment, « Mahamasina » fut le lieu de célébration de l’accession de Madagascar, le 22 août 1958, à la reconnaissance de son Indépendance, mais membre de la Communauté Française, à l’occasion de laquelle le Général de Gaulle, qui avait à son côté le Président Tsiranana, s’écriait sous les clameurs enthousiastes de la foule et en étendant ses longs bras vers le Rova, que nous avions entendu avec forte émotion du haut de la balustrade ouest du Rova :

. « Demain vous serez de nouveau un Etat, comme vous l’étiez lorsque ce palais était habité !».

La grande revue militaire de la jeune armée moderne malgache, conduite par le Général Gabriel Ramanantsoa, notre grand-oncle maternel, suivait ensuite.

Plus tard encore, le 22 février 2002, c’est en ces mêmes lieux privilégiés que fut adoubé par une foule non moins enthousiaste Marc Ravalomanana comme Président de la République après sa victoire électorale contre Didier Ratsiraka. Le même rituel fut de mise s’agissant du président Hery Rajaonarimampianina en 2013 et, tout récemment le 19 janvier 2019, du jeune président Andry Rajoelina.

Immédiatement dans le sillage de « Mahamasina » se profile le Lac d’Anosy, « le lac où il y a une île ».

                                                       LE LAC D’ANOSY

Alimenté par un canal de dérivation du fleuve Ikopa, il a été créé par l’architecte anglais Cameron pour faire tourner la machinerie d’une poudrerie à Isoraka, un quartier d’Antananarivo.

A l’origine et sous Ranavalona 1ère, sur l’îlot étaient édifiées des maisonnettes en bois où se tenaient de brillantes fêtes et dans les eaux du lac la reine aimait également pêcher. Radama II, Rasoherina et Ranavalona II avaient poursuivi ces pratiques.

Aujourd’hui, le Lac d’Anosy est un lieu du souvenir du Soldat Inconnu et, plus généralement, celui des combattants malgaches.

Sur le plan urbanistique, il fut le pôle d’aménagement urbain d’ « Antananarivo la moderne », selon un plan d’urbanisme conçu en 1953 par Pierre Razafy-Andriamihaingo, le premier architecte-urbaniste malgache en charge au Haut Commissariat de France à Madagascar de la planification urbaine des principales villes de Madagascar, mais dont les prescriptions ne sont depuis quelques années que peu respectées.

Par contre pour ce quartier particulier, ce plan d’aménagement est assez bien respecté, et comprend notamment le quartier fonctionnel autour de l’hôpital de Befelatanana et des résidences des fonctionnaires, le quartier d’Anosy où se trouvent actuellement de nombreux ministères, le quartier d’Ambohidahy et l’immeuble – dit « Palais Razafy » – construit par le même architecte caractérisant ce quartier, la Maison de la Radio-Télévision Malgache, le Palais de Justice construit par le même architecte, et l’actuel Hôtel Carlton (cf. sur ce même Blog l’article « Antananarivo…la belle ville des mille », 1ère partie, daté du 31 mai 2014).

immeuble razafy_0002

Le « Palais Razafy » à Ambohidahy. Archives personnelles de JPRA – Reproduction interdite – 


palais de justice

Plan de masse du Palais de Justice d’Anosy. Archives personnelles de JPRA – Reproduction interdite – 


En quittant nos regards du Lac d’Anosy, de la balustrade ouest du Rova on ne peut pas ne pas remarquer, à gauche, la Colline d’Ambohijanahary.

                                           COLLINE D’AMBOHIJANAHARY

Cette colline intrigue. « Ambohijanahary », « le mont de Dieu », est en forme de dôme et est creusé de haut en bas de profonds fossés qui s’expliquent par le fait que, sur ordre du roi Radama 1er, cette colline devait être rasée afin d’étendre à l’ouest la ville d’Antananarivo et afin que le nouveau palais, « Soanierana », qu’il commanda à l’architecte-charpentier Louis Gros fût dégagé dans sa perspective à l’ouest !…

palais soanierana

Projet abandonné du Palais de Soanierana. Archives personnelles de JPRA – Reproduction interdite –


Mais, ce gigantesque projet ne put se réaliser jusqu’à son terme.

