DYNASTIES ROYALES ET PRINCIERES DE MADAGASCAR

                                 DYNASTIES ROYALES ET PRINCIERES DE MADAGASCAR

couronne de ranavalona III

Couronne de la Reine Ranavalona III, surmontée de l’aigle royal (Voromahery) et des sept pointes de sagaies (symbolisant les sept maisons royales et princières à l’origine de la royauté), autrefois exposée au Musée du Rova d’Antananarivo avant son incendie de novembre 1995. Photographie tirée de l’ouvrage « Colline sacrée des souverains de Madagascar, le Rova d’Antananarivo » de Suzanne Razafy-Andriamihaingo, L’Harmattan, 1989. Archives personnelles – Reproduction interdite – Voir Nota à la fin de cet article –


Les dynasties royales et princières de Madagascar.

Voilà un sujet qui taraude bien des Malagasy.

Et, non sans raison.

Car, un réel flou l’entoure ; or, en ces temps de recherches identitaires partout où l’on se trouve et se tourne, qui dans le secret de ses interrogations intimes ou dans des débats souvent sans fin, ne désire pas connaître avec exactitude ses racines ou ses références historiques personnelles ?

Mais bien plus que cela, les preuves que l’Histoire récente de Madagascar a la malice de nous offrir avec son cortège de décadences répétées qui privent de multiples générations d’espérance depuis la fin des années soixante nous convainquent définitivement qu’il est temps que ce pays et son peuple renouent résolument avec ses racines monarchiques.

Mais, les vraies.

Celles, authentiques et originelles, qu’il importe de rappeler et de retenir pour ne plus se fourvoyer dans de vaines considérations.

Les voici:

En peu de mots mais généalogie à l’appui, les réponses souhaitées et souhaitables sont là, au moyen de l’examen du document que nous avions établi en l’an 2000, symboliquement aux portes du XXIème siècle, pour bien marquer qu’à partir du XIIIème siècle, où tout a commencé, les lignées se succèdent du haut des neuf siècles considérés dans un déroulé visible et dialectique.

Chacune et chacun s’y retrouveront (y compris pour notre part…) en y voyant clair, espérons-nous ; et nos amis étrangers comme le plus grand nombre y trouveront quelques références pour mieux situer les différentes étapes historiques de Madagascar (à cet égard : voir sur ce même blog, la série d’articles intitulée « Réformateurs et modernisateurs de Madagascar », de la 1ère à la 10ème parties – cliquer sur « archives d’octobre 2013 » – ).

                                                                              – * –

                                                ARBRE GENEALOGIQUE DE REFERENCE

Dynastires royales malgaches

Dynastires royales malg.légende.jpg

      Ci-dessus : légende de l’arbre généalogique précédent. (Reproduction interdite © jpra)

                                                                  SYNTHETISONS :

Cette synthèse est indispensable, ce en dépit de la relative complexité des règles de la succession au trône à Madagascar (sur le sujet, voir notre article « La succession au trône de Madagascar » sur ce même blog, daté du 4 octobre 2015).

Tout donc a commencé à la fin du XIIIème siècle avec Andrianamboniravina (petit-fils du roi mythique Andrianerinerina).

Il fut la première source dynastique royale qui, après les rois légendaires et mythiques des origines, donna naissance aux deux branches issues de ses deux fils :

. Andriampandrana, d’où se forme une lignée aboutissant aux reines Rafohy et Rangita (en bleu foncé sur l’arbre généalogique) ;

. Andriandranorana, d’où se forme une lignée aboutissant au roi Andriamamilazabe et au prince Andriandranando (en vert foncé sur l’arbre généalogique).

A partir du XVème siècle, une alliance matrimoniale de ces deux branches dynastiques va, par la suite, donner à l’Imerina, la région centrale qui va être au cœur de la formation du futur royaume de Madagascar, ses souverains bâtisseurs, ceux qui vont forger dans la durée et le marbre ce royaume en devenir.

Cette épopée durera jusqu’au roi Andriantsimitoviaminandriana au XVIIIème siècle.

Ensuite, une autre branche dynastique collatérale va naître.

Elle est issue du prince Andrianambonimerina et de la princesse Rangorinimerina, cette dernière étant la tante du roi Andriantsimitoviaminandriana (en rouge sur l’arbre généalogique).

Car, avant de mourir ce roi avait choisi, de préférence à son propre fils,  le fils de cette princesse pour lui succéder.

