ALLONS JETER NOS FRUITS AMERS !

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« Amertume » – JPRA


 

                                        ALLONS JETER NOS FRUITS AMERS

Madagascar, le Printemps te tend ses mains, il n’est pas si loin ;

et, je t’en conjure, en ces temps d’Automne ou d’Hiver ici dans l’hémisphère nord, ou d’Eté là-bas dans l’hémisphère sud, ne laisses pas s’installer les rudesses de l’hibernation, mais fais au moins qu’elles ne soient que passagères !

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« Marais d’Ambodiakondro » – JPRA


 

C’est que tout, dans l’ambiance du temps, celui de notre actuelle quête existentielle, semble échapper à la raison et aux saisons, car nos puissants, d’hier ou d’aujourd’hui, ignorent le sens de nos valeurs, celui du simple message du coeur.

Mais, alors, à quoi bon se bercer d’illusions ?

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« Abondance de raisins » – JPRA –


 

Précisément, désormais à chacun de semer le bon grain, là où la jachère risque de s’étendre, là où quelque sève répandue en renfort est souhaitée, car tout doit tendre à empêcher que l’aridité des âmes malignes étale ses mauvaises oeuvres.

Hier encore on se risquait à envisager en simple songe que le mieux gagne et que le pire s’éloigne de nos vues. C’est que, oui ! une voix intérieure semblait nous susurrer l’annonce de quelque lumière !

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« Banane sur bol de cristal » – JPRA –


 

Mais, avec un retour de vent retors, la bourrasque des mauvais jours n’a point tardé à apporter à nouveau ses nuées de guêpes pour nous envelopper soudain d’un manteau froid…Alors quoi, devons-nous éternellement vivre sous l’empire de Pilate, dans les profondeurs de l’abîme, et renoncer à voir l’horizon, à scruter le firmament et à nous référer à la vigie de notre destin ?

Le sang répandu, les blessures des corps et des âmes, les larmes de désespoir et les humiliations subies trouveront bien dans notre détermination d’airain et d’acier les réparations dues !

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« Abondance de raisins 2 » – JPRA –


 

Nous, Madécasses d’alors !, Malagasy d’aujourd’hui !, allons ce jour même à travers champs et rizières, sur les cimes, au fond des vallées, dans les villages, en villes, ramasser et jeter nos fruits amers pour que demain, mais sans délai, ils laissent place à la gousse ingénieuse de nos références.

Allons de même à longueur de tes rizières, ô Ny Taniko ! creuser leurs sillons fertiles.

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« Marais d’Ambodiakondro 2  » – JPRA –


 

Nous n’oublierons pas non plus d’annoncer à Ikoto, à Fara, à Jovy, à Raivo ou à Sakaiza, au Fokonolona, au Fokotany, au Firenena, la bonne nouvelle de notre âme retrouvée.

Ne sont-ce là qu’illusions perdues ?

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« Avocat et grenat-améthyste » – JPRA –


 

Allons d’un seul élan jeter nos fruits amers…afin que nos compatriotes, pétris de courage, édifiés des dures épreuves, nourris par la profondeur de leurs sources, fortifiés à force de dignité, se libèrent des lianes hideuses des ténèbres !

Afin que vivent et volent de leurs ailes les figures hâlées de nos libertés !

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« Abondance de raisins 3 » – JPRA –


 

Afin que nous goûtions à nouveau l’exquise saveur de nos fruits désirés !

Les innombrables Vatolahy fièrement dressés tracent sur nos chemins historiques l’itinéraire à suivre. Il mène sur les crêtes d’où l’on perçoit au loin le florilège de nos réalisations passées et d’où l’on voit se profiler la floraison promise. Celui qui saura l’emprunter d’un pas hardi pourra dire:

ici commence la relève, ici sous le jour Madagascar revivra !

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« Marais d’Ambodiakondro 3 » – JPRA –


 

Le redressement national tant voulu exige, commande, requiert de tous l’adhésion du coeur et de l’esprit; ce qui pour certains peut-être, passe par leur reconversion et le dépassement de soi; mais pour chacun en tout cas, l’ardent devoir de s’unir autour de nos valeurs partagées.

Alors, et alors seulement !, l’élan collectif se muera en notre unité retrouvée. S’enchaîneront inexorablement la détente morale et le relèvement des considérations qui seront autant de signes de libération et, en définitive, de délivrance.

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« Améthyste, banane et orange » – JPRA –


 

Magnifique percée que cette volonté commune ! Un seul sentiment, une seule visée formeront la trame prochaine et nouvelle de notre Histoire !

C’est pourquoi, allons de suite jeter nos fruits amers et que l’ardeur des uns et des autres dans sa conjugaison forme le levier du salut !

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« Pluie d’abondance de fruits » – JPRA –


 

Et pour que nous retrouvions à nouveau l’exquise saveur de nos fruits désirés !

 

Jean-Pierre Razafy-Andriamihaingo

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Reproduction, même partielle, interdite des textes et illustrations

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BREVES SUR LES RAPPORTS PRIVILEGIES MAROC-MADAGASCAR

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Hôtel des Thermes à Antsirabe – Reproduction interdite –


              BREVES SUR LES RAPPORTS PRIVILEGIES MAROC-MADAGASCAR

Le Maroc, comme Madagascar, avait à l’entrée des années 1950 connu une période d’intense lutte anticoloniale, dans ce pays important du Maghreb le parti de l’Istiqlal, fondé en 1944, ne cessant de réclamer le retour à l’Indépendance.

En arrière-plan se jouaient aussi de fortes convoitises économiques, notamment les Etats-Unis lorgnant sur les immenses richesses énergétiques et minérales du Maroc, mais moyennant compensation financière la France, puissance coloniale tutélaire, finit en 1951 par céder aux Américains leurs exigences d’installer au Maroc des bases militaires.

Deux ans plus tard en 1953, la France chassa le Roi Mohammed V de son trône pour lui préférer la docilité du Sultan Ben Arafa et s’appuya sur les Berbères de l’Atlas.

Ainsi donc en cette même année 1953 le roi Mohammed V fut-il exilé à Madagascar.

Lui et sa famille sont installés à Antsirabe, ville thermale réputée et d’artisans fameux située à quelque cent soixante dix kilomètres d’Antananatrivo au sud.

Plusieurs dizaines d’années auparavant, les reines malgaches y séjournèrent aussi fréquemment que possible au milieu d’un bel écrin de verdure et d’un paysage de montagnes et de lacs, deux d’entre ces derniers, Tritriva et Andraikiba, gardant vivace leur légende de mystères poétiques.

Là à Antsirabe la famille royale marocaine en exil occupe les plus beaux appartements de l’ « Hôtel des Thermes », une belle bâtisse construite au début du XXème siècle par l’architecte Fouchard pour la construction duquel notre grand-père paternel, Pierre Razafindramanana, fut associé en tant que jeune technicien des travaux publics.

Le souverain marocain y vit notamment avec son fils, le jeune prince Hassan, et de l’avis général leur séjour s’y déroule plutôt agréablement.

D’ailleurs, le bonheur s’y mêle car Mohammed V a la joie de voir naître à Antsirabe la jeune princesse Alima qui, plus tard, sera faite citoyenne d’honneur malgache, non seulement en gratitude de cette royale naissance mais aussi parce que dans sa grande générosité le souverain marocain voulut offrir à la nation malgache un orphelinat devant porter le nom de sa fille.

Il chargea notre père, Pierre Razafy-Andriamihaingo (cf. l’article « Centenaire d’une haut figure de la diplomatie malgache », daté du 22 avril 2014 sur ce même blog), de sa conception architecturale, mais les méandres de l’administration coloniale de l’époque eurent raison de l’érection d’un tel établissement qui devait pourtant être le témoin de la réelle reconnaissance de Mohammed V pour l’hospitalité malgache à son égard…

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« Montagnes bleues » – JPRA –


Une autre occurrence privilégiée vint ponctuer le séjour à Madagascar du roi Mohammed V et illustra l’extrême tension régnant entre le pouvoir colonial français et le souverain marocain : c’est sa visite mémorable du 18 août 1954 au Rova d’Antananarivo, cette enceinte royale volontiers prise pour le « Versailles malgache ».

