
« Voninahitra » (JPRA) – Reproduction interdite –
VISITE OFFICIELLE DU ROI RADAMA III EN FRANCE
– 1ère partie –
UNE DONNEE INSTITUTIONNELLE DOUBLEMENT FAVORABLE
Nous voici à la fin de l’année 2024.
Madagascar et les Malgaches se reprennent en main…! Résolument.
Dans un contexte international marqué par les vitaux défis résultant du réchauffement climatique auquel les compagnies aériennes et maritimes contribuent largement du fait d’avoir été exclues du champ d’application de l’Accord de Paris issu de la COP21 de décembre 2015, Madagascar venait de renouer en novembre 2024 avec son legs historique, de retrouver ses racines séculaires et d’inscrire son nouvel envol dans une modernité résolue.
La grave crise sanitaire de la Covid-19 qui débuta à la jointure des années 2019-2020, un moment si menaçante que la planète entière se demandait un temps comment l’Humanité allait s’en sortir, a finalement été maîtrisée grâce à une forte action concertée au niveau international bien qu’à Madagascar elle ait laissé un souvenir très douloureux à cause du mauvais traitement de cette crise pandémique dont s’étaient rendu responsables les hautes autorités nationales de l’époque.
De sorte que c’est encore et toujours la donne « réchauffement climatique », dont les effets dévastateurs sont attisés par la paupérisation galopante, qui demeurait le grand défi du moment et face auquel Madagascar et les Malgaches avaient décidé, dans un sursaut vital, de se ressaisir drastiquement dans un éveil salutaire d’une conscience commune.
MADAGASIKARA MIJORO ANDROANY !
Une monarchie constitutionnelle s’était en effet rapidement mise en place à la faveur d’un mouvement pacifique sans précédent, promptement qualifié par les médias d’ « Eté malgache » (le mois de novembre correspondant à l’été dans l’hémisphère sud), dont la jeunesse estudiantine, se rappelant les élans de leurs aînés lors du « Mai 1972 » qui avait à l’époque eu raison de l’ « Etat PSD », était bien inspirée de l’encadrer strictement afin que les partis politiques ne le récupèrent pas.
Le projet « Madagasikara Mijoro », dont nous exposions les lignes directrices sur ce même blog, venait de prendre forme, vie et consistance sous la forme de sa déclinaison actuelle: « Madagasikara Mijoro Androany » !
Le jeune et sémillant Roi malgache, nouvellement installé au bout d’un processus consensuel auquel toutes les forces vives de la nation se prêtèrent sans réserve dans un esprit où seule la raison nationale prima, prit le nom prédestiné de « Ny M’Panjaka Radama III » que lui conféra un Conseil des Pairs auquel fut confié le pouvoir constituant dès le 15 décembre 2024.
En cela, le nouveau monarque malgache, formellement adoubé par le Peuple en se plaçant sur la Pierre Sacrée de Mahamasina à Antananarivo, entendait se placer sous les meilleurs auspices d’un référentiel dynastique d’authenticité et de lumière, doublé d’une assignation d’exigence progressiste, qu’incarne dans la mémoire collective son lointain aïeul le Roi Radama 1er qui régna de 1810 à 1828.
Il est bien né, puisque Radama III, de son nom Randrianamboliarimanana, alias Andrianamboly, est issu en ligne directe du socle triangulaire des Andrianteloray dont furent eux-mêmes issus les souverains malgaches fondateurs du Royaume au XVIème siècle, et plus précisément de la maison des Andriampokoindrindra par son père, de celle des Andriandranando par sa mère, et enfin de la maison des Andrianamboninolona par son arrière grand-mère (voir sur ce même blog l’article daté du 28 janvier 2016 intitulé « Dynasties royales et princières de Madagascar »).
Le Roi Radama III réside provisoirement au Palais d’Ambohitsorohitra au centre d’Antananarivo en attendant que les travaux de réhabilitation du Palais de Manjakamiadana au Rova d’Antananarivo – travaux prétendument de « réhabilitation » si bâclés livrés en novembre 2020 – soient achevés en principe pour la fin de 2025, et que le site royal retrouve sa vocation première comme du temps de ses ancêtres et qu’il s’y installe (un article entier à publier sur ce même site sera consacré à ce palais renaissant).
