LA RECONSTRUCTION SOUHAITEE DE MADAGASCAR SOUS LE REGARD DES INVITES ETRANGERS DE LABODIPLO

Vision maritime 3

« Regard sur le large » – Pastel et acrylique – (jipiera) – Reproduction interdite –

————————————————————-

LA RECONSTRUCTION SOUHAITEE DE MADAGASCAR SOUS LE REGARD DES INVITES DE LABODIPLO

En novembre 2013, LaboDiplo » avait pris l’initiative de réunir sept invités étrangers de différents horizons professionnels, connaisseurs et amis de Madagascar, afin que dans la perspective de la vitale et nécessaire reconstruction de la Grande Ile ils émettent avis et propositions.

Six ans et demi après, en 2019, il nous est paru intéressant, tout autant qu’utile, de rappeler, d’une part certaines convergences de leurs points de vue respectifs et, d’autre part bien sûr, ce qui nous paraît de plus pertinents de leurs propos, le tout au regard des observations émises par une importante délégation de la Banque Mondiale venue en 2016 s’enquérir de la situation in situ à Madagascar.

Le moins qu’on puisse dire est que, depuis, l’horizon demeure bien sombre, alors que des initiatives – précisément dans le sens des avis et propositions de nos amis étrangers – , qui pouvaient être prises en leur temps n’ont pas été prises. Le seront-elles jamais…?

Or, aujourd’hui, nous nous acheminons vers la fi de l’année 2022…et rien ne pointe à l’horizon, bien au contraire les choses empirent…!

Regardons la réalité en face.

UN ETAT DES LIEUX QUI LAISSE APPARAITRE AU GRAND JOUR UN DELABREMENT GENERAL

L’environnement macroéconomique est très mauvais, c’est une évidence criante.

Il faut certes en chercher les causes dans la brusque détérioration du tissu industriel et social, aggravée depuis plusieurs mois par les déboires des deux entreprises d’Etat que sont « Air Madagascar » et « Jirama », mais aussi due à la dépréciation de la monnaie nationale et aux pertes de marchés à l’exportation, tout ceci en dépit des avantages liés à l’abaissement généralisé des prix sur les marchés internationaux et à l’abaissement – voire à la suppression, dans le cas de l’Agoa – des tarifs douaniers.

Quant aux recettes fiscales, dont les assises ont bénéficié de certaines réformes et de dispositifs allant dans le bon sens, elles tardent à produire leurs effets vertueux sur les finances publiques, car les sources d’imposition se rétractent à vue d’œil au lieu de s’étendre, à cause de l’extension du secteur dit « informel », d’une activité économique atone et de la fermeture d’un nombre incalculable d’activités.

Ce qui en outre incite à un regain d’inquiétude, est qu’aucune programmation budgétaire n’est en vue pour soutenir un quelconque plan de redressement ou de développement, ce qui se traduit notamment par le fait que moins de 20% des dépenses de l’Etat vont aux investissements (lesquels sont d’ailleurs quasi exclusivement financés par des bailleurs étrangers)…

Là donc où, par exemple, un programme de « grands travaux » serait le bienvenu, et où un « new deal » est nécessaire pour restructurer, remobiliser, redynamiser et, sur ces bases, concevoir et faire entrevoir une redistribution de revenus par différentes incitations, on n’enregistre aucune annonce dans ce sens et, par conséquent, on ne voit rien venir.

Ceci étant, l’amélioration de cet environnement macroéconomique ne dépend pas exclusivement des finances publics, loin s’en faut, et heureusement.

A titre principal, c’est l’absence d’une véritable politique de redressement national qui est en cause, et d’autres considérations plus spécifiques interviennent, notamment sectorielles, structurelles, organisationnelles et entrepreneuriales, mais pour démarrer et prospérer ces autres considérants dépendent eux-mêmes d’une politique de redressement national affirmée et soutenue par des lois de programmations économique, de dotations matérielles et financières.

Vision maritime 4

« Ouverture sur le large » – Pastel – (jipiera) – Reproduction interdite –

————————————————-

LES PISTES A EXPLORER

En novembre 2013 donc, nous proposions à nos sept invités de bien vouloir réfléchir à une « polarisation » de Madagascar, à cette sorte de posture d’attirance à cultiver pour cette grande île aux immenses ressources, certes naturelles mais aussi humaines.

Nous ne les remercierons jamais assez de leur contribution respective.

Tous considèrent, comme nous, que pour parvenir à sa polarisation Madagascar doit mettre en œuvre deux choses : une véritable planification horizontale et verticale (le PND et le PMO actuels ne sont que des exercices parcellaires sans grande cohérence entre eux…), et une attention raisonnée et soutenue sur son environnement géostratégique et géopolitique, interne comme externe.

. C’est notamment ce qui ressort de l’intervention de l’Amiral Laurent Mérer, ancien Commandant de la Zone maritime de l’Océan Indien, zone hautement stratégique si tant est qu’il faille le rappeler, et ancien Préfet maritime de l’Atlantique, dans son article intitulé « Madagascar, l’environnement stratégique » (voir sur ce même site « Labodiplo, l’ouverture à l’international », cet article daté du 20/11/2013). Sa grande expérience de la zone où baigne Madagascar l’autorise à émettre de façon certaine les avis qu’il expose dans son intervention.

. Quant à M. Didier Coulomb, Directeur de l’Institut International du Froid (IIF), une organisation intergouvernementale dont Madagascar est membre (et avec laquelle nous avions conçu en 2004-2005 des programmes de développement…hélas non suivis par le gouvernement !) , il préconise à juste titre dans son article « Chaîne du froid, sécurité alimentaire et développement économique – Le cas de Madagascar » (voir sur ce même site en date du 20/11/2013), ce que ce pays devrait entreprendre dans les meilleurs délais, ce à l’instar de l’Afrique du Sud, pour concrétiser de façon déterminante cette sécurité alimentaire et cette sécurité sanitaire qui constituent des défis majeurs dans ce pays riche en ressources mais si pauvre en dispositifs adéquats.

