DES AMERICAINS ET DES MALGACHES A LA FONDATION CHARLES-DE-GAULLE

Ci-dessus, en image à la une, fragment de vitrail du Hall du Palais de Justice d’Antananarivo (cf. sur ce même blog l’article intitulé « Lanpan’ny fitasarana malagasy – Palais de Justice de Madagascar ». Oeuvre architecturale de Pierre Razafy-Andriamihaingo. 1963.IMG_0429

Dans le bureau du général De Gaulle à la Fondation Charles-De-Gaulle le 15 mars 2017. De gauche à droite : ma très regrettée soeur Laurence **, ma très regrettée femme Roberta, Lynn Faulhaber, le regretté docteur Peter Faulhaber, Justin Faulhaber, Michel Anfrol.


     DES AMERICAINS ET DES MALGACHES A LA FONDATION CHARLES DE GAULLE

Le Président de la Société des Amis de la Fondation Charles-De-Gaulle, l’excellent et regretté Monsieur Michel Anfrol, ancien correspondant permanent de la Télévision Française aux Etats-Unis dans les années 60 et qui avait côtoyé le général De Gaulle * (voir le post-scriptum à la fin de cet article), avait eu le 15 mars 2017 l’extrême obligeance de nous réserver, à ma  belle-famille américaine, le regretté docteur Peter Faulhaber, son épouse et leur fils, en séjour touristique à Paris, à ma très regrettée sœur aînée Laurence, membre de la Société des Amis de la Fondation, à ma tendre et très regrettée femme Roberta et à moi-même, membre de ladite Fondation, une visite privée et exceptionnelle de ce haut lieu historique.

Bien entendu, je remercie personnellement bien vivement le Président de la Fondation Charles-De-Gaulle alors en exercice, Jacques Godfrain, Ancien Ministre, l’Amiral Barrère, Directeur de ladite Fondation, ainsi que Michel Anfrol, Président de la Société des Amis de la Fondation Charles-De-Gaulle, de leur bienveillante attention en nous réservant cette visite privée et exceptionnelle.

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Nul n’ignore les rapports difficiles, quelque fois orageux, du général De Gaulle avec le Président Roosevelt et les incompréhensions plusieurs fois à la limite de la rupture qui émaillèrent, au-delà de leur propre personne, les relations des Etats-Unis avec la France Libre durant les sombres heures de la seconde guerre mondiale et juste après la victoire finale.

En cause essentiellement : le rôle futur d’une France qui aura recouvré son intégrité territoriale après victoire, et la position dominante d’une Amérique consentant à des efforts colossaux pour mettre à bas l’ignominie nazie et préserver le monde du marxisme-stalinisme expansif.

C’est notamment à la lumière de ce fond de considération qu’il fut intéressant pour le jeune historien qu’est mon neveu américain Justin Faulhaber, également francophile, de s’imprégner à la source du lieu même d’où De Gaulle, à partir de 1944, prenait la série des décisions majeures qui allaient jalonner la voie du redressement français.

Pour ce qui concerne ma sœur aînée, Laurence, elle est née le 2 février 1944 et a vécu la liesse de la victoire et de la Libération de Paris en août 1944 dans les bras de ses parents, nos parents qui eux-mêmes en tant que résistants, avaient auparavant activement participé à Paris aux combats contre l’occupant allemand en leur qualité de FFI (voir notamment l’article intitulé « Libération de Paris : la grâce de la liberté» daté du 24 août 2014 sur ce même blog), et mon père, jeune lieutenant d’artillerie, ayant eu l’extrême honneur, en tant qu’officier malgache le plus haut gradé, de recevoir du général De Gaulle la mission de contribuer au rapatriement dans l’honneur des anciens combattants malgaches dans leur patrie.

Placée sous cette double dimension sentimentale, ce 15 mars 2017 notre visite du 7, rue de Solférino à Paris 7ème,, siège de la Fondation Charles-De-Gaulle, prenait donc un sens particulier.

Mais, là n’est pas l’essentiel ; il est de pouvoir revenir sur les évènements qui sont évoqués en ces hauts lieux historiques.

