DISCOURS FONDATEUR DU GENERAL DE GAULLE A MAHAMASINA LE 22 AOUT 1958

De Gaulle à Mada 22.8.58 – Reproduction interdite –

Le général De Gaulle et le président Tsiranana arrivent à Mahamasina à Antananarivo pour y prononcer leur discours respectif.


DISCOURS FONDATEUR DU GENERAL DE GAULLE A MAHAMASINA DANS L’APRES-MIDI DU 22 AOUT 1958

Un moment fort et solennel dans le parcours vers la restauration de l’Indépendance de Madagascar après la royauté et la colonisation.

Le général prend la parole après le discours de Philibert Tsiranana, nouvellement devenu Président du Conseil du Gouvernement de Madagascar le 26 juillet 1958.

Toute la haute considération dans laquelle il tient Madagascar et les Malgaches s’exprime à travers chacun de ses mots, de même qu’il salue à sa juste valeur historique le nouveau destin d’une nation qui reprend son envol pour une Indépendance retrouvée et promise au meilleur projet à condition que les hommes et les femmes qu’elle se choisira sachent s’y attacher.

Cet envol, dépassant le cadre de la  «Loi Deferre » du 23 juin 1956 d’autonomie interne, doit se faire en deux étapes :

. tout d’abord la très prochaine proclamation de la République Malgache le 14 octobre 1958, avec son intégration au sein de la Communauté française ;

. ensuite, la pleine souveraineté internationale dix-huit mois après en juin 1960.

                                                                                *

En ce 22 août 1958, écoutons le général De Gaulle du haut de sa stature et devant une foule immense à Mahamasina, lieu sacré des proclamations solennelles depuis l’époque de la royauté malgache :

« Quelle réunion magnifique, dans un site admirable, à un moment exceptionnel ! Personne, plus que moi, veuillez le croire, n’en ressent l’impression 

Je salue d’abord les paroles émouvantes et éloquentes que vient de prononcer, pour m’exprimer le salut des populations, le Président du Conseil de Gouvernement de Madagascar. A mon tour, je salue Madagascar, je salue ce noble pays qui est lui-même, qui a son caractère et ses mœurs, qui doit avoir ses institutions.

Je salue Madagascar, terre en plein essor, remplie de ressources qu’à juste titre les hommes d’ici veulent faire jaillir et développer. Madagascar, terre avancée dans cet Océan indien qui est le chemin de l’Asie vers l’Afrique, ce qui fait que votre Ile est en permanence, et aujourd’hui surtout, exposée, et peut, d’un jour à l’autre, se trouver gravement menacée. 

En même temps, je salue la France, la France qui a fait tant et tant ici, ses administrateurs, ses soldats et ceux de ses enfants qui sont des hommes d’initiative, de courage et de valeur. C’est parce que la France est fière de ce qu’elle a accompli avec le peuple malgache qu’elle veut continuer à l’aider dans les voies nouvelles qui vont s’ouvrir. 

J’ai parlé des voies nouvelles. Tout le monde sait que nous sommes dans un moment de grand changement à tous égards, et où la France et les Territoires d’Outre-Mer, qui sont liés depuis si longtemps par tant de liens du sentiment et de l’intérêt, doivent établir leurs rapports sur des bases renouvelées. 

Ces bases, que seront-elles ? 

Ce seront celles de la Communauté, c’est-à-dire d’un régime dans lequel la Métropole et les Territoires d’Outre-Mer, notamment Madagascar, vont se fédérer librement, spontanément, à l’intérieur d’une nouvelle organisation politique, économique qui serait, en même temps, un système de sécurité.

Dans cette organisation, Madagascar aura à exercer par ses propres moyens son administration et son gouvernement intérieur. D’autre part, si Madagascar le veut, la Grande Ile mettra, comme les autres Territoires, à l’intérieur de la Communauté et dans un même domaine, la Défense, la Politique étrangère, la Politique économique, la Politique des matières premières et aussi, dans certaines conditions, la direction de la Justice, celle de l’Enseignement supérieur, celles des Communications. 