L’évocation rapide de ces lieux est d’autant plus utile à une bonne connaissance de l’histoire du Rova qu’ils lui sont intimement liés.

Ici s’achève avec une pointe de tristesse cet itinéraire forcément trop court et sans doute trop rapide de la visite du « Versailles malgache ».

Le Général de Gaulle était, sans aucun doute, la personnalité étrangère la plus prestigieuse qui ait pu à deux reprises, en 1953 et en 1958, faire une visite d’autant plus complète du Rova d’Antananarivo et du Rova d’Ambohimanga que lui-même et son épouse, née Yvonne Vendroux, furent guidés avec leur délégation par le conservateur en chef des lieux, notre très regrettée mère Suzanne Razafy-Andriamihaingo, qui put leur donner les indications contenues dans ces courts résumés. – Voir photo en début d’article –

Un jour, peut être, le Rova d’Antananarivo revivra, sous une forme ou sous une autre…

Car, un tel patrimoine, un tel héritage, un tel legs ne peut rester en son état de désolation actuelle.

                                                                               *

Voilà donc, ce qui pouvait être visité et admiré, ce qui pouvait se dire, avant cet incendie criminel, d’une incommensurable criminalité au regard d’un grandiose héritage à jamais perdu, dilapidé et qu’on a voulu reléguer dans l’oubli définitif par d’horribles créatures en cette funeste nuit du 5 au 6 novembre 1995 !

Et encore une fois, il faut souligner combien déplorables pour l’authenticité et la sacralité des lieux sont les prétendues « réhabilitations » et l’horrible installation du « Colisée », dont l’inauguration simultanée s’était tenue le 6 novembre 2020, auxquelles il faut ajouter l’inconcevable et imbécile initiative de rebaptiser « Mahamasina » par « Stade Barea » (du nom de l’équipe nationale malgache de football…!!! ).

Mais, la mémoire des temps, que cette série d’articles a tenté de raviver, est plus forte et le demeurera, tant que ces lieux, ces palais, ces demeures et ces reliques restent vivants dans l’esprit de tous.

A ce titre, et pour conclure toutes ces évocations, à nouveau je rends un émouvant hommage à ma très regrettée mère pour ses oeuvres de conservation dans la plus pure tradition légataire et, à sa suite, à sa belle-soeur, ma propre marraine, dame Jeanne Ramboatsimarofy (du nom  de son époux descendant en ligne directe du Roi Andriamboatsimarofy, le dernier roi d’Antananarivo avant que la cité ne fut conquise par le fameux Andrianampoinimerina), la petite-soeur de mon père qui succéda à ma mère en qualité de conservateur en chef des Rova d’Antananarivo et d’Ambohimanga depuis 1961 pour plusieurs années.

Bénies soient-elles !

                                                              Jean-Pierre Razafy-Andriamihaingo

   * Résumé du récit tiré de l’ouvrage de Suzanne Razafy-Andriamihaingo, « Colline sacrée des souverains de Madagascar, le Rova d’Antananarivo », L’Harmattan, 1989, 222 pages, illustrations, photos, croquis. Professeur d’Histoire de l’Art, diplômée de l’Ecole du Louvre en muséographie, elle fut chargée de mission au Musée de Versailles et des Trianons de 1942 à 1946 avant de devenir le conservateur en chef des musées du Rova d’Antananarivo et du Rova d’Ambohimanga de 1946 à 1961, et conseiller culturel à l’Ambassade de Madagascar au Royaume-Uni de 1961 à 1965.

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Reproduction, même partielle, interdite des textes et illustrations


  • NOTA : Sur Facebook en particulier, malgré la mention expresse du copyright, certains individus (identifiés) reproduisent sans vergogne à l’appui de leurs propos des photos issues de cet article, notamment celles de « Besakana », sans prendre la peine élémentaire de citer leur source. Pratique malheureusement trop fréquente et bien entendu condamnable et à condamner.

