AU SERVICE DE L’AIKIDO, LA VOIE DE L’HARMONIE DES ENERGIES
3ème ET DERNIERE PARTIE
L’ENVOLEE ?
Oui ! Universalité, authenticité !, disions-nous.
– Cf. les 1ère et 2ème parties de notre série d’articles –
Et inversement, disions-nous encore…
Les structures internationales de l’Aïkido étant quasiment parachevées en cette entrée dans les années 1980, l’envolée de la discipline est désormais assurée malgré quelques vagues qui risquaient tout de même de se transformer en houle déstabilisatrice.
Néanmoins, notre diptyque pouvait s’adjoindre l’Union, un troisième principe pour former le triptyque qui caractérise la période nouvelle dans laquelle je maintiens bien volontiers mon insertion au service de l’Aïkido à mon modeste niveau sur les plans national français, européen et international :
Universalité-Authenticité-Union !
Oui, l’Union. Une exigence devenue réalité fortement souhaitée, même si elle était difficilement vécue, mais finalement promue comme il se devait.
Or, ainsi que je ne l’oublierai jamais il faut se rappeler que le Fondateur de l’Aïkido, Moriheï Ueshiba, O’Senseï, fut pour ses immenses mérites déclaré officiellement par le Gouvernement japonais Trésor Sacré du Japon, titre et dignité suprêmes que doivent honorer tous les aïkidokas à quelque niveau où ils se trouvent.

Maquette de paravent – jpra –
MOUVEMENTS PRECEDANT LE 3ème CONGRES MONDIAL DE L’AÏKIDO
Certes, à ce stade l’union souhaitée est encore bien problématique.
En France, en tant que directeur technique de l’Union Nationale d’Aïkido (UNA) Maître Tamura imposait son emprise et se traduisait notamment, dès la fin des années 1970, par l’adoption d’une « Méthode nationale » d’enseignement technique applicable sur toute l’étendue du territoire français à tous les grades, allant du 6ème Kyu (ceinture jaune) au Yondan (ceinture noire, 4ème Dan).
Les deux autres écoles d’Aïkido reconnues à l’origine par le Aïkikaï So Hombu de Tokyo, celles respectivement de Nocquet et de Mochizuki, adhéraient à cette méthode nationale afin de continuer à exister. Malheureusement, celle de Noro senseï, qui il est vrai évoluait vers son Ki No Michi, fut écartée…
Tout naturellement, en tant qu’enseignant et responsable de club membre de l’UNA je me conformais à cette méthode nationale. De telles références étaient fort utiles, mais tout dépendait de la façon de les enseigner, c’est-à-dire de l’esprit qui devait présider à leur application…
Car, le risque de rigidifier la pratique n’était pas à écarter. Mais Tamura senseï eut l’intelligence de ne point trop figer sa méthode, au contraire malgré les pressions des plus actifs de ses adeptes, lesquels se prévalaient également de la qualité de délégué général de l’Aïkikaï pour l’Europe entière dévolue à Tamura senseï par le Aïkikaï So Hombu de Tokyo, celui-ci manifestait un esprit d’ouverture rassurant à l’égard des autres styles authentiques développés par les grands maîtres japonais formés par O’ Senseï le fondateur de l’Aïkido.
De son côté Christian Tissier, fort de sa formation unique et très poussée au Japon et qui n’entendait pas s’intégrer totalement dans le système français existant alors, préférant garder son autonomie et garder vivaces et permanents ses liens privilégiés avec ses maîtres japonais du Hombu Dojo de Tokyo, parvenait à attirer de plus en plus de pratiquants dans son « Cercle Christian Tissier » situé à Vincennes, moi d’ailleurs y compris, tant il y apportait une certaine fraîcheur de pratique par l’enseignement de techniques « innovantes » mais authentiques.
Par ailleurs, du côté des pratiquants britanniques, écossais et gallois, devenus de plus en plus nombreux grâce aux efforts de Maître Kazuo Chiba, à l’origine directeur technique de la British Aïkido Federation (BAF), désormais devenu cumulativement Secrétaire général adjoint de la Fédération Internationale d’Aïkido et directeur technique de la fédération américaine d’Aïkido pour la Côte Ouest, – efforts amplifiés par Maître Minoru Kanetsuka -, voyaient d’un mauvais œil – non sans raisons – ce qu’ils considéraient comme une volonté d’expansion de l’ « Aïkido français » en Europe et aux dépens des autres fédérations européennes !
Et pour mieux caractériser leur point de vue, ils n’hésitaient pas à appeler à la rescousse les réminiscences de l’Histoire et de la tenace rivalité anglo-française, celles d’un Napoléon « dominateur et vorace »… !