. Le Colonel (er) Hughes Lelouvier Aumont de Bazouge, ancien attaché de Défense auprès de différentes ambassades françaises en Afrique, et récemment auprès de la SADC, abonde dans les approches de l’Amiral Mérer. Mais ce spécialiste de Madagascar et de l’Afrique, qui eut dans les années 2000 à réfléchir sur les choix stratégiques de développement de Madagascar, considère non sans raison évidente qu’une véritable « révolution verte » doit s’opérer à Madagascar par une riziculture extensive doublée d’un développement systématique du réseau hydraulique. Par ailleurs, il préconise la création d’une Académie du Développement, une proposition aussi originale qu’intéressante afin, précisément, de polariser les voies et moyens d’une politique et des choix à long terme en la matière (son article « Madagascar : perspectives de développement » est visible sur ce site à la date du 24/11/2013).

. Le point de vue d’un natif de La Réunion, cette « France de proximité », exprimée par M. René-Paul Victoria, ex Député-Maire de Saint-Denis de La Réunion et ex Président du Groupe d’Amitié France-Madagascar de l’Assemblée nationale française, acquiert de ces faits une résonance particulière. En évoquant « Le retour du géant » (sur ce site à la date du 26/11/2013), il se fonde sur la mythologie malagasy pour affirmer une vocation au réveil de tout un peuple, actuellement peu connue et que les Malagasy eux-mêmes semblent d’ailleurs oublier, car c’est de cette prédisposition psychologique que viendra le ressort. Et ceci n’est pas sans rappeler, ainsi que nous l’affirmions dans nos propres écrits (cf. « Réformateurs et modernisateurs de Madagascar, 12ème et dernière parties » sur http://www.labodiplo.wordpress.com), le caractère de pionnier du peuple malagasy…du moins dans ses débuts, mais qu’il faut absolument retrouver.

. En arrivant à notre 5ème invité, on se dit que les Malagasy devraient mesurer à quel point leur pays et eux-mêmes se doivent d’être à la hauteur de l’intérêt – de l’amour – que leur portent nos amis étrangers venus des antipodes…puisqu’il s’agit ici de la Suède. En l’occurrence du Professeur Per-Sigrud Agrell, un spécialiste suédois de géopolitique, Professeur aux universités de Stockholm et de Londres, Directeur de recherches à l’Ecole des Mines de Paris. Ses propositions (« Quel choix systémique pour le redressement de Madagascar ? », en date du 28/11/2013 sur ce site) se focalisent sur la nécessité pour un gouvernement d‘un pays aussi vaste et intrinsèquement riche tel que Madagascar, d’assurer dans l’esprit systémique une bonne et efficace articulation de tous les rouages étatiques à tous les niveaux. Il s’agit, en effet, que la chaîne de commandement et d’information fonctionne et circule sans entrave et avec précision, avec une connexion sans faille, ce dans le sens descendant comme ascendant.

. De son côté, et dans une conception qui vient renforcer l’avis précédent, Mme. Annie Favrie, Economiste-urbaniste, Chargée de cours à l’Institut d’Etudes Politiques de Paris (Sc.Po Paris), Expert plusieurs fois missionné par l’Union Européenne et la Banque Mondiale, en particulier Madagascar où entre 2004 et 2011 elle a développé dans le secteur Textile des clusters qui fonctionnent bien, elle préconise tout naturellement de développer le système du clostering dans deux secteurs porteurs et connexes (voir son article « Ouvrir une fenêtre sur le monde » daté du 19/1/2014 sur ce site) : l’artisanat et le tourisme. En effet, quoi de plus pertinent ! Mais, le tout doit se concevoir dans le contexte de la mondialisation. C’est pourquoi, ceci doit notamment se baser sur deux leviers incontournables : la formation professionnelle et la communication.

. Pour clore ce panel expertal, nous avons bénéficié de la contribution du Docteur Avi Assouline dans un domaine ô combien vital…c’est le cas de le dire : la sécurité sanitaire. Il est Cancérologue-radiothérapeute à Paris, un expert reconnu et membre de la Société américaine de Radiothérapie oncologique, auteur de plusieurs ouvrages qui font autorité, notamment dans le cadre de la formation de jeunes médecins. Dans son article « La santé publique à Madagascar » (daté du 10/11/2014, visible sur ce site), il fait tout d’abord un état succinct des lieux avant d’émettre quelques réflexions sur la « Construction d’un véritable système de soins à Madagascar ». Assurément, ses développements sont à rapprocher de ceux de M. Didier Coulomb qui, lui de son côté, voit la question de la sécurité sanitaire à travers les apports du système du froid en matière d’aliments et de conservation d’outils thérapeutiques et médicamenteux (cf. ci-dessus).

perspective infinie

« Perspective infinie » – Acrylique – (jipiera) – Reproduction interdite – 

————————————————-

                                                                                    *
                                                                                   * *

Bien sûr, Labodiplo à travers ces contributions d’un grand intérêt n’a pas la prétention d’épuiser le vaste sujet de « La reconstruction de Madagascar », ni même d’en couvrir les pans déterminants, mais du moins avons-nous pu émettre des propositions pertinentes et réalistes.

Aux regards de nos invités étrangers, se sont ajoutés ceux, tout aussi essentiels bien évidemment, de nos amis malagasy, dont la collecte des contribution est toujours actuellement en cours. L’ensemble nous donnera une vision convergente, complémentaire ou divergente, en tout cas sur un fond de ressenti nécessairement authentiquement « national »…

Nous y reviendrons.

Et à eux également Labodiplo exprime ses vifs remerciements pour leur contribution respective.

Rendez-vous donc à plus tard pour une restitution des contributions des invités Malagasy.

Jean-Pierre Razafy-Andriamihaingo

———————————————————–
Reproduction, même partielle, interdite des textes et illustrations
———————————————————–

L’EUROPE A L’EPREUVE DES FAITS

Vision maritime

« Vision du large » – Pastel et acrylique – jipiera – Reproduction interdite.


                                                 L’EUROPE A L’EPREUVE DES FAITS

L’Europe doute. Et, surtout, désormais elle nous fait douter.