Notre regrettée mère (cf. l’article « Fitiavan’ny zanaka ny ray aman-dreny – Amour filial », daté du 16 juin 2014 sur ce même blog), qui en fut alors le conservateur en chef eut l’insigne honneur de le recevoir, lui étant accompagné par le jeune prince Hassan, futur Hassan II.

Tout naturellement, et très volontiers, surtout qu’avant lui le 10 octobre 1953 le général De Gaulle l’avait précédé dans la visite de ce Rova, Mohammed Ben Youssef, Roi Mohammed V, entend laisser un témoignage solennel de sa visite.

C’est son fils, le prince Hassan qui signe au nom de son illustre père sur le Livre d’or :

. « Sa Majesté Sidi Mohammed Ben Youssef, Sultant du Maroc ».

Georges Riond, alors vice-président de l’Assemblée de l’Union Française qui vint visiter le même Rova peu après, et remarquant la signature apposée par le roi Mohammed V, ne put s’empêcher de dénoncer en forme de dédain, et avec un mépris sidérant, le caractère « délibérément insolent de l’Alaouite éloigné à Antsirabe » (sic)…!

Mais comme de juste, le cours de l’Histoire reprenant ses droits, dès 1955 le Roi Mohammed V retourne dans son pays, et aux résultats des accords de La Celle-Saint-Cloud l’année suivante, le Maroc retrouve son Indépendance.

Et, c’est en 1961 que Hassan accède au trône sous le nom de Hassan II.

Le Maroc entame alors une montée en puissance, d’abord en reconstituant ses contours territoriaux, et parallèlement en adoptant les orientations stratégiques de son développement économique.

A ce titre, et saisissant l’opportunité qu’offre en 1967 l’ « Année Internationale du Tourisme » proclamée par les Nations Unies et ayant fait l’objet d’un volumineux rapport de leur Secrétaire général, le gouvernement marocain élabore un plan de développement de ce secteur dont les performances sont déjà éloquentes.

Les réminiscences relationnelles demeurant vivaces après le projet avorté d’un orphelinat marocain à Antsirabe, notre père peaufine avec le gouvernement marocain, plus précisément avec le prince Moulay Ahmed Alaoui, Ministre d’Etat chargé du tourisme du Maroc, l’organisation au Maroc d’un Colloque international envisagé comme devant constituer un acte de foi dans l’avenir de l’industrie touristique marocaine naissante.

Le projet, prévoyant notamment la construction de chaînes hôtelières modèles, la création de zones d’aménagement prioritaires et la mise en place de structures pluridisciplinaires, est intégré dans le cadre du Vème Plan quadriennal marocain (1968-1972).

Enfin, alors que durant l’été 2002 Madagascar entamait un renouveau relationnel débarrassé de toute référence idéologique dans laquelle le pays s’était perdu durant la période ratsirakiste précédente, à l’occasion de la tenue à Rabat d’un Sommet Afrique-Europe, à l’invitation du Ministre marocain des Affaires étrangères j’ai avec lui personnellement pu jeter, en me rendant prestement à Rabat, les bonnes bases d’un rétablissement des relations diplomatiques entre le Maroc et Madagascar, occurrence voulue par les plus hautes autorités des deux pays pour renouer avec une mémoire relationnelle de référence.

L’obstacle représenté par les revendications de la « République sahraouie » étant levé par ailleurs, ces relations purent dès lors redémarrer au plus haut niveau diplomatique, celui d’échange d’ambassadeurs, avec une nouvelle dynamique et prospérer jusqu’à aujourd’hui.

je ne cache pas ma fierté d’avoir ainsi contribué de façon déterminante – et accessoirement en poursuivant une attache quasi-sentimentale au Maroc initiée par mon père – à un tel redémarrage diplomatique.

Ainsi, nul doute que le Maroc et Madagascar pouvaient dès lors, ce qui est le cas aujourd’hui encore, envisager avec sérénité, confiance et espoir un développement significatif de leurs relations sur tous les plans.

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Vitrail au Palais de Justice d’Anosy à Antananarivo (Ensemble conçu par l’architecte-urbaniste Pierre Razafy-Andriamihaingo) – Reproduction interdite –


Récemment, la venue de sa Majesté le Roi Mohammed VI à Madagascar à l’occasion du 16ème Sommet de la Francophonie (du 22 au 27 novembre 2016) constituait, bien entendu, le point d’un nouveau départ attendu.

Avant les réunions formelles avec les autres chefs d’Etat, le roi avait d’ailleurs tenu, avec sa suite, à faire un pèlerinage à Antsirabe, là même où son grand-père, ainsi que rappelé ci-haut, avait séjourné avec sa famille.

C’est dire aussi la charge émotionnelle et sentimentale – en particulier pour ma famille – dont se nourrissent ces relations.

D’ailleurs à ce titre, le souverain marocain se souvenant du projet avorté de son grand-père d’ériger en 1954 un orphelinat, comme évoqué plus haut, venait également à Antsirabe pour y poser la première pierre d’un établissement de protection maternelle.

Que le Maroc veuille faire de Madagascar un socle de sa présence en Afrique, en particulier dans sa partie australe et orientale, mais aussi dans l’océan indien occidental et en ouverture sur le grand large vers l’Asie par le sud, n’est pas pour déplaire.

D’ailleurs, si l’on considère la chose dans une vaste vision géopolitique et géostratégique, tout cela a un sens qu’il appartient au gouvernement malgache de savoir comprendre, sachant par ailleurs que le Maroc revendique avec raison sa juste place au sein  de la grande famille de l’Union Africaine et que, quand le Maroc met en avant la pertinence d’une coopération sud-sud, notamment en misant fortement sur les capacités de la Banque Africaine de Développement (BAD), il convient assurément d’optimiser tant de bonnes dispositions.

Notons à titre d’anecdote supplémentaire, que dans les instances internationales le Maroc et Madagascar voisinent toujours, ordre alphabétique oblige…ça rapproche nécessairement et ça facilite et renforce le dialogue entre les deux pays.

Jean-Pierre Razafy-Andriamihaingo

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Reproduction, même partielle, interdite des textes et illustrations.

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DEMOCRATIE PARTICIPATIVE Vs. DEMOCRATIE DIRECTE

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« Soleil brûlant » – JPRA –


                          DEMOCRATIE PARTICIPATIVE Vs. DEMOCRATIE DIRECTE ?

Le 15 septembre est, dans l’agenda des Nations Unies, jour de célébration de la Démocratie.

Indéniablement, tant la valeur que la notion de démocratie perdent de leur substance. Comment alors les décliner ?

Il est certain que dans ce monde d’affrontements en tous genres, s’avère de façon plus évidente qu’auparavant la nécessité de redonner vigueur à la Démocratie dans sa substance même.

Ceci peut paraître avec évidence, vu le contexte actuel de la conjoncture mondiale, alourdie par une situation alarmante qui met à l’épreuve tous les droits fondamentaux, non pas uniquement ceux en rapport avec les libertés individuelles, mais aussi ceux relatifs à la condition citoyenne, ces droits collectifs socio-économiques et environnementaux également protégés par différentes conventions et divers standards onusiens et internationaux.

Et s’agissant de la France et de certains pays européens, les mouvement actuels des « Gilets jaunes » et de leurs semblables à travers l’Europe mettent davantage en évidence le décalage entre les institutions établies et les évolutions conjoncturelles erratiques inhérentes à un libéralisme lui-même en crise.