AUX LECTEURS DE LABODIPLO

Image « Floraison » (jpra)


                                                         CONNEXIONS A LABODIPLO

En ce début juillet 2022, et pour accompagner en beauté dans sa chaleur cet été de l’année 2022 que les Chinois baptisent d' »Année du Tigre d’Eau » qui symbolise un renouveau prometteur, en particulier face à la grave pandémie de la Covid-19 qui n’a pas fini de répandre ses méfaits, les fidèles et nouveaux lecteurs de « Labodiplo, l’ouverture à l’international », non seulement restent au rendez-vous mais le font avec enthousiasme, semble-t-il !

Avec une belle surprise (que je vous conte plus loin…) ! 

C’est une raison de plus pour « Labodiplo » d’exprimer ici à ses fidèles lectrices et lecteurs tous ses encouragements pour continuer à aller vers l’Espérance !

Depuis la création de ce Blog « LaboDiplo » le 21 septembre 2013, il y a donc près de neuf ans déjà, aujourd’hui fin mai 2022 vous êtes environ 340.000 – TROIS CENTS QUARANTE MILLE – Olé ! – à l’avoir consulté …et sans aucun doute apprécié !

Continuez !

C’est un cap plus que symbolique ! Soyons cependant modestes. Mais la floraison est bonne, et surtout pérenne, avec une progression, non seulement  régulière mais marquée par certains…évènements – n’ayons pas peur des mots – , comme on le verra infra !

Merci vivement à vous tous, invités de « Labodiplo » comme « simples » lecteurs, pour votre intérêt et pour votre sollicitude ! Vos commentaires étant par ailleurs toujours enrichissants.

Comme vous le savez, « Labodiplo » n’est pas adepte du « sensationnel » mais cherche à aller à l’essentiel, au fond des choses, dans leur substance et pour dégager leur sens profond.

                                        LES REALITES VECUES ET RAPPORTEES

                               SUR PRES DE 153 PAYS ET REGIONS DU MONDE

Car d’emblée, par rapport aux sujets abordés, autour des réalités et problématiques internationales et, pas uniquement sur Madagascar qui ne parvient toujours pas à trouver son chemin dans une période cruciale de son histoire, il n’était nullement acquis qu’ils réuniraient un lectorat aussi nombreux, diversifié et attentif.

L’autre enseignement encore plus encourageant, c’est que vous êtes géographiquement répartis sur pratiquement les cinq continents, ce qui, je l’avoue, me surprend très agréablement, la diversité culturelle, à laquelle je suis très sensible, étant au rendez-vous !

En effet, vous êtes répartis sur près de 153 pays ou régions du monde !

. Certes, majoritairement vous venez du trio: Madagascar, France et Etats-Unis ;

.  mais aussi, dans l’ordre d’importance numérique décroissant, des 153 autres PAYS, REGIONS ET ORGANISATIONS INTERNATIONALES – j’en oublie certainement – suivants (« LaboDiplo » serait-elle devenue une petite ONU virtuelle ? ) :