NOTRE VISITE DE CES LIEUX HISTORIQUES

I –      L’entrée en matière de la visite se situe dès le hall donnant accès à la bibliothèque et faisant face à  l’escalier central conduisant au premier étage, où se trouve la grande plaque monumentale en bronze qui couvre la façade. Elle reproduit le texte intégral de l’Appel du 18 juin 1940, l’acte fondateur de la France Libre et de la Résistance.

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L’Appel du 18 juin 1940


C’est en effet l’intégralité du texte qui est ainsi reproduite, tandis que le même Appel, cette fois-ci dans sa version résumée, sera imprimé sous la forme d’affichettes placardées en Angleterre et dans certaines villes françaises.

En fait, très peu de gens l’auront lu, mais l’écho de l’Appel n’avait pas manqué d’impacter parmi les Français épris de liberté, de redressement, de dignité retrouvés.

Voir aussi sur ce même blog l’article intitulé « Témoignage d’un officier malgache autour de l’Appel du 18 juin 1940 », daté du 18 juin 2015).

II –       Immédiatement à gauche de la grande plaque se trouve la bibliothèque où sont regroupés des ouvrages de référence rares en relation avec les lieux, mais aussi avec la vie institutionnelle de la France et du monde sous le regard du général De Gaulle, des grands de ce monde et des personnalités qui ont jalonné l’Histoire de France et d’ailleurs…dont Madagascar et l’Afrique.

III –      La pièce maîtresse des lieux est le bureau du général De Gaulle au 1er étage. L’excellent Michel Anfrol nous introduit dans ce lieu empli des souvenirs dont sont témoins les reliques qui y sont conservées.

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Vue générale du bureau du général De Gaulle à la Fondation Charles-De-Gaulle (Cliché Bruno Bade, pour la Fondation Charles-De-Gaulle).


a/   C’est le cas du modeste bureau style Empire, sans ostentation bien dans l’esprit du général, son fauteuil et ceux des visiteurs qu’il recevait, les parures du bureau sont conservées ; à droite au mur s’ouvrent et se succèdent les cartes de France, du monde et de l’Afrique, qui retracent les innombrables déplacements et séjours du général. Notamment, en 1953 durant sa « traversée du désert » il se déplaçait à Madagascar, occasion pour lui de s’extraire des vicissitudes de la vie politique parisienne et de visiter le Rova d’Antananarivo sous la conduite de notre mère (voir sur ce point l’article « Le Rova d’Antananarivo, dernière partie » daté du 17 novembre 2013 sur ce même blog), puis en août 1958 il réserve à Madagascar sa première visite officielle en terre africaine en sa qualité nouvelle de Président d’une France en réveil sur sa destinée nouvelle et pour préparer la naissance future de la Communauté Française (voir sur ce même blog l’article intitulé « De Gaulle et Madagascar » daté du 9 novembre 2015) .

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De Gaulle et son épouse Yvonne en visite au Rova d’Antananarivo, sous la conduite de notre mère, conservateur en chef de ce haut lieu de la monarchie malgache. 1953. Document tiré des archives personnelles de la famille Razafy-Andriamihaingo. – Reproduction interdite –


Enfin, De Gaulle revient à Madagascar en 1959 accompagné de son Premier ministre Michel Debré pour y présider le premier conseil des ministres de la Communauté Française, le Président Tsiranana étant alors ministre de la Défense de ladite Communauté.