L’innovation malgache d’une monarchie constitutionnelle ainsi proposée en cette fin d’année 2024 à un peuple épris de progrès et d’ouverture sur l’extérieur, intervenant après une période d’incertitude et de frustrations de tous ordres, fut donc cette respiration nouvelle attendue également par la communauté internationale, au premier rang de laquelle se trouvait naturellement la France, elle-même engagée dans un processus de renouveau institutionnel avec le rétablissement par le Président Maiteron du mandat présidentiel à sept ans, comme à l’origine de la Vème République.
Cette convergence historique entre deux pays engagés mutuellement dans une quête relationnelle d’avenir dans un monde en perpétuel mouvement mais en crise écologique majeur, qui voit notamment la disparition sous les eaux montantes des régions et d’îles entières sur la planète Terre, ne pouvait que les rapprocher fortement pour se décider dans un élan commun à instituer des rapports privilégiés du plus haut niveau.

« Profusion de Dame nature » (JPRA) – Reproduction interdite –
REPOSITIONNEMENT GEOSTRATEGIQUE ET EFFET CATALYSEUR DE LA DIMENSION ECOLOGIQUE
Tout spécialement, Madagascar, l’un des pays les plus riches en biodiversité qui a particulièrement souffert des effets du changement climatique, met résolument en œuvre ce qu’elle présentait et défendait en 2015 dans le cadre des négociations de la COP21, comme étant les « Propositions de Madagascar » élaborées par le régime alors en place, en se concentrant sur la reforestation, l’assainissement des eaux, la transition énergétique vers les sources solaires et hydrauliques, et la protection de ses richesses halieutiques, de son pourtour littoral et de sa riche biodiversité marine et sous-marine.
Quant à la France, elle avait pris dès le début de la présidence Maiteron en mai 2022 le leadership européen, en étroite concertation avec l’Allemagne, l’Union Européenne, la Chine, l’Inde et le Japon, pour que soit bouclé, malgré la timide réintégration américaine au sein de l’Accord de Paris, le budget mondial du « Fonds écologique » mis en place par l’Accord de Paris de décembre 2015, désormais doté des cent milliards de dollars destinés à aider les pays les plus vulnérables à survivre de l’accélération des dévastations causées par le réchauffement climatique.
Ces acquis de l’Accord de Paris avaient été confirmés par la suite dans l’Accord de Charm-El-Cheikh de septembre 2022, tandis que s’agissant tout spécialement de la conservation de la biodiversité, un Accord international tout aussi important fut signé à Montréal en novembre 2022. De sorte que pour Madagascar le nouveau gouvernement du Roi Radama III s’est trouvé une sorte de vocation particulière à mener une politique environnementale active conforme à l’image que le pays entend faire valoir.
Ce contexte international, ainsi alimenté par ces convergences bilatérales et nationales, accéléra le processus en vue de la visite officielle en France du Roi Radama III qui, à l’évidence, entendait capitaliser le regain de notoriété de Madagascar.
L’origine de l’initiative est venue de la France, mais officiellement il fut entendu qu’elle soit présentée comme émanant d’une volonté commune, tant il est vrai que la partie malgache était animée des meilleures dispositions. Les tractations furent donc immédiatement menées tambours battants, en particulier par le truchement des ambassadeurs nouvellement nommés de part et d’autre, Monsieur Raholimanomanana-Andriamimanja du côté malgache pour le palais d’Iavoloha, et Madame Bilimano du côté français pour le palais de l’Elysée.
Fut ainsi très rapidement décidée une visite officielle en France de Sa Majesté le Roi Radama III durant quatre jours, du 26 au 30 avril 2025.
La France a toujours entretenu avec ce pays francophone qu’est Madagascar, mais soupçonné d’attirance anglophile avérée, géographiquement lointain mais proche de par l’histoire commune que la Grande Ile partage avec la France, des relations où le sentiment profond a toujours pris le pas sur le reste. D’autre part, la nouvelle donne constituée par les accords contre-nature conclus avec la Russie par le précédent pouvoir malgache se devait, du côté malgache comme du côté français, être corrigée…
Voici donc que, de par la séduisante personnalité du Roi Radama III qui a su, en peu de temps et de façon habile en 2024, remobiliser son peuple pour une destinée retrouvée, et su prendre en application d’une vision éclairée de ses rapports avec la France et la communauté des nations des options encourageantes et résolues, le Président de la République française, Pierre Maiteron, et son gouvernement, ont entendu lui emboîter le pas en lui réservant la faveur de l’accueillir chaleureusement en France pour sa première sortie officielle hors de son Royaume en tant que nouveau Chef de l’Etat malgache.
