LE NECESSAIRE REDRESSEMENT DIPLOMATIQUE DE MADAGASCAR

souveraineté

« Souveraineté » (jpra)


Cet article a été écrit il y a deux ans, quasiment date pour date…

Et pourtant, il reste d’actualité.

Car, peu ou prou le contexte et les insuffisances relevés demeurent les mêmes, de sorte que nous ne pouvons que confirmer ici, ci-dessous, notre propos d’alors…

                 LE NECESSAIRE REDRESSEMENT DIPLOMATIQUE DE MADAGASCAR

En très peu de mots comme en mille, l’évident isolement diplomatique de Madagascar, loin d’être une fatalité résultant des crises qu’elle traverse depuis 2009 et des fléaux climatiques de ces derniers temps, est la conséquence directe d’importantes lacunes dans la gouvernance.

En peu de mots comme en mille également, avec la volonté et de la méthode tout par ailleurs étant possible, redresser la barre en cette matière diplomatique ne demande pas nécessairement des moyens financiers colossaux ni insurmontables.

Les importantes lacunes et incohérences de la gouvernance malagasy en matière diplomatique concerne moins la conception et l’affirmation des orientations, maintes fois portées tous azimuts par le Président de la République, que l’entretien, la maîtrise et la gestion du dispositif, de l’action et du message diplomatiques.

Ainsi :

1. depuis 2009, et alors que le nouveau régime issu d’élections jugées conformes aux standards démocratiques s’est installé début 2014, les ambassades et représentations permanentes malagasy, dont les ambassadeurs avaient été prestement éliminés brutalement et en toute illégalité, sont laissées dans un état de décrépitude signalée, ce au mépris même de la considération due aux autorités d’accréditation, cette situation n’étant à ce jour toujours pas solutionnée. C’est une anomalie sans précédent dans les annales ;

2. conséquemment, les orientations prônées par le Président de la République et mises en œuvre par le Gouvernement ne sont pas relayées, en promotion et en plaidoyer, à l’extérieur du pays au niveau approprié et en toute sûreté comme il se doit. Paradoxalement et de ce fait, ce sont les ambassades et représentations permanentes étrangères accréditées à Madagascar qui assurent ce relais, avec toutes les réserves que cela implique puisque les communications ainsi opérées passent nécessairement par le filtre des considérations contingentes et sélectives, parfois même déviantes, de ces ambassades et représentations permanentes à leurs autorités de tutelle.

MESURES AD MINIMA A PRENDRE

En toute logique et sans qu’il soit nécessaire d’argumenter davantage, le redressement souhaitable aux niveaux évoqués passe donc par des actions à l’exact opposé de la situation décrite supra.

A ces égards, qu’on ne nous oppose pas l’argument financier habituel consistant à dire qu’un redressement de ce dispositif diplomatique est rendu difficile, voire impossible, en l’état actuel des finances publiques.

En effet :

3. d’abord, c’est une question de principe : la diplomatie est un instrument de la souveraineté et de l’action étatique régalienne. Ensuite, une question de bonne gouvernance : l’apathie diplomatique est le contraire même de la nécessité vitale pour une nation d’exister et de participer activement à la vie internationale et au fonctionnement de la communauté des nations ;

4. une planification en la matière est rendue nécessaire, avec la définition d’objectifs chiffrés et séquencés, une programmation tant en dotations matérielles, en réformes structurelles qu’en renforcement des capacités pour le personnel diplomatique, s’inscrivant dans le temps, et une stratégie d’action à ces différents niveaux, le tout devant être soutenue par un projet de lois de programmation financière (chaque loi ayant, par exemple, une durée triennale et reconductible) que le Gouvernement se doit de défendre devant l’Assemblée nationale, ces lois de programmation financière devant être conçues comme étant autant de gages de la permanence d’un dispositif diplomatique performant ;

5. l’Etat malagasy démontrant ainsi sa volonté politique de se donner les moyens structurels de ce redressement diplomatique, pourra avec raison et légitimité se tourner vers ses partenaires internationaux pour solliciter des appuis budgétaires et une coopération ciblée. D’expérience, nous pouvons en parler, car dès notre prise de fonction comme ambassadeur en France en 2002, nous avions obtenu, moyennant un plan de redressement argumenté, de convaincre la France de nous accorder, dans le cadre général de la coopération institutionnelle, un appui budgétaire

Nul doute que dans le secret de leur réflexion et projet – espérons-nous – , le Président de la République et son Ministre des Affaites étrangères s’y consacrent activement afin que Madagascar sorte de l’ornière.