Mais, bien avant ces dates historiques, les liens qui unissaient déjà le général De Gaulle à Madagascar s’étaient matérialisés le 14 décembre 1942 par sa signature à Londres d’un accord plaçant Madagascar sous l’autorité de la France Combattante Libre à l’issue des durs combats qui eurent lieu sur la Grande Ile heureusement arrachée, grâce aux opérations militaires conduites par l’Angleterre, à la France de Vichy et aux menaces germano-japonaises, les Allemands ayant eu un plan de déporter tous les Juifs d’Europe centrale et orientale à Madagascar pour y être parqués, tandis que les Japonais planifiant de transformer Madagascar, à Diego-Suarez, en une vaste base militaire et maritime, notamment pour abriter leurs sous-marins.

b/   S’agissant des rapports du général De Gaulle avec l’Angleterre de Churchill et avec les Etats-Unis, la présence dans son bureau d’une maquette en miniature d’un avion « DC 3 » rappelle que malgré les relations souvent houleuses qu’il entretenait avec le Président Roosevelt, ce dernier consentit tout de même à lui offrir un  tel appareil pour permettre au chef de la France Libre d’effectuer ses nombreux déplacements à travers le monde durant la guerre. Londres ne fut pas en reste, qui mettait à la disposition du général un avion « Westerland »…

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Maquette en miniature de l’avion offert au général de Gaulle par le Président Roosevelt.


Puisqu’on en est à évoquer ces rapports tendus entre De Gaulle et Roosevelt, rappelons-nous cette épreuve que le dernier réserva au premier à un moment crucial où le Président américain, après avoir reconnu le régime de Vichy où il n’hésita pas à dépêcher son ambassadeur, avait tenté d’imposer à De Gaulle un général Giraud pour créer un triumvirat clairement destiné à neutraliser politiquement De Gaulle en France même. Celui-ci résista et s’imposa, non sans consentir à contre-cœur, pour la forme et pour la photo, à serrer la main du général Giraud lors de la Conférence d’Anfa en 1943. Roosevelt avait en effet son plan : à la victoire la France serait placée sous administration militaire américaine, le peuple français étant dès lors appelé à « exécuter les ordres » d’une Administration Militaire Alliée des Territoires Occupés (AMGOT).

Un tel projet entendait clairement ignorer la réalité sur le terrain et sur le plan institutionnel du Comité National de la France Combattante présidé par De Gaulle à Alger, celle tout autant imposante du Conseil National de la Résistance qui ne reconnaissait que De Gaulle comme chef, et celle enfin de l’Assemblée Consultative Provisoire. Mais Roosevelt persistait dans sa volonté d’écarter De Gaulle.

N’avait-il pas écrit en 1944 avant le débarquement allié en Normandie : « Si quelqu’un peut me donner un certificat attestant que De Gaulle représente le peuple français, je suis prêt à traiter avec lui. Dans le cas contraire, je n’ai aucune raison de changer d’attitude ». Pourtant c’est ce même Roosevelt qui un mois après le débarquement allié en normandie recevait officiellement le général De Gaulle à Washington début juillet 1944 en se montrant particulièrement avenant à son égard…

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La poignée de main contrainte de De Gaulle au général Giraud, sous le regard du Président Roosevelt à la Conférence d’Anfa en 1943. Document tiré de l’ouvrage de Max Gallo, de l’Académie Française « de Gaulle, les images d’un destin », Le Cherche Midi, 2007.


Fort heureusement plus tard, indépendamment de la volonté de De Gaulle de ne céder en rien quant à la souveraineté française, notamment en exigeant et en obtenant contre l’avis du haut commandement allié que la 2ème DB libère Paris en août 1944, le général Eisenhower, commandant en chef des forces alliées, et le Premier ministre Winston Churchill ne purent que constater l’autorité réelle et imposante de De Gaulle et la montée en puissance des forces françaises dans les différentes batailles sur le sol français et en Allemagne même, de sorte que dans son intelligence le général Eisenhower se convainquit assez rapidement de « faire avec » De Gaulle.

Et plus tard encore, tant le Président Truman que le général Eisenhower devenu Président des Etats-Unis, réservèrent tous deux, chacun en son temps, un  accueil triomphal du général De Gaulle aux Etats-Unis quand il s’était agi pour De Gaulle d’y honorer ce grand allié. En particulier, quand le 24 août 1945 le Président Truman recevait De Gaulle en visite officielle aux Etats-Unis, il avait tenu à honorer tout particulièrement son prestigieux hôte en lui attribuant la Legion of Merit. Le général De Gaulle put aussi être au centre d’un défilé triomphal dans New-York le 26 août, la ville le faisant citoyen d’honneur, même scenario à Chicago le 27 août, et auparavant De Gaulle put être reçu à la fameuse Académie militaire de West Point.

c/   Près de la maquette en miniature de l’avion de type « DC3 » offert par le Président Roosevelt à De Gaulle pour faciliter ses déplacements, on remarque une autre maquette en miniature, celle du char à bord duquel celui qui n’était alors que le colonel De Gaulle en 1937 commandait le 507ème Régiment de chars de combat de l’armée française.