Le tout fait monter la fièvre populiste et enfler les revendications les plus contradictoires, pour finalement mettre en danger la Démocratie au nom de laquelle elles font paradoxalement référence.

  POPULISME ET REFERENDUM

Oui, avec ces vagues bientôt déferlantes de populismes nationaux dont aucun des continents n’est épargné, la tentation d’aller recueillir dans le tréfonds des peuples et dans leur retranchement récriminateur leur sentiment profond face aux difficultés de leur vie citoyenne, conduit – et conduira inévitablement – paradoxalement à favoriser cette forme particulière  de démocratie directe qu’est la pratique du référendum.

En Europe occidentale, le récent « Brexit » et le mouvement des « Gilets jaunes » en sont les meilleurs exemples. D’autres pourraient être cités.

Or, un référendum – surtout celui dit d' »initiative citoyenne » – n’est jamais que circonstanciel et illustre en réalité une certaine faillite du système démocratique en ce sens qu’il se substitue au fonctionnement normal des rouages institutionnels, lesquels ont besoin d’une certaine continuité fonctionnelle et d’une cohérence jurisprudentielle.

Ce, sans compter qu’un « référendum d’initiative citoyenne » nourrit en fait des tentatives désordonnées d’exigences qui n’auraient de légitimité que celle inspirée d’une circonstance temporelle ou d’un intérêt catégoriel.

Certains objecteront alors qu’en Suisse le référendum fait précisément partie de ces rouages…Certes, mais cela n’enlève rien à son caractère circonstanciel là-bas également.

Or, la Démocratie a besoin d’ancrage et doivent lui être épargnées les secousses référendaires.

Sauf à considérer qu’exceptionnellement, pour consolider des acquis fondamentaux, pour couper un nœud gordien ou précisément pour débloquer une situation intenable qui risquerait d’attenter à des principes essentiels, une bonne consultation directe du peuple par voie référendaire s’avère nécessaire, comme l’est une opération chirurgicale dans le cas d’un individu. Car, le corps social est aussi sujet, comme l’est le corps humain, à des dérèglements.

Mais alors, comment satisfaire dans la quotidienneté, en dehors des rouages représentatifs classiques la légitime quête citoyenne consistant à exercer son droit de regard, de contrôle, voire de décision sur les affaires publiques ?

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« Soleil de midi » – JPRA


LA DEMOCRATIE PARTICIPATIVE A INVENTER

A tous ces égards, le souvenir me reviens d’une discussion fort instructive au printemps de 2001 que mon épouse et moi avions eu avec Madame Shirley Barnes, alors Ambassadeur des Etats-Unis à Madagascar, au cours de laquelle un des sujets débattus concernait précisément la démocratie participative, et en particulier autour des développements exposés par Madame Hillary Clinton, alors première Dame des Etats-Unis, lors du Forum économique de Davos en 1998.

Son intervention remarquée avait tournée autour de cette thématique centrale : « civiliser la démocratie ».

En effet, là où pour de multiples causes le citoyen est broyé, ici en raison de la pauvreté ou là en raison de la mécanique capitaliste à outrance, la société a besoin d’ouvertures et de considération plus grande.

La démocratie participative est certainement une des solutions, elle est en tout cas l’antidote nécessaire aux vues ultralibérales qui, ne jurant que par une utopique et destructrice « liberté des marchés », sont en fait des fossoyeurs de la démocratie.

La démocratie participative a, notamment dans les pays en développement, pour objectif focal l’autonomie de la société civile, donc celle, en son sein, de toutes les catégories sociales, allant de la classe dite « supérieure » en passant par la classe moyenne à la masse laborieuse, sans oublier le monde paysan et rural.

Cette autonomie vise à occuper tous les espaces et s’exerce moins à l’encontre des impositions d’un Etat tentaculaire et omnipotent dont le rôle doit être celui de répartir équitablement les richesses parmi la population, que surtout contre celles des groupes capitalistiques soutenus par la puissance de l’argent pour lesquels, stratégie transnationale obligeant dans le cadre de la mondialisation et de la globalisation, le dumping social, l’optimisation fiscale et les rachats sauvages constituent les pratiques constantes.

Le rôle de la femme et, par extension, de la famille est à souligner à ces égards.

Elles forment assurément le socle des sociétés, de leur solidité dépend celle de la société civile.

Sont ainsi concernés les valeurs familiales, la culture locale, l’éducation et l’information, les cheminements spirituels, toutes considérations par trop envahies par l’esprit de consommation et les médias de masse.

Dans les pays en développement une des voies à privilégier est certainement l’encouragement à la micro entreprise, sachant cependant que les grands groupes financiers ayant découvert là une autre mine d’exploitation, la mise en place d’un système mutualiste contrôlé par les intéressés eux-mêmes s’avère nécessaire.

Maints autres sujets avaient été abordés par Madame Clinton lors de ce Forum économique de Davos de 1998, nous ne les aborderons pas tous.

Mais, en guise de conclusion de cette trop courte évocation, citons encore Madame Clinton qui parlait devant un parterre d’hommes et de femmes qui représentaient les plus grands groupes économiques et financiers de ce monde :

« …Je veux vous dire combien il est important que vous travailliez à améliorer les mécanismes imparfaits du libre marché, que vous vous inquiétiez des nombreux problèmes que celui-ci provoque…ces dysfonctionnements favorisent souvent l’instabilité… ».

D’autre part, elle soulignait : « …notre monde est devenu interdépendant. Il est inconcevable aujourd’hui qu’aucune corporation, quelle que soit sa taille, qu’aucun gouvernement, si puissant soit-il, sache y répondre tout seul. Que cela nous plaise ou non, nous dépendons aujourd’hui les uns des autres…Cette évolution devrait être respectée autant par les Etats que par les entreprises ».

Pour l’anecdote, au regard de ces considérations certains regretteront sûrement que Madame Hillary Clinton, contrairement à tous les pronostics et malgré qu’elle ait été victorieuse en nombre de suffrages, n’ait pu accéder à la présidence des Etats-Unis d’Amérique.

Mais, il est non moins vrai malheureusement qu’en aucun cas durant sa campagne présidentielle elle n’avait évoqué ces considérations lumineuses dont pourtant elle en avait été l’auteure…

Néanmoins, sa conception de la démocratie dite « participative » mérite certainement d’être mieux connue et réévaluée au regard des problématiques actuelles.

Jean-Pierre Razafy-Andriamihaingo

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Reproduction, même partielle, interdite des textes et illustrations

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L’ARTISANAT TRADITIONNEL MALGACHE

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« Draperie », acrylique – Jipiera –


                                           ARTISANAT TRADITIONNEL MALGACHE

L’artisanat est une des expressions privilégiées des talents d’un peuple, qui fait découvrir la profondeur de son âme.

Dans le cas de Madagascar et de ses différentes populations si richement diverses, cette réalité nous est révélée à travers les différentes formes d’artisanat traitées dans des matériaux précieux.

C’est en particulier le cas des œuvres réalisées à base de corne de bœuf, de bois précieux, de métaux rares ou de tissus tout aussi rares.

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« Chasse au sanglier » – Peinture à la colle –


D’autre part, art et artisanat se mêlant souvent, à Madagascar aussi cette interpénétration se traduit par une capacité certaine à la créativité qui, en particulier dès le cours du XIXème siècle, à cette époque où Madagascar s’ouvrait bien volontiers aux influences extérieures, donne naissance à des courants nouveaux et fait émerger, tout au long du siècle suivant, des arts grâce auxquels l’âme malgache trouve à s’exprimer plus ouvertement.

Un peu comme au Japon, quand le Pays du Soleil Levant s’enrichissait d’apports extérieurs grâce au mouvement du « Namban » (voir nos développements sur cette même thématique sur ce même blog), ce sans nullement « déprécier » ses racines propres mais au contraire en exerçant sur les arts traditionnels une impulsion nouvelle par injection d’un sang nouveau.