Kanetsuka senseï
Ils étaient donc à la fois « contre Tamura » et « contre Tissier » … !
Cette conjoncture générale me gênait puisque mon amitié, ma sympathie et mon positionnement politique se partageaient entre ces protagonistes, mais sur le plan strictement personnel cette gêne s’estompa quelque peu car elle se doublait de conséquences collatérales plutôt enrichissantes.
En effet, ces protagonistes dans leur volonté respective d’affirmation étaient amenés à nous faire goûter, à nous aïkidokas et enseignants français, auxquels se joignaient des aïkidokas et enseignants venus de l’Europe entière, des styles diversifiés et si instructifs d’autres maîtres japonais qu’ils étaient amenés à inviter pour assurer des stages.
Sans être exhaustif, en voici quelques noms :
. du côté de Maître Tamura et de l’UNA : Yamada et Kanaï senseïs des Etats-Unis ; Sugano senseï de Belgique ; Kobayashi senseï du Japon ; Asaï senseï d’Allemagne ; Tiki Shewan, un spécialiste américain de IaïDo ;
. du côté du « Cercle Christian Tissier » : Yamaguchi, Saotome et Enzo senseïs du Hombu Dojo ;
. du côté de la British Aïkido Federation et de la Fédération néerlandaise d’Aïkido, et compte tenu de mon amitié renforcée à l’égard de Maître Kanetsuka qui rayonnait sur ces deux pays, mais aussi à celui des dirigeants européens de la naissante Fédération Européenne d’Aïkido (FEA), je me déplaçais volontiers en Grande-Bretagne et aux Pays-Bas (vieille rancœur envers les anglo-saxons et rivalité autour de la FEA obligeant, très peu de Français firent le même chemin) pour bénéficier des enseignements de : Chiba, Kanetsuka, Kitaura, Shibata (qui m’impressionna grandement par son Aïkido à la fois dense et fin) et Fujita senseïs.

Shibata senseï
Pour ce qui me concerne, nullement adepte d’une forme quelconque de sectarisme stylistique mais formé à l’universalité de l’Aïkido, et surtout profondément désireux d’œuvrer à cette concorde qui est au cœur de l’Aïkido, je me délectais de fréquenter chacun de ces courants nés d’une source commune, celle de l’Aïkikaï, unis par la recherche constante de l’authenticité de l’Art.
J’étais en cela dans la même ligne et vision que Guy Bonnefond, le très actif et apprécié président de la Fédération Internationale d’Aïkido (FIA) et de l’Union Nationale d’Aïkido (UNA). Il le savait.
C’est pourquoi, considérant également ma qualité d’avocat au Barreau de Paris, il me sollicita afin que je fasse partie de son équipe rapprochée au sein du Comité Directeur de l’instance fédérale française. J’en acceptai l’augure et en ressentais l’honneur. L’augure s’inscrivait dans un proche horizon d’ouverture obligée puisqu’il fallait activement la préparer en vue du 3ème congrès mondial de l’Aïkido devant se tenir à Paris tout début octobre 1980.
LE 3ème CONGRES MONDIAL DE L’AÏKIDO DE PARIS ET SES SUITES
Après Tokyo en 1972 et Hawaï en 1976, voici la troisième édition du Congrès Mondial de l’Aïkido, avec un hommage à la France, tout particulièrement à Paris !

C’est Guy Bonnefond, Président de la Fédération Internationale d’Aïkido (FIA) et Président de l’Union Nationale d’Aïkido (UNA) qui en est le chef d’orchestre. Il espérait vivement que cet évènement mondial allait voir s’estomper, au moins pour un temps, les querelles de styles et d’écoles qui devenaient de plus en plus vives.
A un rôle bien modeste et dans l’ombre, je fais partie de son équipe, moi plutôt occupé à contribuer à résoudre l’épineux problème créé par une rivalité extrêmement tendue entre, d’une part, la virulente opposition manifestée par une coalition franco-belge menée par les dirigeants de l’Association Culturelle Européenne d’Aïkido (ACEA) se prévalant de l’exclusive représentativité de l’Aïkido en Europe derrière Maître Tamura, et d’autre part, la non moins farouche résistance d’une seconde coalition nippo-anglo-italo-néerlandaise animée par Maître Chiba lui-même en sa qualité de Secrétaire général adjoint de la Fédération internationale d’Aïkido.
Au centre de la vive polémique : le contrôle de l’Aïkido en Europe, devenu la sempiternelle cause à laquelle tant d’énergies sont dépensées.
Dans la foulée de la création de la Fédération Internationale d’Aïkido en 1976 l’ACEA s’était dissoute en 1978 pour se muer en Fédération Européenne d’Aïkido (FEA) avec les mêmes dirigeants (M. Gonze, Président, M. Chassang, Secrétaire général, Tamura senseï, Directeur technique) .
Mais, très vite en 1980 lesdits président et secrétaire général de la FEA durent se soumettre à un vote de défiance des autres membres lors d’une assemblée générale à Zürich début juin 1980, de sorte qu’une nouvelle direction de la FEA constituée lors d’une assemblée générale extraordinaire tenue à Paris le 30 septembre 1980 a été mise en place. Aux termes de cette assemblée générale extraordinaire, furent en particulier élus : M. Veneri (Italie) comme Président ; et M. Goldsbury (Grande-Bretagne) comme Secrétaire général.
La FEA nouvelle formule (dont les actes juridiques sont déposés à la Préfecture de Nice) bénéficia immédiatement de l’approbation et des instances de la FIA et, surtout, de l’Aïkikaï So Hombu de Tokyo dès le 29 juin 1980 suite à l’assemblée générale de Zürich. L’UNA quant à elle, devenait membre à part entière de la FEA nouvelle formule deux ans plus tard.
Je devins moi-même le conseiller juridique de la FEA, ce à la demande unanime des membres du Bureau de la FEA.
C’est donc dans une telle ambiance électrique que devait se préparer le 3ème Congrès Mondial de l’Aïkido à Paris des 1er, 2 et 3 octobre 1980 sous la houlette de Guy Bonnefond.
Vinrent à Paris le Doshu (Maître de la Voie) Kisshomaru Ueshiba, le propre fils du fondateur de l’Aïkido, le Waka Senseï (l’héritier désigné) Moriteru Ueshiba, entourés des dirigeants et grands maîtres de l’Aïkikaï So Hombu, des autres maîtres délégués à travers le monde, et des dirigeants et pratiquants des autres nations membres de la FIA.
Le clou de cet évènement fut le Gala du 2 octobre 1980 au Stade Pierre de Coubertin à la Porte d’Orléans… toute proche de mon « Club Sanbu » de la Cité Internationale Universitaire de Paris (CIUP) !
Parmi les grands maîtres présents et démonstrateurs de leur art figuraient successivement : Sugano senseï (de Belgique), avec une prestation classique ; Hosokawa senseï (d’Italie), assez décevant ; Tomita senseï (de Suède), avec une prestation classique ; Ikeda senseï (de Suisse), visiblement peu inspiré ; Kitaura senseï (d’Espagne), avec une bonne prestation ; Lee senseï (de Hong-Kong), très décevant ; Yamada senseï (des Etats-Unis), excellent *; Asaï senseï (d’Allemagne), avec une bonne prestation ; Kanetsuka senseï (de Grande-Gretagne), qui fut plus qu’excellent ; Ichimura senseï (de Suède), qui fut excellent ; Tamura senseï (de France), avec une prestation époustouflante ; Shirata senseï (Président du Conseil supérieur de la FIA), qui présenta un Aïkido très fluide et classique.
Vinrent ensuite, pour clore ce gala exceptionnel, le Doshu et Waka senseï, tous deux très bon !, ce sous les ovations du public nombreux et chaleureux.