ATTENDRE LE DELUGE ?

Nous l’écrivions à longueur de lignes dans nos précédentes écritures, le redressement général de Madagascar passe aussi par celui de sa diplomatie, laquelle ne saurait se réduire à une « diplomatie du ventre » mais doit au contraire servir à promouvoir et à défendre à l’extérieur la personnalité d’un pays et d’un peuple dont on ne cesse, à juste raison,  de souligner les spécificités.

L’urgence est d’autant plus requise que, pour ne se baser que sur ce seul exemple significatif, l’isolement de Madagascar avait été souligné au sein de la SADC lors du Conseil Ministériel des 6 et 7 mars 2015 à Harare (Zimbabwe).

Ledit Conseil avait fait savoir à tous qu’aucun Etat membre, sauf Madagascar, n’a d’arriérés de cotisation dépassant un an au sein de cette organisation régionale. Notre pays n’avait échappé à une sanction, prévue dans les statuts de la SADC, que grâce à un plan de règlement échelonné des importants arriérés, dont l’application stricte par la partie malagasy est placée sous surveillance…

Par ailleurs, si la SADC avait relèvé les difficultés auxquelles Madagascar était confrontée à cause des intempéries et inondations de l’année 2015, les motifs des décisions du dernier Conseil Ministériel de la SADC de mars 2015 relèvent que notre pays n’était pas le seul puisque le Malawi, le Mozambique, la Tanzanie ainsi que le Kenya avaient eu et ont à subir des dévastations d’ampleur équivalente.

Ce constat d’il y a deux ans, non remédié, n’est qu’une triste illustration de l’état lamentable où se trouve notre diplomatie.

Ainsi donc, la bonne gouvernance tant prônée, jamais mise en oeuvre, concerne aussi de façon affligeante le domaine diplomatique, comme pour le reste.

Il ne suffit pas, bien entendu, de nommer des ambassadeurs ici et là comme pour conjurer le sort.

Car, il est évident que si les mesures minimum préconisées plus haut ne sont pas prises, de telles nominations – d’ailleurs maintes et maintes fois annoncées et jamais rendues effectives…- ressembleront à autant d’opérations désespérantes d’inanité.

Jean-Pierre Razafy-Andriamihaingo

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LA GARDE SUISSE PONTIFICALE

garde suisse

La Garde Suisse Pontificale


                                                   LA GARDE SUISSE PONTIFICALE

On se souvient de la boutade méprisante lancée par Joseph Staline en 1935, lui le dictateur adepte de la force, en réponse à des demandes successives de Pierre Laval et de Churchill au leader soviétique d’avoir à faire respecter la liberté religieuse en Europe centrale: « Le Pape, combien de divisions ?… ».

Certes, en-deca de sa stature religieuse et spirituelle qui le place sur un piédestal, le Pape est aussi un souverain qui a le statut international d’un Chef d’Etat. Cet Etat, le Saint-Siège, assis sur son socle territorial qu’est le Vatican, est une personnalité juridique sui generis en droit international (cf. sur ce même blog nos deux articles intitulés: « La diplomatie avant-gardiste du Saint-Siège » et « l’Académie pontificale ecclésiastique »). Et à ce titre il a vocation à avoir une armée. Pour le Vatican, il s’agit de deux corps: la Gendarmerie et la Garde Suisse.

C’est cette dernière que nous considérons ici.

Au Vatican, à la frontière avec l’Italie, eh oui !, comme à l’intérieur même de la Cité du Vatican et au sein des différentes bâtisses, surtout auprès du souverain pontife en personne, les « Gardes Suisses » sont partout, parfois secondés par la gendarmerie du Vatican.