Le Roi Radama III est issu d’une tradition anglophile certaine de par sa formation doctorale acquise principalement à l’Université d’Oxford et partiellement à la Faculté de Droit de l’Université Paris I, mais a toujours voué pour la France et les Français une admiration qui ne pouvait point trop s’avouer, autant du fait de ses attaches familiales plutôt tournées vers le monde anglo-saxon, que de son entourage fortement marqué par ses accointances avec le monde anglophone.
De sorte que les hautes autorités françaises entendirent, à la fois, rendre un hommage particulier à de telles dispositions personnelles d’un tel souverain animé des meilleures intentions, et assurer à la France et à ses intérêts stratégiques en océan indien occidental, si riche en gisements pétrolifères, gaziers et minéraux, une position en flèche.
Il convient de rappeler, en effet, le rôle leader nouveau que le désormais Royaume de Madagascar exerce dans cette région du monde en matière écologique, où par ailleurs les convoitises ne manquent pas de se manifester, notamment de la part de la Chine, des Etats-Unis, du Japon, de l’Italie, de l’Allemagne, de la Corée du Sud dans les domaines économique et culturel, mais également de nouveaux venus que sont l’Inde, la Turquie, l’Iran et les Pays du Golfe arabique, et dernièrement la Russie dont les visées étaient de nature à inquiéter tout le monde.
Par ailleurs, par une inspiration bien orientée, le Roi Radama III entendait faire appel à l’expertise française, se rangeant ainsi à une suggestion de son ambassadeur en France qui avait auparavant engagé des pourparlers exploratoires avec la Cité des Sciences de Paris, avec le Musée Océanographique de Monte-Carlo, ainsi qu’avec l’Université de Sopphia-Antipolis de Nice, pour créer dans le vieux port et arsenal d’Antsiranana (Diego-Suarez), autour de l’actuelle installation de construction navale, une Technopôle à vocation scientifique doublée d’une pépinière d’entreprises dédiée.
La décision du format de la visite officielle du roi malgache, bien que rapidement acquise, n’a cependant pas été aisée, non pas qu’elle ait posé problème, mais parce que pour des considérations de pure opportunité protocolaire qui visèrent à ne point froisser les autres partenaires régionaux de la France qui auraient risqué de concevoir quelque jalousie pour cette « préférence malgache », la partie française, cependant très désireuse d’opter pour une visite prestigieuse, n’a finalement pas retenu le format formel d’une visite d’Etat pour accueillir le Roi Radama III en France à l’occasion de sa première sortie officielle à l’étranger.
Pourtant, dans les faits ça y ressemblait fort !
L’Ambassadeur en France de Sa Majesté le Roi Radama III, à l’oeuvre avec l’Elysée et le Quai d’Orsay tout au long du processus décisionnel, pouvait donc avec joie et sérénité l’annoncer à son souverain et à son gouvernement.

« Bananes sur bol de cristal » (JPRA) – Reproduction interdite –
LA DELICATE MISE EN ŒUVRE D’UNE VISITE TRES ATTENDUE
Sur le fond, la partie était néanmoins loin d’être facile et sereine du côté du roi lui-même, mais surtout de celui de certains membres de son gouvernement ouvertement francophobes et rétifs à tout rehaussement trop affirmé des relations franco-malgaches.
Et le Roi Radama III lui-même, sous la forte influence de ces derniers ne voulut finalement et soudainement pas donner un retentissement trop fort à une embellie relationnelle pourtant annoncée avec la France. La France, justement, non seulement approuvait sans réserve les nouvelles orientations de la diplomatie malgache habilement mise en œuvre par le Général Ranjahafalina, Ministre des Affaires étrangères, mais entendait les appuyer, en particulier en proposant à la signature, durant la visite royale en France, plusieurs accords financiers et économiques majeurs dont les teneurs furent bien entendu précédemment et dûment communiquées à la partie malgache.