Votre Ile n’y est pas contrainte. Dans cinq semaines, le choix lui sera donné comme à tous et dans les mêmes conditions, ou d’établir, avec la Métropole et les autres Territoires, la Communauté dont je parle, ou bien de séparer son sort de celui de la France et des autres Territoires. 

Si Madagascar, comme je le crois et l’espère, ainsi que les autres Territoires, et ainsi que la Métropole, décide par le vote de tous les hommes et de toutes les femmes de mettre en commun ce que j’ai dit, de constituer cette Communauté, alors l’avenir, un grand avenir nous sera ouvert à tous. 

Car nous vivons à une grande époque, une époque d’immenses possibilités humaines, à condition que l’on forme un ensemble capable de les réaliser mais aussi à l’époque des plus grands dangers que le monde ait jamais connus. 

Possibilités humaines, parce qu’en s’associant entre peuples, on peut développer, pour le bien de tous, les ressources qui sont sur les sols et au fond des sols ; développer aussi les valeurs qui sont dans les cœurs et dans les esprits. 

Mais nous vivons, ai-je dit, au temps de très graves dangers. Car il est évident que certains peuples, mus par certains éléments, veulent sortir de chez eux pour aller chez les autres. Pour assurer la sécurité de notre ensemble contre ce danger-là, la Communauté doit être faite, et ç avec vous si vous le voulez bien. D’autant plus, qu’à l’intérieur de chaque pays menacé, se prépare une subversion qui servirait, le cas échéant, de tête de pont politique à la menace dont il s’agit. 

C’est pourquoi je fais appel, ici comme ailleurs, aux hommes de valeur, aux hommes capables, aux hommes qui veulent exercer la responsabilité de diriger le pays. 

Je leur déclare, devant tout le monde : Pour que vous soyez dignes de la tâche que vous voulez assumer, il faut que vous soyez des hommes fermes, droits et loyaux, qui ne se laissent pas emporter par le tumulte des mots, qui s’en tiennent aux positions qu’ils ont prises. Faute de cela, à la première occasion, vous serez, avec tout le reste, balayés. 

Voilà les paroles que je voulais faire entendre ici, pour Tananarive grande et noble ville, pour Madagascar, pour beaucoup d’autres peuples qui nous écoutent en ce moment, d’un bout à l’autre du monde. 

Tous ici, vous aurez, dans peu de semaines, l’occasion d’exprimer votre volonté. C’est une volonté qui portera très loin. En disant « Oui » à ce qui vous sera demandé, vous vous engagerez avec la France et les autres Territoires, en vue d’un vaste avenir. Je suis sûr de votre réponse.  

Mon dernier mot sera pour vous remercier tous de la splendide manifestation dont vous m’avez offert le spectacle et l’émotion. Merci à Tananarive, merci au peuple malgache et à ses dirigeants. C’est en toute conscience et de tout cœur que je crie : 

Vive Tananarive ! 

Vive Madagascar !

Vive la République !

Vive la France ! »

                                                                              **

Sur 2.150.478 électeurs inscrits, le « Oui » l’a emporté avec 1.361.801 votes, contre 391.166 « Non », 385.839 abstentions et 11.672 bulletins nuls.

La République malgache, dont la proclamation solennelle intervint le 14 octobre 1958 par le Congrès des Assemblées Provinciales de Madagascar, venait ainsi d’intégrer la Communauté française.

La seconde étape correspondant à la dissolution de la Communauté française et à la pleine souveraineté internationale de Madagascar devait intervenir dix-huit mois plus tard.

Jean-Pierre Razafy-Andriamihaingo, membre de la Fondation Charles-De-Gaulle.

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Reproduction, même partielle, interdite des textes et illustrations

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NOTA : Nous avons souligné deux passages de ce discours qui nous paraissent d’une valeur prophétique et qui pourraient parfaitement s’appliquer à la période actuelle à Madagascar…

RESOUDRE LA PROBLEMATIQUE RELATION EXECUTIF-PARLEMENT

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« Rosace pour l’Espérance » – Maquette de vitrail – Jipiera – Reproduction interdite –


              RESOUDRE LA PROBLEMATIQUE RELATION EXECUTIF/PARLEMENT

La problématique se pose à tout moment, dans quelque système institutionnel où l’on se trouve.