Les « Gardes Suisses », anciennement appelés « les Helvètes » ou « Les Helvétiques », tirent leur origine d’une longue épopée militaire, faite quelques fois de faits d’armes tragiques sur un fond d’actes héroïques, au service des valeurs spirituelles et chrétiennes de cette époque mouvementée du XVème siècle.

Ces mercenaires redoutables, – ces véritables samuraï européens -, formés en une organisation confédérée suisse, d’où leur autre nom de « Confédérés », exerçaient leurs talents militaires au service des plus grands souverains européens, en particulier dans différentes batailles italiennes en ces temps où le Souverain Pontife lui-même devait entretenir une armée capable de défendre les riches Etats pontificaux, dont certains devaient s’étendre.

C’est notamment ainsi que Sixte IV a conclu en 1479 une Alliance avec les Confédérés helvétiques, et c’est en application de ce véritable traité qu’en 1506 le Pape Jules II put faire appel « massif » à ces Helvétiques, officiellement pour être de façon permanente « les défenseurs de la liberté de l’Eglise ».

Ainsi donc, en pleine Renaissance voit se perpétuer ensuite, comme faisant corps avec les institutions constitutives de ce que sera beaucoup plus tard, en 1921, l’Etat du Vatican, la présence auprès du Souverain Pontife de sa Garde, plus simplement appelée « Les Gardes Suisses ».

Les « Gardes suisses » sont de véritables soldats modernes, formés au combat et à l’usage à tout moment d’armes à feu. Ils sont aussi formés au « close combat » à la manière des unités de choc et sont aptes aux opérations de maintien de l’ordre avec ce que cela suppose en termes de techniques d’arrestation et de neutralisation. ils sont donc loin de n’être que des « soldats d’apparat ».

Leurs recrues sont strictement sélectionnées puisque pour faire partie des « Gardes suisses » il faut : être Suisse ; catholique ; avoir un casier judiciaire vierge ; être formé « à la suisse » ; être âgé entre 19 et 30 ans ; mesurer 174 cm ; être célibataire ; et avoir un niveau d’instruction minimum équivalent au second degré de l’enseignement général.

Le serment du garde Suisse est le suivant :

. « Je jure de servir fidèlement, loyalement et de bonne foi, le Souverain Pontife régnant (aujourd’hui, François) et ses légitimes successeurs ; de me dévouer pour eux de toutes mes forces, sacrifiant, si nécessaire, ma vie pour leur défense. J’assume les mêmes devoirs vis-à-vis du Saint Collège des cardinaux durant la vacance du Siège Apostolique. Je promets en outre au Commandant et aux autres supérieurs respect, fidélité et obéissance. Je jure d’observer tout ce que l’honneur exige de mon état ».

C’est le 6 mai de chaque année que les nouvelles recrues prêtent ce serment lors d’une solennelle, émouvante et jolie cérémonie qui se tient dans la cour d’honneur de la Place Damase au Vatican. Les familles des heureux élus y viennent nombreuses, de même que de simples curieux.

Chaque « garde Suisse » se doit d’avoir en mémoire et en référence ses saints-patrons. Il s’agit de Saint Martin, de Saint Sébastien et de Saint Niklaus von Flüe.

palais apostolique 2004

Mon épouse et moi, conduits par un gentilhomme de la cour papale, passons devant la garde Suisse Pontificale lors d’une audience solennelle du Pape Benoît XVI – 2004 –


Les missions assignées aux « Gardes Suisses » sont aussi variées que celle de garder le Palais Apostolique à l’intérieur mais aussi dans ses accès extérieurs ; assurer le service d’honneur, de contrôle et d’ordre à chaque fois que nécessaire, comme par exemple lorsque le Souverain Pontife est présent en quelque lieu de la Cité du Vatican, ou lors des célébrations et audiences ou visites de chefs d’Etat, de gouvernement, de ministres des affaires étrangères ou d’ambassadeurs.

C’est ainsi en particulier que j’ai à certaines occasions solennelles ou ordinaires en ma qualité d’ambassadeur près le Saint-Siège, pu apprécier avec plaisir la grande disponibilité, amabilité et simplicité de ce corps d’élite qu’est la « Garde Suisse », toutes ces qualités se mariant avec bonheur avec une discipline de fer et une tenue exemplaires qui se laissent aisément deviner.

