HOMMAGE A ZANAHARY, CREATEUR DE MADAGASCAR

                               HOMMAGE A ZANAHARY, CREATEUR DE MADAGASCAR

Le 14 octobre 1958 Madagascar, devenue République proclamée, retrouvait son Indépendance, celle que la Grande Ile avait perdue pour cause de colonisation en 1896.

Certes, cette Indépendance ne se traduisait pas encore par le recouvrement de sa pleine souveraineté internationale puisque, d’accord avec la France et d’autres Etats africains de l’ancien « Empire » français, Madagascar intégrait la Communauté Française, tout comme la France d’ailleurs !, octroyant ainsi la conduite de ses affaires extérieures à la structure suprême de ladite Communauté.

Cependant, cette situation ne pouvant durer, Madagascar recouvrait la pleine maîtrise de ses affaires étrangères le 26 juin 1960, date que la postérité retiendra à juste titre comme étant celle du retour de Madagascar à la pleine Indépendance.

Qu’a-t-on fait de cette souveraineté retrouvée ?

Par-delà cette considération, que ceci nous fasse surtout prendre conscience, au-delà des verbiages et du « tumulte des mots » ,  de la dimension sacrée de Madagascar, la Grande Ile, tout comme le Japon se reconnaît dans son essence et par sa naissance divines.

« Le tumulte des mots » !…C’est le Général de Gaulle qui, en langage si bien choisi lors de sa visite à Madagascar en 1958, avait relevé avec malice ce trait comportemental  et cette propension bien malgache de se contenter de la résonance des mots !

Posons la question:  à Madagascar même on se demande qui a conscience de cette nature divine en ces temps-ci ?

Or, dans la mythologie malgache, que ne cessent de sublimer nos contes et légendes – notamment à travers les « Angano » – , Zanahary (Dieu du Ciel) a créé Madagascar dans les temps immémoriaux.

Et ce beau pays, ainsi venu désormais de l’aube des temps, loge dans ses montagnes si imposantes en autant de vigies pour son devenir et son avenir, mais aussi dans les rizières façonnées de si belle façon, à travers l’incomparable saveur de ses fruits issus de ses terres nourricières, et se signale par le scintillement de ses pierres aussi précieuses que diseuses de bon augure.

Or, qu’enregistrons-nous, que déplorons-nous ? Que continuent de pratiquer bien trop de Malagasy déboussolés par leurs propres turpitudes et travers suicidaires …il est vrai, provoqués par l’incurie maladive et si préjudiciable des dirigeants successifs qu’ils ont cru devoir se donner ?

On s’entretue, on viole, on se prostitue, on brûle la terre, on brûle le patrimoine, on brûle la mémoire, les actualités nous en donnent la triste litanie quasiment tous les jours avec sa cohorte de misères et de drames…! 

C’est révoltant !

Alors, en hommage, et comme pour narguer la fatalité de son avilissement actuel, et afin qu’elles restituent et confirment au bénéfice de ce pays en risque de perdition tant sa générosité que la concorde qui lui sont nécessaires, voici ci-dessous, en quelques peintures de notre crue, les modestes offrandes que nous présentons.

Car, Madagascar, pays de montagnes, rouges et bleues, brunes et vertes, ocres et jaunes, manifeste à travers elles, ainsi que par leurs rizières en aval, toute l’impassibilité devant les épreuves et la solidité face au destin.

Quelque part, ça rappelle aussi les montagnes célestes de Chine et les monts sacrés du Japon (à commencer par le Fujiyama)…

Madagascar tient de ses origines un caractère sacré.

Que ni les Malagasy ni les Etrangers ne se doivent de l’oublier jamais.