du Japon, de la Côte d’Ivoire, de Suède, du Gabon, de Norvège, de Suisse, d’Italie, du Royaume-Uni, de la Russie, de l’Afrique du Sud, de l’Espagne, de la Lituanie, de l’Inde, des Philippines, des Emirats Arabes Unis, du Canada, du Liban, d’Haïti, du Sénégal, de l’Autriche, de l’Allemagne, de la Belgique, de la Tchécoslovaquie, des Pays-Bas, de la Réunion, de l’Algérie, de Pologne, de Djibouti, du Bénin, de la Corée du Sud, du Soudan, de l’Irlande, du Maroc, de Singapour, de la Guadeloupe, de la Croatie, de la Gambie, des Comores, du Mexique, du Kenya, de Birmanie, du Luxembourg, de la Roumanie, de la Principauté de Monaco, de la Lettonie, du Brésil, du Pakistan, des Iles Seychelles, de la Serbie, de la Tchéquie, de l’Australie, de l’Angola, de la Thaïlande, du Cameroun, de la Guyane, la République Démocratique du Congo (Kinshasa), de l’Egypte, de la Tunisie, de la Guinée Equatoriale, de Bahreïn, de Mayotte, de la Finlande, de l’Ile Maurice, de la Namibie, de la Martinique, de l’Indonésie, la République du Congo (Brazzaville), de la Turquie, de la Polynésie, du Tchad, de l’Estonie, du Portugal, de l’Azerbaïdjan, du Botswana, du Monténégro, de l’Equateur, de Taïwan, de Hong-Kong, de la Grèce, de la Biélorussie, de la Colombie, de la Hongrie, de la Bulgarie, du Nigeria, du Viet-Nam, du Mali, du Chili, de la Slovaquie, du Burundi, du Bengladesh, d’Israël, du Yemen, de la Nouvelle-Calédonie, de l’Argentine, de la Moldavie, du Cambodge, du Sri-Lanka, des Maldives, de l’Arabie Saoudite, de l’Union Européenne (par sa Commission), du Danemark, de la Malaisie, du Niger, de la République Centrafricaine, de la République Populaire de Chine, de la Cité du Vatican, de la Zambie, du Venezuela, de la République Tchèque, de la Georgie, du Nigeria, du Togo, de l’Ouganda, de la République de Saint-Marin, du Qatar, du Népal, de l’Ukraine, de la République Dominicaine, la Région Administrative Spéciale de Macao, le Guatemala, Malte, Saint-Pierre-Et-Miquelon, du Pérou, de la Mauritanie, de Wallis-et-Futuna, du Vanuatu, du Kazakhstan, du Rwanda, du Cap-Vert, du Swaziland, de l’Inde, du Mozambique, des Îles Fidji, de la Slovénie, du Nicaragua, de Cuba, de l’Uruguay, de la Principauté d’Andorre, du Laos, des Territoires Palestiniens, des Samoa américaines, de l’Emirat d’Oman, de Saint-Barthélémy, de la Nouvelle-Zélande, de la Mongolie, des Îles Féroé.

                                                        EVENEMENTS MARQUANTS

. En l’année 2015, deux « évènements » marquants sont venus ponctuer de façon heureuse l’évolution de « LaboDiplo »:

. Tout d’abord, le 3 avril 2015, la Chine continentale, qui était la grande absente de « LaboDiplo »…sans aucun doute en raison des strictes restrictions d’accès Internet imposées par le Gouvernement chinois, figure désormais parmi les pays connectés à « LaboDiplo, l’ouverture à l’International », une « ouverture » qui assurément mérite son nom ! Depuis que Singapour et, tout récemment, Taïwan et Hong-Kong étaient et sont toujours connectés à « LaboDiplo », le monde chinois est donc très bien représenté sur notre Blog ! Ni Hao ZhongGuoRende Pengyou ! « LaboDiplo » leur offre sous la forme de ce fragment de vitrail une floraison de pruniers : XingHua !

« Fragments de vitrail: XingHua » (jpra)


. Ensuite, le 6 avril 2015, lundi de Pâques, c’est la Cité du Vatican, un Etat sui generis en droit international, qui se connecte à « LaboDiplo » avec plusieurs articles vus ! Eu égard à ma catholicité et à mes anciennes fonctions d’ambassadeur près le Saint-Siège, cela me réjouit tout particulièrement !

Enfin, le 3 décembre 2018 « Labodiplo » enregistre pour la première fois l’entrée des Territoires Palestiniens au nombre des régions – pour ne pas dire « pays » – qui consultent notre blog. Nous saluons chaleureusement les lecteurs de ces Territoires, et nous nous félicitons d’autant plus vivement de cette sollicitude que voilà un peuple, les Palestiniens, qui incontestablement font partie intégrante de la communauté internationale et dont le devenir et l’avenir ne peuvent que susciter de l’intérêt, y compris en Israël.