Qui d’autres que le général De Gaulle a le mieux situé cette problématique, ce en des termes à la fois simples et pénétrants ?

Dans ses « Mémoires d’Espoir », qui portent le sous-titre évocateur de l’ « Effort », c’est-à-dire cette haute disposition d’esprit qui doit être à la source première d’inspiration d’un chef d’Etat confronté à une situation de blocage institutionnel, De Gaulle pose la problématique ainsi :

« …Comment douter que, chez nous, le fait que les deux pouvoirs seraient érigés face à face dans des remparts théoriquement inexpugnables les conduirait à être intransigeants, c’est-à-dire, pour le Parlement, à refuser le vote des lois et du budget à tout Gouvernement indocile et, du coup, pour celui-là à sortir de la légalité, faute que, par la dissolution appliquée à l’un ou par la censure infligée à l’autre, il y ait une  issue normale à leurs conflit ? L’inévitable résultat serait : ou bien la soumission du Président aux exigences des députés, ou bien le pronunciamento. Pourquoi, dès lors, parler d’équilibre ? Il faut ajouter que, notre pays étant ce qu’il est, le bon sens commande de n’y point confondre en une seule personne le rôle suprême de Chef de l’Etat, à qui incombe le destin, c’est-à-dire le lointain et le continu, et la charge seconde de Premier ministre, qui, au milieu des saccades de toutes sortes et de tous les jours, mène l’action du moment et dirige les exécutants ».

De Gaulle poursuit en dénonçant la propension, essentiellement chère aux « champions du gouvernement de législature », à rejeter systématiquement et « avec indignation la procédure de vote du peuple pour modifier la Constitution… ».

Or, « le référendum a mis en pleine lumière une donnée fondamentale de notre temps : le fait que les partis de jadis ne représentent pas la nation… » (références étant faites aux évènements de 1940 – le  régime d’abdication devant la défaite – ; de 1958 – le « rappel » du général De Gaulle en pleine crise algérienne -; et de 1962 – l’adoption de la Constitution de la Vème République -).

Devant le désordre institutionnel et l’impéritie de certains hauts dirigeants politiques ici et là, trop souvent empêtrés dans les délices manoeuvriers, de ces considérations du général De Gaulle puissent-ils en prendre de la graine !

Et que le nœud gordien soit tranché comme il se doit à chaque fois que nécessaire, mais avec l’art et la manière !…pour que les citoyens aient davantage confiance en leurs dirigeants.

Bref, que chacun reste dans son rôle; à condition que celui-ci soit strictement défini, tant en termes distributifs qu’en hiérarchie de compétences, de sorte que chacun des pouvoirs s’exerce dans sa plénitude et d’éviter toute immixtion.

De tels principes basiques et fondamentaux sont applicables quel que soit le système institutionnel démocratique.

Jean-Pierre Razafy-Andriamihaingo

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MADAGASCAR…LE RECOURS, POUR LE SALUT PUBLIC

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21 février 2003, Marc Ravalomanana est accueilli à la Fondation Charles-De-Gaulle par Yves Guéna, son président.


                                       MADAGASCAR…LE RECOURS, POUR LE SALUT PUBLIC

Voici, à nouveau, que les Malagasy sont devant une échéance majeure: l’élection présidentielle prévue pour fin 2023. Et à nouveau, la lancinante question se pose: quel Président se choisir puisque, à l’évidence et de façon certaine celui qui occupe actuellement la magistrature suprême a trop largement fait la preuve de son incompétence, inconscience et incapacité.

Car, Madagascar va très mal. Le dire et le redire sonne lourdement comme une vaine incantation. Il faut ajouter que, dans la même veine, les relations franco-malgaches, sans certes vraiment « aller mal », sont cependant devenues d’une fadeur peu porteuses.