Jean-Pierre Razafy-Andriamihaingo

Collines rouges (2)
« Collines rouges dans le Grand Sud » (jpra)

ambodiakondro-3

« Etang fertile » (JPRA)

Vakinankaratra

« L’esprit du Vakinankaratra » (jpra)

Oranges 19

« Profusion de fruits » (JPRA)

chaîne montagneuse et plaines
« Montagnes en chaîne » (jpra)

Oranges 21

« Oranges rouges » (JPRA)

Montagnes si belles...
« Montagnes bleues si mystérieuses » (jpra)

Ananas

« Jeune ananas » (JPRA)

montagnes rouges (4)
« Montagnes rouges si mystérieuses » (jpra)

pierres-madecasses-7

« Jeu de pierres » (JPRA)

montagnes et rizières
« Montagnes et rizières » (jpra)

Mangues

« Manga » (JPRA)

montagnes et rizières (4)
« Montagnes et rizières 2  » (jpra)

Featured Image -- 7964

« La famille citron » (JPRA)

montagnes bleues
« Mystérieuses montagnes vertes » (jpra)

Kaki, pomme, citron 2

« Kaki et ses amis » (JPRA)

campagne (3)
« Montagnes à la campagne » (jpra)

Japonimse 13

« Fruits bleus » (JPRA)

lever du jour en Imerina
« Levé du jour en Imerina » (jpra)

reines-claudes sur lamba

« Reine-claude sur lamba » (RF et JPRA)

paysage (2)
« Damier de Betsimitatatra » (jpra)

madagascar

« Madagascar dans sa pierre » (JPRA)

rizières en montagne
« Rizières et montagne » (jpra)

12062017(2)

« Couple d’oiseaux en admiration devant l’Améthyste » (JPRA)

soleil couchant
« Soleil couchant en haute montagne » (jpra)

perspective infinie

« Perspective infinie » (JPRA)

Mont fleuri

« Mont fleuri » (JPRA)

Vision maritime 3

« Côtes montagneuses » (JPRA)

I1453651738

« Ambohipotsy-Manankasina » (JPRA)


———————————————–

Reproduction, même partielle, interdite des textes et illustrations

———————————————–

VOLONTE CONSTRUCTIVE versus VELLEITE DESTRUCTRICE

montagnes et rizières
« Montagnes et rizières » (jpra)
——————————————-

                          VOLONTE CONSTRUCTIVE versus VELLEITE DESTRUCTRICE

En effet depuis 2009, telle semble toujours être l’équation malgache, tant la disposition d’esprit constante qui anime certains acteurs politiques majeurs à Madagascar échappe à tout entendement. Comment expliquer autrement les échecs successifs qui ont pavé près de dix années de désastres, lesquelles risquent d’être suivies d’autant d’années de même nature ?

Pourtant, avec l’installation d’un nouveau Président de la République en 2013 à Madagascar, et en dépit des dérives, lourdeurs et autres obstacles, beaucoup d’entre nous croyions possible une réelle mobilisation pour un relèvement permettant de s’engager résolument dans la reconstruction.

Or aujourd’hui, et depuis lors, tous les signaux virent au rouge. Et, les évènements passés – et sans doute encore à venir – autour du sort honteux réservé à Marc Ravalomanana le révèlent suffisamment.

L’espoir relégué dans les profondeurs

Car la volonté vertueuse dans l’action, prétendue avec force verbiages par les « vainqueurs » d’un jour, se révèle avec fausseté et nudité dans tout son caractère velléitaire, ce au milieu des volontés destructrices de ceux qui considèrent Madagascar comme leur propriété indivise et brisent à dessein le peu d’espoir désormais relégué dans les profondeurs.

Et, à nouveau, à l’occasion de chaque échéance électorale majeure, des habillages pouvant donner l’impression de la respectabilité sont sans cesse inventés, et ce, à nouveau également, sous le regard complaisant d’une communauté internationale par qui, de par ses constructions incertaines passées et de par ses diverses prises de position, sont venus en partie, d’une part le ratage historique d’un soit disant « retour à l’ordre constitutionnel » ou d’une soit disant « normalité institutionnelle », et d’autre part l’encouragement à une pratique politique qui abonde dans le déni des normes démocratiques et de bonne gouvernance.

Que chacun en conscience, au plan national comme au niveau de la communauté internationale, se convainque qu’il est bien trop loin maintenant « le Nouveau Printemps malgache » rêvé né des mouvements libératoires de Mai 1972 !