Leur contact est facile et toujours empreint de cette disponibilité rare, qui donne des occasions de deviser sur des sujets légers quand l’instant s’y prête…et c’est ainsi que j’ai découvert un officier de la Garde Suisse qui sut me dire quelques mots en malgache, ce bien sûr à mon étonnement non dissimulé, tant l’agréable surprise fut unique en son genre… !

Jean-Pierre Razafy-Andriamihgaingo

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APERCUS SUR LA MODERNITE DE LA ROYAUTE BRITANNIQUE

floraison de pensées 3

« Floraison » (jpra)


                                 QUELQUES APERCUS SUR LA ROYAUTE BRITANNIQUE

Nous sommes au XXIème siècle et la royauté britannique fascine encore et toujours !

En cette année 2022, le décès le 8 septembre de Sa Très Gracieuse Majesté la Reine Elizabeth II secoue la nation britannique tout entière et le monde avec elle. Elle a régné durant soixante-dix ans dans une dignité exemplaire. Son fils aîné et héritier lui succède et prend pour nom de règne: Charles III !

Ce bouleversement nous donne l’occasion d’évoquer, au-delà de la très distinguée personne de la reine et des prédispositions de son successeur, ce qui caractérise cette royauté britannique qui fascine toujours.

De Gaulle lui-même d’ailleurs, lui qui un temps songea sérieusement assurer la pérennité de la France et de ses institutions par le rétablissement de la royauté, eut à ce sujet des entretiens avec le Comte de Paris dans les années 1950, et cette sorte de propension monarchique, doublée d’une très grande estime pour la Reine Elizabeth II, l’amena à avoir pour elle une grande considération et une affection certaine.

Et réciproquement d’ailleurs, car Elizabeth II avait, de ses propres aveux, nourri une grande admiration et un grand respect pour le De Gaulle historique, le rempart de la civilisation européenne face à l’horreur nazie, contre laquelle elle-même avait lutté sur les terres britanniques.

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La monarchie britannique est sans doute celle au monde, ou du moins en Europe, qui garde toujours une certaine mystique, qui se manifeste notamment à travers un apparat savamment bien entretenu.

Lord Attlee en 1952 ne disait-il pas : «C’est une grande erreur de vouloir gouverner sans un minimum d’éclat » ?

Le Journaliste Anthony Sampson, auteur d’un ouvrage incontournable, « Anatomie de l’Angleterre » (paru chez Robert Laffont, 1962), rappelle opportunément dans cet ouvrage que Sa Très Gracieuse Majesté Elisabeth II est, par la grâce de Dieu, Reine du Royaume-Uni de Grande-Bretagne, de l’Irlande du Nord et de ses autres Possessions et Territoires royaux, et elle est également le Chef du Commonwealth, Défenseur de la Foi, et Souverain des ordres Britanniques de Chevalerie.

Elle était le 40ème monarque britannique depuis la conquête normande et comptait parmi ses grands ancêtres Charlemagne et l’empereur Barberousse.

Et, pour l’anecdote il n’est pas inintéressant de noter que de très proches parents de la Reine Elisabeth II vivent actuellement sur l’îlot de Pitcairn dans le Pacifique sud, puisque l’un des descendants des rois britanniques, Fletcher Christian, y laissa de nombreux héritiers de ses œuvres d’avec des femmes tahitiennes…

Le nouveau roi Charles III en hérite désormais.

Pourtant, la Reine – désormais le Roi – n’a aucun pouvoir, là d’ailleurs où il n’y a point de constitution. De sorte que la reine – le roi – ne dispose que d’une prérogative,…celle de contresigner toute loi votée par le Parlement.

Ceci étant, théoriquement elle – il – a le droit de dissoudre le Parlement ainsi que de choisir le Premier ministre, mais au fil du temps et « en temps normal » ces prérogatives ne sont plus exercées.