C’est pourquoi, au titre des nécessités, il est parfois juste de briser des a-priori par trop tenaces. Tant du côté malgache que du côté français.

Mais je le concède, la question peut paraître à certains quelque peu incongrue, voire choquante ou provocatrice, et en tout cas osée.

Car, le personnage Ravalomanana est clivant, tout comme un certain Nicolas Sarkozy.

Etant conscient du caractère quelque peu provocateur aux yeux de certains – voire hasardeux – de l’exercice, il ne s’agit pourtant pas ici d’une simple hypothèse de réflexion, une sorte d’exercice de style à laquelle toutefois je ressens un plaisir non dissimulé. Car, après tout, le gaulliste que je suis trouve dans le personnage quelque chose de gaullien, même à l’état « brut de décoffrage » , c’est à dire avec ce quelque chose qui n’est pas abouti mais qui est en puissance…

Sachant, bien sûr, que ni la stature, ni le parcours, ni le cheminement, ni les prédispositions morales et mentales de Ravalomanana ne peuvent un seul instant soutenir ceux de De Gaulle.

Sachant aussi que le personnage Ravalomanana que je considère ici est celui que j’avais bien connu : d’abord quand il était ce maire hyper-dynamique d’Antananarivo, la capitale alors renaissante de Madagascar sous son mandat éclairé, moi-même y ayant été envoyé auprès de lui au printemps 2001 par la Région Île-de-France en qualité d’expert en bonne gouvernance ; puis au début de son mandat présidentiel de cette période 2002-2006 qui correspondait à la reconstruction et au relèvement d’un pays, Madagascar, qui auparavant s’acheminait dangereusement dans l’abîme…

Est-il aussi besoin d’indiquer que le gaulliste que je suis considère que la portée universelle des pensées politiques du général De Gaulle, de même que la réelle considération qu’il avait des autres, c’est-à-dire des autres nations, a toujours autorisé certains hauts dirigeants méritants et clairvoyants de ce monde à s’y retrouver.

Certains d’ailleurs, dans le passé, s’y référaient expressément et non sans fierté justifiée.

Or, Madagascar et les Malgaches sont actuellement dans une impasse sans pareille dans leur histoire par trop alourdie de trop longues périodes de crises à répétition.

il faut en sortir. Et qu’un processus de recours soit mis en oeuvre. D’urgence.

Pour le Salut Public. Afin d’éviter à Madagascar et aux Malgaches, au-delà même de la faillite, la déchéance totale.

DES RESSORTS GAULLIENS  

A des degrés variables, je prétends retrouver chez Marc Ravalomanana des tendances gaulliennes ou assimilées comme telles… même par approximation.

A commencer par leur patriotisme inné, exigeant et ouvert – et non pas un nationalisme bêta qui anime bien trop d’esprits à Madagascar -. Un patriotisme vrai qui se traduit par cet amour profond de leur pays, de leur peuple, et par un profond souci de leur devenir comme de leur avenir ; tout le contraire du nationalisme obtus, casanier, fauteur de progrès et volontiers bêtement vindicatif. Et on tordra ici le cou à une réputation trop largement répandue selon laquelle il serait francophobe…Non ! il ne l’a jamais été. Tout simplement sa francophilie ne s’est jamais développée telle que certains auraient voulu qu’elle le soit de façon exclusive, ayant lui-même concurremment des attaches anglophiles, germanophiles et scandinaves.

Ensuite, par leur volonté éclairée et globalisante pour le développement de leur pays et l’épanouissement de leurs compatriotes, qui n’a rien à voir avec les vues étriquées d’un politicien ou d’un gestionnaire aptes à la manœuvre et seulement attentifs à des considérations partisanes et chiffrées.

Par ailleurs, par leur capacité naturelle, aidée par leur autorité, à mobiliser et à enthousiasmer pour de grandes causes nationales.