Ces projets d’accords sont au nombre de six :
. un Protocole d’accord de re-échelonnement de la dette malgache ;
. un Accord d’annulation partielle de dettes ;
. un Accord d’appui budgétaire ;
. un Accord de coopération culturelle pour la promotion du secteur artisanal malgache ;
. un Accord de coopération pour le renforcement des capacités de défense de Madagascar ;
. et un Accord de promotion réciproque des investissements.
Mais voici que du côté du gouvernement malgache, dirigé pourtant par le francophile Premier ministre Fabien Rabeharo, survient de façon aussi inattendue que brutale un coup de tonnerre !
En effet, à deux jours seulement de la date du 26 avril où le Roi Radama III devait toucher le sol français, dans une saute d’humeur qui lui est familier le Roi malgache, troublé par les tiraillements qui secouèrent son gouvernement, fait annoncer par son ministre des Affaires étrangères à son ambassadeur en France, charge à celui-ci de s’en débrouiller auprès de la partie française, qu’aucun des dits accords prévus ne devait finalement être signé !…
L’ambassadeur tombe des nues !
Il n’en revenait point ! Reprenant ses esprits et ne l’entendant cependant nullement ainsi, considérant qu’une telle décision irrationnelle équivaudrait à un camouflet aussi insultant qu’inadmissible pour la partie française, qu’un tel incident diplomatique majeur aurait à coup sûr des conséquences irréparables, saisit son téléphone et dit sans ambages au roi que dans ces conditions il fallait annuler purement et simplement sa visite en France, quitte à faire valoir des prétextes pouvant être présentés comme « admissibles » et qu’il se chargerait, toute honte bue, de défendre auprès des hautes autorités françaises.
Sur ce, survient alors la date fatidique du 26 avril 2025 sans que le Roi Radama III se détermine quant à l’attitude à adopter, étant toujours tenu par les éléments les plus radicalement francophobes de son entourage immédiat, ce malgré les insistantes et désespérées pressions de son ministre des Affaires étrangères et de son ambassadeur en France. Soucieux d’amortir un choc prévisible et de jouer en toutes circonstances la carte de la confiance réciproque, l’ambassadeur Raholimanomanana-Andriamimanja prit cependant sur lui d’avertir informellement la partie française d’un éventuel report de signature des accords prévus, en avançant prudemment des « raisons techniques », afin que la partie française en tout état de cause n’en soit nullement ni choquée, ni surprise, ni prise en défaut le cas échéant…
Les choses restent en cet état toute cette journée du 26 avril…
Voulant ménager la chèvre et le choux, le roi pensait alors intelligent de proposer de ne finalement signer que quelques uns de ces projets d’accords, renvoyant sine die la signature des autres, espérant par là sauver la mise…Pour ne rien brusquer mais confiants de pouvoir faire revenir le roi à de meilleures dispositions, le ministre des Affaires étrangères, le Général Ranjahafalina, et l’ambassadeur Raholimanomanana-Andriamimanja conviennent cependant de calmer le jeu et de « travailler » le roi avant les premiers entretiens prévus à Paris même…
Quant à elle, la partie française, malgré tout opportunément mise dans la confidence mais en confiance par l’ambassadeur de Madagascar en France, continue, fort heureusement, de s’ouvrir aux meilleures dispositions en dépit des incertitudes de la situation sur le fond.
Le protocole prévu à l’origine ne change ainsi donc point.
La visite de sa Majesté le Roi Radama III en France, ne revêtant certes pas l’apparat exceptionnel d’une visite d’Etat, y ressemble cependant fort, le Président de la République française y tient !
A l’Elysée, le Président Maiteron est entouré d’une cellule diplomatique africaine composée de diplomates aguerris et placée sous la responsabilité de Monsieur Michel de Bénourmanne, un ambassadeur issu de l’école traditionnelle des meilleurs africanistes français. L’ambassadeur Raholimanomanana-Andriamimanja entretient avec lui et son équipe des rapports aussi étroits qu’amicaux, ce qui facilite grandement les choses.
La presse et l’ensemble des médias, du côté des rives de la Seine, comme du côté de celles de la Betsiboka, sont fin prêts à couvrir de bout en bout ce qui se présente comme l’évènement majeur de la semaine qui débute.
