SPE SALVI – L’ESPERANCE – III –

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« Ciel 3 » (jpra)
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                                                                L’ESPERANCE (III)

Voici le dernier volet de la magistrale Lettre Encyclique « Spe Salvi » du pape Benoît XVI, écrite le 30 novembre 2007 et qui avait commencée par cette forte maxime : « La foi est Espérance ».

Dans les parties I et II successivement parues sur ce même Blog les 1er et 13 novembre, nous avions disserté sur certains thèmes abordés par l’ex-souverain pontife qui nous avaient semblé déterminants.

Se présente maintenant à nous une thématique à bien des égards difficile à appréhender, en tout cas à nos yeux d’homme ordinaire : « Le Jugement comme lieu d’apprentissage et d’exercice de l’espérance ».

Pour bien cerner le sujet, nous prenons le parti de rester le plus près possible du texte de son éminent auteur.

Dans la partie centrale du credo de l’Eglise relatif au mystère du Christ qui, « à partir de sa naissance éternelle du Père et de sa naissance temporelle de la Vierge Marie (arrive) par la croix et la résurrection jusqu’à son retour », vient la conclusion suivante : « Il reviendra dans la gloire pour juger les vivants et les morts ».

De là se formule le critère nous permettant d’ordonner notre vie présente par la foi, par la conscience et par l’espérance dans la justice de Dieu, et ce dans la perspective du Jugement.

Deux images s’offrent alors au soutien de cet exercice : celle du Seigneur « qui revient comme roi – l’image de l’espérance – » ; et celle du « jugement final comme image de la responsabilité pour notre conscience ».

Dans cette configuration, l’athéisme qui prône un moralisme qui conteste Dieu créateur de justice et veut ne faire confiance à cet égard qu’à l’homme, est singulièrement dépourvu d’espérance.

Car, pour ne prendre que ce plan, « personne et rien ne garantissent que le cynisme du pouvoir – sous n’importe quel habillage idéologique conquérant qu’il se présente – ne continue à commander le monde ».

En tous les cas, procédant préalablement à une démonstration imparable Benoît XVI considère que « la protestation contre Dieu au nom de la justice ne sert à rien », car « un monde sans Dieu est un monde sans espérance » puisque « Dieu est justice et crée la justice. Mais dans sa justice il y a aussi en même temps la grâce ».

Mais, revenons au « jugement final ». C’est Saint Paul qui nous en donne la clé de compréhension. Benoît XVI le cite : « …l’ouvrage de chacun sera mis en pleine lumière au jour du jugement.

Car cette révélation se fera par le feu, et c’est le feu qui permettra d’apprécier la qualité de l’ouvrage de chacun ». Et pour être sauvé ou pour se sauver, il faudra « traverser soi-même le feu pour devenir définitivement capable de Dieu et pour pouvoir prendre place à la table du banquet nuptial éternel ».

Ce « Feu » serait donc le Christ lui-même, « le Juge et Sauveur ». Et « la rencontre avec Lui est l’acte décisif du Jugement » où réside le salut, qu’il s’accompagne ou pas de souffrance. Ainsi « se rend évidente aussi la compénétration de la justice et de la grâce… ».

Car la justice sans grâce serait motif de peur. Quant à la rencontre évoquée plus haut, elle dépend du « temps du cœur, le temps du passage à la communion avec Dieu dans le Corps du Christ ».

Et quant à l’exercice de l’espérance, comme nul ne vit seul et ne pêche seul, et nos existences étant en profonde communion entre elles au moyen de « multiples interactions », y compris avec nos défunts, « notre espérance est toujours essentiellement aussi espérance pour les autres ; c’est seulement ainsi qu’elle est vraiment espérance pour moi…

Nous devrions aussi nous demander : que puis-je faire pour que les autres soient sauvés et que surgisse aussi pour les autres l’étoile de l’espérance ? ».

Or « l’étoile de l’espérance », c’est Marie !