En outre, par leur conception dogmatique mais visionnaire de l’Indépendance de leur pays, qui nécessairement trouve sa réalisation dans une modernité puisée à la source de l’authenticité.

A cela s’ajoute une indéniable popularité qui ne se dément pas au cours des années. Et nul doute qu’à cet égard, leur traversée du désert, durant les années 47 à 58 pour le général de Gaulle, et durant les années 2011 à 2014 pour Ravalomanana, l’ont mûris et renforcés.

Et surtout, il faut souligner la capacité à rassembler. Nul doute que c’est là une condition prioritaire à l’aune de laquelle tout doit se juger. Si cette condition n’est pas remplie, il faut se déporter ou être déporté. Car, nul ne peut se maintenir à la barre et la tenir quand il n’y a plus de répondant.

Je pourrais développer davantage, mais loin d’un plaidoyer qui serait de toute façon vain et hors de propos ici, qu’il me suffise de dire qu’à force d’avoir côtoyé le personnage Ravalomanana et d’avoir eu de maintes discussions avec lui sur la France et les Français, qu’il ne connaissait que peu au début mais qu’au fond de lui-même il admirait, ce sont ces parallèles que je qualifierais de « gaulliens » qui m’ont frappé.

Pour l’anecdote et pour situer le sentiment ravalomananien vis-à-vis de la France et des Français, je paraphraserais volontiers la formule du général De Gaulle qui, à propos d’Israël et des Israëliens, disait d’eux : « …un peuple sûr de lui-même et dominateur »… ! Rien de péjoratif dans cette formule, mais, c’est vrai, une admiration non exempte d’une certaine réserve.

Eh bien, pour imager son point de vue, Ravalomanana pourrait parfaitement faire sienne une telle formule s’agissant de la France et des Français.

C’est aussi le Professeur Jacob qui disait qu’il n’y a pas de hasards mais que des nécessités.

Et il faut se rendre à une évidence: l’intérêt bien compris de Madagascar et des Malgaches est de se choisir à nouveau cet homme de recours !

Eh bien, il semblerait que ce ne soit pas un hasard mais procédant d’une nécessité que Marc Ravalomanana, le nouveau Président de la République de Madagascar d’alors, un an après avoir accédé à la magistrature suprême, d’une façon extraordinaire que ne renierait pas un De Gaulle épris de redressement pour sa France autrefois meurtrie, soit venu à la rencontre du Général, en tout cas de sa mémoire, en se rendant solennellement  à la Fondation Charles-De-Gaulle en ce jour mémorable du 21 février 2003.

UNE RENCONTRE HISTORIQUE QUI DOIT PREDISPOSER DE L’AVENIR IMMEDIAT

Tout ceci étant dit, il convient donc de rappeler les circonstances d’une telle rencontre.

Les 20 et 21 février 2003 se tenait à Paris la XXIIème Conférence des Chefs d’Etat de France et d’Afrique.

Ce sommet, dit « France-Afrique », réunit outre la France, et avec la participation du Secrétaire général de l’ONU, toutes les aires linguistiques et civilisationnelles de l’Afrique, donc bien au-delà de l’espace francophone.

La thématique générale fut déclinée ainsi :

. « Ensemble pour un nouveau partenariat », déclinée à travers trois sous-thèmes, « Le partenariat politique, sécurité et paix » introduit par les présidents sud-africain et gabonais ;

. « Le partenariat et les priorités pour le développement » introduit par les présidents malien et mauritanien, ainsi que par le roi du Maroc ;

. et « Le partenariat pour répondre aux grands enjeux du monde », introduit par les présidents égyptien et tanzanien.

Mais la participation active du Président Marc Ravalomanana pour Madagascar dans les débats fut si appréciée qu’il fut envisagé que la XXIIIème ou la XXIVème sessions de la Conférence des Chefs d’Etat de France et d’Afrique se tiennent à Antananarivo…

Et l’autre moment fort qui survint, distinguant tout particulièrement le Président Marc Ravalomanana des autres chefs d’Etat présents à cette XXIIème Conférence des Chefs d’Etat de France et d’Afrique, et conférant à l’occurrence un caractère historique, c’est qu’il fut le seul et unique chef d’Etat étranger parmi tous les autres présents à Paris à cette occasion à avoir été reçu solennellement à la Fondation Charles-De-Gaulle.