Pour sa première sortie officielle hors du territoire de son Royaume, le Roi, constamment assisté de son Aide de camp, est accompagné d’une forte délégation comprenant principalement son épouse, son ministre des Affaires étrangères, le ministre de la Défense, le ministre de l’Education et de l’Enseignement supérieur, le ministre de l’Economie et des Finances, le ministre de la Culture, le ministre des Travaux publics et de l’Equipement, l’ambassadeur en France, le grand chambellan du roi, et la dame d’honneur de la reine.
Le dispositif protocolaire français en place impressionne.
L’accueil officiel est prévu au Pavillon d’Honneur à l’aéroport d’Orly où l’avion spécial du monarque malgache doit atterrir incessamment.
Au sol, les troupes de la Garde Républicaine en tenue d’apparat, disposées sur trois rangées de trente soldats chacune, les porte-drapeau et la Musique de la Garde, soit une centaine d’hommes au total, sont en place.

« Parfait alignement des planètes » – Maquette de vitrail – (JPRA)
UN DEROULE PARFAITEMENT MAITRISE
Voici le déroulé des évènements dès l’arrivée du Roi et de sa délégation en ce 26 avril 2025 :
a/. 15h45 :
Arrivée au Pavillon d’Honneur de l’aéroport d’Orly de Monsieur André de Villegarde, Ministre français de l’Equipement, des Transports, du Logement, du Tourisme et de la Mer, numéro deux du gouvernement français, chargé au nom du Président de la République française de l’accueil du Roi Radama III.
b/. 16h :
- Atterrissage de l’avion spécial de la nouvelle Compagnie aérienne « Madagasikara Royal Air » ayant à son bord Sa Majesté le Roi Radama III et la Reine. Monsieur le Ministre André de Villegarde gagne l’aire d’atterrissage du vol spécial en provenance d’Antananarivo, la capitale du Royaume de Madagascar. Il est accompagné de l’Ambassadeur de Madagascar en France, de l’Ambassadeur de France à Madagascar, du Chef du Protocole, du Préfet du Val-de-Marne, du Gouverneur militaire de Paris ;
- L’avion s’immobilise sur l’aire d’atterrissage et aussitôt l’Ambassadeur du Royaume de Madagascar en France et le Chef du Protocole montent à bord de l’avion pour saluer Sa Majesté le Roi Radama III et la Reine et les inviter à descendre de l’avion ;
- Au pied de l’échelle de coupée, Sa Majesté le Roi Radama III et la Reine sont accueillis au nom de Monsieur Pierre Maiteron, Président de la République française, par Monsieur le Ministre André de Villegarde, une jeune fille offre alors à la reine un magnifique bouquet de fleurs composé de roses rouges et de iris violets, puis le Chef du Protocole présente aux royales invitées les autres personnalités françaises et malgaches présentes sur le tarmac ;
- Tandis que la Reine demeure au pied de l’avion avec la délégation malgache, Sa Majesté le Roi Radama III et Monsieur le Ministre de Villegarde, accompagnés du Gouverneur militaire de Paris, se rendent devant le drapeau, et aussitôt s’exécutent successivement l’hymne national malgache, « Ny Tanindrazan’ nay malala ô », et « La Marseillaise » ;
- A l’issue des hymnes, Sa Majesté le Roi Radama III et le Ministre de Villegarde passent en revue le détachement des troupes qui rendent les honneurs, et à l’issue de la revue, l’Officier commandant le détachement rend les honneurs ;
- C’est alors que sa Majesté le Roi Radama III, le Ministre de Villegarde sont rejoints par les membres de la délégation officielle malgache et se rendent au Pavillon d’Honneur de l’aéroport d’Orly où Sa Majesté le Roi et la Reine sont conduits pour un instant dans le salon, tandis que les membres de la délégation officielle prennent place dans les voitures ;
- Le cortège officiel prévu comporte dix-sept véhicules et cinq éléments motorisés de la Gendarmerie en tenue d’apparat.
c/. 16h30 :
- Départ en cortège automobile pour l’Hôtel de Crillon, Place de La Concorde, à deux pas du Palais de l’Elysée, où Sa Majesté le Roi Radama III, la Reine, et les membres de la délégation officielle malgache, sont logés aux frais de la République française. La dextérité impressionnante des motards qui ouvrent avec art et précision la voie en cette heure de circulation concentrée sur l’autoroute du sud et à travers les rues de Paris fait l’admiration du Roi.