Or, le prince Rafondrazaka, fils de Andriantsimitoviaminandriana, était en position légitime pour hériter du trône (en bleu-vert-orange sur l’arbre généalogique).

Puis, les étapes suivantes voient se succéder, de sous branche en sous branche, des souverains aux noms plus familiers, ce jusqu’à la reine Ranavalona III, à la fin du XIXème siècle.

En sont ainsi issus les rois et reines allant de Andriambelomasina à Ranavalona III en passant par Andrianampoinimerina, Radama 1er, Ranavalona 1ère et autres.

Pour leur part, – et cette donnée fondamentale mais peu connue, ou volontairement tue,  est à relever – la dynastie Andriamamilazabe et, surtout, celle issue de Andriandranando, vont former ou renforcer les branches royales et princières des pays tels que le Sakalava du Menabe et du Boina (en vert-violet et bleu-vert sur l’arbre généalogique) , et le pays Betsileo du nord (en vert-bleu clair sur l’arbre généalogique).

Ce qui fait de la dynastie Andriandranando un fort élément fédérateur des traditions royales et princières malagasy sur une large partie du territoire de Madagascar.

Mais, de façon plus large, et pour reprendre une assignation historique du Roi Ralambo (1575-1610) à ses successeurs (que le rappelle le « Tantaran’Ny Andriana » – La geste des souverains de Madagascar – ), de vérité historique les souverains de Madagascar doivent s’abreuver à la source des Trois Frères Nobles que sont les Andrianteloray*, c’est à dire les Andriantompokoindrindra, les Andrianamboninolona et les Andriandranando, tout spécialement en y prenant épouses, car disait le roi Ralambo, il convient d’assurer, de façon certaine et authentique, la continuité dynastique à travers et grâce aux femmes.

C’est donc à la lumière de ce qui précède qu’il convient, non seulement d’appréhender mais, surtout, de rechercher les éléments référentiels à une bonne approche de la question dynastique royale à Madagascar.

Ce, pour le présent et pour l’avenir de ce pays dont le peuple est en train de perdre dangereusement son âme, notamment parce qu’il a une fâcheuse tendance à oublier, ou tout simplement, à ignorer les racines et les sources premières de son passé pour ne se référer, par facilité et de façon erronée, qu’aux apparences du moment.

Car, nul doute que la monarchie malgache qui un jour, à n’en pas douter, devra renaître de ses cendres pour offrir à Madagascar un nouveau destin, aura à rechercher ses fondements à ces sources et racines premières – le tronc de l’arbre – , et non à en retrouver vainement ses traces parmi les entremêlements des branches les plus récentes, lesquelles s’étaient, à partir du début du XIXème siècle, diluées dans les méandres des manoeuvres politiques de captation du pouvoir de l’époque, initiées et entretenues par les clans roturiers omnipotents.

Il est donc tout aussi erroné que faussé de rechercher dans l’entremêlement si complexe de ces branches les plus récentes les sources référentielles indispensables à un besoin d’authenticité pour re-fonder la monarchie à Madagascar.

Or également, à force d’entremêlements récents de ces branches dynastiques récentes, et à force de manoeuvres politiques à l’origine de leur naissance et qui ne firent qu’alimenter les méandres, l’on s’y perd pour reconnaître parmi les descendants actuels des souverains les plus récents qui détient réellement quelque légitimité pour reprendre le flambeau royal.

De sorte qu’un retour aux sources premières décrites plus haut est plus qu’indispensable, et au demeurant historiquement fondé, afin de retrouver avec certitude les sources-mêmes de cette légitimité.

                                                                  Jean-Pierre Razafy-Andriamihaingo

Nota : cliquez sur l’arbre généalogie à l’endroit souhaité pour agrandissement à l’aide du curseur.

* Bientôt sur ce blog j’écrirai sur l’histoire des Andrianteloray, à laquelle mon arrière-grand-père, Pierre Razafimbelo, avait consacré un ouvrage qui fait référence.