Or, pour l’heure et à ce jour, et de façon sérieuse et visible :

. des gages concrets de bonne gouvernance – ne serait-ce que des engagements verbaux convaincants dans ce sens – ont-ils été pris ? ;

. l’adoption de mesures préparatoires et probants de promotion des droits et libertés fondamentaux, des dispositions légales de rétablissement de l’état de droit – avec un petit « e » , qui marque un fait établi – a-t-elle été assurée ? ;

. l’amorce d’un dialogue social – ne serait-ce qu’esquissée- a-t-elle été programmée ?

Que non !

La réalité c’est qu’alors que le pays est en état de nécessité alimentaire, sanitaire, économique et sociale, le navire Madagascar vogue sans gouvernail avec un moteur défectueux depuis près de dix ans , mais ce navire-là a pourtant lâché les amarres, et ce pour une destination toujours inconnue.

Renverser la vapeur

Il faut renverser la vapeur et, pour que les velléités d’hier se muent en volonté d’aujourd’hui, mettre « voiles toutes » sur un cap qui parle à tous :

. La Concorde Nationale.

Elle n’a rien à voir avec une chimérique « réconciliation » vide de sens ou un « consensus » mou où tout se fond, où l’on se perdrait dans des compromis vite transformés en compromissions, des aveux, des repentances, des dialogues et concertations, des doléances ou autres apitoiements et demi-mesures plus ou moins sincères.

La Concorde Nationale commande de la part de ceux qui ont la charge de la direction du pays, comme nous le disions à maintes reprises, des options fermes à longue portée et en profondeur, et des directions qui, par le sens-même du cheminement proposé, parlent et répondent aux aspirations d’un peuple actuellement aux abois (cf. notamment nos articles « Quelles mesures gouvernementales d’urgence ? » et « Madagascar sur ses rails » sur ce même Blog).

Car, la souffrance des Malgaches est sans nom, au niveau individuel chacun subissant intimement les douleurs d’une vie d’errance collective. Laissons aux professionnels de la politique à la petite semaine leurs chamailleries, convictions maladives, illusions, ambitions mal placées, petits calculs et marchandages à n’en plus finir ; de nôtre côté, relevons ensemble dans un sursaut moral et dans une détermination mentale le défi de la reconstruction, chacun dans ce qu’il a de meilleur !

Pratiquement, et afin que le chantier « Madagascar » commence à s’échafauder, il sera donc temps d’ériger un « Gouvernement de Concorde nationale » pour le conduire, ce dans un format à ne point confondre avec celui d’un gouvernement « fourre-tout » dit d’ « union nationale » ou « de consensus » qui n’aurait d’autre impulsion à faire valoir qu’à partir du plus petit dénominateur commun !

Il faut que toutes les compétences trouvent à s’exercer utilement et à bon escient, que les valeurs de la République comme celles de la Démocratie, du Droit et de l’Ethique retrouvent vigueur à tous les niveaux.

A défaut de ces ardentes exigences, la déliquescence achèvera de pénétrer le peu de structures sociétales qui restent. Car, dans l’état actuel des choses où l’Etat lui-même a failli dans ses missions premières, le simple respect des prérogatives légales et des rouages institutionnels ne suffit plus. Au-delà, il est indispensable que la légalité formelle trop largement instrumentalisée atteigne l’essence même des normes de référence, que chacun sache où se trouve la légitimité, et que soit reconnue à chacun sa part constructive pour une destinée commune.

Madagascar, pays de montagnes, rouges et bleues, retrouvera à ces conditions l’impassibilité et la solidité requises, avec leurs espaces de verdure et de rizières nourricières en aval.

Et, le futur pourra ainsi se conjuguer à partir d’un indicatif inventé : « futurer » !