Démonstration de Kisshomaru Ueshiba, alors Doshu, lors du 1er Congrès Mondial de l’Aïkido à Tokyo le 5 octobre 1976.
L’acte final de ce 3ème Congrès mondial fut la réélection de Guy Bonnefond à la présidence de la FIA.
Le succès de ce 3ème Congrès Mondial de l’Aïkido ne cacha cependant pas la dure réalité des choses sur l’échiquier politique et institutionnel de l’Aïkido, toujours aussi perturbé en France comme en Europe.
Mais Guy Bonnefond et son équipe, dont je faisais partie, se trouvaient confortés dans leur assise. En particulier à l’occasion du renouvellement, le 7 décembre 1980, du Comité Directeur de l’Union Nationale d’Aïkido (UNA) pour une nouvelle olympiade dont dépendaient clairement les destinées de l’Aïkido en France, je me présentai aux élections prévues à cette fin où sous les suffrages des délégués des comités régionaux quinze postes étaient à pourvoir. Je suis élu. Guy Bonnefond est, quant à lui, réélu à l’unanimité des voix Président de l’UNA.
C’est une nouvelle consécration pour cet homme de grande valeur, qui venait aussi d’être réélu auparavant à la tête de la FIA. Pour ma part, fort de mon élection je suis nommé par Guy Bonnefond à la tête de la Commission juridique du Comité directeur de l’UNA, poste délicat s’il en fut compte tenu des épineux problèmes pendants. Je ne suis alors que 2ème Dan, grade acquis le 9 mars 1980 avec derrière moi plus de onze ans de pratique régulière et assez intense de l’Aïkido, car j’avoue que la course aux grades ne m’a jamais intéressée et c’est quelque peu « contraint » que j’allais me présenter aux examens…par formalité…

Composition du Comité directeur de l’Union Nationale d’Aïkido – Article paru dans la Revue « Ceintures noires de France » – N° de janvier-février 1981 –
Dans mes nouvelles fonctions de président de la Commission juridique du comité directeur de l’UNA (Union Nationale d’Aïkido) auxquelles s’ajoutaient celle de conseiller juridique de la Fédération Européenne d’Aïkido (FEA), il me fallait, en ces temps de crise institutionnelle persistante aux niveaux national et européen, faire preuve de diplomatie en même temps que de rigueur juridique…- j’étais donc déjà un diplomate en herbe, une bonne préparation pour la suite de ma carrière plusieurs années après comme ambassadeur de mon propre pays dans un contexte autrement plus difficile mais ô combien palpitant ! …-
Ce qui m’amène à me déplacer beaucoup, notamment en Europe, en Angleterre et aux Pays-Bas où en particulier je participe à diverses réunions en présence de Fujita senseï, le Secrétaire général du Hombu Dojo de Tokyo, de Chiba senseï, Secrétaire général adjoint de la FIA, de Kanetsuka senseï, Directeur technique des fédérations britannique et néerlandaise d’Aïkido, de M. Veneri, Président de la FEA et M. Goldsbury, Secrétaire général de la FEA.