Elle indique par son « oui » à Dieu la porte de notre monde, c’est-à-dire le chemin à suivre. Elle « devint la vivante Arche de l’Alliance, dans laquelle Dieu se fit chair, devint l’un de nous, planta sa tente au milieu de nous… ».

A l’heure du Golgotha, Il dit : « N’ayez pas peur ! », et à celle de Nazareth l’ange qu’Il envoya dit : « Son règne n’aura pas de fin ».

Marie, la « mère des croyants », ne faillit jamais pour être leur Mère, « comme Mère de l’espérance » qui indique le chemin vers Son règne.

Jean-Pierre Razafy-Andriamihaingo, ancien Ambassadeur de Madagascar près le Saint-Siège durant le pontificat du Pape Benoît XVI 

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Reproduction, même partielle, interdite des textes et illustrations

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PORTRAITS DE FEMMES MALAGASY

                                             PORTRAITS DE FEMMES MALAGASY

Le « pays de mosaïque de populations » qu’est Madagascar retrouve chez ses femmes toute la diversité d’une nation dont le peuplement d’origine s’est formé au premier millénaire de notre ère avec un fond dominant indonésien-océanien-malais et des apports en provenance du golfe arabo-persique et de l’Afrique orientale et australe.

Au sens strict, il n’y a pourtant pas d’ethnies à proprement parler à Madagascar, contrairement à une certaine pensée, mais bien une mosaïque de populations qu’unissent une langue commune, composée parfois de différenciations régionales cependant non constitutives de véritables dialectes, et, surtout, un système de valeurs civilisationnelles caractérisé par un syncrétisme façonné au cours des siècles.

Voici ces portraits de femmes malgaches, – elles ne sont pas toutes représentées ici dans cette courte évocation, loin s’en faut – , saisies par le coup de crayon de la peintre américaine Roberta Faulhaber* dans leurs traits respectifs, vivantes, dignes, parfois rieuses et espiègles, chacune développant sa personnalité propre dans son milieu de vie.

  • – Cliquez sur les images pour les agrandir –

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Femmes Sihanaka et Bara (en haut, successivement de gauche à droite); Vezo et Antaifasy (en bas, successivement de gauche à droite) – RF –
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Femmes Tsimihety et Antakarana (en haut, successivement de gauche à droite); Sakalava et Makao (en bas, successivement de gauche à droite) – RF –
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Femmes Tanala et Mahafaly (en haut, successivement de gauche à droite); Antaimoro et Merina (en bas, successivement de gauche à droite) – RF –
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Femmes Betsimisaraka et Antanosy (en haut, successivement de gauche à droite); Bezanozano et Comorienne (du nord-ouest et de Mohely dont une bonne partie de la population est d’origine malgache) – RF
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La diversité est la marque de Madagascar, qui se retrouve amplement en termes humains chez ces femmes si expressives.

Une île, surtout aussi grande que Madagascar, est nécessairement un creuset de populations diverses et de civilisation authentiquement spécifique.

On retrouve cette même caractéristique au Japon, son histoire nous enseigne en effet combien au départ de cette civilisation et durant les années et siècles suivants, ce pays autrefois morcelé dans sa composition humaine, souvent accentué par la géographie et, par conséquent, par les histoires distinctes mais interdépendantes de ses différentes populations, a su parvenir dès le XIV-XV-XVIèmes siècles à s’unir autour de ses valeurs communes tout en assimilant, au passage des siècles précédents et suivants, les apports étrangers venus du continent chinois au Sud-Ouest, de la péninsule coréenne à l’Est, de la Mandchourie au Nord-ouest et du monde malayo-polynésien à travers les Iles Ryu-kiyu au Sud.

Telle est la vocation d’une Île: concentrée sur elle-même, mais ouverte aux quatre vents…

Jean-Pierre Razafy-Andriamihaingo

Nota: cliquer sur les images pour les agrandir.