Ainsi, s’agissant de Madagascar, au milieu du XXème siècle, en 1937 Paris a vu une importante participation de Madagascar à l’Exposition Internationale de l’Artisanat.

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« Scène de marché » – Panneau sculpté en palissandre –


Pour la première fois, le grand public français put alors apprécier un style original plein de charme à travers des spécimens en provenance des différentes régions malgaches, notamment :

. le bois de lit sculpté ou le lambamena de l’Imerina,

. les rabanes bariolés et nattes ornées du pays Betsimisaraka,

. les aloalo du pays Mahafaly,

. les boîtes à épices du pays Tanala,

. etc…

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Statuette en corne de boeuf sculpté.


L’affirmation de l’ouverture de Madagascar au monde, mais aussi de l’interrogation fondamentale sur la Malgachité, la Malgachitude ou la Malgachisation (cf. l’article « Réformateurs et modernisateurs de Madagascar », 10ème partie, daté du 17 octobre 2013 sur ce même blog) correspondirent, en matière artistique, à la création ici et là à travers le pays d’ateliers d’Art Appliqué qui permirent à de jeunes talents malgaches d’éclore leurs qualités d’observation, d’imagination et de pratiquer le culte du goût pour les belles choses.

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Poteries


Ainsi naquirent et se développèrent des disciplines proprement malgaches telle que la peinture sur bois, sur tissu ou par collage…

La sculpture, art traditionnel déjà largement pratiqué, connut des expressions nouvelles, et il en fut de même du cuir, et ainsi de suite…

Bref, les techniques nouvelles de création artistique permirent de faire revivre, d’améliorer et de sublimer un artisanat qui sans cela risquait de disparaître lentement mais sûrement.

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Différents objets d’ameublement.


Mais, aujourd’hui où les crises morales et matérielles se succèdent à Madagascar depuis trop longtemps, on observe, mille fois hélas !, le phénomène inverse.

Ce qui est convenu d’appeler l’Art populaire, cet artisanat représentatif de l’originalité de tout un peuple, expression de la profondeur de son âme, est aussi l’affirmation d’un art de vivre et offre un cadre de vie propre, le tout en harmonie avec la vie quotidienne.

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Peignes et boucles en corne sculptée.


C’est tout cela qui demande actuellement à être régénéré !

Car, comme pour toute activité humaine, et comme toute discipline artistique, les principes de conservation, de création, de maîtrise et de valorisation n’ont de sens que s’ils sont servis par le moteur de l’évolution, et par conséquent de l’ouverture des mentalités.

Voyons, ci-dessous, d’autres exemples d’oeuvres issues de l’artisanat traditionnel malgache:

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« Capture de boeufs sauvages » – Bois de lit en palissandre sculpté –


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« La porteuse de riz » – Sculpture en palissandre –


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« Zébu » – Sculpture en terre vernisée –


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« Partie de pêche » – Corne sculptée –


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Ancien ameublement de l’antichambre du palais de Mahazoarivo.


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« Hira gasy  » – Peinture à la colle –


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« Femme au repos » – Sculpture en corne de boeuf –


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Lambamena et tapisserie. Un art, dont aujourd’hui l’authenticité se perd quelque peu au profit d’une certain « marchandisation » qui compromet le savoir-faire, la qualité et la finesse…


Personnellement, je tiens à rendre hommage à tous ces artisans – que dis-je, à tous ces artistes – malgaches qui, pour la plupart issus du monde rural, sont passés par les ateliers d’art appliqué d’Antananarivo et d’ailleurs à Madagascar.

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« Hommage à l’artisanat malgache », acryliqe – Jipiera –


Une régénération et une revitalisation de l’artisanat malgache sont à très vivement souhaiter !

Car, mis à mal par trop de décennies de crises et de déliquescence morale, sociale et économique, les traditions de l’artisanat malgache sont encore conservées comme une mémoire vivante et doivent donc être portées comme autant de leviers pour soutenir cette capacité de résilience dont le peuple malgache doit faire preuve.

Ce qui, assurément, constituerait le signal d’un réveil général.

C’est dans cet esprit qu’en tant qu’ambassadeur de Madagascar en France et auprès de plusieurs autres importants pays européens, j’avais organisé dans les grands salons de la Résidence de Madagascar en France une Exposition intitulée « Artisanat Malgache, Richesse et Diversité » en décembre 2004 et qui avait attiré du beau monde (sous ce même titre, j’y consacre ici sur ce blog un article, daté du 6/1/2021, sur cet évènement que je vous invite à lire).

J’en suis certain, un jour viendra – Dieu sait quand…et les Malgaches ne doivent pas s’oublier dans cet espoir qui n’a rien de chimérique… -, où les Malgaches, par une inspiration puisée aux bonnes sources de la capacité de résilience, et pour peu que leurs dirigeants sauront les y inciter, retrouveront le chemin de ces métiers d’art qui d’antan se signalaient par leur vitalité. Car, assurément, ces métiers-là sont tout à la fois le socle de l’identité même des terroirs et le moteur d’une chaîne d’activités qui contribuent à l’essor économique et sociale local, ce dans l’esprit d’un développement durable.

Ainsi et de la sorte, l’artisanat traditionnel malgache doit être considéré en hauts lieux comme un secteur majeur porteur de la renaissance malgache tant recherchée.

Jean-Pierre Razafy-Andriamihaingo

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Reproduction, même partielle, interdite des textes et illustrations

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LA DEMOCRATIE SUR UNE MAUVAISE PENTE

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« Feuilles d’automne » – JPRA –


                                           LA DEMOCRATIE SUR UNE MAUVAISE PENTE

Partout dans ce monde, y compris dans les démocraties occidentales volontiers donneuses de leçon au monde entier, la norme démocratique est en souffrance.

Gravement.

MULTIPLICATION EXPONENTIELLE DES DERIVES A TRAVERS LE MONDE

Actuellement, à l’horizon de la prochaine élection présidentielle de 2022 en France on assiste à un spectacle affligeant notamment offert par un certain candidat d’extrême-droite semble-t-il bien placé, d’après les sondages, pour être présent au second tour, qui prône ouvertement des thèses inspirées par les pires idéologues d’avant-guerre pour une sorte de « purification » de nature ethnique et idéologique, toujours dans cette utopie d’une France « pure » et « assainie »…

De l’autre côté de l’Atlantique, le « pays le plus puissant du monde » n’est pas épargné – loin de là – , puisqu’il donne à déplorer la réalité d’une société en perdition, ne serait-ce que par la multiplication des tueries générées par la liberté de la possession et de l’usage des armes par quiconque…

Revenons un peu en arrière.

Lors de l’élection présidentielle de novembre 2016, bien qu’elle ait gagné le vote populaire en nombre absolu de voix, la candidate démocrate, Hillary Clinton, est déclarée perdante car n’ayant pas obtenu le nombre suffisant de grands électeurs…Ce, comme en 2000 où Bush, le candidat républicain, minoritaire en voix fut déclaré vainqueur en vertu du même système d’élection universelle au suffrage indirect vicié à la base.

Souvenons-nous aussi qu’en 2013, le Congrès américain, bloqué par les appétits des partisans républicains, nous avait administré, pour la seconde fois en moins de dix sept ans, la preuve de l’absurdité des motivations qui l’ont amené à priver brutalement l’Etat fédéral de son budget, avec toutes les conséquences sociales imaginables. « Jamais deux sans trois », dit-on, car récemment encore, fin 2018/début 2019, pour un certain temps ce même budget, pour les mêmes motivations absurdes, fut à nouveau bloqué, mettant les services fédéraux en souffrance !…

Plus grave, le Président américain élu en novembre 2016 prône avec une aisance décomplexée sidérante une révision déchirante de tous les acquis hérités de la meilleure tradition démocratique des Etats-Unis.