Réunion de travail avec le Secrétaire général de l’Aïkikaï So Hombu de Tokyo, Fujita senseï (assis à gauche), M. Veneri, Président de la Fédération Européenne d’Aïkido (debout à droite), Kanetsuka senseï (assis à droite). Je suis debout à l’extrême droite. Mai 1982 à La Haye, Pays-Bas.
Fin juillet 1981 me voici en Grande-Bretagne, plus précisément au Pays de Galles à Chester. Y régnait alors une ambiance festive des plus agréables et historiquement unique.
Imaginez !, à la même époque en effet le Prince Charles, Prince de Galles – aujourd’hui, et ce depuis début d’année 2023, le Roi Charles III du Royaume-Uni -, et Lady Diana, les princes des Gallois !, s’unissent par les liens du mariage ! Un moment historique si exceptionnel !
Et bien naturellement le quotidien local, le « Chester Chronicle », en fait sa « une » dans son édition du 31 juillet 1981 avec toute une série de photos à l’appui, qui racontent quelques faits et gestes des jeunes princes. Dans la même édition en page intérieure le même quotidien produit un article illustré par deux photos sous le titre « Learning the point of Aïkido » (voir ci-dessous).

Photo du mariage du couple princier britannique à la une du quotidien « Chester Chronicle » du 31 juillet 1981.
C’est qu’en effet se déroulait à l’Université de Chester un stage d’Aïkido des plus intensifs sous la direction de Kanetsuka senseï et sous l’égide de la British Aïkido Federation. Je suis le seul Français – et Malgache ! – , mais surtout Maître Kanetsuka me choisit comme Uke principal pour la partie des cours essentiellement consacrés aux armes (bokken et jo) se déroulant en plein air sur le gazon de l’Université.
Par la puissance des techniques et mouvements du maître je voltigeais littéralement ! …mais toujours sans violence ni heurts inutiles.
C’est là l’un des secrets de l’Aïkido !

Article et photo parus dans le quotidien « Chester Chronicle » du 31/7/1981 cité ci-dessus, relatant le stage d’Aïkido à l’Université de Chester. Je suis au premier rang (cf. flèche).
RUPTURE CONSOMMEE ?
Devant la persistance des revendications représentatives de M. Chassang et de son équipe à l’égard à la fois de la FIA et de la FEA, c’est le Président de la Fédération Française de Judo et Disciplines Associées, au sein de laquelle l’UNA est intégrée tout en gardant son autonomie fonctionnelle, qui annonce officiellement au Comité directeur de la FEA par une lettre du 19 octobre 1982 :
. la démission de Maître Tamura de sa fonction de directeur technique de l’UNA ; et sa volonté de renforcer davantage l’autonomie, suivie de l’indépendance totale de l’UNA à l’horizon 1985 pour les destinées de l’Aïkido en France.
Mais un coup de tonnerre intervint en cette même année 1982 : la démission de Guy Bonnefond comme Président de l’UNA !
En fait, ce ne fut qu’une demie surprise pour beaucoup et pour moi-même. Car, l’exaspération de « mon » président devant le comportement enfantin et irresponsable de trop de « hauts responsables » de l’Aïkido en France était à son comble.
Il en fut de même pour moi. Je le suivis sans hésitation dans sa décision et démissionnai moi-même. Mais, à sa demande comme à celle de nos amis européens, je demeure le conseiller juridique de la FEA.
Suite à la démission de Guy Bonnefond comme Président de l’UNA, M. Georges Pfeifer, le Président de la toute puissante FFJDA (Fédération Française de Judo et Disciplines Associées), met en place pour diriger l’Aïkido de France un Comité National Exécutif Provisoire.
En même temps il met en branle un processus devant conduire, à l’horizon 1985, à la fois à l’indépendance complète de l’Aïkido par rapport à la FFJDA et à l’unité de l’Aïkido en France, ceci en accord total avec le Ministère français de la Jeunesse et des Sports.
En troisième lieu, pour « compenser » la sorte de malaise résultant de la position en flèche de Maître Tamura du côté des tenants de la défunte ACEA et de sa démission comme directeur technique de l’UNA (cf. sa lettre du 31 mai 1982), Georges Pfeifer fixe dorénavant comme un objectif majeur et stratégique « la venue de maîtres japonais haut-gradés en France ».
C’est une nouvelle étape décisive dans la (trop) difficile et complexe évolution de l’Aïkido en France pour cet horizon fixé à 1985.
Mais, Mon Dieu comme les mauvais penchants ont trop tendance à perdurer !, car c’est tout le contraire de l’esprit unitaire qui se répand… !
Devant le vide créé à la suite des démissions de 1982, en France deux fédérations concurrentes s’étaient prestement constituées, d’une part la Fédération Française d’Aïkido, AïkiBudo et Affinitaires (FFAAA), incluant le Ki No Michi de Noro senseï, et d’autre part la Fédération Française Libre d’Aïkido et de Budo (FFLAB, peu de temps après devenue Fédération Française d’Aïkido et de Budo – FFAB -).
Toutes deux, autorisées par arrêtés ministériels pour une habilitation fédérative, revendiquent par ailleurs leur affiliation à l’Aïkikaï So Hombu, à très juste titre puisque le directeur technique de la FFAAA est Christian Tissier avec le grade exceptionnel de 6ème Dan parmi les experts français (Yamaguchi senseï, 8ème Dan, en étant le Conseiller technique), et que c’est Maître Tamura, 8ème Dan, qui du côté de la FFLAB est le directeur technique et le superviseur spirituel.
Le figement ainsi créé ne permet nulle action unitaire, ce d’autant moins que chacune de ces fédérations drapées dans l’authenticité revendiquée de leur Aïkido respectif bloque tour à tour toute tentative unitaire, avec comme témoin impatient et quelque peu agacé le Ministère de la Jeunesse et des Sports pourtant régulièrement appelé à la rescousse…
Cette situation perdure…
Elle a bien sûr ses répercussions aux niveaux européen et international : d’une part, seule la FFAAA est reconnue par la FEA officielle et légitime (laquelle est seule membre de la FIA), tandis que la FFAB est membre d’une « FEA » libre et privée non reconnue par la FIA ; d’autre part, seule la FFAAA est membre de la FIA en tant que fédération nationale française, tandis que la FFAAA et la FFAB bénéficient toutes deux de la reconnaissance de l’Aïkikaï So Hombu.
Dans la logique de mes engagements au service de l’Aïkido, officiellement je suis du côté de la FEA officielle et légitime, ainsi que de celui de la FFAAA à laquelle j’affilie le « Club Sanbu » de la Cité Internationale Universitaire de Pris (CIUP).
D’ailleurs au sein de la FFAA où je sympathise avec son Président, Jacques Abel, et le rédacteur en chef de la Revue « Aïkido Magazine », Jean-François Douche, j’y collabore bien volontiers, notamment en écrivant dans cette publication des articles sur des thèmes juridiques, assez demandés je dois dire, étant donnés les cas auxquels sont parfois confrontés des responsables de clubs et des professeurs.