                                                                                 Jean-Pierre Razafy-Andriamihaingo

futurer (3)
« Futurer » (jpra)

———————————————

Reproduction, même partielle, interdite des textes et illustrations

———————————————

DEVELOPPER LA CHAINE DU FROID EN AFRIQUE SUBSAHARIENNE ET A MADAGASCAR

Lamba et nenuphars (2)
« Jeu de lamba et nénuphars » (jpra)


DEVELOPPER LA CHAINE DU FROID EN AFRIQUE SUBSAHARIENNE ET A MADAGASCAR

La chaîne du froid constitue une chance pour l’Afrique.

A tous les points de vue.

Et cette évidence se révèle d’autant plus en ces temps de lutte contre la diffusion des gaz à effet de serre et de pandémie de la Covid-19, les dérèglements climatiques induits et la propagation des bactéries provoquant derrière elles leur cortège de déficits en tous genres en matière alimentaire et nutritionnelle.

Mais pas que…On le constate bien en matière de santé publique et sanitaire, notamment à propos de la nécessaire conservation des vaccins anti-covid qui nécessitent un système performant de chaîne du froid.

Et pourtant, ce vaste continent africain peine à se décider à mettre en place une chaîne du froid de façon planifiée…Et ne parlons pas de Madagascar. Ou plutôt, si ! il faut en parler…à la fin de cet article…

Un pays africain émergent donne l’exemple: en 2022 le Rwanda a lancé un vaste programme de recherche et d’installation de la chaîne du froid combinant adaptation technologique et production énergétique avec pour soucis principaux, d’une part l’adéquation du système du froid aux capacités technologiques actuelles de l’Afrique et, d’autre part, éliminer les pertes de production de denrées agricoles dues à l’absence d’installations de la chaîne du froid pouvant assurer à la fois une bonne conservation des produits et leur distribution à travers le pays, ce jusque dans toutes les localités.

                                                                               *

A partir du très récent exemple du Rwanda, un regain de prise de conscience en la matière semble se manifester désormais en Afrique.

Déjà en juin 2012 s’était tenu à Yaoundé, au Cameroun, un « Atelier régional sur l’utilisation de la chaîne du froid dans le développement de l’agriculture et de l’agro-industrie en Afrique subsaharienne ».

Sur la base des actes de cet important Atelier, l’Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture (la FAO) et l’Institut International du Froid (l’IIF) ont conjointement élaboré et publié en 2014 une Note synthétique intitulée « Développer la chaîne du froid dans le secteur agroalimentaire en Afrique subsaharienne », qui constitue un véritable plaidoyer en la matière, et dont nous reprenons la formulation en titre de cet article.

Un déclic salutaire devrait se produire pour l’Afrique.

ETAT DES LIEUX ET DEFIS A RELEVER

De fait, le constat est amer : la chaîne du froid est, soit très peu développée, soit inexistante en Afrique subsaharienne, que ce soit en zone urbaine ou dans le milieu rural, seule l’Afrique du Sud sortant du lot en zone urbaine.

Pour ne parler que de la production et de la distribution alimentaire, de même que de sécurité alimentaire, les fruits, les légumes, les racines et tubercules, les viandes, le lait et le poisson, pour tous des produits de base, il s’agit donc, au moyen du développement d’une chaîne du froid fiable et efficace, qui constitue le cœur des missions de l’Institut International du Froid (IIF), tout à la fois de :

. réduire les pertes alimentaires ; favoriser la production agricole, de poissons et de denrées périssables ;

. renforcer et stabiliser la sécurité alimentaire et nutritionnelle ;

. assurer la conformité des produits aux exigences de qualité ; et améliorer l’accès aux marchés intérieurs et extérieurs.

Or, ne serait-ce qu’en 2011 la FAO a pu estimer à environ 25 à 30% les pertes en produits d’origine animale et entre 40 et 50% celles concernant les racines, tubercules, fruits et légumes !

Le développement de la chaîne du froid se présente ainsi comme « le passage obligé pour atteindre la sécurité alimentaire et nutritionnelle » (cf. Note d’orientation sur l’agro-alimentaire » élaborée en 2014 par la FAO et l’IIF).