C’est un fait malheureusement avéré depuis peu….depuis qu’en Suède début septembre 2022 l’extrême-droite ouvertement liée à l' »idéologie » néonazie gouverne ce pays nordique pourtant à bien des égards cité hier comme exemplaire sur le plan sociétal, et depuis qu’à la fin de ce funeste mois d’octobre de la même année 2022 l’extrême-droite italienne tout aussi ouvertement héritière cette fois-ci du fascisme mussolinien gouverne après avoir gagné les législatives en Italie ! Et ne parlons pas de la Hongrie qui s’enfonce dans une sorte d’intégrisme droitier…

Déjà, face à la très grave crise sanitaire du COVID-19 l’Europe avait louvoyé…mais certes, elle n’était pas la seule, loin de là.

Face aux fléaux qui ne se résument pas, hélas !, aux seuls sautes d’humeur de la Terre mais beaucoup aux faits des hommes, l’Histoire le démontrant amplement, l’Europe est actuellement , plus que jamais, à l’épreuve et les failles de son système de valeurs se révèlent de jour en jour, en particulier dans son incapacité chronique à substituer à la technocratie envahissante de véritables vocations européennes et dans son oubli des affres qui hier la rongeaient jusque dans ses soubassements. Comme par exemple :

. avant-hier, souvenons-nous, à propos de la crise grecque et des violences avérées des règles comptables d’une Zone Euro qui s’arc-boutait obstinément sur un système de pilotage financier automatique ;

. hier, après le choc du « Brexit » et ses conséquences toujours pas maîtrisées sur le maintien et la poursuite de la construction européenne issue des traités récents ;

. hier encore et aujourd’hui toujours, face à l’afflux massif de migrants dont il faut assurer ne serait-ce que l’accueil, sans même parler de leur intégration ;

. et progressivement sans doute, par le démantèlement de l’agriculture européenne face aux superstructures agro-alimentaires qui s’était annoncé avec le traité transatlantique dont les termes et les tenants et aboutissants des négociations s’étaient entouré du plus grand flou.

C’est cette Europe-ci que Donald Trump, avant même de prendre ses fonctions comme Président des Etats-Unis, avait continué de narguer dans le dessein de l’impressionner, la pensant bien inconsistante…Et son successeur n’en pense pas moins…

QUEL SYSTEME DE VALEURS EUROPEENNES ?

Pourquoi ces manquements ?

C’est que le système actuellement en vigueur manque terriblement de fondations et d’adhésion populaires.

Précisément, posons-nous la question : existe-t-il réellement UN système de valeurs européennes qui ferait que cette Europe, qui se pose volontiers en référence, puisse indiscutablement en imposer, en particulier vis-à-vis des pays « en développement » en termes de conditionnalités en matière de coopération, ou à la face du monde quand il s’agit d’orienter les pratiques institutionnelles et juridiques pour renforcer la Démocratie ?

Certes, l’Angleterre a inventé l’Habeas corpus en 1679, et la Révolution française la Déclaration des Droits de l’Homme. Et récemment, avec le « Brexit » dont elle ne sait plus comment y donner suite, le Pays aux Falaises Blanches donne du fil à retordre aux Européens continentaux.

Mais comparativement, observons que les Nations Unies sont ce réceptacle privilégié d’idéaux qui produit, à partir de la Déclaration universelle des Droits de l’Homme de 1948 et des pactes internationaux des droits de l’Homme subséquents, un nombre impressionnant de textes normatifs, certes plus ou moins contraignants – souveraineté étatique oblige ! – en matière de libertés individuelles et collectives.

Quant à l’Europe en tant que telle, la Convention européenne des Droits de l’Homme n’a été adoptée qu’en 1950 par le Conseil de l’Europe, tandis que c’est à Nice en 2000 que fut adoptée la Charte européenne des droits fondamentaux. Rappelons aussi que c’est dès 1934 que les femmes eurent le droit de vote en Turquie, alors qu’elles n’en jouirent dans certains pays de l’Europe occidentale que bien plus tard.

Une autre réalité est à relever : l’Europe doit-elle être conçue, comme le disait le Général de Gaulle, « de l’Atlantique à l’Oural » d’Ouest à l’Est ? Et du Nord au Sud jusqu’à la Turquie ? Ou se circonscrire à l’Europe actuelle de l’Union Européenne ?

Autrement dit, quand on parle de « valeurs européennes », il faut se demander ce qui unit tous ces territoires traversés par autant d’influences civilisationnelles, a priori sans cohérence entre elles.

Et allons plus loin dans le raisonnement, car face à de tels enchevêtrements de civilisations – qui, soit dit en passant, sont le ferment même de leur évolution dès lors que les valeurs générées sont dûment assimilées de part et d’autre – , et à moins de procéder à des épurations ethniques qui, mille fois hélas !, se sont produites et sans doute se reproduiront, l’Europe est-elle aujourd’hui en capacité – ou plutôt, en volonté – d’accueillir des valeurs autres que celles qu’elle a inventées ou mises en exergue ?

A ce stade, une troisième vérité doit être dite : ce qui est sûr, n’en déplaise à d’aucuns, c’est qu’en matière de civilisations, et par conséquent de valeurs civilisatrices, où que l’on se trouve sur cette planète Terre dès lors qu’il s’agit de communautés d’hommes et de femmes vivant paisiblement en société, la jalouse territorialisation de ces valeurs, de même que leur expansion volontaire ou forcée, sont historiquement les causes fondamentales des guerres et malheurs.

A ce titre, il est vrai qu’aucune civilisation n’est épargnée.

Considérons que dès avant l’ère chrétienne et surtout à partir du VIIIème siècle, les Chinois – avec l’ethnie dominante Han – avaient répandu à travers l’Asie orientale et centrale leurs valeurs de civilisation, les Jésuites ayant quant à eux plus tard fait connaître à l’Europe occidentale une civilisation chinoise admirée ; les Musulmans avaient dominé et soumis maintes nations, y compris européennes, tout au long des Xème et XIème siècles, mais ce faisant n’avaient-ils pas, par une sorte de juste retour des choses, eu l’excellente initiative de valoriser et de sublimer la civilisation grecque par la propagation d’idéaux aujourd’hui pleinement intégrés (notons par exemple, que Périclès vécut à Side, au sud de la Turquie actuelle, et que Platon fut traduit en arabe) ?

Bref, la propension des civilisations territorialisées à la sanctuarisation, à l’exclusion ou à l’expansion par la force fut une sorte de règle généralisée, mais au jour d‘aujourd’hui, de tels élans sont à bannir tant dans l’esprit que dans l’acte, sinon effectivement, et selon la formule consacrée, « l’histoire recommencera », c’est-à-dire celle qu’on a haïe.