Reproduction, même partielle, interdite des textes et illustrations


Nota : je regrette vivement que, malgré la mention ci-dessus, sur Facebook certains – et plus grave encore, auxquels s’ajoute un « spécialiste » en matière d’Art dans un article sur les rocambolesques rebondissements autour de la « restitution » de la couronne de la reine Ranavalona III – aient reproduit la photographie de la couronne royale produite en tête du présent article, ce sans prendre la peine d’en mentionner l’origine (de fait, cette photographie avait été prise en 1958 par ma soeur Laurence Razafy-Andriamihaingo et fait, de façon exclusive, partie des archives de notre famille). Une telle pratique de captation dénote chez les fauteurs un état d’esprit déplorable et répréhensible…

ACTE PROFANATEUR CONTRE LA TOMBE DU GENERAL DE GAULLE A COLOMBEY

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« Paravent façon japonaise 3 » (JPRA)


On apprend que cet après-midi de ce 27 mai 2017, en cette Journée nationale de la Résistance, la tombe du Général De Gaulle avait été profanée.

Un acte odieux dont on ne connaît pas encore l’auteur ou les auteurs.

Un tel acte profanateur n’est malheureusement pas le premier s’agissant du Général De Gaulle.

En effet, en janvier de l’année 2016 des énergumènes sans foi ni loi s’en étaient pris à la statue du Général de Gaulle et de son épouse à Calais.

L’année dernière comme cette année, ces criminels sans nom s’avilissent et se condamnent  eux-mêmes, bien sûr, mais posons les questions :

. comment peut-on oser insulter à ce point le Libérateur de la France, celui qui l’a relevée si dignement au pire moment de son histoire face à l’horreur nazie ?

. comment peut-on fouler ainsi aux pieds les enseignements de celui qui incarnait au plus haut niveau de l’Etat – et continue d’incarner par ses enseignements – , sur cette terre de France et ailleurs, la permanence des valeurs républicaines et démocratiques ?

. comment peut-on oser insulter la mémoire de cet homme vêtu de probité si rare et exemplaire ?

Je m’étais associé tout naturellement, comme membre de la Convention de la Fondation Charles de Gaulle, aux termes du communiqué qu’avait publié notre Président le 25 janvier 2016 à la suite de la profanation de la statue du Général à calais, et que j’avais reproduit ci-dessous en son temps (cliquez sur le lien: « CP_Calais 25 janvier 2016).

CP_Calais 25 janv 2016

Nul doute que cette fois-ci encore, en réaction indignée à la profanation de la tombe du Général à Colombey-les-Deux-Eglises, le Président de la Fondation Charles De Gaulle réagira tout aussi promptement, et d’avance je m’associe à toute initiative qu’il prendra.

La vive émotion me saisit, de même que le dégoût que je ressens devant cette ignominie,  sont ma première réaction.

Tant les Français que l’ensemble des Républicains et des Démocrates du monde entier ressentent, c’est sûr, les mêmes sentiments.

La réflexion me vient spontanément quant à l’état de nos sociétés qui par leurs trop répandus manquements produisent si facilement les fétides exhalations de la pourriture et de la souillure.

Je le dis avec d’autant plus de ressentiment profondément ressenti que ma famille elle-même en fut victime en 2006 sur notre tombeau sis sur la colline sacrée de Ambohipotsy-Manankasina, l’une des sources dynastiques de la royauté malgache. A cette époque un sourd complot politique d’une scélérate inspiration contre ma probité et ma francophilie était à l’oeuvre pour essayer de nous détruire, ma famille et moi. Et, la singulière apathie des autorités de l’époque en disait long sur leurs intentions…(cf. « Les sites sacrés de Ambohibe-Manakasina-Ambohibe » 1ère et 2ème parties, articles datés respectivement du 28 et 30 décembre 2013, sur ce même site).

Les mânes de mes ancêtres et de mes parents qui reposent là auront châtié les commanditaires et les auteurs à la mesure des saloperies de ces derniers…

Jean-Pierre Razafy-Andriamihaingo

Membre de la Convention de la Fondation Charles De Gaulle

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LA VIE APRES LES COP SUR LA LUTTE CONTRE LE RECHAUFFEMENT DE LA PLANETE TERRE

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« Paravent façon japonaise » (JPRA)


                                                            LA VIE APRES LA COP21 ET SES SUITES…

Les 195 pays membres de l’ONU auxquels s’ajoutent ceux membres de l’Union Européenne ont décidé de se réunir régulièrement en une Conférence des Parties (Conférence of the Parties = COP) pour lutter ensemble contre le réchauffement climatique sur Terre.

Après la grand’messe de la COP21 qui s’était tenue à Paris en décembre 2015 et l’Accord qui fut conclu à la satisfaction générale, le retour à la réalité réserve bien des désillusions.