* Roberta Faulhaber est ma défunte épouse, décédée le 10 juin 2018. Cet article se présente donc désormais comme un hommage posthume que je lui rends. Une femme formidable qui alliait toutes les qualités, que je pleure encore, et qui avait été saisie par la beauté de ces femmes malgaches.

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Reproduction, même partielle, interdite des textes et illustrations

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SPE SALVI – L’ESPERANCE – II –

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« Ciel 2 », acrylique (jipiera)
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L’ESPERANCE – II –

Voici la 2ème partie de notre article consacré à la thématique de l’Espérance telle que le très regretté Pape Benoît XVI nous l’a servie dans sa Lettre encyclique de 2007.

Ses propos sur l’Espérance sont certes de conception chrétienne, mais qui rayonnent amplement dans l’universalité.

Ils sont si inspirants (cf. notre précédent article sous le même titre, daté du 1er novembre 2014 sur ce même Blog).

Car, il faut souligner, ainsi que l’ex-souverain pontife le fait admirablement, que l’Espérance vit et donne toute sa mesure à l’échelle individuelle comme à celle de la communauté des hommes et des femmes, à l’épreuve de la souffrance.

Nos espérances, petites et grandes, matérielles ou spirituelles, se traduisent dans l’acte et dans l’action, lesquels sont nécessairement contingents, par conséquent trouvent à un moment donné leur limite pour nous plonger dans la souffrance. La foi, elle, laisse percevoir ce don de Dieu qui est précisément constitué par l’espérance, c’est à dire celle qui n’est pas seulement « méritée » mais donnée par l’Eternel comme promesse et gage de la vérité, de l’amour et du bien.

La souffrance découle « d’une part, de notre finitude et, de l’autre, de la somme de fautes qui, au cours de l’histoire, s’est accumulée et qui encore aujourd’hui grandit sans cesse ». Or, personne ni aucune communauté humaine malgré leurs efforts ne réussiront jamais à éradiquer le mal, les fautes, les injustices qui sont à la source des souffrances. « Dieu seul pourrait le réaliser : seul un Dieu qui entre personnellement dans l’histoire en se faisant homme et qui y souffre. Nous savons que ce Dieu existe et donc que ce pouvoir qui « enlève le péché du monde » (Jn 1, 29) est présent dans le monde » : c’est le Christ et ses enseignements. De cette magistrale démonstration, le pape Benoît XVI peut dire : « Par la foi dans l’existence de ce pouvoir, l’espérance de la guérison du monde est apparue dans l’histoire ».

Ne s’agissant certes « que » d’espérance mais point encore d’accomplissement, elle est cependant – et c’est là l’essentiel – source privilégiée de courage dans l’acte et dans l’action, avec la certitude du vrai et de trouver, dans l’union au Christ et dans l’amour, le véritable sens de la souffrance.

A ces égards, je ne peux que citer entièrement ce passage si éclairant :

« La foi chrétienne nous a montré que vérité, justice, amour ne sont pas simplement des idéaux, mais des réalités de très grande densité. Elle nous a montré en effet que Dieu – la Vérité et l’Amour en personne – a voulu souffrir pour nous et avec nous. Bernard de Clairvaux a forgé l’expression merveilleuse : Impassibilis est Deus, sed non incompassibilis, Dieu ne peut pas souffrir, mais il peut compatir. L’homme a pour Dieu une valeur si grande que Lui-même s’est fait homme pour pouvoir compatir avec l’homme de manière très réelle, dans la chair et le sang, comme cela nous est montré dans le récit de la Passion de Jésus. De là, dans toute souffrance humaine est entré quelqu’un qui partage la souffrance et la patience ; de là se répand dans toute souffrance la con-solatio ; la consolation de l’amour participe de Dieu et ainsi surgit l’étoile de l’espérance ».

L’étoile de l’espérance parmi les hommes et les femmes, celle « qui devint la vivante Arche de l’Alliance, dans laquelle Dieu se fit chair » pour devenir l’un de nous, c’est Marie !