Or, avec les dérives qu’on observe actuellement de la Suède à l’Italie en passant par la Russie – oui, la Russie est européenne ! -, la Hongrie ou d’autres pays européens, un retour aux catastrophes d’hier est sérieusement à craindre.

Vision maritime 3

« Rivages » – Pastel et acrylique – jipiera – Reproduction interdite.


AU-DELA DE LA TERRITORIALISATION, LES VALEURS UNIVERSELLES DANS L’OSMOSE

Les « valeurs européennes » existent pourtant, certes. Il s’agit de les réveiller, de les pousser en avant.

Elles se concentrent essentiellement sur les normes juridiques et institutionnelles : les droits et libertés humains, la notion d’Etat de Droit, la Démocratie, les droits sociaux, le respect de l’Environnement, une économie de libre concurrence.

Bref, un ensemble de critères et de garanties connus sous l’appellation des « critères de Copenhague » définis en 1993 par rapport aux candidatures d’adhésion de certains pays (surtout la Turquie) à l’Union Européenne, mais également valorisés dans les années 1990 dans les traités de Maastricht et d’Amsterdam, avec en particulier le Traité de l’Union Européenne de 1993 (cf. son article 49).

Et moralement, elles s’inspirent fondamentalement de la chrétienté, des legs judéo-chrétiens et gréco-romains, mais il faut l’admettre également, on l’a vu précédemment, dès avant la Renaissance en Europe elles empruntent à la richesse scientifique arabe.

Cette osmose idéologique, qui va au-delà même de la coexistence, est précisément le résultat d’une interpénétration des esprits. C’est aussi la raison d’une transcendance nécessaire de la notion de simple interdépendance des nations.

Car, l’interdépendance n’est pas uniquement celle des intérêts communs ; elle est – et doit être – celle des consciences, celle de la conviction, inspirée par les leçons de l’Histoire universelle, que désormais le genre humain doit avoir pour vocation de partager ce qu’il y a de meilleur chez l’autre.

L’altérité.

Cette notion, portée en valeur universelle, dit tout simplement pourquoi il faut considérer l’autre, pourquoi l’autre est digne d’intérêt.

C’est à ce titre que, pour ne prendre que cet exemple, alors même que les Etats-Unis s’étaient refusés à signer certains textes fondamentaux onusiens relatifs à certains droits civiques, des pays du monde musulman et des nations africaines les avaient signés sans réserve…

Ceci pour souligner que des représentants de certains pays considérés comme animés par des valeurs civilisationnelles « différentes » sont capables de s’engager dans le respect, voire l’application, de normes et valeurs qui a priori ne sont pas intrinsèquement les leurs propres mais qu’ils considèrent, à tout le moins, comme digne d’intérêt et d’assimilation.

Le fameux lien social, qui tend à se perdre en Europe pour des raisons économiques et budgétaires – on se souvient que la Commission européenne avait, il n’y a pas si longtemps, fait des coupes sombres dans le budget destiné à la sécurité alimentaire, provoquant un tollé général – , constitue un pan entier de la construction onusienne, notamment inspirée par deux Asiatiques, le Japonais Sadako Ogata, ancien Haut Commissaire des Nations Unies pour les Réfugiés, et l’Indien Amartya Sen, Prix Nobel d’Economie en 1998.

Tous deux ont directement inspiré en 2003 un rapport remarqué soumis à la Commission sur la Sécurité Humaine de l’ONU, dans lequel précisément ils préconisaient les mesures adéquates pour assurer au genre humain, comme faisant partie de ses droits fondamentaux et inaliénables :

. la sécurité alimentaire, qui en Europe est de moins en moins assurée pour certaines catégories de pauvres ;

. la sécurité sanitaire, qui en Europe semblait généralisée, mais qui en fait s’avère très vulnérable comme le révèle la grave crise sanitaire et pandémique due au COVID-19 ;

. la sécurité environnementale, que l’Europe ici aussi semble assurer suffisamment ;

. la sécurité individuelle, qui à vrai dire se détériore ;

. la sécurité culturelle qui, au regard par exemple de la sauvegarde de la diversité culturelle des minorités, pose certaines questions ;

. la sécurité politique, qui actuellement en Europe tend à vaciller avec la montée de la droite radicale ;

. et la sécurité économique, qui en Europe, on le voit bien, est mise à mal secteur par secteur à cause d’une certaine « mondialisation » qui broie les petites et moyennes structures qu’accentue le traité transatlantique.

Les recommandations de ce rapport devraient trouver leurs traductions utiles en cette période où, dans le prolongement de la COP21, la communauté internationale est prestement invitée à réfléchir et à agir pour l’émergence d’un nouveau modèle économique basé sur un meilleur partage et de nouveaux paradigmes hors des sentiers battus de la croissance.

automne

« Feuillages d’automne », aquarelle – Jipiera – Reproduction interdite

————————————————————

Par ailleurs, avons-nous remarqué que, là où en Occident, aux Etats-Unis et en Europe occidentale, on parle volontiers de « choc des civilisations » face « aux autres » – mais personne n’est dupe quant à la « fine » allusion -, en Asie ou ailleurs ce vocable volontiers provoquant n’a que très peu ou pas du tout cours.

Pourquoi ? Ce qui est dit ci-dessus l’explique, au moins en partie…

Il faut donc que les uns et les autres fassent davantage preuve d’humilité, d’ouverture d’esprit et de raison. Car, il n’y a ni histoires ni géographies figées dès lors qu’on parle de valeurs ou de vertus.

Les Eglises, qu’elles soient chrétiennes ou autres, le savent, le disent et le vivent. Quand par exemple, le Saint-Siège à travers sa diplomatie d’influence parle de la « centralité de l’Homme », c’est une invite à aller au cœur des choses pour, au moins, en percevoir la vraie nature et élaborer les vraies solutions pour le salut des hommes et de l’humanité (cf. sur ce même blog les articles consacrés à la diplomatie du Saint-Siège et aux encycliques papales).