Ceci nécessite un certain nombre d’exigences en matière de gouvernance économique et de structuration.

LES EXIGENCES EN MATIERE DE BONNE GOUVERNANCE ECONOMIQUE

Rappelons tout d’abord la définition et les principes généraux d’utilisation de la chaîne du froid, selon les préconisations de l’IIF.

« La chaîne du froid est l’ensemble des moyens mis en œuvre pour atteindre et maintenir la température de conservation des produits, de la production à la consommation, de façon à préserver leur qualité ».

Une telle maxime s’applique aussi aux médicaments et soins.

Ses maillons essentiels incluent la production, le transport, l’entreposage, la distribution (livraison en magasin, stockage temporaire, exposition/vente) et les interfaces correspondantes, mais aussi la conservation chez le consommateur ».

Selon l’image proposée par l’IIF, ceci se résume au « trépied frigorifique » suivant : « produits sains, froid précoce et froid continu, que l’ont peut vérifier avec des enregistreurs de température ».

S’agissant plus spécifiquement de la bonne gouvernance économique en matière de froid, les recommandations conjointes de la FAO et de l’IIF sont de quatre ordres :

1. Mieux intégrer la chaîne du froid dans les stratégies de développement agricole et de sécurité alimentaire ;

2. Elaborer des stratégies multisectorielles et multipartites ;

3. Adapter les stratégies d’intervention aux spécificités des produits et aux conditions géographiques et socio-économiques ;

4. Recourir à des études préalables sérieuses avent tout projet d’équipement frigorifique.

A ce dernier titre, la FAO et l’IIF considèrent que « le froid solaire reste actuellement une option coûteuse à l’achat mais qui peut être intéressant en l’absence de réseau électrique.

D’autre part, selon le contexte climatique et le coût de l’énergie, le stockage du froid et le refroidissement évaporatif peuvent présenter un réel intérêt économique ».

Pour sa part, et au surplus, l’IIF considère que « pour le transport, à défaut de véhicules frigorifiques, on peut utiliser sur certains trajets des véhicules isothermes, de préférence avec des plaques eutectiques, dont la grande inertie thermique retarde le réchauffement du chargement ».

Tout ceci suppose d’élaborer et de mettre en œuvre un véritable plan directeur de développement de la chaîne du froid en partenariat avec le secteur privé, de définir des réglementations et des normes de qualité, et de veiller à leur application par des contrôles de conformité effectifs.

Et à l’évidence, une politique soutenue de formation, de professionnalisation du secteur agro-alimentaire et de recherche-développement doit être mise en place parallèlement, soutenue par une mise à niveau des capacités d’investissement.

Enfin, l’implication des organisations professionnelles et le dialogue interprofessionnel autour de la chaîne du froid sont indispensables, à défaut de quoi les relais nécessaires ne pourraient être assurés.

Ajoutons que tout ce qui est dit précédemment peut tout à fait être transposé en faveur de la santé et du dispositif sanitaire en Afrique.

                                                                             ***

jeu de raisins

« Jeu de raisins » (JPRA)


PRIORITE SIGNALEE POUR MADAGASCAR…POUR RATTRAPER LE RETARD

Une politique nationale de développement de la chaîne du froid est assurément plus que jamais nécessaire pour Madagascar où d’une année sur l’autre des régions entières dans le grand sud du pays connaissent la famine.

Déjà, en notre double qualité de Représentant de Madagascar auprès de l’Institut International du Froid (IIF) et de président en exercice de la Commission Internationale des Industries Agro-alimentaires (CIIA) il y a environ dix ans, nous avions obtenu l’accord de principe de ces deux organisations internationales pour développer à Madagascar un programme de formation et d’évaluation des besoins en matière de chaîne du froid.

A ce jour, le projet n’avait pu aboutir faute par les gouvernements malgaches successifs d’y donner la suite attendue…!