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Le colonel De Gaulle sur son char de combat. 1937. Document tiré de l’ouvrage de Max Gallo, de l’Académie Française « De Gaulle, les images d’un destin », Le Cherche Midi, 2007.


Sentant le vent de la guerre venir inexorablement, c’est dès 1932 que le colonel De Gaulle publie son ouvrage fondamental « Vers l’armée de métier » où il préconise la formation de divisions cuirassées, non sans observer qu’il serait illusoire de croire à l’inviolabilité de la Ligne Maginot, d’ailleurs incomplète, laissant les Ardennes dégarnies. Le Président du Conseil Paul Reynaud l’appuie et De Gaulle est nommé successivement commandant du 507ème Régiment de chars de combat en 1937, puis commandant des chars de la 5ème Armée basée en Alsace. Inlassablement, il défend la nécessité de constituer une « force mécanique » que Pétain, Gamelin et Weygand écartent d’un revers de main…Par contre les Anglais et les Allemands adoptent sans peine les théories du colonel De Gaulle, et on sait ce qu’il en fut s’agissant des Allemands, prompts à constituer avec le général Guderian la force mécanique qui bientôt envahira la France par le couloir laissé ouvert en Ardennes… !

                                                                                  *

Notre visite de la Fondation Charles-De-Gaulle se termine par cette triste évocation.

Mais avant de franchir la porte de ce bureau du général De Gaulle vers la sortie, le regard ne manque pas d’être attiré par une horloge singulièrement muette et inactive. Elle est figée et son aiguille s’est arrêtée sur une seule heure : 7 heure.

C’était l’heure à laquelle, ce 9 novembre 1970 le général De Gaulle rendait l’âme en sa résidence de Colombey-les-Deux-Eglises, assis devant son bureau !

C’est donc forcément à pas mesurés et dans un silence respectueux qu’on quitte les lieux.

Jean-Pierre Razafy-Andriamihaingo, Membre de la Convention de la Fondation Charles-De-Gaulle.

A gauche, l’horloge, au-dessus du buste du général De Gaulle, dont les aiguilles se figent sur l’heure à laquelle le 9 novembre 1970 le général s’est éteint à Colombey-les-deux-Eglises. Sur les photos suivantes, de gauche à droite : ma soeur Laurence, ma femme Roberta, sa belle-soeur, son frère, notre neveu américain, et Michel Anfrol.

2014. Lors de la Convention annuelle de la Fondation Charles-De-Gaulle aux Invalides à Paris (Amphithéâtre Austerlitz et grand salon).

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La cour intérieure des Invalides.

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Reproduction, même partielle, interdite des textes et illustrations


* POST-SCRIPTUM:

Michel Anfrol nous a quittés le 18 mai 2019. 

La tristesse me saisit, car cet homme d’une grande affabilité, qui m’a toujours gratifié de sa fidèle amitié, avait un contact agréable et inspirant, les photographies ci-dessus en témoignent.

Je lui rends ici un hommage appuyé, auquel ma soeur Laurence, membre de l’Association des Amis de la Fondation Charles-de-Gaulle que Michel Anfrol présidait, s’associe bien volontiers.

J’adresse également à sa veuve et à sa famille mes condoléances très attristées, mes prières et pensées les accompagnant pour traverser le temps de leur deuil, de même que je leur exprime toute ma compassion devant leur douleur.