La Reine – le Roi – est donc d’autant moins dépourvu(e) d’un pouvoir d’influence que, par ailleurs, de fait toutes les minutes du Cabinet, donc du Gouvernement, doivent lui être communiquées, ainsi que tous les secrets des actes du gouvernement, y compris nucléaires.

Et tous les mardis, le Premier ministre s’entretient avec la Reine – le Roi – à Buckingham Palace dans la plus grande confidence. Enfin, last but not the least, perçu(e) plus qu’un simple Chef d’Etat, la Reine – le Roi – joue un rôle diplomatique considérable de par sa stature même.

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L’immuabilité de la royauté britannique, fondée sur ce mélange d’apparat et d’un pouvoir tant effectif d’un point de vue institutionnel qu’affectif puisque le peuple lui voue une affection respectueuse, assure une stabilité sociale et sociétale indéniable et une sorte de protection politique contre toute tentative dictatoriale ou mégalomaniaque…

Une telle assise institutionnelle et populaire est aussi assurée grâce à une aristocratie ouverte et non pas enfermée sur elle-même, bien que certains privilèges héréditaires subsistent.

Tocqueville ne pouvait pas mieux la décrire en disant, en 1833 – ce qui demeure vrai aujourd’hui – : « L’aristocratie anglaise a été très adroite en plus d’un point. D’abord, elle s’est toujours mêlée aux affaires publiques ; elle a beaucoup parlé de liberté, mais ce qui distingue la Noblesse anglaise de toutes les autres c’est la facilité avec laquelle elle ouvre ses rangs ».

floraison de pensées 6

« Floraison 2 » (JPRA)


Quant à lui, l’éminent politicien Disraeli parlait d’une « aristocratie plébéienne (brassée) avec une oligarchie patricienne », l’argent étant devenu un vecteur déterminant et force à la souplesse.

Ce qui fait également que la noblesse anglaise a en grande partie perdu ses racines antiques, actuellement plus de la moitié des pairs ne pouvant remonter leur origine au-delà du XVIIIème siècle…Les lignées s’éteignent progressivement, dû à une application stricte de la règle de primogéniture.

Mais, il est vrai aussi que cela permet de garder intacts les châteaux et domaines ancestraux !…

Les pairs britanniques se subdivisent ainsi : les ducs royaux au nombre de sept (les derniers en date étant le Duc du Sussex et la Duchesse de Sussex, mariés le 21 mai 2018) ; moins d’une trentaine de ducs ; une quarantaine de marquis ; près de deux cents comtes ; près de cent cinquante vicomtes ; et plus de cinq cents barons.

A l’exception des ducs royaux (« Altesse royale) et des ducs (« Altesse »), tous les autres pairs sont appelés « Lord » ou « Lady », et les vicomtes et les barons sont appelés « Honorables ».

Et il faut savoir que quand ils rendent leur charge les premiers ministres reçoivent le titre de comte (mais, récemment Churchill et Chamberlain avaient décliné l’offre…).

D’autre part, aux barons héréditaires se sont ajoutés depuis 1958 des barons à vie (c’est à dire, un titre que l’heureux impétrant garde toue sa vie durant mais qui ne se transmet pas), compensant ainsi au sein de la Chambre des Lords la diminution du nombre des membres due à la disparition de certains pairs héréditaires, et sans doute aussi ajoutant une certaine vitalité au sein de cette vieille institution.

En effet, le choix des nouveaux barons à vie s’exerce au profit des métiers les plus divers, y compris du show business, et de certains jeunes d’âge ou d’esprit.

Il faut dire que le Premier ministre détenant la clé de la création de pairs à vie, la tentation peut être pour lui selon les circonstances d’en augmenter le nombre pour changer la balance majoritaire au sein de la Chambre des Lords…

La Chambre des Lords est composée de plusieurs groupes : la petite trentaine d’évêques ou « lords spirituels » ; moins de dix juges ; un nombre assez important de lords venus du monde des affaires ou d’autres cercles de la société civile ; un nombre à peu près équivalent venant du gouvernement ou des principaux partis politiques.

Chambre haute à caractère essentiellement consultatif, le pouvoir principal de la Chambre des lords consiste à, éventuellement, suspendre une loi par veto pour une durée maximale de un an, et de un mois seulement s’il s’agit d’une loi de finance.