Jean-Pierre Razafy-Andriamihaingo, ancien Ambassadeur de Madagascar près le Saint-Siège durant le pontificat du Pape Benoît XVI

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« Ciel 3 », acrylique – diptyque – (jipiera)
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Reproduction, même partielle, interdite des textes et illustrations.

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7ème INVITE DE LABODIPLO – LA RECONSTRUCTION DE MADAGASCAR – DOCTEUR ASSOULINE

plateau fruits
« Plateau de fruits » (jpra)
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                                               LA RECONSTRUCTION DE MADAGASCAR
Le 7ème invité

 

PROPOS INTRODUCTIFS

Nous continuons à nourrir la rubrique « Parole aux invités de LaboDiplo », toujours dans l’esprit d’une « polarisation » souhaitable de Madagascar, les invités étant d’origine étrangère, lesquels se proposent de nous dire, à nous Malgaches et à la face du monde, comment ils voient notre retour indispensable sur la scène internationale.

Nous leur avons ainsi proposé le thème : « La reconstruction de Madagascar ».

Dans cette nouvelle quête au développement de Madagascar, la Grande Ile doit naturellement retrouver avec ses partenaires de toujours des rapports de confiance réciproque et ceux-ci sont encouragés à conserver dans l’espace malgache une place de choix et un rôle moteur.

Parallèlement, Madagascar a à assurer chez elle le renouveau de la Démocratie et à mettre en œuvre une planification devant garantir une bonne articulation des politiques sectorielles et une harmonisation des niveaux de développement dans les régions.

Pour cela également, dans un monde en constant bouleversement Madagascar se doit d’être plus attentive que jamais à son environnement géostratégique et géopolitique, son positionnement géographique et les leçons de son histoire lui commandant d’être au diapason des questions internationales.

PANEL DES INTERVENANTS

Je remercie vivement mes invités qui ont bien voulu marquer par leurs écrits le vif intérêt qu’ils portent au redressement nécessaire de Madagascar, pays qu’ils aiment et dont ils reconnaissent les énormes potentiels.

Ils nous livrent respectivement leur vision personnelle, et il est certain que compte tenu des hautes responsabilités qui furent ou qui demeurent les leurs, nous ne pouvons qu’être d’autant plus attentifs à leur contribution expertale.

– Précédemment :

Pour commencer, j’avais donné la parole le 20 novembre 2013 à l’Amiral Laurent Mérer, ancien Commandant de la Zone maritime de l’Océan indien et ancien Préfet maritime de l’Atlantique. Il nous a livré ses pertinentes réflexions sur un thème d’une actualité certaine et d’un intérêt permanent : « Madagascar, l’environnement stratégique ».

Puis, c’est le docteur Didier Coulomb, le Directeur de l’Institut International du Froid (IIF), une organisation internationale intergouvernementale d’une importance croissante, qui intervenait pour la nécessaire maîtrise, pour Madagascar, de la chaîne du froid, dispositif stratégique indispensable pour assurer la sécurité alimentaire et sanitaire, mais aussi la diversification et la promotion des produits agricoles et halieutiques, notamment à travers les techniques de conservation et de distribution.

Le 24 novembre, ce fut au tour du colonel (er) Hughes Lelouvier Aumont de Bazouge d’intervenir, un grand spécialiste de l’Afrique et de Madagascar, et, devrait-on ajouter, un grand amoureux de Madagascar. Il a abordé les « perspectives du développement de Madagascar » sous un angle inédit et plein d’enseignements.