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Yves Guéna prononce le discours de bienvenu devant la plaque reproduisant l’intégralité de l’Appel du 18 juin 1940 (je suis à la gauche du Président Ravalomanana, un pas derrière, visible seulement sur la photo originale…).


Il fut d’ailleurs tout simplement le premier chef d’Etat étranger à avoir jamais été ainsi reçu à cette Fondation, puisque après lui la Reine Elizabeth II du Royaume-Uni et le Président de la République de Chine Populaire eurent également l’honneur d’y être reçus à leur tour  des mois après, ce à l’occasion de visites d’Etat (c’est-à-dire au plus haut niveau protocolaire) que l’une et l’autre firent successivement en France.

Pour Ravalomanana donc, ce fut dans l’après-midi du 21 février 2003, à 16h30 exactement, après la clôture en fin de matinée de la XXIIème Conférence des Chefs d’Etat de France et d’Afrique.

Le Président Chirac le voulait ainsi, sur une proposition conjointe que la Cellule Afrique du Palais de l’Elysée, le Président Guéna et moi-même, en ma qualité d’ambassadeur, avions mûrement conçue, charge à moi de la mettre en oeuvre.

Voici le Président de Madagascar, notamment accompagné de son ministre des Affaires étrangères et de son ambassadeur que je fus, chaleureusement accueilli au seuil du siège de l’Institut Charles-De-Gaulle et de la Fondation Charles-De-Gaulle par Yves Guéna, ancien ministre et compagnon du général De Gaulle, président de ces deux prestigieuses institutions, étant également Président du Conseil Constitutionnel.

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Yves Guéna explique à Marc Ravalomanana la signification et la portée de l’Appel du 18 juin 1940.


Des membres éminents du conseil d’administration de ces deux institutions historiques, dont Alain Plantey, ancien ambassadeur de France à Madagascar, sont également présents. Ici, en ce fameux 5, rue de Solférino à Paris 7ème, le général De Gaulle avait installé ses bureaux pendant la seconde guerre mondiale et après la Libération de Paris.

Rapidement conduit dans le hall de la Fondation, Marc Ravalomanana est placé devant la plaque de bronze où s’inscrit en lettres de noblesse le texte de l’Appel du 18 juin 1940, deux gardes républicains sabre au clair et au garde-à-vous l’encadrant.

Yves Guéna prononce alors les mots chaleureux de bienvenu, puis le Président Ravalomanana lui répond en soulignant le profond honneur qu’il ressent à cet instant hautement privilégié d’entrer dans le temple gaullien.

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Dans le bureau qu’occupa le général De Gaulle.


Puis, Yves Guéna se fait guide, tout d’abord pour expliquer à Marc Ravalomanana ce que représente l’Appel du 18 juin 1940. Vient ensuite le verre de l’amitié dans la bibliothèque où se retrouvent réunies les délégations française et malgache.

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Echanges passionnés avec Yves Guéna et deux membres du conseil d’administration de la Fondation Charles-De-Gaulle (à gauche en arrière plan, Alain Plantey, ancien ambassadeur de France à Madagascar.


Parvenant maintenant au 1er étage, Marc Ravalomanana se fait présenter, toujours par Yves Guéna, les cartes où figurent les multiples endroits de ce monde parcourus par le général De Gaulle, parmi lesquels Madagascar.

Cette immersion dans l’univers gaullien se termine, non sans être ponctuée par un autre moment émouvant et plein de signification : l’apposition par Marc Ravalomanana des mots de respect, d’admiration et d’espoir à la mémoire du général De Gaulle dans le Livre d’Or de la Fondation Charles-De-Gaulle, l’a assurément marqué en profondeur.