Or, rattraper le retard fait partie, ici comme ailleurs, des décisions d’une urgence absolue à prendre…

Du 22 au 29 juin 2016, nous avons conduit à Madagascar une « Mission économique Fandrosoana » précisément composée entre autres participants, de l’Institut International du Froid (IIF) comme entité leader, porteur de propositions précises qui attirèrent un fort intérêt, en particulier des plus hautes autorités étatiques et gouvernementales malgaches, le Conseiller Spécial du Président de la République en charge des projets économiques et le Premier ministre en tête.

Le Représentant permanent de l’Union Européenne, celui de la FAO, ainsi que l’Ambassadeur du Japon furent également consultés et marquèrent leur fort intérêt pour ces propositions.

De son côté, aujourd’hui encore, la pleine disponibilité de l’IIF (Institut International du Froid »), que je continue de représenter à la suite de la « Mission Economique Fandrosoana » pour ce projet particulier pour Madagascar, est toujours d’actualité.

Rappelons à cet égard que l’IIF est une organisation intergouvernementale internationale et agit, en tant que telle, dans l’intérêt général de ses membres, au nombre desquels figure Madagascar.

Même si ce pays peine, depuis trop longtemps, à régler ses cotisations et ses arriérés de cotisations, des négociations adéquates peuvent se mener pour une régularisation . Dans ce cas et dans le cadre de ce processus, je peux en témoigner pour avoir obtenu des assurances à cet égard, la mise en oeuvre de « projets froid » pour Madagascar ne devrait pas être compromise, mais encore faut-il que Madagascar prenne les initiatives idoines et opportunes dans l’urgence requise…

Gageons alors que des mesures concrètes, allant dans le sens des préconisations que j’avais défendues lors des entretiens qui furent accordés en juin 2016, puissent être prises incessamment afin que l’IIF puisse concrètement se mettre à l’oeuvre à Madagascar au bénéfice du redressement du pays et de son développement durable.

En particulier, les financements mobilisés lors de la Conférence des Bailleurs Internationaux de Paris début décembre 2016 auraient parfaitement pu y être affectés en partie.

Il n’en fut rien, et ainsi une importante occasion a été perdue…une fois encore.

De fait, ni dans le Plan National de Développement, ni dans un document quelconque de la « stratégie » actuelle – ou à venir – de développement on n’a vu nulle part une seule ligne consacrée à la chaîne du froid…

C’est, …comment dire ?… regrettable et condamnable ! …Mais, je préfère rester optimiste et croire à une capacité de résilience de nos autorités.

Jean-Pierre Razafy-Andriamihaingo

———————————————————-

Reproduction, même partielle, interdite des textes et illustrations

———————————————————-

L’AMBASSADE ROYALE MALGACHE DE 1863

ambassadeurs 1863
L’Ambassade itinérante malgache de 1863, avec les ambassadeurs Rainifiringa (à gauche) et Rasatrananbo, à droite, et au centre le révérend John Duffus – Photo tirée de l’ouvrage « Colline sacrée des souverains de Madagascar, le Rova d’Antananarivo, L’Harmattan, 1989 – Reproduction interdite.
—————————————————————

                                    L’AMBASSADE ROYALE MALGACHE DE 1863

La fin de règne du roi Radama II en 1863 révèle, après la (trop) longue période du règne de sa mère Ranavalona 1ère (1828-1861), l’installation définitive, permanente et omnipotente au pouvoir des deux clans roturiers des Tsimiamboholahy et des Tsimahafotsy, lesquels avaient accaparé toutes les fonctions de la gouvernance du royaume malgache.

Ainsi débute une marche forcée vers un accaparement du pouvoir par ces deux clans au détriment des maisons royales et princières, ce mouvement qui prend ici une tournure brutale et décisive ayant en réalité pris racine avec l’installation au pouvoir de la reine Ranavalona 1ère dans les conditions que nous avions relatées par ailleurs (voir sur ce même blog l’article intitulé « Réformateurs et modernisateurs de Madagascar, 7ème partie, en date du 13 octobre 2013).