Puis, le 26 novembre nous avons donné la parole à Monsieur René-Paul Victoria, ex Député-Maire de Saint-Denis de La Réunion et ex Président du Groupe d’Amitié France-Madagascar de l’Assemblée nationale française, un fin observateur des réalités malgaches et qui continue à œuvrer à l’optimisation des rapports franco-malgaches. Son texte, initialement conçu pour un colloque à la Maison du Barreau de Paris en février 2013, n’en garde pas moins son actualité. Il y évoque dans un esprit positif la vocation de « géant » de Madagascar, l’idée n’étant pas sans rappeler l’expression de Alain Peyrefitte qui, à son époque dans les années 1970, évoquait l’inéluctable « Réveil de la Chine » comme d’une échéance proche…

Le 28 novembre 2013 nous avions ensuite donné la parole à un Suédois, le Professeur Per-Sigrud Agrell, spécialiste de Géopolitique, Professeur aux universités de Stockholm et de Londres, Directeur de recherche à l’Ecole des Mines de Paris et associé à la Société suédoise « Secana » liée au Ministère suédois de la Défense. Il est particulièrement intéressant de voir comment un natif d’un pays aussi éloigné de Madagascar, la Suède, pays-modèle en matière de démocratie, perçoit notre problématique de reconstruction. Il évoque la nécessité pour Madagascar de faire le bon choix en matière systémique, la bonne articulation des rouages étatiques à tous les niveaux étant fondamental pour une application efficace des politiques et pour une transmission effective des directives, de même que pour une remontée indispensable des informations en provenance du terrain. Autrement dit : pour assurer une bonne connexion, soignons l’ information et la communication.

Madame Annie Favrie fut la sixième invitée, une distinguée économiste-urbaniste, chargée de cours à l’Institut d’Etudes Politiques de Paris, qui, forte de sa longue expérience d’expert-consultant missionnée notamment par le CDE de l’Union Européenne et par la Banque Mondiale en Afrique et ailleurs, a mis en place des clusters pour la filière textile à Madagascar de 2004 à 2011. Sa grande connaissance du secteur et de son environnement social et économique fait des lignes qu’elle développait sous le titre « Ouvrir une fenêtre sur le monde » un texte de référence.

– A présent :

Voici le Docteur Avi Assouline, un Cancérologue-Radiothérapeute exerçant à Paris dans une clinique privée mais également praticien attaché à l’Hôpital de la Pitié Salpêtrière, membre de la Société Américaine de Radiothérapie Oncologique, auteur de plusieurs dizaines de publications scientifiques, beaucoup étant parus dans es revues scientifiques ou relayés par des médias en France et à l’étranger, ainsi que d’ouvrages spécialisés, ces derniers notamment destinés aux étudiants en Médecine.

Il est connu pour avoir développé un protocole de radiothérapie pour lutter contre l’hypersalivation de certaines maladies neurologiques. En outre, l’intérêt qu’il porte aux problématiques des systèmes de santé dans les pays en développement le conduit tout naturellement à s’intéresser au cas de Madagascar.

– Merci Docteur ! A vous la parole !

raisins
« Raisins » (jpra)

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                                               LA SANTE PUBLIQUE A MADAGASCAR

Etat des lieux et pistes pour (re)construire un vrai système de soins

Par le Dr Avi ASSOULINE, Cancérologue – Radiothérapeute, Boulogne-Billancourt (France)

                                                                                   *

Madagascar, Etat d’Afrique situé dans la partie occidentale de l’océan Indien, est une île d’une superficie à peu près identique à celle de la France, et qui est habitée par environ 22 millions de Malgaches. Ce pays, à l’histoire politique tourmentée, souffre aujourd’hui d’un manque criant d’infrastructures sanitaires et d’un réel système de santé.

SITUATION DE LA SANTE A MADAGASCAR

Selon l’ONU, certaines améliorations en matière de santé ont été observées ces dernières années, malgré la crise politique qui a touché le pays de janvier 2009 à décembre 2013.
Certaines actions de santé publique, telles que l’amélioration de l’accès à l’eau potable, la lutte contre le paludisme et les activités d’amélioration de la santé des enfants ont été en effet bénéfiques pour ce pays. Mais beaucoup d’efforts restent encore à faire pour réduire le plus grand nombre de décès évitables. A Madagascar, l’espérance de vie à la naissance était de 62 ans pour un homme et 65 ans pour une femme (rapport OMS 2012). A titre d’exemple, en France, l’espérance de vie à la naissance était de 79 ans pour un homme et 85 ans pour une femme en 2012.