En Europe du sud, du nord, centrale et occidentale, pour ne citer que la Hongrie et l’Autriche, les avancées spectaculaires d’une extrême droite de plus en plus violente et tentée par le précédent hitlérien de conquête « légale » du pouvoir des années 1930, font craindre le pire.

La Russie s’est engagée dans un vaste plan pour retrouver une certaine grandeur passée, prétexte à écraser au passage toutes velléités émancipatrices de gens et de nations qui revendiquent la reconnaissance de leurs légitimes droits. La Turquie, dans le sillage des actes répressifs en réaction à une bien curieuse tentative de coup d’Etat de cet été 2016, n’a que faire de ces valeurs que l’Union Européenne tente vainement de lui opposer. La Chine Populaire met en place un vaste système d’espionnage de sa population afin, paraît-il, de noter chacune de ses composantes… !

Que dire du Président actuel des Philippines qui encourage systématiquement le meurtre de « marginaux sociaux », en particulier les adeptes de la drogue ? N’oublions pas, bien sûr, les « meurtres légaux » perpétrés par une justice moyenâgeuse de certaines monarchies arabes, qui s’exécutent sur la place publique…Devrait-on citer aussi le contre-exemple de la Prix Nobel de la Paix birmane qui laisse se perpétuer dans son pays, alors qu’elle est aux commandes du pouvoir, un génocide dont est victime le peuple Royinga ?…

D’autres exemples donnent certainement lieu à réflexions aussi pessimistes tant la crise économique et la déprime morale, se traduisant par un réflexe identitaire, mais également la volonté de puissance, engendrent les comportements les plus extrêmes, et les leçons de l’Histoire ne sont plus retenues, elles sont souvent balayées.

Observons aussi la progression exponentielle des ventes d’armes opérées par les « meilleures » démocraties occidentales, qui alimente généreusement la multitude de théâtres guerriers à travers le monde, aubaine qu’elles se gardent bien de réfréner puisqu’elle nourrie favorablement leurs balances des paiements respectives…On donne l' »exemple » du Yemen, mais on pourrait en citer mille autres…

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« Fruits en offrande  » – JPRA –


Nos arrières grands parents, nos grands parents, nos parents, lors des deux guerres mondiales se sont battus pour la Liberté, pour les valeurs humaines, pour la Paix, pour la Démocratie.

Notre ardent devoir est de ne pas l’oublier et, pour le moins, de capitaliser leur victoire.

Or, actuellement beaucoup trop d’hommes et de femmes partout dans le monde s’engagent, souvent par inconscience, sur une pente dangereuse. Qu’ils fassent attention. Car, la pente sur laquelle ils se sont engagés, bientôt aura une brusque déclivité incontrôlable !…

LA FAUTE A LA MONDIALISATION ?

Les méfaits d’une certaine forme de mondialisation, dénoncés jadis par le Pape Benoît XVI, ceux de l’argent « devenu une religion » selon les récents propos du Pape François, perdureront tant qu’un fort sursaut des consciences n’intervient pas.

La sphère publique, nationale ou internationale, est envahie par les jeux malsains des intérêts égoïstes de toutes les natures : réflexe identitaire ; esprit cocardier ; repli communautaire, le tout chapeauté par une forme assumée de nationalisme bête et méchant. Les politiciens y trouvent donc leur compte, tandis que l’action des vrais responsables politiques, mus par des considérations d’intérêt public, se trouvent trop souvent bloquées.

Ni l’Afrique, ni l’Asie, ni l’Amérique latine, ni les pays arabes n’ont ainsi l’apanage des dérives anti-démocratiques.

La culture démocratique n’est pourtant pas une vaine expression.

Comme le Droit, elle s’étudie, se cultive, se renforce, se développe, ouvre les horizons et civilise. Elle oblige également, et donc responsabilise.

L’Histoire, dit-on, ne se répète pas.

Or, elle obéit au cycle de sa propre évolution dialectique. De sorte que les ingrédients d’hier se retrouvent aujourd’hui, et si l’on n’est pas capable de leur trouver d’autres emplois, ils produiront forcément les mêmes produits et effets qu’auparavant.

Il en est de même de la culture.

Non seulement elle se cultive, mais est se nourrie des échanges avec autrui, et si ses valeurs peuvent s’affirmer, et parfois s‘interpénétrer, c’est précisément grâce à ces échanges dans un vrai dialogue d’ouverture et de bon aloi.

C’est-à-dire, tout le contraire de ce phénomène stérilisant de « mondialisation », auquel d’ailleurs il convient d’opposer l’universalité, la diversité et l’altérité nécessaires à l’évolution humaine.

Car, toute la démarche civilisatrice tend et doit tendre nécessairement vers les valeurs universelles générées par la diversité des apports et la considération ainsi que la valorisation des différences, dont une des manifestations monumentales est la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme de 1948, une œuvre syncrétique de juristes de différentes cultures, dont on a trop tendance à oublier l’importance déterminante.

L’INTERNATIONALISATION – ET NON PAS LE « MULTILATERALISME  » – COMME VRAIE ALTERNATIVE

C’est donc pourquoi, il convient de bien identifier les objectifs dominateurs des adeptes de la mondialisation, générés par la volonté de domination de groupes d’intérêts financiers et mercantiles, afin de les empêcher de polluer nos nourritures morales, culturelles et spirituelles.

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« Raisins » – JPRA –


Car au fond, de quoi s’agit-il ? Eh bien, tout simplement du maintien, du renforcement et de la pérennité de nos assises sociétales.

Ainsi donc, plutôt que de prôner à tort et à travers la « mondialisation », certains de nos hommes – et femmes – politiques feraient mieux de réviser leur vocabulaire pour y substituer l’internationalisation.

Et à l’inverse, au lieu de prôner le réflexe identitaire et nationaliste comme antidote à la mondialisation comme l’assènent les « visionnaires » d’une certaine droite radicale sur l’échiquier politique, il s’agit simplement de limiter les visées et  effets uniformisateurs de la mondialisation.

L’internationalisation, à l’heure de la nécessaire lutte contre ce que nous dénonçons dans les développements précédents, est donc au centre de nos préoccupations de vivre au sein d’une communauté de peuples qui se respectent et se considèrent mutuellement, et de nos légitimes aspirations à garder vivaces nos valeurs à condition qu’elles soient aptes à nous accompagner dans nos aspirations au progrès et au développement.

Ici, une nuance d’importance doit être apportée : nous parlons bien d' »internationalisation » et non de « multilatéralisme ».

La première notion est la fédération des idéaux, des conceptions et des actions dans un cadre formel ou informel donné et pour des objectifs précis ; la seconde n’est que la confrontation de ceux-ci, laissant l’esprit des divergences et les rapports de force jouer leur partition.

Car, n’oublions jamais que comme un individu dans la société, la nation dans la communauté des peuples ne saurait vivre et prospérer que dans cet esprit d’internationalisation, à moins d’ériger la réclusion comme une valeur majeure et cardinale, comme la pratique la Corée du Nord.

Jean-Pierre Razafy-Andriamihaingo

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Reproduction, même partielle, interdite des textes et illustrations

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MEMOIRE DU ROVA

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« Rosasy » – JPRA –


                                                                   MEMOIRE DU ROVA

Oui ! Cette mémoire doit être portée haut et fort avec grande émotion. Et par nos mots nous espérons en faire saisir le caractère exceptionnel.

LE VIOL D’UNE HISTOIRE REFERENTIELLE

Nous étions au premier quart de l’année 2020.

Les parois en pierres de taille du Palais « Manjakamiadana », l’édifice principal et emblématique du Rova d’Antananarivo, se sont transformées en autant de murs des lamentations, car cet édifice autrefois majestueux du « règne serein » a été transformé en un amas de matériaux soit-disant « modernes » et bétonné confié aux seuls soins d’une grande entreprise du bâtiment qui ignore les subtilités et les exigences d’une réhabilitation d’un bien historique de référence…

Et voici que le pire est survenu peu de temps après.