Tout particulièrement ici et par la suite, la Reine Rasoherina, épousée par le Premier ministre Raharo pour mieux l’obliger et afin de la réduire à un rôle symbolique, lui abandonne les rênes du pouvoir ainsi que les prérogatives politiques (voir nos développements sur ce même Blog dans « Réformateurs et modernisateurs de Madagascar », 7ème partie, précité).

Alors que la Reine souhaite entretenir avec Français et Anglais les meilleures relations possibles, dès le 15 septembre 1863 le gouvernement malgache, réfractaire, lui, à tout l’héritage radamien, entend mettre en place une nouvelle politique étrangère exclusivement dirigée contre la France et refuse de reconnaître le traité d’alliance et de commerce de 1862 passé entre la France et Madagascar.

C’est ainsi que Jean Laborde, le consul de France, décide alors le 18 septembre 1863 d’amener le pavillon français.

Cette soudaine flambée de tension franco-malgache ne peut trouver, pour Madagascar, aucune atténuation du côté anglais puisque par les effets et les engagements du traité de commerce de 1860 liant la France et la Grande-Bretagne ces deux pays, par ailleurs unis dans une concorde relationnelle voulue par l’Empereur Napoléon III, prennent soin de ne se gêner nullement par des prises de position qui seraient contradictoires.

C’est dans ces conditions et dans l’ignorance de ce contexte géopolitique qu’en novembre 1863 est décidé par le gouvernement malgache l’envoi en Angleterre, et « accessoirement » en France, d’une ambassade itinérante, co-dirigée par Rainifiringa et Rasatranabo, pour expliquer les nouvelles orientations de la politique étrangère malgache. Dans cette ambassade le révérend John Duffus fait fonction de secrétaire et d’interprète de l’ambassade.

Un projet de traité à négocier seul avec l’Angleterre est élaboré, dont les ambassadeurs malgaches ont en charge de faire accepter les termes par le gouvernement anglais, avant qu’ils n’envisagent de se présenter à Paris munis d’un traité signé en bonne et due forme avec l’Angleterre, le gouvernement malgache s’imaginant qu’une telle stratégie d’approche, par le truchement anglais, pourrait amener la France à traiter favorablement avec Madagascar malgré la récente rupture entre les deux pays.

L’ambassade quitte Tamatave le 26 novembre pour n’arriver en Angleterre qu’en février 1864.

A Londres, les ambassadeurs malgaches sont reçus le 3 mars par Lord Russel, Secrétaire d’Etat au Foreign Office, et une semaine après par la reine Victoria au château de Windsor, puis quelques jours après par Lord Palmerston, Premier ministre, celui-là même qui, étant Secrétaire d’Etat au Foreign Office en 1837, avait déjà traité avec les ambassadeurs de Ranavalona 1ère.

Les négociations, que les Malgaches pensaient aisées, s’avèrent difficiles.

Car, d’emblée et dans un premier temps le projet de traité, présenté au gouvernement anglais par les ambassadeurs malgaches au nom du gouvernement de Raharo, est prestement rejeté par les Anglais !

Néanmoins, ces derniers consentent à discuter, mais c’est finalement pour signifier à la partie malgache qu’en l’état l’Angleterre ne saurait s’engager seule sans connaître l’avis du gouvernement français.

C’est ainsi que sous les fortes et insistantes recommandations du gouvernement anglais, les ambassadeurs malgaches sont contraints d’entamer des négociations avec le gouvernement français, charge à eux de revenir en Angleterre pour y poursuivre les négociations avec le gouvernement anglais, occurrences quelque peu embarrassantes pour les Malgaches, mais ceux-ci relèvent le défi et acceptent de suivre la suggestion anglaise.

Comme pour compenser quelque peu leur exigence, les Anglais consentent tout de même, quant à eux, à remettre aux ambassadeurs malgaches un contre-projet de traité que Rainifiringa et Rasatranabo décident de faire parvenir à Madagascar pour consultation…

Et, c’est le 1er juillet 1864 que l’ambassade itinérante malgache parvient à Paris où, le 6 juillet, elle est reçue par Drouyn de Lhuys, Ministre français des Affaires étrangères, lequel réserve aux ambassadeurs malgaches un accueil froid et plein de reproches.