POLITIQUE ET SYSTEME DE SANTE A MADAGASCAR

La couverture sanitaire reste très limitée et la difficulté d’accès aux centres de santé est particulièrement ressentie en milieu rural où 35% de la population vit à plus de 10 km d’un Centre de soins. L’utilisation des services de santé reste faible ; seulement 31,2 % de la population font des consultations externes dans les centres de santé de base.

Les institutions privées à but non lucratif (ONG confessionnelles ou Organisations de la Société Civile en général) interviennent sans réelle synergie avec le secteur public. Les prestataires du secteur privé à but non lucratif (cliniques privées, praticiens libéraux..) ont un avantage comparatif considérable en milieu rural (prestations de vaccination, de consultation prénatale et accouchement) mais une attention particulière doit être apportée en vue d’une coordination d’une meilleure couverture sanitaire.

L’offre de service est limitée, car le plateau technique n’est pas toujours adéquat (les compétences techniques et humaines requises pour offrir les soins de qualité ne sont pas forcément présentes et les équipements et matériels médicaux ne sont pas en quantité et en qualité suffisants).

En matière de financement, bien que la part financée par le secteur public a baissé, le financement des bailleurs de fonds est passé de 92 à 160 millions de dollars de 2008 à 2010, sans que cela se traduise par une réelle amélioration de l’offre de soins.

Malgré la gratuité de certains produits, l’accès financier reste un grand défi à cause de la très faible couverture du système d’assurance médicale.

LES PATHOLOGIES LES PLUS FREQUENTES DANS L’ILE

Les fléaux majeurs menaçant la santé publique à Madagascar sont :

– le paludisme : même si le taux d’incidence du Paludisme soit passé de 9,28% à 1,54% de 2000 à 2009 (rapport OMS), il y a actuellement dans ce pays une recrudescence alarmante de la maladie et on en attribue la cause à une résistance des plasmodiums à la chloroquine
– la tuberculose dont l’incidence était estimée à 266/100 000 habitants en 2010.
– le VIH (SIDA) : le taux de prévalence du VIH est relativement bas à Madagascar ; cependant, entre 2003 et 2013, l’épidémie est passée de « naissante » à « concentrée » au niveau de certains groupes de la population (principalement les hommes ayant des rapports homosexuels, les professionnelles du sexe et les utilisateurs de drogues injectables)
– une autre Maladie Sexuellement Transmissible (MST), la Syphilis, est également très présente dans l’île.
– les Maladies Tropicales dites « Négligées » affectent la majorité des populations dans les zones rurales et les bidonvilles. Il s’agit de la filariose lymphatique, de la schistosomiase, des helminthiases transmises par le sol, la lèpre, la rage et la peste.
– Le Cancer : A Madagascar, le cancer frappe avant tout une population jeune et très souvent précaire. Les cancers gynécologiques sont les cas les plus fréquents à Madagascar (près de 50% des cas de cancer). Les traitements disponibles se limitent à la chirurgie et à la chimiothérapie. Et encore, une faible proportion de malades atteints du cancer a accès à ces traitements. Depuis 2009, aucune radiothérapie n’a pu être effectuée suite à la panne du seul appareil de l’île. L’introduction d’un nouvel appareil de radiothérapie demeure un rêve.
Cette thérapeutique qui occupe une place majeure dans la lutte contre le cancer dans le reste du monde, est donc inexistante à Madagascar. Les traitements disponibles sont extrêmement coûteux et hors de portée de la plupart des malades. Dans le Centre Hospitalier Universitaire Joseph Ravoahangy Andrianavalona (CHUJRA), qui est le seul service public de traitement du cancer, 80% des patients n’ont pas les moyens de se soigner. Certains d’entre eux choisissent de rentrer chez eux, et d’attendre leur dernier souffle.