Un de mes articles, ici paru dans la Revue « Aïkido Magazine » de la FFAAA de juillet-août-septembre 1985.
AINSI VA LA VIE…
Cette conjoncture n’est pas la marque exclusivement française…loin de là.
Ainsi va la vie, en Aïkido comme ailleurs…
Car chez mes amis anglais et néerlandais le ciel s’obscurcie également de quelque querelles intestines. Voilà que le torchon brûle autour de l’année 1988 entre Chiba senseï et la British Aïkido Federation.
Est en cause, l’immixtion alléguée de ce dernier dans les affaires intérieures de la BAF, en particulier sur le plan technique ; du côté des Pays-Bas c’est la fédération locale qui depuis des années a maille à partir avec des tentatives d’incursions de la coalition franco-belge acquise à la cause de l’ancienne ACEA…
Bref, j’avoue ma grande lassitude devant tant d’acrimonies des uns et des autres accompagnées de gestes et de décisions peu dignes.
Dès lors, loin d’éprouver un sentiment d’échec, bien au contraire mû par celui d’avoir sincèrement fait de mon mieux à mon modeste niveau, en 1988 j’abandonne toutes fonctions officielles au service de l’Aïkido pour me consacrer à la seule pratique et à l’enseignement de l’Art !
Et c’est à cette époque que mes états de service en faveur de l’Aïkido en France et en Europe parviennent aux oreilles et à la connaissance du Bâtonnier de l’Ordre des Avocats de Paris, Philippe Lafarge.
Il sait aussi mon engagement pour la coopération juridique et judiciaire au sein du Barreau de Paris puisque alors je m’impliquais en cette matière, en tant que avocat-sinisant diplômé supérieur d’études chinoises, au sein de l’Association Franco-Chinoise pour le Droit Economique (AFCDE) en ma qualité de membre fondateur.
Il décide donc de m’accorder la Médaille du Barreau de Paris lors d’une cérémonie organisée le 21 octobre 1988 au prestigieux Automobile Club de Paris, Place de la Concorde, où tous les sportifs méritants du Barreau sont récompensés. L’émotion m’envahit et je ressentis aussi de la fierté. J’ai 32 ans.

Ma médaille du Barreau de Paris (recto)