Car, en dépit des avancées enregistrées (voir sur ce même blog notre article sur les « Dispositions pertinentes de l’accord universel sur la lutte contre le réchauffement de la planète Terre », daté du 12 décembre 2015), beaucoup de questionnements, de problèmes non solutionnés, de flous volontaires et de risques non maîtrisés jalonnent encore nos chemins avant d’espérer avec raison.

La vie après la COP21 reste donc semée d’embûches. De COP en COP – nous en sommes à la 27ème édition qui se déroulera à Charm El Cheikh, en Egypte, en octobre-novembre 2022 – , et au-delà des objectifs recherchés se pose toujours et encore la question aussi essentielle que fondamentale : sommes-nous prêts à assumer nos erreurs pour être prêts à inventer une autre société ?

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« Fleurs épanouies » (JPRA)


DES OBJECTIFS REALISTES ?

Quand on se souvient qu’avant la tenue de la COP21 les Etats-Unis prévenaient urbi et orbi, par la voix de son Secrétaire d’Etat, qui est le second personnage de l’Etat qui demeure le plus puissant du monde, qu’ils refuseraient tout accord à caractère contraignant, le ton était donné.

Que dire alors de la volonté qu’avait affichée l’administration américaine de Donald Trump, le champion toutes catégories des « climatosceptiques » dans ce bas monde ?

Certes, l’unanimité des participants louait le caractère « contraignant » de l’accord final atteint.

Mais, ainsi que nous le démontrions dans notre article précité (« Dispositions pertinentes de l’accord universel sur la lutte contre le réchauffement de la planète Terre », http://www.labodiplo.wordpress.com, daté du 12 décembre 2015), on ne saurait considérer que tel est le cas.

Au-delà de cette question de forme, qui a son importance dans ce sens où ici plus qu’ailleurs le fond rejoint la forme et vice versa, les questions de fond qui posent problème sont nombreuses.

La Chine et les Etats-Unis, qui sont les plus gros pollueurs actuels au monde (près de la moitié des émissions de gaz à effet de serre), continueront à consommer autant de charbon qu’ils n’en consomment actuellement, à moins d’un revirement spectaculaire de leur politique énergétique.

De fait, ce n’est qu’à l’horizon 2030 qu’ils escomptent cesser d’augmenter ces émissions…

Et, ils ne sont pas les seuls puisque l’Europe vient en troisième position avec environ 10% d’émission, et si l’on considère que les autres « grands » comme la Russie, le Japon, l’Inde ou le Brésil ne souhaitent évidemment pas être en reste afin de demeurer dans la compétition économique, on mesure le long, très long chemin à parcourir avant d’enregistrer une diminution significative de ces émissions de gaz à effet de serre.

Et, quant aux pays émergents, à l’exemple de l’Australie ou de l’Afrique, où d’énormes réserves de charbon sont exploitées avec grand rendement, ou sont à peine découvertes pour être exploitées avec profit, pas question évidemment d’y renoncer, même à terme…

Le charbon, dont le prix de revient est des plus attractifs, n’est évidemment pas la seule source énergétique en cause.

En effet, viennent en seconde et troisième position sur ce podium pollueur le pétrole et le gaz, c’est-à-dire des sources d’énergie qui, actuellement d’ailleurs, attirent plus particulièrement par leur bas prix.

Dans le lot la France, du coup, se singularise avantageusement avec l’adoption de sa loi sur la transition énergétique, et assurément il s’agit là d’un modèle à suivre afin que le slogan « Un monde bas carbone » dont tout un chacun veut se prévaloir, y compris les grandes entreprises, corresponde à une réalité ou à un avenir palpable.

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« Fleurs épanouies 2 » (JPRA)


LA QUESTION DE FOND : VERS UN MONDE NOUVEAU ?

Ce « Monde bas carbone » apparaît d’autant plus lointain à défaut de volonté drastique, que le fameux Accord de Paris à l’issue de la COP21 et les décisions subséquentes adoptées à l’issue des COP suivantes – on verra bien ce qui sera décidé à l’issue de la COP27 de novembre 2022 – évitent soigneusement d’évoquer un certain nombre de questions de fond.

Parmi celles-ci, celle de la délocalisation. Devrions-nous dire : de la délocalisation des émissions de gaz à effet de serre.

Certes, les pays précités, spécialement la Chine ou l’Inde, polluent à tour de bras.