Et voici que le 14 mai 2019 l’Emirat d’Oman vient grossir les rangs des nouveaux-venus dans l’univers de Labodiplo, sachant que tu temps où Madagascar, à partir du XIIIème siècle, attirait certaines convoitises commerciales, des boutres en provenance d’Oman poussaient leurs périples jusqu’à Madagascar, de sorte qu’aujourd’hui encore les petits navires à voiles à l’arrière surélevé d’origine arabe qui sillonnent les côtes malgaches sont identifiés comme s’inspirant directement de leurs lointains ancêtres provenant d’Oman…

Enfin, voici la dernière venue en fin d’année 2020: la Nouvelle-Zélande ! Welcome !

Mais, ce n’est pas terminé !…puisque que voici depuis ce matin 4 juillet 2022 – j’avoue avec une énorme et enthousiaste surprise ! – les Îles Féréo ! En réalité, un archipel d’îles rocheuses et riches en végétation, situées en plein Atlantique Nord entre l’Islande et la Norvège. Mais, les Îles Féroé font partie intégrante du Royaume du Danemark. Bienvenus à vous, chers habitants des Îles Féréo ! Merci d’être là !  

Et je salue ces derniers évènements par la publication de l’une de mes peintures: « Ciel », que voici.

ciel

« Ciel » (jpra)


. En outre, rappelons que le 5 février 2016, le monde chinois renforçait sa représentation sur « LaboDiplo » avec la venue de la Région Administrative Spéciale de Macao !

. Et que le 15 mars 2017, un autre grand pays, l’Inde, faisait son entrée et se mettait à consulter LaboDiplo ! De même, le 19 mars 2018, jour gris et neigeux sur Paris, Cuba, l’île chaude, rejoignait lui aussi le club « Labodiplo » !…

. Qu’en outre le jour du 29 mai 2022, jour de Fête des Mères, oh surprise ! la Mongolie s’ajoutait aux pays où se lit aussi « Labodiplo » …! 

                                                            RECONNAISSANCE

Enfin, ma reconnaissance à votre égard est d’autant plus grande que malgré la longueur de certains de mes articles, dont j’ai conscience qu’elle aurait pu dissuader certains, votre présence fidèle m’encourage.

Cependant, vous l’avez sans doute remarqué, désormais votre patience n’est plus mise à l’épreuve et avec votre indulgence j’alterne sujets courts et sujets plus… « conséquents », sujets « légers » et sujets plus « sérieux », sachant que dans le long fleuve de la vie l’eau coule toujours à un  rythme varié selon le lieu et l’époque traversés !

Il me revient aussi, avec grand plaisir, de remercier vivement mes invités, ces personnalités malgaches et étrangères qui ont bien voulu accepté d’écrire sur « Labodiplo » en s’emparant de sujets les plus divers dans lesquels elles sont des spécialistes reconnues. Leur contribution revêt une importance indéniable, rendant la lecture de « Labodiplo » d’autant plus intéressante que leurs visions donnent des éclairages diversifiés.

Enfin, je saisis l’occasion de ce message pour vous inviter à consulter mon autre blog intitulé « Sublime Nature », qui, sous mon nom d’artiste JIPIERA, est consacré plus spécialement à mes oeuvres picturales, à l’adresse suivante :

http://www.jipiera.wordpress.com

Bonne continuation à toutes et à tous ! Où que vous soyiez.  

Ce 4 juillet 2022

                                                                           Jean-Pierre Razafy-Andriamihaingo

                                                                                                 dit JPRA

                                                                          http://www.labodiplo.wordpress.com

 

Ce message est soutenu par: « FOCUS CHINE » – YING & JP ASSOCIES » –

 

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Avertissement:

Tous les écrits, articles et illustrations (photos, dessins, peintures, plans, tous types de documents) publiés et parus dans ce Blog dont je suis l’auteur, ou ceux publiés dans ce Blog par mes invités, sont des pièces originales et naturellement protégées par le droit d’auteur et le « copy right » en France et dans tous pays.

Leur reproduction, même partielle, est interdite sans mon autorisation écrite expresse et préalable.

Je déplore que certains lecteurs malhonnête, malgré la présence de cette mention au bas des articles et des illustrations en fassent fi, bien entendu sans même en indiquer la provenance, et exploitent certaines de ces illustrations pour leur propre usage, en particulier sur Facebook.

De tels actes sont susceptibles de poursuites par toutes voies légales.