En effet, pour gagner une course diabolique d’une inauguration programmée pour le 26 juin 2020, puis finalement reportée au 6 novembre, date anniversaire de l’incendie criminel de ce Rova d’Antananarivo survenu en 1995, un hideux « Coliseum », décidé par le fait d’un « prince » présidentiel nourri par les chimères d’un adolescent adepte de bandes dessinées, s’est achevé prestement grâce aux soins « experts » de la même grande entreprise du bâtiment !…

Ainsi, s’agissant d’un site historique exceptionnel ayant officiellement vocation à être inscrit dans la Liste du Patrimoine Mondial de l’UNESCO et voué aux protections que les normes internationales réservent aux biens patrimoniaux de l’Humanité, aucune des règles élémentaires que le Droit et l’entendement prescrivent n’a pourtant été et n’est respectée.

Sciemment.

La lourde responsabilité de celui qui en a décidé ainsi est d’ores et déjà engagée tant en termes juridiques que devant l’Histoire.

Mais comme si cela ne suffisait pas, fin juillet 2022 par le moyen d’une annonce publique parue dans la Presse, les plus hautes instances étatiques malgaches entendent procéder au recrutement d’un « Conservateur » du Musée national du Rova d’Antananarivo en mettant en exergue, non pas les qualifications requises en matière de conservation, de muséographie, d’archéologie, d’histoire de l’art et d’histoire, mais celles d’un professionnel de la communication et de la gestion d’un bien considéré sous son aspect purement promotionnel et commercial…!

Puis, faut-il ajouter les prétendues « réhabilitations » de deux palais tout aussi symboliques : le Tranovola, le « Palais d’Argent », et le Manampisoa, le « Palais Surcroît de Bonheur ». Ces deux palais construits à leur origine en bois précieux, détruits par le feu lors de l’incendie de la nuit du 5 au 6 novembre 1995, vont être remplacés, chacun à son endroit initial, par du bric-et-broc du plus mauvais goût pourvu seulement qu’ils puissent ressembler à quelque chose…

On mesure dans tout cela le niveau de considération…servi par l’ignorance crasse.

De telles dégradations volontaires de tout un site historique de valeur exceptionnelle, et personnifiant l’héritage de toute une nation, sont tout simplement sidérantes…!

Il n’a donc pas suffi qu’il y a exactement vingt sept ans, en cette funeste nuit du 5 au 6 novembre 1995 tout ait brûlé sur la colline sacrée des souverains de Madagascar, le Rova d’Antananarivo !

27 ans, c’est l’âge d’un jeune Malgache d’aujourd’hui qui, avec ses cadets ne connaîtront jamais, mille fois hélas !, les trésors de richesses inestimables du plus haut lieu de l’Histoire de Madagascar, le Rova d’Antananarivo, plus connu des Etrangers sous le nom du « Palais de la Reine » et des Malgaches sous celui de « Manjakamiadana » !

DEMARCHES D’URGENCE…MAIS PATRIMOINE DILAPIDE

Dès après avoir su ce crime, au nom de notre mère, ancien conservateur en chef du Rova (de 1946 à 1961) et initiatrice de ce Musée national (elle avait été, de 1942 à 1946, chargée de mission aux Musées nationaux de Versailles et des Trianons), nous saisissions immédiatement le directeur général du Patrimoine mondial de l’UNESCO en son siège à Paris, l’excellent Monsieur Mounir Bouchenaki, lequel promptement réunissait les délégués de tous les pays membres alors présents pour participer au Conseil exécutif de cette organisation internationale.

Suite à cela, et dans un élan extraordinaire, à l’initiative de la France et du Liban notamment, un fonds spécial pour la réhabilitation du Rova fut rapidement mis en place et dûment approvisionné, suivi de la constitution d’une équipe expertale d’évaluation des besoins (la délégation de Madagascar, présente, pourtant alors consultée au préalable par nos soins, n’avait pris aucune initiative…! , le procès-verbal de la Résolution concernée en attestant…).

Certes aussi, – mais bien plus tard …! – du côté malgache les opérations de reconstruction et de réhabilitation avaient été décidées, mais c’est seulement sous la présidence de Marc Ravalomanana, il y a plus de dix ans, qu’elles avaient réellement débutées, lesquelles étaient jusque là tributaires des crises cycliques de la vie politique malgache et des ténébreuses considérations de certains puissants clans « anti-andriana Merina » (anti-nobles Merina)…

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« Rosasy 2 » – JPRA –


Jamais donc, mille fois hélas ! ni le palais embelli autrefois par l’architecte écossais James Cameron, ni le palais historique d’origine en bois précieux construit en 1839 par Jean Laborde sous les instructions de la Reine Ranavalona 1ère seront réhabilités

La perte assumée et revendiquée par les hautes autorités malgaches d’un patrimoine historique aussi majeur est donc définitive pour le malheur de tout un peuple.

Et d’autre part, jamais, c’est certain également, les richesses et reliques qui furent soigneusement mises en valeur et conservées à l’intérieur de ce palais comme des autres bâtisses – notamment des Palais « Tranovola » ou « Manampisoa » – ne pourront être reconstituées.

                                                                        *

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« Rosasy 3 » – JPRA –


Reprenons ici les termes que notre regrettée mère, emplie de larmes, avait alors employés en ayant appris l’incendie criminel du 6 novembre 1995. Nous la citons :

« Le Rova entièrement détruit, c’est comme une tragédie grecque. De celle qui dépasse l’échelle de nos sentiments.

Ce Rova, objet de tous nos soins et de toutes nos peines, de toutes nos espérances également, était forcément immortel, car sa modeste majesté, sa force cachée et l’ardeur de ses traits ont toujours été pour nous la traduction des lignes caractéristiques du génie malgache, de la civilisation malgache.

Dans le même profond désarroi qui saisit jadis Valéry en d’autres circonstances, nous savons maintenant que nous autres civilisations, nous sommes mortelles, que l’abîme de l’Histoire, celle à laquelle nous croyions échapper, est hélas assez grand pour tout le monde, nous y compris.

La tragédie est plus complète encore puisque dans cette catastrophe, le spirituel n’est pas moins ravagé que le matériel ; les édifices et les reliques ne sont pas perdus, ils ont péri à jamais ; les criminels ou les mauvais esprits ne se sont pas contenté de détruire, ils ont voulu signifier que le Malgache devait perdre sa conscience acquise au cours des siècles, rejeter le legs du passé comme un fardeau encombrant.

Non, ne nous laissons aller ni à ce chantage, ni à la fatalité. Ressaisissons-nous.

Car en définitive, savent-ils ce qu’ils ont fait ? Savent-ils que la conscience réfléchie dont nous sommes capables, nourrie aux meilleures sources du passé et génératrice d’élan vital, va nous permettre de rebondir solidairement et de reconstruire l’avenir ?

Notre destin, celui qui relie le passé, le présent et le futur, est en face. C’est à lui qu’il faut s’attacher fermement. »

(fin de citation)

                                                                                   ***


Rova renaissant

« Le Rova renaissant », le Rova s’enveloppe du Lambamena, source de vie renouvelée dans l’éternité. Acrylique sur toile – JPRA – Reproduction interdite –


Fin de citation.

Pour revivre ce destin, on rappellera qu’une visite complète, par le récit et par l’image, vous est suggérée sur ce Blog, ainsi qu’indiqué ci-après.

Depuis sa fondation en 1610 par le roi Andrianjaka, Antananarivo, cette « cité dont l’apparence est véritablement grandiose » avec son Rova et ses composantes, pour reprendre une expression du voyageur A. Bruggeman, n’avait jamais cessé d’exercer son charme.