Mais, c’est aussi parce qu’ils sont les ateliers du monde, dans ce sens où les bas coûts de fabrication qu’ils offrent attirent les délocalisations des industries des Etats-Unis et d’Europe vers eux.

Et ce phénomène de la délocalisation quasi systématique concerne d’ailleurs tous les pays émergents, de sorte que si, au minimum et de façon contraignante, la transition énergétique n’est pas érigée en un système généralisé à travers le monde, il est illusoire de miser sur des réductions significatives d’émission de gaz à effet de serre.

En second lieu, il est autant significatif que révélateur que l’Accord de Paris de décembre 2015 et les COP suivantes continuent de faire silence sur les compagnies aériennes et maritimes, grosses émettrices de gaz à effet de serre.

On comprend bien que certains pays – au nombre desquels figure Singapour – ont tout fait pour cela…

De la même façon, les pays membres de l’OPEP ont réussi à faire en sorte que les extractions de pétrole, et plus généralement l’extraction des énergies fossiles, ne soient pas montrées trop ostensiblement du doigt…

Dans le lot, certains osent avancer que l’énergie nucléaire, une « énergie propre », fait figure de « solution »…

Peut-être ignorent-ils certains accidents gravissimes qui ont déjà eut lieu et qui peuvent survenir encore … ! (voir sur ce même blog l’article « Haro sur les catastrophes écologiques d’origine humaine », daté du 11 mars 2014).

Autre question cruciale: les conséquences dramatiques concernant l’eau d’une façon générale.

D’un côté, la fonte des glaces aux deux pôles au nord et au sud de la planète Terre fait monter le niveau des mers et tend à dérégler tout un écosystème dont dépend l’équilibre même de la vie à l’échelle planétaire, ce sans compter que des régions côtières et des îles entières risquent de disparaître à terme ; d’un autre côté, la faune et la flore marines et sous-marines, déjà menacées, risquent de ne plus pouvoir se régénérer…; en troisième lieu, sur terre la sécheresse galopante continue d’assécher les cours d’eau et attiser les feux de forêt; etc……etc…

CHANGER DE VIE ?…

Ceci étant, la liste est loin d’être complète, car le dérèglement climatique a pour cause fondamentale l’activité humaine elle-même telle qu’elle a été conçue et pratiquée depuis des millénaires, non pas qu’il faille ne plus vivre pour y remédier… ! Mais, qu’il convient de modifier significativement notre mode de vie et de consommation.

Considérons et admettons que, par exemple, la forme industrielle de notre agriculture – l’agro-industrie – ou de nos techniques de pêche contribue pour une part importante dans ces émissions de gaz à effet de serre, et que même nos (très) mauvaises habitudes de tout emballer avec du plastique que l’on jette partout sans retenue, tout cela génère autant de pollution qui contribue au réchauffement climatique, ainsi que la science le démontre.

Cette pollution se propage aussi bien sur terre qu’en mer, sachant qu’à ce dernier titre des zones entières de nos océans et mers sont polluées de sacs, produits et bouteilles plastiques, empoisonnant flore et faunes marines et sous-marines…, de sorte que certains poissons et fruits de mer sont d’ores et déjà dangereux à la consommation… !

Une autre question mérite d’être traitée avec adéquation : celle de l’accaparement de terres, un phénomène qui certes ne date pas d’aujourd’hui, mais qui contribue de façon catastrophique à l’émergence de pollution insoutenable, non seulement en termes d’émission de gaz à effet de serre puisqu’elle est le fait de grand prédateurs énergétiques utilisant des techniques d’exploitation hautement toxiques (cf. exploitations de minerais et de puits de pétrole ou de gaz), mais aussi et surtout en termes de condition humaine sur les terres considérées (voir sur le sujet notre article sur ce même blog : « La lancinante question de la sécurité foncière », daté du 16 avril 2014).

« Le monde nouveau », c’est sous ce titre que sur ce même blog le 13 mai 2014 (cliquez sur : « archives mai 2014 ») nous attirions l’attention sur la nécessité, non seulement de réfléchir, mais surtout d’agir pour construire sans délai un système plus adapté à la condition humaine d‘aujourd’hui et de demain.