Ce d’autant plus, que c’est étant assis dans le fauteuil et devant le bureau du général De Gaulle qu’il s’adonna à cet émouvant exercice, ce sous nos yeux attendris, à Monsieur le ministre des Affaires étrangères de Madagascar et  à moi-même…

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La visite se termine avec grande satisfaction. Marc Ravalomanana est accompagné par son ministre des Affaires étrangères, Marcel Ranjeva, et par moi-même.


Et nul doute que d’une façon ou d’une autre, et à sa manière, il s’est alors imprégné d’une certaine idée du grand personnage historique. Je le souhaitais ainsi, et il le fit bien…

En tous les cas, ni lui-même, ni les Malgaches, ni les Français, ne sauraient oublier ce qui restera, dans leur histoire relationnelle, une composante essentielle – et cette dimension sentimentale demeurera,… nous voulons le croire – .

Je suis particulièrement fier en tant qu’ambassadeur, en tant que gaulliste, d’avoir mené à bien l’organisation de cette visite historique, et d’en avoir été à l’initiative, que je voulais, je dois l’avouer, être aussi – et surtout , peut-être – la marque privilégiée du profond respect voué par Madagascar et les Malgaches au Général De Gaulle, ce à travers la visite de leur Président de la République.

Faut-il d’ailleurs rappeler que cette visite officielle et solennelle du Président de la République de Madagascar fut la première jamais effectuée par un chef d’Etat étranger en cette vénérable institution ! Une première, qui par la suite fut suivie par la visite et réception officielles en cette même Fondation Charles-De-Gaulle de Sa Majesté la Reine du Royaume-Uni quelques années après, puis celles du Président de la République Populaire de Chine un peu plus tard.

Faut-il rappeler également combien – ô jamais – les relations franco-malgaches connurent cette embellie rêvée initiée par cette rencontre inédite du Président Ravalomanana avec cette France d’alors et les Français !

Jugeons-en : à ce jour, il est le seul chef d’Etat malgache à :

. avoir été honoré de la dignité de Grand’Croix de la Légion d’Honneur (dignité qui lui avait été accordée à la suite de sa visite officielle en France en avril 2003 et dont les insignes lui avaient été remis solennellement par le Président Chirac lui-même lors de la visite officielle de ce dernier à Madagascar en juillet 2005) ;

. avoir reçu le Prix Simone weil pour ses actions en faveur de la Démocratie et des droits fondamentaux (haute distinction francophone qui lui avait été remise par le Président du Sénat français, Monsieur Christian Poncelet, à l’occasion de sa visite officielle en France en avril 2003);

. avoir été fait Membre Associé de l’Académie des Sciences d’Outre-Mer (à l’occasion de sa visite officielle en France en avril 2003);

. et une médaille spéciale commémorative a été confectionnée par la Monnaie de Paris en célébration de sa visite officielle en France en avril 2003.

Une telle accumulation d’honneurs exceptionnels au Président Ravalomanana est unique dans les annales…

Tout cela devrait-il être oublié ?

Certes non. Au contraire, tout ceci interpelle et impose à la mémoire qu’elle se mue en une réalité renouvelée afin de porter un destin nourri par l’espoir pour Madagascar et les Malgaches !

Jean-Pierre Razafy-Andriamihaingo

  • Par cet article, je veux aussi rendre un hommage amical, respectueux et ému à Yves Guéna, qui  nous a quittés le 3 mars 2016, un homme d’une très grande exemplarité, de par son parcours historique dans la Résistance et au service de la France, au côté du général De Gaulle,  aux différents postes ministériels qu’il occupa dans la Vème République, également comme Président du Conseil constitutionnel. C’est toujours à bras ouverts et avec une chaleureuse amitié qu’il m’accueillait à l’Institut et à la Fondation Charles-De-Gaulle. En outre il fait partie, au-delà de la lourdeur des hautes responsabilités qu’ils ont assumées, de ces personnages historiques qui marquent par leur humanité, s’y ajoutant une élégance bien dans cette tradition française qu’on aime tant.

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Reproduction, même partielle, interdite des textes et illustrations

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