En dehors de ces pairs qui siègent à la Chambre des Lords, l’aristocratie britannique s’enrichit de deux autres catégories :

. d’une part, la « Gentry », nobles tirant généralement leurs lettres de plusieurs générations vivant à la campagne et sont au nombre de plusieurs milliers ;

. d’autre part, les quelque mille cinq cents « baronnets », des chevaliers héréditaires dont le titre remonte à Jacques 1er d’Angleterre (le « Lord-Maire de Londres en est un).

Quand on parle de « Parlement » en termes politiques et de tractations ou manœuvres diverses, c’est donc essentiellement à la Chambre des Communes qu’il faut penser.

Car, sauf exception à la règle dictée par l’acuité d’un moment passager, la Chambre des Lords apparaît beaucoup plus comme un vaste « Club » typiquement British où les sujets sont débattus avec la règle d’amabilité et de confraternité, mais aussi avec le sérieux qui sied.

Noblesse oblige… !

God bless the Queen !

Désormais: God save the King !

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Jean-Pierre Razafy-Andriamihaingo

POST-SCRIPTUM :

Mon père, premier ambassadeur de la République malgache au Royaume-uni en 1961, eut l’extrême honneur de présenter ses lettres de créance à la Reine Elizabeth II au Palais de Buckingham.

Il y alla à bord d’un carrosse dépêché par le Palais de Buckingham accompagné du Maréchal Introducteur des Ambassadeurs auprès de la Reine. Et, chose exceptionnelle, un second carrosse fut également dépêché à bord duquel prit place ma mère, qui put ainsi accompagner mon père, non point en tant qu’épouse de l’ambassadeur – ce que le Protocole ne prévoyait pas – mais en tant que conseiller culturel qu’elle était. Les voici donc réunis devant Sa Gracieuse Majesté la Reine Elizabeth II lors de la cérémonie de présentation des lettres de créance !

papa et lord hume

Mon père avec Lord Hume.

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La Reine Elizabeth II avait gardé de mon père de la considération et à la fin de son mandat comme ambassadeur auprès d’elle en avril 1965, elle lui fit remettre par le Palais de Buckingham en souvenir un portrait d’elle du début de son règne, portrait qu’elle signa de sa main (ci-dessous).

Reine Elizabeth II

Par ailleurs, les rapports de mon père et de mes parents avec les membres de la noblesse britannique furent des plus chaleureusement cordiaux. C’est notamment ainsi que mon père n’eut aucun mal à s’accorder avec Lord Marrivale, membre de la chambre des Lords, pour créer l’Anglo-Malagasy Society en 1962, le distingué parlementaire britannique à la présidence de ladite organisation académique, et mon père à sa vice-présidence. A noter également l’amitié qui liait mon père à Lord Hume, secrétaire d’Etat britannique au Foreign Office ( c’est à dire ministre des affaires étrangères), lequel deviendra Premier ministre par la suite.

Moi-même, ambassadeur nommé, désigné et agréé de Madagascar au Royaume-Uni en 2003, n’avais en définitive, et brusquement, pas pu présenter mes Lettres de créance à la même Reine Elizabeth II, ce à cause d’obscures « motivations », aujourd’hui encore non-élucidées mais absolument incompréhensibles et inadmissibles de la part des plus hautes autorités malgaches au sommet de l’Etat, ce malgré l’avis très contrarié de l’excellent ministre des affaires étrangères malgache, le général Marcel Ranjeva, meurtri de devoir m’annoncer la « nouvelle »…! « Grandeurs » et, en tout cas, en l’occurrence très pesantes et honteuses servitudes de la fonction d’ambassadeur de devoir en quelque sorte faire brusquement annoncer à la Reine « finalement je ne peux pas vous présenter mes lettres…!!! ». On croit rêver…Eh non ! C’était la très triste, et stupéfiante vérité !…qui continue de laisser des traces douloureuses dans mon souvenir personnel…

Mais, je laisse là ces derniers souvenirs amers qui ne grandissent nullement les « très hauts » dirigeants malgaches en cause, car à travers les évocations des caractéristiques de la royauté britannique, je voulais souligner ce que celles-ci enseignent quant à la permanence de leur socle qui leur permet de perdurer et de soutenir une vraie modernité institutionnelle.