Les rapports de l’Organisation mondiale de la santé parlent de 18000 nouveaux cas par an dans l’île. Toujours d’après l’OMS, 60% des cas de cancer ne sont dépistés qu’à un stade déjà avancé, ce qui diminue les chances de traitement possible et de guérison. Les patients qui ont les moyens de se soigner, partent à la Réunion pour bénéficier d’une radiothérapie. Les statistiques du ministère de la Santé publique, qui datent de 2012, ont indiqué que sur 100 évacuations sanitaires, la moitié concernait la radiothérapie. Certains patients choisissent, quand ils le peuvent, de venir en France métropolitaine.

ELEMENTS DE REFLEXION SUR LA CONSTRUCTION D’UN VERITABLE SYSTEME DE SOINS A MADAGASCAR

La mise en œuvre de la Politique Nationale de Santé Communautaire est effective mais insuffisamment coordonnée, car la crise a multiplié le nombre des Agences qui travaillent directement au niveau communautaire et chacune à leur façon. En fait, la couverture sanitaire de la population a diminué avec la fermeture de certains centres sanitaires de 2008 à 2012.

La politique nationale de lutte contre le cancer est pour le moment inexistante.

Les turbulences politiques n’aident évidemment en rien à la mise en place d’un réel « plan cancer » pourtant indispensable à ce pays. Il faudrait une réelle prise de conscience de la part des pouvoirs publics, et la mise en place d’une réelle politique de santé, hiérarchisée en fonction des pathologies rencontrées, en fonction de la répartition de la population au sein de l’île entre milieux ruraux et villes, et bien sûr en fonction des moyens disponibles.

Des investissements financiers extérieurs et des capitaux étrangers peuvent évidemment aider à la construction d’un système de soins de qualité au sein du pays. Mais ce n’est pas qu’une question de moyens financiers. Il faut avant toute chose une réelle volonté politique. Or, la situation politique actuelle à Madagascar permet-elle d’avancer dans ces questions de santé publique ?

Docteur Avi ASSOULINE

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(Reproduction, même partielle, interdite des textes et illustrations)
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« Nature » (jpra)
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INFORMATION

A nos prochains rendez-vous sont prévus de venir d’autres spécialistes et amis provenant d’horizons divers, de France comme d’ailleurs, la communauté des nations ne manquant pas de s’intéresser à la quatrième plus grande île du monde.

Je les remercie à l’avance.

Jean-Pierre Razafy-Andriamihaingo

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SPE SALVI – L’ESPERANCE !

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« Ciel », aquarelle, (jipiera) – Reproduction interdite


                                                              DE L’ESPERANCE

L’Espérance !

Nous y sommes toutes et tous attachés.

Pour soi-même, pour nos proches, pour nous toutes et tous.

Ce n’est pas un simple souhait, mais une quête permanente d’accomplissement.

Et sans doute, pour les Chrétiens, tout spécialement à l’occasion du Dimanche des Rameaux, moment privilégié d’Espérance ! Et il en est un autre, de ces moments privilégiés: la célébration de la Nouvelle Année !

Dans ce monde qui s’éloigne de plus en plus de ses valeurs fondatrices pour se réfugier dans les recettes du matérialisme dominant, la relecture de la « Lettre encyclique Spe Salvi » du Pape Benoît XVI (message donné le 30/11/2007 à Saint-Pierre de Rome) éclaire avec bonheur le concept d’Espérance, certes ici fondé sur la foi, en l’occurrence au cas présent chrétienne, mais qui a vocation à s’adresser à l’humanité entière et donc pas seulement aux Chrétiens.

Ce qui est commun aux messagers de Paix et d’Espérance, c’est bien plus qu’un message révolutionnaire : « la rencontre avec le Seigneur des seigneurs, la rencontre avec le Dieu vivant, et ainsi la rencontre avec l’espérance » qui transforme de l’intérieur la vie et le monde.