** POST-POST-SCRIPTUM:

La tristesse, la grande tristesse – encore elle – me fait écrire ici pour rendre le plus affectueux et profond hommage à ma soeur aînée, ma très chère Laurence, membre de la Société des Amis de la Fondation Charles-de-Gaulle, qui nous avait quittés le 16 novembre 2021. Quelle perte énorme pour moi ! Elle est née le 2 février 1944 à Paris au milieu des combats pour la Libération de Paris à laquelle nos parents avaient activement participé l’arme au poing pour notre père et à la logistique pour notre mère. Elle emporte avec elle ces souvenirs exceptionnels ancrés dans son âme. 

Nos prières vont vers toi ! Reposes en Paix dans le Royaume de Dieu très chère Laurence, dite Lolo !   

Jean-Pierre Razafy-Andriamihaingo, membre de la Convention de la Fondation Charles-de-Gaulle.

TOKYO J.O 2020 – REPORTES A 2021: SPORTS, ENVIRONNEMENT ET TECHNOLOGIE

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« Jeu de raisins » (JPRA)


                   

         TOKYO, J.O 2020 REPORTES A 2021 : SPORTS, ENVIRONNEMENT ET TECHNOLOGIE

PROPOS LIMINAIRES

La très grave crise sanitaire de cet hiver/printemps 2020 a beaucoup fait hésiter le Premier ministre japonais Abe à prendre une décision quant au maintien ou pas de ces jeux Olympiques d’été 2020 à Tokyo. Mais, le 24 mars 2020, devant l’aggravation et la terrible propagation du virus Covid-19, et étant donnée la position sans équivoque qu’a prise le Comité International Olympique, la décision du report à 2021 de ces Jeux a finalement été prise.

Ils débuteront le 23 juillet 2021. A cet égard, lors du Sommet du G20 de ce mois de novembre 2020 tenu en Arabie Saoudite, le Comité International Olympique en la personne de son Président a solennellement reçu le soutien des plus grandes puissances mondiales.

Assurément, c’est un coup dur pour l’ensemble des organisateurs et de tous les secteurs économiques japonais…Et il l’est davantage encore quand on sait, dernièrement, que les responsables japonais desdits jeux olympiques, en accord avec le Comité International Olympique, ont décidé que les visiteurs étrangers ne seront pas admis à assister physiquement à aucune des rencontres sportives !…D’autre part, il a été décidé que les différents sites olympiques ne pourront recevoir du public qu’à 50% de leur capacité d’accueil, la jauge ne pouvant en tout état de cause dépasser plus de 10.000 spectateurs en même temps…** (voir en Nota 2 en fin d’article).

Ce seront donc des jeux olympiques singulièrement « appauvris »…

INTRODUCTION

On se souvient qu’à Tokyo, aux Jeux Olympiques de 1964 qui eurent lieu dans la capitale du Pays du Soleil Levant, et qui consacraient sa position dominante sur le plan économique (alors 2ème puissance mondiale), financier (le Yen, monnaie forte, surévalué mais très recherché) et technologique (la mise en service du Shinkansen, le train à grande vitesse japonais), nous Malgaches étions particulièrement fiers de la performance de notre sprinter national, Jean-Louis Ravelomanantsoa.

il fut finaliste du 100M plat et qui, « à peine a-t-il franchi la ligne d’arrivée, qu’on finit seulement de prononcer son nom.. ! », selon la formule sympathique et enjouée d’un commentateur de la Télévision française. Jean-Louis Ravelomanantsoa avait fini dernier…mais point du tout distancé, et peu importe, il avait couru de belle manière !

Ce bel athlète récidiva, là à Tokyo, sa précédente performance quatre ans auparavant aux Jeux Olympiques de Rome en 1960, où j’avais eu l’insigne privilège d’assister à sa course au Stadio Olympico !…

Mais, ne nous égarons pas et revenons au cœur de notre sujet…

C’est en 2013 que le Comité International Olympique (CIO) fit son choix de Tokyo, de préférence à Istanbul et Madrid.

Au-delà des aspects purement sportifs, le dossier présenté par le Comité Olympique japonais, fort du succès des J.O de 1964 à Tokyo, offrait d’autres atouts indéniables et qui avaient très vite convaincu le CIO : emphase sur le développement durable (1) ; priorité à l’énergie décarbonée (2) ; promotion des nouvelles technologies (3).