L’Empereur Napoléon III, pour sa part, refuse de recevoir les ambassadeurs malgaches.

De fait, il est reproché à Madagascar d’avoir rompu unilatéralement le traité d’alliance et de commerce conclu en 1862, ainsi que la « Charte Lambert ».

Si initialement les ambassadeurs malgaches étaient missionnés par leur gouvernement pour aborder éventuellement le sort de ce traité avec le gouvernement français, ce dans les conditions rappelées plus haut, par contre il leur était interdit d’aborder la question de la « Charte Lambert », sujet brûlant.

Des négociations aussi mal engagées ne pouvant qu’échouer, et l’accentuation anti-française de la politique étrangère malgache se poursuivant (cf. « Réformateurs et modernisateurs de Madagascar » 7ème partie, sur ce même Blog), le constat tombe dès le 12 juillet 1864, exprimé par Herbert, le Ministre français du Commerce et de l’Industrie, qui invite tout simplement mais fermement les ambassadeurs malgaches à regagner Madagascar, ce sans même être porteurs d’un message quelconque.

L’échec de cette ambassade itinérante, certes moins évident que celui qui avait été enregistré par l’ambassade de 1836-37 (voir sur ce même Blog : « L’expédition diplomatique malgache de 1836 »), apparaît cependant dans une certaine relativité, car l’Angleterre ne voyant finalement aucun scrupule à devancer la France à Madagascar, se décide soudainement à signer un nouveau traité avec Madagascar le 27 juin 1865.

Et, pour sa part la France ne souhaitant pas se laisser distancer dans une période bien difficile pour elle avec la récente et humiliante défaite mexicaine suivie de l’exécution de l’empereur Maximilien en 1867, à quoi s’ajoute le péril prussien qui remet brusquement en cause l’équilibre des forces en Europe, signe un nouveau traité le 8 août 1868 avec Madagascar malgré que la « Charte Lambert » ait été brûlée en juillet 1866 à l’instigation du gouvernement malgache comme on brûlerait une figure haïe (voir les péripéties environnantes sur « Réformateurs et modernisateurs de Madagascar », sur ce même Blob, 7ème et 8ème parties).

Comble d’humiliation pour la France, Madagascar venait de conclure, en décembre 1866, un accord sur un traité de commerce avec les Etats-Unis, cette puissance montante qui, en application de la « Doctrine Monroe », avait forcé les Français à évacuer du Mexique leur force expéditionnaire, ce qui avait hâté la chute d’un empereur Maximilien installé sur un trône mexicain bien trop fragile…

Mais, pour autant, aucune véritable embellie diplomatique ne s’ouvre pour Madagascar, qui devient enserrée par l’Angleterre seule. Cette sorte de relation privilégiée, qui s’avère de pure apparence, n’atténue nullement la très mauvaise pente relationnelle avec la France.

Le témoin privilégié mais impuissant qu’est Jean Laborde, qui est tout de même resté sur place à Antananarivo en sa qualité de consul, observe avec inquiétude la monopolisation forcenée de tous les pouvoirs par un Rainilaiarivony triomphant qui, au nom de son clan des Tsimiamboholahy, n’hésite plus à instrumentaliser ostensiblement son épouse, la Reine Rasoherina, une souveraine d’autant plus soumise qu’elle est vieillissante et très affaiblie par la maladie, et qui meurt finalement en avril 1868.

Le Premier ministre Rainilaiarivony sent grandir ses ailes de conquérant et, dans sa foulée, choisit la cousine de la défunte reine Rasoerina pour lui succéder sur le trône de Madagascar. Voici donc qu’il l’installe sous le nom de règne de Ranavalona II. Et comme de droit – celui que son clan s’est accordé précédemment d’autorité…- Rainilaiarivony prend pour épouse la Reine…comme ce fut le cas avec Rasoherina !

Jean-Pierre Razafy-Andriamihaingo

—————————————————————

Reproduction, même partielle, interdite des textes et illustrations

—————————————————————