La monarchie japonaise, comme toutes celles qui a travers le monde – mises à part celles, cependant bien rares, qui s’engluent dans des traditions surannées – savent re-générer les valeurs anciennes et en générer de nouvelles.

C’est cela sans aucun doute qu’il nous intéresse de caresser pour servir de référence comparative à un destin monarchique malgache puisé à nos meilleures sources (cf. notre projet « Madagasikara Mijoro » dans un article daté du 20 juillet 2014 publié sur ce même blog).

Jean-Pierre Razafy-Andriamihaingo

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VIIIème INVITE DE LABODIPLO – FRANCOIS ARCHAMBAULT

printemps (4)

« L’appel du Printemps » (jpra)

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LE VIIIème INVITE DE LABODIPLO – FRANCOIS ARCHAMBAULT

Le 8ème invité de « Labodiplo », François Archambault, est une personnalité rare qui avait été longtemps conseiller du Président Giscard d’Estaing au palais de l’Elysée, en charge de la communication et de la presse. C’est dire la richesse des rencontres, expériences et actions qu’il a accumulées, et c’était bien de façon exemplaire le cas, puisque que l’homme a tout fait, connu et goûté.

Pour ne citer qu’une partie de ses nombreux autres titres, soulignons qu’il est Docteur d’Etat ès Sciences économiques, diplômé de l’Institut d’Etudes Politiques de Paris, maître en Droit et certifié de Lettres. Il fut Journaliste à « La Nouvelle République », à la « Société Générale de Presse » et à la « Nouvelle Agence de Presse. Puis, il fut Directeur de la Communication du groupe L’Oréal avant d’être Directeur honoraire de l’Information Financière et des Relations Actionnariales du même Groupe. François Archambault est Chevalier de la Légion d’Honneur, Commandeur de l’Ordre du Mérite et Lauréat de l’Académie Française.

Il connaît Madagascar pour l’avoir visitée au milieu des années 1970 alors qu’il était en fonction au palais de l’Elysée comme Conseiller. Il avait alors pu constater l’inexorable déclin de ce pays…

C’est donc à ces différents titres qu’il donne ci-après un point de vue original sur la situation du monde ; un exercice sous la forme d’un humour sarcastique avec ses traits d’ironie mordante, que chacune et chacun ne manqueront pas d’apprécier.

Quant à nous, nous le remercions très vivement de nous accorder sa plume.

Vous avez la parole, Monsieur François Archambault !

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TRIBUNE LIBRE : CATASTROPHE OU REPIT ?

Tout le monde observe le siècle de l’Internet et n’en conclue rien !

Les Islamistes forcenés, les Chinois patients, les Occidentaux repus, le milliard affamé, tout se ligue pour devenir catastrophique.

Le Professeur T.R. Malthus, économiste écossais malthusianiste, condamné par les expansionnistes, certains d’eux…

Bol de riz maoïste

Mao, en tuant cent millions de ses contemporains, n’a pas eu entièrement raison dans un système totalitariste : il a limité les naissances. L’humanisme en souffre.
Deng Xiaoping a réussi cyniquement son pari ; un régime, deux systèmes : des riches davantage milliardaires, des pauvres de plus en plus misérables !
Ce qui a conquis les nantis, c’est l’enrichissement au-delà de tout entendement ; ce qui a conquis les affamés, c’est le bol de riz quotidien maoïste !

Les premiers créanciers du monde

Si les Chinois, premiers créanciers du monde, présentaient leurs créances aux Etatusiens, ils provoqueraient la « réponse flexible », termes de polémologie…Nous serions environnés ou victimes de guerres nucléaires, selon les cas, en vertu des stratégies de la dissuasion gaullienne.
Ce qu’un fournisseur de crédits exige aux clients, c’est la paix de la commande ! Les Chinois sont plus expansionnistes que guerriers, quels que soient leurs échecs.
La guerre, le djihad, c’est l’islamisme criminel quel que soit son succès…médiatique !