Le Bouddhisme, haute spiritualité de cette même espérance, en l’occurrence pour Lui axée sur la purification de l’âme individuelle, ne dit pas le contraire.

demie-poire sur collier de jaspe
« Demie-pomme et collier de jade », acrylique (jipiera) – Reproduction interdite


La quête pour l’Espérance n’est ainsi point un exercice de pur individualisme qui consisterait à se réfugier dans un « salut éternel uniquement privé »; bien au contraire, il ne peut s’agir que d’un « salut communautaire », cette union existentielle avec un « peuple », lequel est travaillé par la rédemption des pêchés.

Selon le contexte historique et les disparités des situations, ce salut communautaire peut prendre différentes formes, mais toujours se doit de donner une garantie de droit et de vie à tous les membres de la communauté.

Cela veut dire également que loin d’être un exercice contemplatif, la quête de l’Espérance se traduit notamment, et pour ne prendre que cet exemple, par la reconnaissance de la noblesse du travail.

De même qu’une âme perdue doit être travaillée de l’intérieur pour faire « prospérer le pain pour le corps et pour l’âme », un terrain sauvage doit être rendu fertile (et non « exploité » jusqu’à le rendre infertile à terme…).

Banane sur bol de cristal
« Frugalité sur bol de cristal », aquarelle (jipiera) – Reproduction interdite


La concrétisation politique de cette Espérance, fondée sur « la domination de la Raison et de la Liberté », amène à considérer que quelles que soient les conceptions idéologiques, de types collectivistes ou capitalistes, la centralité de l’Homme est incontournable.

Car, l’homme et la femme ne sont point seulement « le produit de conditions économiques » et sociales travaillées de l’extérieur, ils sont avant tout de chair et de conscience.

Qu’on se le dise, la Raison est le « grand don de Dieu à l’Homme » qui doit le conduire à la victoire sur l’irrationalité à condition qu’elle discerne systématiquement le bien du mal et que son jugement du cœur prenne toujours le pas sur la considération matérielle et purement rationnelle ou intellectuelle.

Quant à la Liberté, le concours de ses différentes formes, actuellement multidimensionnelles jusqu’à parfois à en faire perdre la substance originelle, ici également c’est la Raison de la foi, celle qui résulte de la rencontre avec Dieu, avec le coeur et l’esprit, qui seule peut réaliser la bonne application de la Liberté dans la communauté des hommes et des femmes.

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« Doux feuillages », acrylique (jipiera) – Reproduction interdite


Dès lors, face à l’ambiguïté même d’une certaine notion de progrès que prônent certains hommes, « progrès » qui prétend inclure ces notions de raison et de liberté, mais dont pourtant certaines formes néfastes abyssales prennent de plus en plus le pas sur le Bien, l’éthique du progrès devient une nécessité absolue.

C’est ce que suggère, de façon urgente, la « croissance de l’Homme intérieur », comme traduisant une des formes concrètes de la « centralité de l’Homme ».

L’Espérance, qui actuellement se travaille fort heureusement à travers différentes institutions publiques ou privées au-delà même de l’acte individuel, ce jusqu’à devenir une discipline en soi, est certainement en marche – et se doit d’être en marche !

Mais, devant la puissance de l’argent et face à certaines constructions techno-industrielles qui font perdre tout sens du fait de la vertigineuse recherche de la « pure performance », cette espérance humaine de nos vœux doit certainement poindre davantage encore, et voir s’imposer dans son sillage le type d’intuition éthique que la foi, la conscience, le coeur, l’esprit et la raison sont seuls à pouvoir inspirer.

Jean-Pierre Razafy-Andriamihaingo, ancien Ambassadeur de Madagascar près le Saint-Siège durant le pontificat du Pape Benoît XVI

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« Profusion de fruits » (Jipiera) – Reproduction interdite

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Reproduction, même partielle, interdite des textes et illustrations

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