On voit aussi au regard de toutes ces considérations que l’Europe est sans doute encore loin de pouvoir achever de construire sa propre identité, et que la notion même de citoyenneté européenne dépend de beaucoup de l’adoption (future ?) d’une Constitution européenne, laquelle ne peut s’imaginer sans une véritable entité politique et un sentiment commun d’appartenance nationale.

Or, ces considérations et parmi elles ce sentiment commun d' »appartenance nationale européenne », il faut bien le dire, sont singulièrement mis à mal avec la montée du populisme au niveau des nations, les failles que révèlent la crise de la zone Euro, la question migratoire ou la politique agricole commune qui n’a plus sa cohérence d’avant, ainsi que le vivent les agriculteurs à travers l’Europe…

Ainsi, il paraît évident que trop de contrariétés et de forces de repli empêchent l’Europe de mettre en oeuvre ses valeurs cardinales affichées dans les récents traités européens, et privent les véritables Européens de réaliser leur rêve d’identité commune.

L’Europe a incontestablement besoin de se réveiller.

Jean-Pierre Razafy-Andriamihaingo

————————————————-
Reproduction, même partielle, interdite des textes et illustrations
————————————————-

MADAGASCAR AU CENTENAIRE DE LA RENAISSANCE FRANCAISE

Sorajavona_Photo (1)

Le Groupe folklorique malagasy SORAJAVONA

———————————————————–

                     MADAGASCAR AU CENTENAIRE DE LA RENAISSANCE FRANCAISE

Les 21 et 22 septembre 2015, La Renaissance Française célèbre à Paris son centenaire (voir sur ce même Blog les articles datés respectivement du 11/6/2014 et du 13 août 2015 intitulés « La Renaissance Française » et «La Renaissance Française fête son centenaire »).

Les festivités et manifestations proposées par son Comité d’organisation se dérouleront dans des lieux prestigieux de la capitale française, le Palais du Luxembourg, l’Arc de Triomphe, le Cercle de l’Union Interalliée, et l’Académie des Sciences d’Outre-Mer, où se retrouveront des personnalités et des sympathisants de France et du monde entier, au-delà même de l’espace francophone.

Parmi la soixantaine de Délégations de régions de France et de différents pays qui proposent, selon les choix de chacune, différentes manifestations et représentations, Madagascar pour sa part, en particulier à l’initiative de la Délégation de Madagascar de La Renaissance Française, prend une part bien active à trois niveaux : au sein du Comité d’organisation du Centenaire, à sa vice-présidence ; par le fameux et talentueux Groupe « Sorajavona», et l’organisation « Tany Harena », qui proposent de beaux tableaux folkloriques, avec musiques et danses des régions de Madagascar pour la soirée du 21 septembre qui se tiendra au Salon Foch du Cercle de l’Union Interalliée ; et par la remise, aux participants de cette même soirée, d’une reproduction exclusive d’une œuvre d’art picturale malgache.

C’est que, unis dans la fraternité et la considération mutuelles, tous les dirigeants, membres et sympathisants de La Renaissance Française entendent faire vivre, offrir à goûter et partager, tout particulièrement à l’occasion privilégiée de ces festivités de son centenaire, les valeurs fondatrices inspirées des idéaux de Paix et de Démocratie, de dialogues des cultures et de protection de l’environnement.

Chacune et chacun trouveront en pièces jointes une présentation du Groupe « Sorajavona» ainsi que le programme complet des festivités et célébrations des 21 et 22 septembre 2015 à Paris.

Rendez-vous est donc donné à toutes et à tous, en vous espérant nombreux, aux différents lieux de ces festivités et célébrations ! Les inscriptions à la soirée du 21 septembre sont encore possibles jusqu’au 19 septembre (allez sur le site http://larenaissancefrançaise.org).

Jean-Pierre Razafy-Andriamihaingo, Président de la Délégation de Madagascar de La Renaissance Française, Vice-président du Comité d’organisation du Centenaire.

_ * _

                                  PRESENTATION DU GROUPE SORAJAVONA ET DE TANY HARENA:

– I – Le Groupe folklorique malagasy SORAJAVONA

Sorajavona_Photo (4)

Le Groupe folklorique malagasy SORAJAVONA


SORAJAVONA (Couleur des Nuages) est un groupe folklorique malagasy, composé de poètes, de musiciens et de danseurs, fondé en 1974 par les fils du grand poète national DOX.

Depuis 40 ans, son répertoire est basé sur la valorisation des instruments traditionnels de Madagascar que sont le Valiha (cithare en bambou), le Jejy lava, le amponga (tambour) ou le sodina (flutte), auxquels il apporte des innovations pour élargir leur étendue musicale. Cette dernière n’a ainsi pas de limite : du traditionnel, aux couleurs du terroir, au jazz, en passant par la musique contemporaine, les grandes chansons françaises et la world music. Bref, une musique sans frontière mais d’inspiration éminemment malagasy !

Ambassadeur de la culture malagasy dans le monde, le Groupe SORAJAVONA met en valeur le patrimoine artistique et culturel de la Grande Ile à travers ses multiples tournées. Ses 6 albums actuellement existants comportent des textes de grands poètes malagasy connus du monde francophone : Jean-Joseph Rabearivelo, Dox Razakandraina, Ny Avana Ramanantoanina, mais aussi des Hainteny (poésies orales et traditionnelles malagasy). C’est également ainsi que le Groupe SORAJAVONA est présent sur la scène littéraire et poétique, notamment par sa participation à des évènements culturels tels que « Le Printemps des Poètes », « Le Printemps des Poètes des Afriques et d’Ailleurs» (en particulier pour le triple centenaire Aimé Césaire-Jacsques Rabemananjara-Dox Razakandraina à Paris en 2013). Citons également, comme de normal puisque son fils est le chef du Groupe SORAJAVONA, la célébration du centenaire de Dox (1913-1978) à Madagascar, en France (à Paris et en province), mais aussi en Suisse

Sorajavona_Photo (3)

Il est à noter que le Recueil de Dox, « Chants Capricorniens », a été édité par la Mission Française de Coopération (20 Mars 1995) pour la première célébration de la Journée de la Francophonie à Madagascar. Ses oeuvres ont été intégrées et étudiées en classe élémentaire dans une Ecole alto-séquanaise.