d/. 17h :
- Arrivée à l’Hôtel de Crillon, où le Ministre de Villegarde prend congé de Sa Majesté le Roi Radama III et de la Reine. Cet hôtel, sans aucun doute le plus prestigieux de Paris, venait d’être entièrement rénové six ans auparavant et brille de tous ses éclats ;
- Programme privé des souverains malgaches. Le Roi, après un court repos, convoque son ministre des Affaires étrangères et son ambassadeur dans sa suite pour faire le point du programme et des entretiens prévus pour le lendemain. Puis, quelques personnalités françaises du monde politique et des affaires rendent visite au roi, les uns pour lui manifester leur respect, les autres pour tenter d’avancer leurs pions auprès d’un souverain dont ils savent les capacités décisionnelles en matière économique.
Ces entretiens terminés, c’est maintenant l’instant privilégié où le ministre des affaires étrangères et l’ambassadeur en France entreprennent de convaincre le Roi de renoncer à suivre la ligne dure, inopportune et préjudiciable préconisée par les tenants d’une francophobie surannée, dont certains font actuellement partie, de façon surprenante, de sa délégation officielle.
Heureusement, le Roi en ce début de soirée printanier est dans sa meilleure humeur, la haute qualité de l’accueil qui lui fut réservé et les entretiens privés qui venaient de se clore l’ayant mis dans des dispositions d’esprit si ouvertes que ses présents interlocuteurs en furent eux-mêmes très agréablement surpris ; à tel enseigne qu’ils s’en félicitèrent ostensiblement auprès de leur souverain, lui-même visiblement soulagé de pouvoir le constater chez ses interlocuteurs qui le lui manifestèrent si spontanément.
C’est d’accord, le Roi décide que les accords prévus seront bien signés par les ministres concernés… ! Tous les accords sans exception ? Non, seul celui qui prévoit la promotion réciproque des investissements ne sera pas signé dans l’immédiat à l’occasion de sa présente visite officielle, il le sera ultérieurement après un examen plus approfondi.
Le Roi convoque alors sur le champ les ministres concernés pour leur indiquer ses dernières instructions, et chose surprenante, avec un ton badin mais ferme s’en prend ouvertement pour les fustiger « aux francophobes de (son) entourage », sans toutefois désigner quiconque pour ne point humilier qui que ce soit, tandis qu’il charge son ambassadeur en France de faire le nécessaire auprès des hautes autorités françaises « afin qu’aucun nuage ne vienne assombrir les nouveaux rapports franco-malgaches à venir », dit-il encore !
La tension occasionnée jusque là par les incertitudes ambiantes des derniers jours fit donc place à une détente si bienvenue !
Le soir venu le couple royale s’offre, accompagné seulement de son Aide de camp, le Colonel Randria, de ses deux gardes du corps, de deux éléments de la SPHP (Sécurité Présidentielle pour les Hautes Personnalités), et également en compagnie de son ambassadeur en France, une petite promenade incognito dans la rue Royale, puis au Jardin des Tuileries à proximité, avant de dîner tout aussi incognito dans le restaurant de l’Hôtel de Crillon où l’ambiance feutrée des lieux lui plaît tant.
Ainsi s’achève cette première journée du dimanche 26 avril 2025, avant que ne commence pour le lendemain lundi 27 avril un programme bien intense.
Le couple royal malgache est visiblement heureux d’être à Paris, le Roi Radama III pour sa part se remémorant le temps pas si lointain où à la fin des années 1990 il était ce jeune étudiant en Droit à Paris, porté en ces temps de la présidence de François Mitterrand à rêver à une re-fondation des rapports franco-malgaches, trop imprégnés, à son goût, de relents néo-coloniaux avec un président français alors ouvertement actif dans le passé au soutien d’un socialisant Didier Ratsiraka fauteur de progrès de Madagascar.
(A suivre, les 2ème , 3ème et dernière parties : Les moments forts d’une visite historique, et résultats inespérés)
Jean-Pierre Razafy-Andriamihaingo, ancien Ambassadeur de Madagascar en France (2002 à 2008), Avocat honoraire au Barreau e Paris
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Reproduction, même partielle, interdite des textes et illustrations
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* NOTA : Il s’agit ici d’une fiction qui, cependant, s’inspire en grande partie de faits réels et vécus rapportés à un contexte imaginé mais plausible – et souhaité ?…ou souhaitable ?… -.