Nul doute donc que, eu égard à l’importance que le Japon et les Japonais ont toujours accordé à la dimension écologique et environnementale, ces Jeux Olympiques de 2020 – reportés à 2021 – marqueront les esprits en ces temps problématiques du changement climatique contre lequel la position du Pays du Soleil Levant est en flèche.

                                                                               *

  1. En matière environnementale, c’est la symbolique du Stade Olympique qui marquera les esprits.

En effet, à l’emplacement du vieux stade olympique de 1964 situé en plein cœur de Tokyo s’est construit, pour avoir été livré en 2019, un énorme mais très élégant stade, œuvre de l’architecte japonais Kengo Kuma, et onze autres sites parfaitement intégrés et réutilisables après les Jeux, le tout devant générer plus de 150.000 emplois nouveaux.

L’œuvre architecturale du grand stade olympique, située dans les jardins extérieurs du sanctuaire Meiji au milieu d’un  vaste espace vert, inclura à chacun de ses étages des zones de circulation plantées d’arbres, son toit sera rétractable, l’emploi systématique de matériaux locaux, avec bois et acier, est privilégié, le tout étant « pensé pour cohabiter avec l’environnement », selon le vœu de l’architecte, et elle est conçue pour minimiser les impacts et les dépenses d’énergie.

Par ailleurs, l’ambition du Comité Olympique japonais est que les Jeux de 2020 – reportés à 2021 – soient ceux du « Zéro degré déchets », c’est-à-dire basés sur les « 5R » : Réutiliser, Recycler, Récupérer, Réduire l’énergie, et Restaurer la nature urbaine.

Sur ce dernier point, sachant que Tokyo et son agglomération font vivre près de trente cinq millions d’individus, le Comité Olympique japonais et les autorités japonaises entendent démontrer leur maîtrise de ce qui pourrait être qualifié d’ « oeuvre d’intégration environnementale », tout devant tout spécialement contribuer à optimiser la qualité de l’air.

Car, n’oublions pas que dix ans auparavant la catastrophe nucléaire de Fukushima (cf. sur ce même blog l’article intitulé « Fukushima mon amour » daté du…) faisait – et fait ? – craindre un taux anormal de radioactivité de l’air et de l’eau, ce qui semble-t-il est heureusement écarté, les autorités japonaises soulignant qu’à Tokyo et son agglomération ce taux serait inférieur aux normes internationales.

logo JO 2020 Tokyo stade olympique

Projet du Stade national des J.O de Tokyo 2020-21, par l’architecte Kengo Kuma


  1. S’agissant de la priorité donnée à l’énergie décarbonée, c’est autour de l’hydrogène, énergie des plus naturelles, que les Japonais veulent parier.

Il s’agira en particulier de promouvoir l’hydrogène comme carburant et les entreprises japonaises sont invitées à réaliser des gammes entières de technologies afin que l’énergie rejetée se résume à de la simple vapeur d’eau.

Ceci doit s’appliquer aux machines affectées aux services, mais aussi bien entendu aux moyens de transport, véhicules et autres moyens de locomotion. Sont aussi visés les avions.

Des recherches sont notamment en cours portant sur le développement de biocarburants à base d’algues ou de déchets, pour remplacer le kérosène. Si ce dernier pari est gagné – nous faisons en cela une grande confiance à la capacité inventive des industriels japonais ! – , il ne fera aucun doute que le Japon aura révolutionné un pan entier de l’industrie au-delà de aéronautique.

  1. Quant à la promotion des nouvelles technologies, elle va de soi compte tenu de ce qui est dit supra.

Mais plus précisément,  comme on le sait le Japon est champion du monde de l’invention, de la réalisation et de l’utilisation de la robotique, ceci résultant déjà, dès les années 1960, d’un autre concept de gestion, le fameux « Zéro degré défaut », sachant que la fiabilité humaine, malgré son génie, recèle toujours de façon inhérente des incertitudes dues à l’émotion, à l’inattention ou à d’autres causes non prévisibles…

Eh bien, les robots sont là pour y remédier !