Le Groupe SORAJAVONA est régulièrement sollicité par l’UNESCO et les ambassades malagasy à travers le monde, et participe à des projets socio-humanitaires, à des oeuvres de charité en faveur des enfants défavorisés, et travaille régulièrement avec certaines ONG internationales actives pour de grandes causes.

C’est donc un Groupe folklorique malagasy de renom international qui se produit de façon unique, ce 21 septembre 2015 dans le grand Salon Foch du Cercle de l’Union Interalliée de Paris, à l’occasion du Centenaire de La Renaissance Française.

La Délégation de Madagascar de La Renaissance Française, qui est à l’initiative de la participation du Groupe SORAJAVONA à cette soirée, l’en remercie vivement.
– II – L’Agence TANY HARENA

TANY HARENA est une Agence malagasy d’Evènementiels spécialisée dans la production et l’organisation d’évènements culturels malagasy à Madagascar et en Europe, dont le siège est à Paris, et a déjà à son actif plusieurs manifestations réussies, d’une grande tenue saluée par la critique.

La Délégation de Madagascar de La Renaissance Française remercie vivement l’Agence TANY HARENA pour ses conseils dans la sélection et la réalisation matérielle de la participation du Groupe folklorique SORAJAVONA à la soirée unique du 21 septembre 2015 au Salon Foch du Cercle de l’Union Interalliée de Paris dans le cadre du centenaire de La Renaissance Française.

_ * _

                         PROGRAMME DU CENTENAIRE DE LA RENAISSANCE FRANCAISE

Festivités et manifestations des 21 et 22 septembre 2015 à Paris

  • 21 septembre :

□ à 15h : Baptême de la Rose du Centenaire désignée « Simone Veil » au Palais du Luxembourg en présence de sénateurs des Français de l’Etranger, cérémonie suivie d’une réception au Sénat 15ter, rue de Vaugirard Paris 6ème.

□ à 18h30 : cérémonie de ravivage de la Flamme du Soldat Inconnu sous l’Arc de Triomphe à Paris, en la présence du Gouverneur Militaire de Paris (rendez-vous de rassemblement à 17h30 à l’angle de la rue Balzac pour la remontée des Champs-Elysées)
□ à 19h30 : Soirée festive avec buffet dînatoire et champagne au « Cercle de l’Union Interalliée », Salon Foch (33, rue du Fbg. Saint-Honoré, Paris 8ème), comprenant des représentations folkloriques de différents pays du monde francophone et de régions françaises (réservation obligatoire et participation. Pour les modalités d’inscription, aller sur le site : http://larenaissancefrancaise.org). Inscriptions possibles jusqu’au 19 sept. Tenue de ville.

Au cours de cette soirée seront également remises aux récipiendaires des distinctions et décorations de la Renaissance Française.
* 22 septembre :

□ Journées d’échanges et de réflexion à l’Académie des Sciences d’Outre-Mer, 15 rue La Pérouse, Paris 16ème

9h30 : Accueil- Café.

. de 10h à 12h30 : Colloque sur le thème : Patrimoine et métiers d’art.

. de 12h30 à 14h : Déjeuner libre.

. de 14h15 à 15h45 : Table-ronde sur le thème : La Francophonie universitaire.

. de 16h à 17h30 : Table-ronde sur le thème : Ecrivains de langue française, écrivains du monde.
*
* *

———————————————————-

Reproduction, même partielle, interdite des textes et illustrations

———————————————————-

COUP DE COEUR II

demie-poire sur collier de jaspe

« Poire sur collier de jaspe » (jpra)

——————————————

                                                                 COUP DE CŒUR ! (II)

A l’heure qu’il est, l’Allemagne et les Allemands continuent d’accueillir bras ouverts ces malheureux migrants jetés de leur pays respectif en proie à la folie des hommes, et dans laquelle les Occidentaux ont leur part de responsabilité, sans parler, bien sûr, de certaines monarchies arabes.

floraison de pensées 3

« Floraison de pensées » (jpra)

————————————

Bravo vraiment !

Pour un coup de coeur, c’est un coup de chapeau…chapeau bas  !

Cette Allemagne qui, il n’y a pas si longtemps, imposait à la Grèce et aux infortunés Grecs un remède de cheval et le dépècement, se rattrape ici,… et de quelle façon !

floraison de pensées 6

« Floraison de pensées II » (jpra)

————————————–

Elle donne la leçon à l’Europe entière, surtout celle du centre qui honteusement rechigne et se donne des airs responsables pour quelques piteux arguments.

fleur matinale

« Fleur matinale » (jpra)

—————————-

« LaboDiplo » rend hommage à cet élan d’humanité qui nous vient de l’Allemagne et des Allemands dont il faut maintenant écarter l’image de matérialistes et d’égoïstes qu’on avait tendance à leur donner.

Il faut y associer aussi la position convergente du Pape François et de l’archevêque de Paris qui viennent enfin d’appeler à la dignité et à la générosité envers ces migrants d’un genre exceptionnel.

Jean-Pierre Razafy-Andriamihaingo

cadre 3

« Cadre fleuri » (jpra)


———————————–
Reproduction, même partielle, interdite des textes et illustrations
———————————–

XIème INVITE DE LABODIPLO: YVAN RAZAFINDRATANDRA

Vakinankaratra

« Vakinankaratra » (jpra)


 

                         XIème INVITE DE LABODIPLO : YVAN RAZAFINDRATANDRA

La coopération décentralisée : quels enjeux pour Madagascar ?

Devant ses innombrables défis, Madagascar d’aujourd’hui suscite davantage encore de questionnements sur la capacité de ses actuels dirigeants à les relever, tant la situation du pays s’aggrave et tant ses partenaires traditionnels s’interrogent et s’inquiètent de sa dégradation.

Les acquis relationnels de la période d’avant 2009 sont perdus et, six années après, sont loin de pouvoir se reconstituer, en particulier à cause d’une diplomatie malagasy atone.

Pourtant, avec la France, l’Italie, l’Espagne, la Principauté de Monaco, la Turquie, pour ne citer que ces pays de nos accréditations diplomatiques de 2002 à 2009, tant d’accords avions-nous conclus au niveau national, ce qui, notamment, nous permettait d’ouvrir la voie à des séries d’accords du niveau décentralisé, cette coopération dite « de proximité » avec tout ce que cela comporte en termes de projets et réalisations adaptés aux besoins et au développement locaux, là où la population vit sa vie et formule ses espoirs !