Ma médaille du Barreau de Paris (verso)
Pour en revenir à la situation institutionnelle, je dois dire que par un heureux contraste, la situation française trouve aux Etats-Unis un contre exemple…exemplaire ! Et j’aime à citer cet exemple américain étant donné l’affection qui m’anime eu égard au fait que ma rencontre avec ma tendre épouse américaine, Roberta, s’était nouée grâce à l’Aïkido un jour d’hiver 1978…et qu’elle adhéra à l’Aïkido avec un enthousiasme si touchant et délicieux !
Là-bas aux Etats-Unis, en effet, la sérénité semble régner sous l’égide d’une United States Aïkido Federation née en 1976 sous l’impulsion de Yoshimitsu Yamada senseï *, alors 7ème Dan qui calait ses pas dans le profond sillage tracé par le grand Koïchi Toheï et par la suite par Moriheï Ueshiba en personne accompagné de « notre » Noboyoshi Tamura.
Aux USA, plus d’une centaine de dojos sont répartis dans plus d’une trentaine d’Etats. Et dès les années 1980 tout ce monde d’aïkidokas américains est placé sous l’autorité de cinq senseïs tous Shihan originaires du Hombu Dojo :
. Mistunari Kanaï, 7ème Dan basé à Boston ;
. Akira Toheï, 7ème Dan basé à Chicago ;
. Kazuo Chiba, 7ème Dan basé à San Diego ;
. Yoshimitsu Yamada, 8ème Dan basé à New-York *;
. et Sadao Yoshioka, 6ème Dan basé à HawaÏ.
D’ailleurs, lors de la soirée de Gala tenue le 2 octobre 1980 à Paris dans le cadre du 3ème Congrès Mondial de l’Aïkido, avec la démonstration personnelle de Yamada senseï * qui fut excellente, l’équipe américaine fit aussi une démonstration remarquable. Pour continuer à être objectif, les équipes de Grande-Bretagne, de Suède et de France furent également excellentes dans l’exécution de leurs techniques et mouvements.
Ainsi allèrent ces jours, mois et années de cette large période de 1970 jusqu’au début des années 1990 à bien des égards agités et cruciaux pour le devenir et l’avenir de l’Aïkido.
Pour ma part, je poursuis mon petit bonhomme de chemin d’aïkidoka et d’enseignant, à mon rythme et libre de mes choix pédagogiques inspirés par les formations et enseignements de grands maîtres japonais et d’experts français et européens.
Demeuré fidèle à mon principe de ne point céder à la fièvre de la course aux grades, considérant vaine une telle attitude pourtant assez répandue, ce n’est qu’au bout de vingt-deux ans de pratique et treize ans d’enseignement continus et enthousiastes de l’Aïkido que j’obtiens mon 3ème Dan en 1991 à 35 ans.
Dans le même esprit voulu de lente progression en grade qui dans mon entendement devait correspondre à une réelle maturation, mon 4ème Dan attendra donc le moment voulu…
Quant à lui, mon « Club Sanbu » attire autant de monde, avec un renouvellement triennal de la base des élèves de toutes nationalités, correspondant à la périodicité de résidence permise aux étudiants à la Cité internationale universitaire de Paris, mais avec un noyau d’ « anciens » allant du 2ème Kyu au 2ème Dan. Parmi ceux-ci, je voudrais citer Didier Fontaine qui fut mon Assistant, puis Philippe Delpech et Patrick Coulon.
Mais, il y avait également les jeunes et talentueux Xavier Pétillon et François Avonde, le médecin Hervé Vallée, Anne-Sophie de Vulpillières, ma femme Roberta bien sûr qui atteignit très vite, dès 1981, le grade de 1er Kyu…

Attaque avec Jo (bâton). Uke: Philippe Delpech, mon 2ème assistant d’alors.

Cours en plein air à la CIUP: Kaïten-Nage et Koshi-Nage. Uke: Patrick Coulon, mon assistant principal d’alors.
Parmi les maîtres japonais visiteurs qui venaient assurer des cours ou stages au « Club Sanbu », en dehors de Kanetsuka senseï figurait en particulier un Assistant du grand Toheï senseï, Maître Suzuki, avec qui d’ailleurs j’allais assurer une démonstration à l’Université de Dijon en compagnie d’un de mes élèves, le Professeur Namekawa de l’Université Catholique de Tokyo, qui commença l’Aïkido sous mon tutorat au « Club Sanbu » alors qu’il avait déjà 5O ans !
Admirable Professeur Namekawa ! J’avais également accueilli au « Club Sanbu », cette fois-ci avec moins de bonheur, je dois l’avouer, maître Tsuchia qui me sollicita pour donner quelques cours de ce style d’Aïkido hérité de Tomiki senseï, c’est-à-dire avec de la compétition. Ce fut frustrant…bien que toujours instructif car mes élèves et moi avions ainsi un aperçu concret de ce style particulier de l’Aïkido…

Avec Suzuki senseï, un Assistant du grand Toheï senseï, je fais une démonstration d’Aïkido à l’Université de Dijon. Sur la dernière photo, il s’apprête à exécuter un Koshi-Nage, à droite je suis prêt à enchaîner sur une autre attaque sur lui…Sur les photos du haut, mon Uke est le Professeur Namekawa.
Mais, l’un des moments privilégiés qu’un adepte comme moi de cet Aïkido légendaire du grand Koïchi Toheï, 10ème Dan à cette époque, pouvait éprouver était précisément sa venue en France à Belfort pour donner un stage exceptionnel.
Et dire qu’un stage à Paris ou sa région lui fut interdit à cause du privilège territorial exclusif – à vrai dire stupide – que se réservaient les deux fédérations françaises existantes !…J’allais donc à la rencontre de Toheï senseï à Belfort.
Là sur le tatami durant trois jours, j’eus l’extrême privilège de lui servir occasionnellement de Uke. Quelle puissance naturelle et de bonté il dégageait ! Impressionnant ! Son Aïkido exprimait également la douceur.