Attendons-nous à ce que les Jeux Olympiques de 2020 – reportés à 2021 – à Tokyo voient se proliférer des robots pour toutes sortes de services !

C’est là un choix délibéré dont le Japon en attend beaucoup, d’abord pour son image de pays leader de haute technologie avancée, ensuite pour entraîner vers le haut ses laboratoires de recherches & développement, et aussi parce que parallèlement aux Jeux va se tenir à la même époque à Tokyo un « sommet mondial » des Robots

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Nul doute que davantage que les précédents Jeux Olympiques de Londres en 2012 ou de Rio en 2016, ceux de Tokyo en 2020 – reportés à 2021 – promettent d’être révolutionnaires tout en s’ancrant dans la tradition japonaise que suggère les logos officiels :

. celui d’abord de la candidature de Tokyo avec ses fleurs de cerisier, figuration de la sérénité ;

. celui ensuite des Jeux eux-mêmes, qui se réfère à l’ « emblème du damier harmonisé » (« Ichimatsu moyo ») datant de l’époque Edo, la couleur bleue indigo évoquant le raffinement et l’élégance, l’assemblement du tout en forme de trophée symbolisant l’unité dans la diversité.

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Logo de la candidature de Tokyo pour les J.O 2020 – Fleurs de cerisier, sakura –


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Logo des J.O adopté à la suite du choix de Tokyo par le Comité International Olympique.


En termes proprement sportifs, il faudra bien entendu attendre le déroulement des Jeux.

Mais notons qu’aux Jeux Olympiques de 2020 – reportés à 2021 – , trois nouvelles disciplines feront leur entrée :

. le Karaté – qui s’en étonnerait s’agissant du pays inventeur de cette discipline martiale –  ; à noter d’ailleurs qu’à l’occasion des précédents Jeux Olympiques de Séoul la Corée du Sud n’avait pas manqué d’introduire parmi les disciplines olympiques nouvelles sa discipline martiale par excellence, le TaeKwanDo ;

. l’escalade (escalade de difficulté, de vitesse et le mur d’escalade) ;

. le skateboard.

Chacun appréciera en ce qui concerne les deux dernières spécialités érigées en disciplines…lesquelles certainement susciteront des vocations.

En tous les cas, le Japon entend battre en 2021 son record de trente huit médailles des Jeux Olympiques de Londres en 2012, l’ayant placé au 6ème rang des nations les plus médaillées.

Nul doute que l’inclusion du Karaté parmi les nouvelles disciplines olympiques y contribuera !

Une chose est certaine, c’est qu’après la Coupe du Monde de Rugby prévue en 2019 au Japon et dans la double perspective des Championnats du Monde de Natation en 2021 (qui seront certainement reportés, car on voit mal qu’ils soient cumulés avec les Jeux Olympiques d’été ) au Japon également, et des 20ème Jeux Asiatiques de 2026, toujours au Japon, ces Jeux Olympiques de 2021 vont constituer pour ce pays, qui confirme ainsi sa grande vocation sportive, le rendez-vous central du sport mondial.

Jean-Pierre Razafy-Andriamihaingo

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Reproduction, même partielle, interdite des textes et illustrations


Nota : la photo du Stade national olympique ainsi que le logo de la candidature de Tokyo sont tirés de la revue « Zoom Japon » de juillet 2013, tandis que le logo officiel des J.O 2020 de Tokyo est tiré des « Nouvelles du Japon » de Novembre 2016, une Lettre de l’Ambassade du Japon en France.

** NOTA 2 : aux dernières nouvelles, à une semaine avant l’ouverture des Jeux, en accord avec le Comité International Olympique le gouvernement japonais ayant décrété l’état d’urgence sanitaire face à la nouvelle propagation de la Covid-19 sous la forme de son variant Delta, aucun spectateur ne sera admis dans les stades ou installations sportives…! A moins que la situation sanitaire s’améliore « soudainement »…