Tant de hautes personnalités étrangères, Charles de Gaulle et son épouse Yvonne, François Mitterrand, le roi Mohammed V et le futur roi Hassan II, l’Aga Khan, Michel Debré, Albert Sarraut, pour ne citer qu’eux, en avaient été saisies…

A votre tour de l’être, surtout si tant est que vous n’ayiez jamais eu le privilège de connaître le Rova du temps de sa splendeur en tant que Musée.

J’ai personnellement eu cet immense privilège, grâce à mes très regrettés parents, à ma mère surtout (elle qui, étant nantie de son expérience rare comme chargée de mission aux musées de Versailles et des Trianons de 1942 à 1946, fit ce musée du Rova en sa qualité de conservateur en chef de 1946 à 1961), d’y avoir vécu les dix premières années de mon enfance au début des années 1950 pour, aujourd’hui, pouvoir vous restituer une petite part de mon vécu dans ces lieux grandioses et pleins de profondeur historique.

En effet, je suis né au Palais Tranovola (« Palais d’Argent »), dans un appartement qui fut le lieu de résidence principale de ma famille, et c’est également là que le petit garçon que j’étais fut circoncis en suivant les traditions malgaches, là également où se sont succédés les principaux évènements familiaux qui marquent toute une vie…

Bref, se sont formulées au sein du Rova d’Antananarivo tant d’étapes constitutives de ma vie et celle de ma famille !

Je voudrais donc, pour vous , me faire guide.

Votre visite s’effectuera selon les cinq étapes suivantes dans une série d’articles intitulée « Le Rova d’Antananarivo » (sur ce même blog, allez dans « Archives » et cliquez sur « Novembre 2013 », puis sur les dates correspondantes) :

. « Le Rova d’Antananarivo », 1ère partie (initialement publié le 6 novembre 2013, « mystérieusement » effacé depuis lors, mais heureusement rétabli le 19 juillet 2018, où vous pourrez le consulter …! )

. « Le Rova d’Antananarivo », 2ème partie (8 novembre 2013)

. « Le Rova d’Antananarivo », 3ème partie (12 novembre 2013)

. « Le Rova d’Antananarivo », 4ème partie (15 novembre 2013)

. « Le Rova d’Antananarivo », dernière partie (17 novembre 2013).

Bonne visite !…virtuelle désormais, et hélas !, puisque tout ce que vous aurez appris et vus à travers ces articles ont physiquement disparus.

A cela s’ajoute, à titre de précision, que tout ce que vous aurez appris et vus à travers ces articles s’inspire principalement de l’ouvrage de notre très regrettée mère datant de 1989 : « Colline sacrée des souverains de Madagascar, le Rova d’Antananarivo », que voici:

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Livre Rova 2

Jean-Pierre Razafy-Andriamihaingo

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Reproduction, même partielle, interdite des textes et illustrations

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ABATTEMENT OU REMOBILISATION ?

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« Abondance de raisins » – JPRA –


 

                                             ABATTEMENT OU REMOBILISATION ? 

D’emblée, une évidence doit être rappelée à propos de Madagascar : il n’y avait ni vainqueurs ni vaincus dans la compétition présidentielle aussi frustrante de 2013, à laquelle d’ailleurs s’est volontairement tenue à l’écart une masse imposante d’une population exsangue qui continue d’endurer de graves souffrances et blessures.  

Il n’y avait pas non plus lieu à réjouissances au sein d’une communauté internationale qui, au demeurant, aurait dû à cette époque là regarder de plus près ses propres errements, lesquels l’avaient conduit à imposer lourdement, indûment et avec les conséquences néfastes que l’on sait, la malheureuse formule fauteuse de trouble du « ni ni ». 

La population malgache, au nom de laquelle chacun se plaît abusivement à parler, n’a en fait jamais cru au caractère démocratique d’aucune des élections conduites depuis 2009. Par contre, de façon constante elle a toujours entendu adresser aux professionnels de tous bords de la politique politicienne un message pour dire en particulier que face à ses dramatiques problématiques de survie, l’heure est encore et toujours, hélas !, aux vrais combats sur les problèmes de fond et pour l’indispensable mobilisation de toutes les énergies.  

                                                                                     *

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« Grappe » – JPRA –


 

Mais, loin de ces apitoiements, regardons vers l’avenir. 

Désormais donc, à l’horizon de l’élection présidentielle de 2018 une lourde responsabilité échoit devant le peuple et devant l’Histoire à tous ceux qui, loin de leurs fanfaronnades indécentes de partisans déclarés d’un illusoire changement, et étant tentés de n’écouter que les chants de leurs sirènes partisanes, risqueraient ainsi d’aggraver davantage encore le sort d’un peuple déjà meurtri et d’un pays ô combien ravagé, dont les trésors ont été si lourdement saccagés par eux.

Or, cette majorité silencieuse de la population malgache a un  droit inaliénable à revendiquer les prérogatives et les bénéfices de l’exercice de la souveraineté populaire, laquelle est indivisible.  

Il faut ainsi rappeler clairement, qu’en République tout citoyen doit être traité et respecté de façon égale quelle que soit sa condition, sa personne et ses biens, de même que sa liberté d’expression doit non seulement être respectée mais protégée, non sans rappeler également que, devant trop d’exactions commises par des forces de l’ordre oublieuses de leur code d’honneur, les prescriptions de l’habeas corpus dictent aux autorités de les appliquer avec rigueur.  

Pour ceux qui, à quelque moment de cette vie politique malencontreusement dévoyée, se destinent à tenir la barre gouvernementale, la Démocratie qui les interpelle en permanence est à ces prix premiers et élémentaires. Autrement dit, la cohésion, la fraternité et le respect des droits doivent trouver leur traduction concrète dans la quotidienneté et l’immédiateté, les prescriptions de l’Etat de droit – si ce n’est de l’état de droit, avec un petit « e » – le dictent ici également avec une pareille force.   

Ce n’est qu’à ces conditions – et à telles seulement – qu’il conviendrait de larguer les amarres du navire « Madagascar » manifestement demeuré à quai, et ce pour une destination qui doit être connue d’avance; et un cap intermédiaire doit en conséquence être défini et être en vue, car l’horizon doit se présenter avec le doux souffle de l’alizé sans que, une fois de plus et de trop, la rudesse des éléments prélude aux bourrasques des lendemains.  

C’est dire aussi que le gouvernail, dont pour l’instant on ne connaît point la nature ni la matière ni la composition, risque ainsi de lâcher plus gravement si ces conditions ni celles induites ne sont pas réunies.  

Or, que ce soit dans l’exercice du pouvoir ou dans la force de proposition de tout acteur politique agissant sur la place publique, le service de l’intérêt général doit être l’exigeant leitmotiv commun, tout comme chacun a le devoir d’entretenir l’espoir pour autrui.  

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« Abondance de raisins 2  » – JPRA –


 

Ainsi, d’un côté l’abattement est donc interdit ; de l’autre, aucune auto-satisfaction ne doit être de mise.  

Par contre, pour tous, doit venir le moment de se ressaisir et de se mobiliser à nouveau, chacun selon ses capacités et ses convictions, pour faire face aux défis de la Démocratie et du Développement, ces deux exigences fondamentales étant indissociablement liées. 

Il sera rappelé à ces égards que ce n’est que dans l’apaisement et la confiance réciproque, c’est-à-dire dans la concorde nationale, que cela deviendra possible. Pas autrement.  

C’est à dire, non pas au moyen d’une « réconciliation » factice, principe largement galvaudé dont les faits prouvent qu’elle n’est que de la poudre aux yeux, mais bien dans le cadre d’une authentique politique de concorde nationale afin de donner tout son sens à la notion de rassemblement.  

Un rassemblement des forces vives, fondé sur un acte de foi commune, qui devient alors une cause nationale, transcendant les clivages partisans mais respectant l’expression des divergences, de sorte que chacun puisse avoir le sentiment vrai de participer à une œuvre commune de reconstruction nationale pleinement vécue et partagée.  