Il s’agit, en effet, de s’ouvrir des perspectives nouvelles en allant au fond des choses et des problèmes, de se convaincre dès maintenant du lien indissociable entre développement durable et démocratie – ce qui se vérifie de plus en plus d’ailleurs, et c’est tant mieux – , de définir et mettre en œuvre les implications pratiques que tout ceci commande, et de considérer avec certitude que le développement durable et la libre-entreprise (conçue sous un autre prisme que celui de la rentabilité financière à tout prix) forment un même combat.

De la sorte, une nouvelle culture formera le socle d’une nouvelle société à laquelle, c’est sûr, tout le monde aspire.

Or, jusqu’ici il n’a été question que de « gérer » au mieux par compromis successifs entre les groupes de pays les mesures prises lors de la COP21 en 2015. Avec, certes, des progrès à souligner à l’issue de la dernière COP26 de Glasgow au Royaume-Uni en novembre 2021 (cf. concernant les résultats enregistrés : un.org/fr/climatechange/cop26).

Mais quid des questions fondamentales que nous relevons ci-dessus ? Ira-t-on enfin dans cette direction à la COP27 de Charm El Cheikh en novembre 2022 ?

C’est loin d’être certain. Car, d’avance, il est « seulement » prioritairement question – surtout pour les pays en développement, majoritaire en nombre – d’améliorer la visibilité des engagements des « pays riches » en matière de financement des énergies propres.

On avance…mais à tout petits pas successifs…Or, le réchauffement climatique, lui, est bien installé avec plus de vigueur et d’intensité…!

Jean-Pierre Razafy-Andriamihaingo

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VICTOIRE RASOAMANARIVO, NOTRE SAINTE NATIONALE – 3ème partie – SES ACTES HEROÏQUES

Fleurs épanouies 17

« Fleurs épanouies » – Gouache sur papier doré – JPRA – Reproduction interdite –


                                  VICTOIRE RASOAMANARIVO, NOTRE SAINTE NATIONALE

                                                                            – 3ème partie –

                                                                  SES ACTES HEROÏQUES.

Voici la dernière partie de notre série d’articles sur notre Sainte nationale, faisant suite à la 1ère partie, datée du 23 juillet 2015, et à la 2ème datée du 2 août 2015.

A ce stade de sa vie où les persécutions allaient croissant, Victoire Rasoamananarivo redoublait de courage pour la défense de ses coreligionnaires dont le nombre atteignait déjà les quelque 80.000 catholiques à travers Madagascar, baptisés ou pas, mais le plus grand nombre résidait autour d’Antananarivo et de Fianarantsoa.

A quelques exceptions notoires, à identifier parmi certains aides de camp de hauts personnages de la cour ou de Radolifera, propre fils du Premier ministre Ranilaiarivony, ces catholiques malagasy étaient de modestes personnes sans influence particulière ni de rang significatif dans la société civile ou militaire.

Dès lors, ces fidèles du Christ ne pouvaient résister efficacement à l’acharnement qui s’était abattu sur eux, et cette situation de précarité allait s’aggravant suite à l’absence forcée de prêtres et de sœurs de la Mission, qui avaient de toute façon à peine vingt ans d’existence.

La vérité historique oblige à dire qu’aucune instruction formelle n’était donnée pour pourchasser les catholiques, mais nul doute que la persécution était orchestrée en haut lieu.

Cependant, Victoire s’en tenant aux formes, et pour conjurer la crainte de ses coreligionnaires, démentait sans relâche que le gouvernement eût interdit la prière catholique, comme l’affirmaient les protestants.

Pour elle, la Reine et le Premier ministre laissaient, au contraire, toute liberté de culte…

Seule Victoire pouvait ainsi organiser la résistance pacifique sans concession. Le 30 mai 1883, au moment de partir avec les autres missionnaires, le Père Caussèque dit à victoire en larmes : « Victoire, lorsque notre Seigneur monta au ciel, Marie, sa Mère, resta sur la terre pour encourager et soutenir les apôtres et les premiers chrétiens : ainsi, durant l’absence des missionnaires, vous devez être ici l’ange gardien de la Mission catholique et le soutien des fidèles ».

Victoire répondit : « Père, je ferai ce que je pourrai ».

Elle fit beaucoup et bien au-delà.

Elle volait au secours des religieux mis en difficulté et, pour certains, pourchassés jusqu’à la mort sur la route de l’exil, par les troupes de certains pasteurs ou de gouverneurs zélés.

Puis, elle maintint le contact avec les religieux relégués à la périphérie de Madagascar et organisa la permanence de la catholicité à Madagascar, ce en dépit des interdictions de culte imposées par des zélateurs de l’Etat.