Mais, aujourd’hui l’enthousiasme d’antan est largement émoussé.

C’est cette thématique essentielle de coopération décentralisée qu’avec raison Maître Yvan Razafindratandra, notre XIème invité, a choisi de traiter dans l’article qui suit.

Sa formation autant que son expérience professionnelle, bien sûr également son origine malagasy, donnent à son développement et à son opinion un poids certain. Avocat au Barreau de Paris depuis 1990 après de brillantes études à l’Institut de Sciences Politiques de Paris où j’avais déjà remarqué ses talents lors d’un colloque sur la Chine, il pratique le droit public économique et le droit de l’environnement auprès d’une clientèle composée d’entreprises et de collectivités.

D’autre part, il est le conseil attitré de groupements de collectivités françaises poursuivant un programme de coopération décentralisée dans le domaine de l’eau avec une province du centre Vietnam, et par ailleurs il est correspondant de l’Institut d’Etudes Avancées de Nantes.

Cher Confrère, c’est bien volontiers que nous lisons vos écrits ci-après !

Jean-Pierre Razafy-Andriamihaingo

  – * –

LA COOPERATION DECENTRALISEE : QUELS ENJEUX POUR MADAGASCAR ?

Par Yvan Razafindratandra

L’ambassade de France à Madagascar a publié sur son site officiel des documents cartographiques recensant les collectivités territoriales des deux pays qui sont engagées dans des partenariats s’inscrivant sous le régime de la coopération décentralisée.
Côté français, de nombreuses régions sont impliquées, y compris la Région Ile de France qui, dans le cadre d’un partenariat établi avec la Commune urbaine de Tananarive, a contribué à l’ouverture en 2008 d’un Institut des Métiers de la Ville, sur le modèle de celui qui avait été ouvert en mars 2001 à Hanoi, dans le cadre d’un partenariat avec le Comité Populaire de Hanoi.
Outre de nombreuses collectivités et groupes de collectivités, la coopération intéresse aussi des organismes comme les Agences de l’eau, ou Agences financières de bassin, en charge de veiller à la préservation des ressources en eau dans chaque bassin hydrographique.
En effet, la loi dite Oudin Santini en date du 9 février 2005 avait non seulement « sécurisé » le financement des actions de coopération décentralisée dans les domaines de l’eau et de l’assainissement, mais ouvert le champ de cette coopération aux 6 Agences de l’eau.
Le dispositif Oudin-Santini a ensuite été étendu au secteur de l’énergie et, plus récemment, à celui des déchets.
Distincte et complémentaire de la diplomatie des Etats, la coopération décentralisée fournit un cadre plus souple et plus adapté aux actions concrètes proches du terrain et des préoccupations des habitants.
Le dispositif français ouvre aussi des possibilités inédites de coopération aux collectivités d’outre-mer, qui ont été saisies par la Réunion et Mayotte. A signaler, en particulier, la coopération exemplaire développée depuis 1996 par la commune du Port avec Toamasina.
Trois questions méritent aujourd’hui d’être posées, relatives à la cohérence de la coopération décentralisée entre collectivités de France et de Madagascar, aux évolutions prévisibles et à l’ouverture de Madagascar à des liens avec les collectivités d’autres pays :
1/ La cohérence des actions menées sous le régime de la coopération décentralisée mériterait d’être évaluée, afin de favoriser un partage des expériences, une éventuelle mutualisation des moyens et, le cas échéant, des gains d’échelles, par exemple dans les domaines techniques ou de la formation.
Dans ce but, le lancement des assises de la coopération décentralisée franco-malgache pourrait être opportunément envisagé, s’inspirant du modèle vietnamien : les 10e assises de la coopération décentralisée franco-vietnamienne se dérouleront à Can Tho du 8 au 10 juin 2016, avec un focus sur le développement durable et le changement climatique, dans le sillage de la COP 21 qui sera accueillie à Paris (et au Bourget) du 29 novembre au 11 décembre 2015.
2/ La politique de réforme territoriale menée par le gouvernement français entraînera la réduction du nombre de régions françaises de 22 à 13 dès 2016. Le regroupement de certaines régions ayant engagé des programmes de coopération avec des collectivités malgaches entraînera la substitution de la nouvelle entité et fournira l’occasion d’évaluer les actions réalisées et de les rationaliser. De même, au niveau intercommunal, les regroupements envisagés suite à l’adoption de la Loi NOTre du 7 août 2015 nécessiteront de reprendre les programmes de coopération existants à une nouvelle échelle.
3/ Enfin, même si les partenariats franco-malgaches se distinguent par leur diversité et leur richesse, il appartient aux collectivités malgaches de développer des liens avec les collectivités d’autres pays, non seulement européens mais aussi asiatiques ou africains.
Il convient de souligner que la Banque asiatique et développement et la Banque africaine de développement s’appuient tout particulièrement sur les partenariats entre collectivités pour apporter des financement dans certains domaines prioritaires comme l’eau.

Yvan Razafindratandra
Avocat à la Cour

LA COP21 – CONTRIBUTIONS DES PAYS ET DE MADAGASCAR.

nature

« Nature » (jpra)


 

                    LA COP21 – CONTRIBUTION DES PAYS ET DE MADAGASCAR

La 21ème Conférence des Parties de la Convention-Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques (COP21/CMP11), qui s’était tenue à Paris en décembre 2015 avait été bien productive pour l’avenir de l’Humanité…

Mais devons-nous déjà déchanter ?

RETOUR SUR UNE NEGOCIATION CRUCIALE – LE CADRE GENERAL

L’objectif majeur était de limiter le réchauffement climatique à 2°c d’ici 2050. Cent quatre vingt-quinze pays étaient invités à cette Conférence cruciale pour l’avenir de l’humanité puisque les signes tangibles et terribles des effets du réchauffement climatique sur la pérennité même de la planète Terre, dus au seul fait de l’Homme, continuent de sauter aux yeux.

Rappelons que chaque pays participant à la Conférence devait publier une contribution présentant son plan d’action à l’échelle nationale.