C’est, au niveau fonctionnel, tout le sens à donner à l’urgente mise en œuvre d’une véritable planification organique et intégrée qui a fait ici, sur ce même blog, l’objet d’un article (voir l’article «planification organique pour le salut de Madagascar » daté du 31 octobre 2016). 

Dans ce sens également, sera corrigée une situation politique et sociale hyper fractionnée dans un contexte institutionnel anormal, où les structures sociologiques et les mécanismes démocratiques sont déréglés ou ignorés, ce qui actuellement est singulièrement contre-productif et trompeur.

C’est pourquoi, in fine,  tant une indispensable nouvelle culture politique qu’une clarification institutionnelle devront s’imposer pour lever toutes les ambiguïtés référentielles, juridiques et institutionnelles actuelles, où l’on a une fâcheuse tendance à galvauder les valeurs, à instrumentaliser le droit et à se contenter d’un certain conformisme « bien-pensant » et d’une certaine et improbable légalité formelle, sans se soucier de la primauté due à la substance des principes, à la norme juridique, et à la hiérarchie des valeurs.

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« Petite grappe » – JPRA –


 

Dans ce même registre, on sait que la morale de façade, trop souvent placée sous le couvert de la foi, est un exercice auquel tout un chacun excelle sans même pratiquer une once d’éthique personnelle ou collective dans la quotidienneté de ses actes. Il est sûrement temps que chacun opère ici également sa mue avec la sincérité voulue. 

Si donc renouveau malgache il devrait y avoir à très court terme, ce devrait être au moins autour de ces critères qu’il aura à s’opérer, sinon les récurrences rétroactives dont l’histoire de Madagascar abonde (cf. la série d’article « Réformateurs et modernisateurs de Madagascar » sur ce même blog), ne manqueront pas de jouer et rejouer à l’infini leur éternelle partition pour une cadence à rebours du progrès. 

A chacun donc, au nom d’une rupture nécessaire, d’un renouveau indispensable, et d’une ouverture souhaitée, de s’interroger et de dialoguer avec sa conscience…et non, toujours et encore, de s’arranger complaisamment avec elle.  

 

Jean-Pierre Razafy-Andriamihaingo

 

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Reproduction, même partielle, interdite des textes et illustrations

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TOUSSAINT 2022

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Nos terres ancestrales verdoyantes de Manankasina-Ambohipotsy-Ambodiakondro, nos collines sacrées  – A gauche, notre tombeau clanique et familial en leur sommet – JPRA – Le panorama sur les vallées environnantes, et surtout la vue sur Antananarivo et plus particulièrement le Rova, est magnifique. On comprend instinctivement pourquoi autrefois la princesse Rafisaofana , épouse du prince Andrianifantsy, le maître des lieux, fit le choix d’Ambohipotsy comme résidence…(cf. notre article intitulé « Collines sacrées de Ambohibe-Manakasina-Ambohipotsy » daté du 28/12/2014). 


                                                                TOUSSAINT 2022

En ce week-end de la Toussaint, et tout spécialement en ce 1er novembre 2022, comme chaque année à pareille période, c’est bien volontiers que nous fêtons et honorons la mémoire de nos très chers disparus.

C’est d’ailleurs ici une occasion privilégiée pour les Malagasy que nous sommes de nous adonner à un tel exercice, sachant que chez nous à Madagascar le lien cosmogonique entre la vie et la mort, entre ici-bas et là bas au-delà, fait un tout indissociable (cf. sur ce même blog notre article intitulé « Rites de vie, d’amour et de mort »).

Ma sœur et moi, également mes enfants, mon neveu et mes petits-enfants, tous nous pensons naturellement aux nôtres : nos très chers parents, Pierre et Suzanne Razafy-Andriamihaingo, nos bien respectés grands-parents, Pierre et Félicie Razafindramanana, nos petits frères jumeaux Hervé et Philippe, et tout récemment, successivement notre frère Gérard et notre soeur Laurence, tous beaucoup trop tôt enlevés à notre grande affection, nos tantes et oncles, nos cousines et cousins, tous si vivants dans nos cœurs, tous reposant dans la chaleur de nos terres ancestrales dans notre tombeau clanique au sommet de la colline sacrée de Ambohipotsy, mais leur âme de là-haut nous protégeant et nous enveloppant de leur douce affection, de leur protection aussi, sentiments que nous leur manifestons en retour.

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Avec eux, les moments de félicité étaient nombreux, parmi ceux-ci retenons particulièrement les célébrations respectives des noces d’or de nos grands-parents en décembre 1953 à Antananarivo et de nos propres parents en avril 1992 à la Mairie du 16ème Arrondissement de Paris, célébrations émouvantes gravées dans le bronze (voir photos).

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Bien entendu, avec mes enfants Anne et Laurence, avec nos petit-enfants Maximilien et Théodore, et maintenant la petite Angèle, la force de notre amour et de notre affection va à Roberta, ma très chère et tendre épouse disparue le 10 juin 2018, la mère et la grand-mère qu’elle est aussi. Le sens de ces sentiments prend une dimension particulièrement poignante aujourd’hui puisque selon ses voeux, en compagnie de notre soeur Laurence, en août 2018 nous avons répandu les cendres de Roberta en mer, au large de Saint-Cast dans les Côtes-d’Armor, cette belle région de Bretagne que nous arpentions si souvent durant les vacances d’été. Et dans le parc de notre propriété à la campagne dans la Sarthe, faisant face à son atelier d’artiste, une stèle – un Vatolahy – bien dans la tradition malgache fut érigée en la mémoire de Roberta.

Là en Bretagne, Roberta trouve dans l’immersion des eaux marines son élément préféré, qu’elle avait su si merveilleusement représenter dans son oeuvre picturale de la série des « Bodies in water ». Et ici dans notre maison e campagne « Les Ficus », dans la chaleur de cette terre sarthoise qu’elle chérissait son âme trouve le repos et le calme des éléments.

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« Bodies in water » , huile, élément d’un paravent – Roberta Faulhaber, RF – (Reproduction interdite).

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« Bodies in water 2 », huile – Roberta Faulhaber, RF – (Reproduction interdite) .


Roberta (1) - copie

Quant à Gérard, notre frère, disparu le 16 juillet 2021 dans la paix de son âme, ses cendres ont rejoint sa terre ancestrale dans notre tombeau familial et clanique sur le sommet de la colline sacrée d’Ambohiposty-Manakasina pour y retrouver ses parents et ses deux petit-frères.

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Mais ne voilà-t-il pas que Dieu dans sa miséricorde t’a, à ton tour rappelée à Lui le 16 novembre 2021, Ma très chère Laurence – Lolo – ! Que notre peine fut et demeure grande ! Toi ma grande soeur qui avait toujours veillé sur moi, ton petit frère Jean-Pierre, tout au long de ta vie qui était si pleine d’attentions pour nous tous, ton sens de l’abnégation était si grand, de même que ton amour pour les tiens. Nous continuons à te pleurer…

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Lolo, ton sourire nous accompagne pour toujours…

Je pense aussi au père de Roberta, mon beau-père américain disparu, Robert Faulhaber, lui l’éminent professeur d’économie à l’Université catholique de Chicago avec qui j’avais eu de longues discussions sur les questions économiques. Que Je n’oublie pas Peter, le frère cadet de Roberta, mon beau-frère, un homme d’une grande qualité et si généreux.

La distance et la diversité géographique de ces lieux d’ancrage donnent à ces hommages et à cet émouvant exercice de rapprochement affectif une dimension où la ferveur du souvenir est intense et nous aide à continuer à goûter à la Vie.

Vous demeurez toutes et tous dans nos coeurs !

Jean-Pierre Razafy-Andriamihaingo

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Reproduction interdite des illustrations

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