A cet effet, des gardes étaient placés à l’entrée des églises sous prétexte qu’il fallait garder les biens des Français obligés de quitter Madagascar ; et ils avaient pour ordre d’enregistrer les noms de tous ceux qui voulaient entrer dans ces églises ou de s’en approcher.

C’est à l’occasion de l’une de ces interdictions que, devant l’insistance de Victoire, les gardes ne purent que lui ouvrir les portes de l’église, et la protectrice de l’Eglise catholique fut ainsi bientôt suivie d’une foule de fidèles.

Victoire organisa méthodiquement la permanence de l’Eglise avec l’Union Catholique.

Elle disait :

. « Organisons parfaitement les quatre églises de la capitale, afin qu’elles inspirent confiance aux autres et servent de modèles. Puis, nous irons porter secours à celles des campagnes ».

Les églises reprirent très vite leurs activités avec la nouvelle ferveur d’une foule revigorée : prières, cantiques, récitations du catéchisme, chants de messe, prédications. Tout cela sans prêtre.

Puis, Victoire organisa avec les chefs des catholiques et les instituteurs la reprise en main des églises provinciales gravement menacées par les protestants locaux et dont les fidèles subissaient quotidiennement les violences des représentants de la reine :

. elle y envoya ses aides de camp propager des paroles de confiance avant d’y aller elle-même ;

. elle n’hésita pas, à l’occasion, à défendre la cause des catholiques auprès des juges devant lesquels comparaissaient des maîtres d’écoles protestantes.

La paix retrouvée en 1886 avec la France vit le retour à Madagascar des missionnaires.

Monseigneur Cazet devint le premier évêque de Madagascar après avoir été préfet apostolique.

Quelle ne fut pas la joie de Victoire !

Après des années de lutte amplement récompensée, la voici revenue à l’observation du règlement de vie qu’elle s’était imposée quand elle avait vingt ans, accompagnée de l’admiration de tous, catholiques, mais désormais aussi de certains protestants unis aux autres dans une même conscience d’appartenance à la chrétienté.

Victoire put se consacrer davantage au sort des lépreux et des plus nécessiteux, parmi lesquels les condamnés aux fers autrement abandonnés à l’oubli et à la détresse.

Elle fréquentait moins le Rova d’Antananarivo et abandonnait peu à peu ses vêtements précieux.

Se faisant également de plus en plus modeste et discrète, elle intensifiait la prière et la méditation pour se rendre plus attentive aux impulsions de la grâce. Elle jeûnait et passait des heures entières à genoux. Sa santé en pâtit.

Victoire mourut le 21 août 1894 son chapelet à la main en répétant trois fois :

. « Mère, mère, mère ».

Elle aimait assurément sa mère, mais ces invocations n’étaient-elles pas aussi, et surtout, destinées à la Mère Marie ?

La foule, catholique, protestante, païenne, de la capitale et des provinces, afflua à la maison de la défunte pour lui rendre un dernier hommage.

Une grande messe fut célébrée à la cathédrale d’Andohalo le 24 août, tandis que, sur la décision de Rainilairativony le Premier ministre et oncle de Victoire, l’enterrement eut lieu le lendemain dans le tombeau familial d’Isotry et non point au cimetière catholique d’Ambohipo, comme la défunte en avait manifesté le désir de son vivant.

La mise au tombeau fut précédée d’une immense procession entre la maison mortuaire et la cathédrale.

La Reine Ranavalona III et le Premier ministre Rainilaiarivony parurent à la balustrade du palais Manjakamiadana du Rova d’Antananarivo pour saluer les restes de Victoire et lui rendre un dernier hommage.

Mais déjà la deuxième guerre franco-malagasy se profilait.

Et à nouveau les missionnaires catholiques, à la tête desquels se trouvait Monseigneur Cazet, reçurent l’ordre de quitter Antananarivo.

Cependant, grâce aux accomplissements de Victoire nul ne songea plus à réitérer les persécutions passées et, en tout état de cause, l’Eglise catholique malagasy, mûrie par les épreuves passées et étant solidement ancrée grâce à l’action constante de Victoire et des fidèles qu’elle ne cessait pas d’encourager, de soutenir et de défendre, avait acquis droit de cité.

Telle fut la grande Victoire, notre Sainte nationale !

Jean-Pierre Razafy-Andriamihaingo

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