A moins de trois mois de ladite Conférence, il a fallu aux organisateurs appeler à la haute responsabilité des pays pour les amener à prendre des engagements fermes ?

Pour la cause de l’Humanité tout entière, chaque pays, surtout ceux qui sont parmi les plus pollueurs, n’avait-t-il pas intérêt à clamer fort l’impact ou l’ « originalité » de sa contribution ? Mais, une fois n’était pas coutume, seuls les Etats-Unis, forts du « Clean Power Plan » annoncé et présenté par le Président Obama lui-même plus de trois mois avant la tenue de la COP21, marquèrent les esprits.

Il s’agissait de réduire de 32% d’ici à 2050 ( !) les gaz à effet de serre dans la production de l’électricité.

Quant à la France, pays organisateur et hôte de la Conférence, elle se targuait à juste titre, car elle se devait de se présenter en précurseur, d’avoir adopté une « loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte ».

Mais quid des autres pays majeurs ?

Dés lors, il n’était pas étonnant que l’Union Européenne, par la voix de son Président du Conseil, ait manifesté son inquiétude quant à la lenteur des négociations préalables à la Conférence de Paris, lesquelles s’étaient tenues à Bonn en Allemagne.

Car, décidément trop à cheval sur leurs propres intérêts économiques, les pays les plus pollueurs s’arc-boutaient et ne voulaient rien lâcher tant que le concurrent d’à-côté ne lâchait pas prise…et à ce rythme l’échec de la COP21 était en effet à craindre.

automne 4

« Feuillage » (jpra)


 

Or, les cris d’alarme venant des régions et des peuples des pays dits « en développement » ou les « moins avancés » se multipliaient.

Ici, ce sont des îles entières ou des côtes surpeuplées qui étaient – et sont – en voie de disparition ; là, la destruction de forêts ou la pollution des eaux et des écosystèmes dues à la suractivité d’industries, notamment extractives ou autres, se multipliaient – et se multiplient – avec leur train de désastres écologiques et humains…

Parmi ces pays, on avait salué l’initiative courageuse du Burkina-Faso qui, non seulement avait tôt annoncé vouloir prendre une part active à la Conférence de Paris, mais également pour y présenter son propre plan d’action.

ET MADAGASCAR ?

La quatrième plus grande Ile du monde, riche de sa biodiversité unique au monde, avec un taux d’endémisme proche de 80%, voit sa propre nature bafouée, violée et saccagée, certes de par les pratiques générées par la misère, mais aussi parce que les activités prédatrices de certaines industries polluantes et les effets du réchauffement climatiques continuent d’aggraver la destruction progressive des écosystèmes.

Au-delà de ces considérations proprement écologiques, mais aussi parce c’est la préservation de la terre nourricière qui est en cause par voie de conséquence, il s’agissait donc pour Madagascar d’adopter un vaste plan de sécurisation, de protection et de régénérescence des ressources naturelles.

améthyste, bananes et orange

« Générosité de la nature malgache » (jpra)


 

Des dispositifs légaux et règlementaires existent, dont l’esprit est d’assurer une gestion locale, visant à sécuriser les ressources naturelles renouvelables.

Non seulement l’économie générale d’un tel dispositif légal est originale, ce qui mérite qu’elle soit rendue effective, efficace et inclusive, mais il y avait là matière à généralisation sur toute l’étendue du territoire malgache.

De fait, il s’agit – il doit s’agir – d’amener les autorités locales, au niveau des Fokonolona et des Fokontany (niveau de base des collectivités locales malgaches), en particulier en milieu rural, à prendre en charge en connaissance de cause, dans la solidarité active et en pleine responsabilité collective, la gestion, la police, la protection et la promotion de leurs patrimoines naturel, historique et traditionnel.

Cette prise en charge peut être assurée en particulier au moyen de « dina » (règles coutumières ou traditionnelles adoptées au sein de la communauté, dont la force exécutoire est assurée par le jeu de soumission consentie, et éventuellement formalisée, soit par le conseil municipal, soit par voie règlementaire supérieure).

Mais, il est possible également – à moins qu’il soit envisagé de le concevoir de façon parallèle – que pour renforcer l’harmonisation règlementaire dans une région donnée, et dépasser ainsi le seul niveau local du Fokonolona et du Fokontany, de mettre en œuvre la formule contractuelle plaçant dans un véritable partenariat l’Etat central et les collectivités locales au niveau requis selon les types d’objectifs à atteindre.

Cette dernière formule, innovante en soi et qui encourage l’esprit d’initiative de part et d’autre, permet de diversifier et de planifier au niveau national, avec leurs déclinaisons et adaptations aux niveaux des différents types de collectivités locales, une politique environnementale ciblée de protection et de valorisation des ressources naturelles renouvelables et, d’une façon générale, en l’occurrence et pour rester dans le cadre de la Cop21, de lutter efficacement et durablement contre les gaz à effets de serre.

C’est là l’originalité et l’impact attendus à défendre et à promouvoir par Madagascar en présentant ce système au même titre que son propre plan d’action dans le cadre de la 21ème Conférence des Parties de la Convention-Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques.

Mais, tout cela nécessite un financement, notamment international, à la mesure de cette ambition plus que légitime, que les hauts dirigeants malgaches, à notre avis, se devaient de défendre à la Conférence de Paris en décembre 2015.

Par conséquent, il convenait de chiffrer ce plan d’action et de prévoir une loi de programmation adéquate.

On sait que Madagascar était représentée au plus haut niveau puisque c’est le Président de la République lui-même qui était présent à la COP21 avec son ministre de l’Environnement.

On sait également que Madagascar venait de déposer fin septembre 2015 (trois mois avant la tenue e la Conférence) au secrétariat de la COP21 son plan d’action nationale.

LE PLAN D’ACTION DE MADAGASCAR DANS LE CADRE DE LA COP21

C’est un plan ambitieux, global et bien conforme au caractère de biodiversité que nous soulignions ci-dessus.

On reproduit ci-après in extenso le document officiel (cliquer sur le lien ci-dessous : « Madagascar INDC ») tel que communiqué par le gouvernement malgache au secrétariat de la COP21.

Jean-Pierre Razafy-Andriamihaingo

Madagascar INDC

———————————————–
Reproduction, même partielle, interdite des textes et illustrations
———————————————–