Je porte une attaque Tsuki sur Toheï senseï…
C’est à ce genre d’expérience, que j’ai également vécu au contact d’autres grands maîtres japonais, qu’on se voit confirmé dans la pratique et la persévérance dans un Art unique !
AU PANTHEON DES GRANDS DE L’AIKIDO ET DES ARTS MARTIAUX
Assurément, avec la disparition de Moriheï Ueshiba O’Senseï au printemps de l’année 1969, le panthéon des Arts martiaux, et pas seulement de l’Aïkido, avait alors accueilli l’un de ses plus éminents membres.
A ce jour, d’autres l’y ont rejoint: son propre fils Kisshomaru, Koïchi Toheï, Morihiro Saïto, Ozawa Senseï, Noro Senseï, Noboyoshi Tamura, Kazuo Chiba, et bien trop d’autres *.
Tous, Aïkidokas que nous sommes, les vénérons. Quels que soient nos groupes d’appartenance stylistique.
Pour la France, la disparition de Noboyoshi Tamura en 2010 provoqua un grand choc, considérant le Senseï sensible, cultivé, génial et attentif, mais aussi l’homme, avec son humanité saluée par tous, et je mesure encore aujourd’hui la grande chance qui fut la mienne de l’avoir connu personnellement en des circonstances les plus diverses dans ce monde de l’Aïkido.
D’ailleurs, l’un de mes plus grands regrets est de n’avoir pu réaliser le projet qu’avec lui nous mûrissions début 2009 un an avant sa disparition, avec deux de ses élèves attitrés, mes amis Jacques Bonemaison et Mamy Rahaga, de le faire venir à Madagascar y assurer un stage international.
Dans ma fonction (j’étais alors ambassadeur de Madagascar en Italie), j’en assurais les préparatifs avec Tamura Senseï. Hélas, le sanglant coup d’Etat survenu dans mon pays en mars 2009 fit capoter ce beau projet…Et vint donc l’année 2010, celle de la disparition de ce Maître incontesté de notre Art.
Rétrospectivement, le souvenir de ces grands de l’Aïkido fait prendre conscience de l’immense richesse de leurs enseignements, tant sur le plan technique et philosophique que s’agissant des leçons nécessairement pérennes à en tirer pour chacun des aïkidokas d’aujourd’hui.
A cet égard, je ne peux que noter le sentiment d’apaisement qui, malgré tout, prévaut dans le monde de l’Aïkido après les turbulences passées. La référence au panthéon de l’Aïkido y est, j’en suis persuadé, pour beaucoup.
Et cela, dès le début des années 1990.
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SENTIMENT DU SERVICE ACCOMPLI – SERENITE…
Pour ce qui me concerne, à cette époque je continue d’aller de l’avant, à mon rythme personnel, c’est à dire sans ambition particulière mais pour mon propre plaisir, dans ma pratique et dans mon enseignement de l’Aïkido au « Club Sanbu » de la CIUP.
Puis dans la foulée j’ouvre dès 1997 à l’OCDE (l’Organisation pour la Coopération et le Développement Economique) à son siège à Paris, Porte de La Muette, également à l’UNESCO (United Nations Education, Science and Cultural Organization) à son siège à Paris, Avenue de Suffren, deux autres clubs d’Aïkido pour le plus grand intérêt de nouveaux pratiquants au sein de ces organisations internationales majeures.
J’accentue ainsi mon ancrage international à travers l’Aïkido.
Cette sorte de vocation internationale me poursuit puisque devenu Ambassadeur de Madagascar en France en 2002, j’ouvre dans le milieu diplomatique de Paris et pour les diplomates de tous pays en poste des cours d’Aïkido…
Et voici qu’avec le nouvel ambassadeur du Japon en France, Yutaka Iimura, lui et moi nous nous lions d’une amitié d’autant plus forte que lui-même est un expert en Iaïdo (art du sabre et de dégainer le sabre) au grade de 5ème dan. Tout naturellement, étant donné mon vif intérêt pour cet art auquel je m’exerçais parallèlement à l’Aïkido, nous échangions nos pratiques.
Puis, le 6 avril 2007 nous décidâmes d’organiser en sa belle Résidence officielle de la rue du Faubourg Saint-Honoré, à deux pas du Palais de l’Elysée, une petite réception amicale me permettant de présenter Tamura senseï à mon ami l’ambassadeur Iimura. Tamura Senseï fut accompagné de son épouse ainsi que d’un expert français de Iaïdo, Michel Prouveze, 4ème dan, responsable du Groupe Iaïdo au sein de la FFAB (Fédération Française d’Aïkido et de Budo) dont Tamura Senseï était le directeur technique, parallèlement à sa qualité de Délégué officiel pour la France et pour l’Europe de l’Aïkikaï So Hombu de Tokyo.
Par ailleurs, étant accrédité ensuite ambassadeur à Rome en été 2008, je n’en oublie pas moins de visiter mes amis aïkidokas italiens dans leurs clubs romains, tout en pratiquant moi-même personnellement à ma Résidence essentiellement les armes (sabre, bokken et jo)…
Ainsi va mon service continu pour l’Aïkido, allié au plaisir personnel.
Mais, je ne voudrais pas terminer sans rendre hommage à une femme, une Senseï formée à l’Aïkido par le grand Maître Seigo Yamaguchi, une condisciple de Christian Tissier senseï au Hombu Dojo.
J’ai nommée Maître Yoko Okamoto.
C’est grâce à l’heureuse initiative de Christian Tissier senseï, aujourd’hui 8ème Dan, que je l’ai vue en cet été de 1997. L’énergie et la subtilité de son Aïkido était si agréable à voir et à apprécier ! Elle démontre, avec d’autres femmes parvenues à un grade élevé, combien l’Aïkido loin d’être l’exclusivité des hommes est un art moderne qui transcende la notion du genre !
J’ajoute qu’au bout de 47 ans de pratique de l’Aïkido sans jamais chercher à me valoriser par le passage de grades élevés après mon « vieux » 3ème dan acquis en 1991, tout récemment le 20 décembre 2016 – en plein âge de la retraite…mais pas celle de l’Aïkido ! – j’ai l’heureuse surprise et l’honneur d’être nommé 5ème Dan Taijutsu de la Fundamental Aïkido Association (FAA), l’Ecole héritière de la tradition de l’Aïkido développée par le Grand Maître Morihiro Saïto (le regretté conservateur du Temple de l’Aïkido à Iwama, désigné dans cette fonction par Ueshiba Morihei, Fondateur de l’Aïkio, dès l’achèvement de la construction dudit temple).