François Archambault

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PHILIPPE SEGUIN, LE GAULLISTE SOCIAL

moi et seguin (sommet OMT en Tunisie) 2005

En compagnie de Philippe Séguin à Hammameth (Tunisie) lors d’un sommet de l’Organisation Mondiale du Tourisme en 2006.

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                                        PHILIPPE SEGUIN, LE GAULLISTE SOCIAL

Philippe Séguin, né le 21 avril 1943 à Tunis, est mort le 7 janvier 2010.

Il aurait eu en cette année 2022, 79 ans.

Douze ans déjà, en cette année 2022, qu’il nous a quittés.

Sa disparition continue de laisser un grand vide dans une vie politique française, tant au sein de ce que fut sa famille politique que sur l’échiquier général; une vie politique actuellement marquée par les petites querelles et les débats mal engagés.

De tous bords, on le regrette sincèrement pour la portée et l’authenticité de ses vues toujours défendues avec force vérité. Sa stature était d’autant plus imposante qu’elle se prolongeait dans une voix rocailleuse ponctuée par de sonores éclats de rire ou de formules sentencieuses.

C’est cet homme que j’avais personnellement connu, certes sur le tard à partir de 2003 jusqu’à peu de temps avant sa mort soudaine.

Je retiens de lui une chaleureuse amabilité, un contact franc et si avenant qui ne s’embarrassent d’aucune réserve car il reconnaît immédiatement les affinités qui peuvent rapprocher et lier, ce qui fut le cas entre nous.

En 2004, c’est le Premier Président de la Cour des Comptes qui me faisait l’honneur de sa présence à une réception que je donnais à la Résidence de Madagascar à Paris, et l’année suivante il récidivait à mon grand plaisir ; puis à Hammameth, dans cette Tunisie de sa naissance en 1943, nous nous retrouvions en 2006 lors d’un sommet de l’Organisation mondiale du Tourisme, et à Paris en 2009 c’est à bras ouverts qu’il me recevait à la Cour des Comptes, où je fus surpris par sa parfaite connaissance des affres causées par le coup d’Etat qui venait de se produire à Madagascar.

Par la suite, moi-même étant en poste à Rome, nous correspondions régulièrement.

Les débats sociétaux et politiques s’enlisant inexorablement dans une certaine médiocrité, le « Gaullisme social » qu’il incarnait n’avait déjà plus sa place, hélas !, au moment où il s’était présenté dans la bataille pour la conquête de la Ville de Paris en 2002. Or, l’ancien député, Président de l’Assemblée nationale française et Ministre des Affaires sociales et de l’Emploi qu’il était successivement, aurait très certainement donné le lustre souhaitable à la vie politique française étant dans la position stratégique de Maire de Paris.

Par ailleurs, la consistance des idéaux dont il était porteur s’inspirait directement d’un héritage gaulliste et gaullien que personne ne lui contestait mais qu’au contraire on lui reconnaissait unanimement.

Le seul regret que j’émets ici, c’est la rivalité qui l’opposait à Jacques Chirac, un gaulliste d’une autre trempe auquel je vouais aussi de la haute considération et du respect, mon accréditation auprès de lui et mes contacts assez fréquents avec lui en qualité d’ambassadeur de Madagascar, mais également en tant que gaulliste, m’ayant permis d’apprécier hautement ses qualités d’homme et de chef d’Etat…

Bien entendu, un homme de cette envergure – Philippe Seguin – ne pouvait pas ne pas se nourrir d’une solide culture, qu’il avait soin d’approfondir, et on ne compte plus le nombre de ses ouvrages, en particulier en tant qu’historien qu’il fut aussi, dont on ne citera que son « Louis Napoléon le Grand », c’est-à-dire Napoléon III, livre paru en 1990.

C’est pourquoi, j’ajoute volontiers ma voix à celles de ceux qui considèrent que la France a perdu, en la personne de Philippe Séguin, une chance de compter sur un grand homme dans sa difficile traversée du XXIème siècle.

Jean-Pierre Razafy-Andriamihaingo,

Membre de la Convention de la Fondation Charles de Gaulle.

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