Mon diplôme de 5ème dan Aïkido
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L’actuel chef instructeur de la FAA est l’excellent Daniel Toutain, 7ème Dan, sans doute avec Christian Tissier l’un des senseï français les plus doués et ayant bénéficié – et continuent de bénéficier – des meilleurs enseignements tirés des plus grands senseï japonais pour les transmettre avec force authenticité.
Je me dis que mon devoir renforcé est donc de poursuivre, autant que possible, de façon encore plus exigeante la pratique de l’Aïkido, l’Art de ma vie…en l’adaptant toutefois à mes capacités physiques qui ne sont plus celles de mes vingt ans !
L’Aïkido, la Voie de l’Union des Energies, la Voie de l’Harmonie des Energies.

C’est cette philosophie d’action et de pratique que Madame le Maire du 16ème Arrondissement de Paris a bien voulu honorer à travers ma petite personne lors de mon « Jubilé d’Aïkido » qui fut organisé en sa mairie le 23 novembre 2019.
A cette occasion, où j’avais tenu à exposer le Katana de ma défunte et très chère épouse Roberta,deux médailles, celle du « Jubilé d’Aïkido » et celle de la Mairie du 16ème, me furent remises.
Roberta avait répondu au rappel de Dieu le 10 juin 2018 et lors de mon Jubilé d’Aïkido je tenais à lui rendre cet hommage particulier avec l’exposition de son Katana posé sur la tablette où figurait également le portrait de Morihei Ueshiba, le Fondateur de l’Aïkido.
De tels souvenirs me vont droit au coeur !
Aujourd’hui, les expériences acquises au service de cet extraordinaire art martial qu’est l’Aïkido continuent de m’entretenir dans cet enthousiasme de la Vie qui me maintient dans la confiance en soi et dans autrui, mais avec l’humilité nécessaire et la considération de l’autre. Deux valeurs que je considère éminemment cardinales.
Car, à défaut il est vain de rechercher la voie qui mène à cette harmonie des énergies qui, avec l’Amour, est la loi suprême qui régit la Vie.
C’est pourquoi, in fine, oui l’Aïkido est bien au-delà de la technique à laquelle bien trop de pratiquants, y compris des experts patentés, s’y attachent exagérément, croyant y puiser leur voie.
Or, comme en matière d’Art, qu’est avant tout l’Aïkido, il faut aller au coeur de l’art, à la source de l’authenticité, pour en récolter les fruits et en goûter la saveur infinie. Je ne suis pas convaincu qu’au vu de certaines « évolutions » récentes dans la pratique de certains enseignants un peu trop regardants sur leur propre valeur, ce souci de rester aux sources demeure central…Que dire aussi du nombre si impressionnant de très hauts gradés et shihans qui depuis quelques années peuplent le monde de l’Aïkido de leur supposée maîtrise de l’Art…?! Cela me fascine…! Malheureusement, ici comme ailleurs, l’inflation à laquelle on assiste n’est pas pour nous rassurer quant à la bonne pérennité de notre Art…
Mais, laissons cette réflexion en suspens…
Et terminons bien plus positivement par une autre réflexion d’ordre éminemment philosophique qui me ramène, d’une part à l’ode à l’Aïkido que nous a servi le génial Fondateur de notre Art, Morihei Ueshiba rapportée ainsi en anglais par notre traducteur patenté John Stevens :
« The divine beauty
Of heaven and earth !
All creation
Members of
One family« ,
d’autre part, m’amène à une profonde réflexion de mon excellente amie Ying Xu, Bouddhiste avérée, pénétrée de philosophie taoïste et nouvelle admiratrice de l’Aïkido, qui préconise à juste titre et pertinemment qu’ici-bas sur Terre l’on s’efforce d’observer et d’appliquer les » Valeurs du Ciel « .
Quelle belle formule !
Que j’adopte très volontiers !
Ce, d’autant plus qu’elle rejoint parfaitement l’ode à l’Aïkido formulée ci-dessus par Morihei Ueshiba. Et qu’au surplus, elle correspond, presque mot pour mot, à un principe de vie issu de la spiritualité malgache !
Le Fondateur de l’Aïkido, qui nous avait quittés un 26 avril 1969 s’y reconnaît assurément.
Jean-Pierre Razafy-Andriamihaingo, professeur d’Aïkido 5ème dan, ancien président de la commission juridique de l’Union Nationale d’Aïkido, ancien conseiller juridique de la Fédération Européenne d’Aïkido
* P.S:
Nous sommes le 15 janvier 2023. Nous apprenons avec grande tristesse le décès aux Etats-Unis de Yoshimitsu Yamada senseï, 8ème dan. Incontestablement, à la suite du Fondateur même de l’Aïkido, Morihei Ueshiba et du grand Toheï senseï qui tous deux avaient introduit l’Aïkido aux Etats-Unis, Yamada senseï incarnait parfaitement l' »Aïkido américain ». Sa mémoire restera vivante dans le monde de l’Aïkido !
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