LA PLUS GRANDE DEMOCRATIE DU MONDE PRESIDEE SUCCESSIVEMENT PAR DES « MINORITAIRES »

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« Emergence » – Maquette de vitrail – (JPRA alias  Jipiera) – Reproduction interdite –


     LA PLUS GRANDE DEMOCRATIE DU MONDE PRESIDEE SUCCESSIVEMENT PAR DES « MINOTITAIRES »

Il n’est pas commun de souligner les avancées de l’Inde en matière de promotion des droits humains.

Eh bien voici deux exemples exemplaires qui fort malheureusement n’avaient même pas suscité, ne serait-ce que la « curiosité » d’une certaine presse internationale obnubilée par des lieux communs suggérés par des faits quelques fois si anodins des sociétés dominantes…

En l’occurrence, la plus grande démocratie du monde – oui, l’Inde se présente comme telle ! -, celle où il est vrai les contradictions sociétales s’étalent au grand jour avec un système de castes implacable, démontre sa capacité de résilience en ayant élu très récemment à la tête de l’Etat successivement un « Intouchable » et une femme d’une minorité ethnique marginalisée, ceci quelques années après deux autres précédents de même nature !

Comme exemples « révolutionnaires », on ne fait pas mieux…!

L’Inde est en effet une Union d’Etats aux mille contrastes et qui totalise la seconde plus nombreuse population au monde avec son milliard et demi d’habitants, laquelle a certes hérité d’une forme de démocratie parlementaire « à la british » qu’elle a su faire entièrement sienne et dont elle est fière, qui cependant continue d’endurer les pires inégalités individuelles, sociales et sociétales malgré d’indéniables performances économiques, scientifiques et matérielles.

Or, c’est ce vaste pays d’une superficie de 3.287.590 Km2 figurant parmi les grands dans le club fermé des membres du G20 sur cette planète Terre qui:

. pour la seconde fois après un précédent datant de 1997, élisait le 20 juillet 2017 à une majorité confortable un Président de la République issu de la caste des anciens « intouchables », les Dalit ». Il s’agissait de Monsieur Ram Nath Kovind;

. et voici que le 21 juillet 2022, le même Parlement indien élisait pour la seconde fois, à une majorité tout aussi confortable, Draupadi Murmu, une femme issue d’une minorité ethnique marginalisée (la tribu des Santhal), ce après une autre femme, Pratibha Patil, qui avait été élue Présidente de la République en 2007.

Ces brillantes élections furent acquises à l’issu d’un scrutin au suffrage indirect impliquant les deux chambres du Parlement (composé du Lok Sabha – chambre des représentants – et du Rajya Sabha – chambre haute -) et les chambres législatives des vingt-sept Etats et sept Territoires de l’Union Indienne.

Certes, le Président de l’Union Indienne n’a qu’un rôle représentatif et purement protocolaire sans pouvoir politique dans un régime parlementaire fonctionnant sur le modèle britannique, seul le Premier ministre détenant les clés de l’Exécutif.

Mais, au-delà du caractère symbolique de la fonction présidentielle, le Président jouit d’un prestige que confère la personnalité même du titulaire de la haute fonction, tous trois de discrets intellectuels, Ram Nath Kovind ayant 72 ans lors de son élection, un âge vénérable du sage hindouiste qu’il est, en qui se reconnaissaient aisément les 82% d’Hindous que compte l’Inde, et parmi eux la pléthorique population des pauvres, des opprimés et des marginalisés de ce pays. Quant à Madame Pratibha Patil, 64 ans, elle se présente comme une femme dynamique, universitaire et ancienne gouverneure de l’Etat de Jharkhand.

D’autre part, il est à souligner qu’au-delà de la personnalité même des nommés, en Inde le Président de la République peut proposer à l’examen du Parlement, certes par le truchement du gouvernement, des projets de loi, de même qu’il peut grandement influer dans le processus de formation du gouvernement.

Le Premier ministre indien, l' »indéracinable » Monsieur Narendra Modi, celui-là même qui s’était empressé de saluer par sa chaleureuse visite à Monsieur Emmanuel Macron en juin 2017 une France « rajeunie », n’avait d’ailleurs pas manqué de souligner à l’époque la signification de l’élection de Ram Nath Kovind comme étant une « victoire pour les pauvres, les opprimés, les marginalisés et pour leurs aspirations ». Et le nouveau Président indien lui-même de déclarer à la même époque que cette élection est « la preuve de la grandeur de la démocratie indienne ». Après sa propre élection, Madame Pratibha Patil n’avait pas manqué, quant à elle, de souligner combien elle comptait sur les femmes pour faire avancer cette « fameuse » démocratie indienne.

Il est tout de même à rappeler qu’en Inde le système des castes est une survivance d’un passé millénaire dont le pays non seulement peine à s’en sortir, mais dont, il faut bien le dire, tout le monde semble s’en accommoder pour ne pas risquer de bouleverser en profondeur et de façon révolutionnaire un « équilibre » sociétal qui jusqu’ici sert de base à une croissance débridée mais soutenue…

C’est avec un tel grand pays aux mille ruptures, contradictions, contrastes et visages, très entreprenant dans un contexte stratégique également très mouvant, notamment face à la Chine et à la coalition sino-pakistanaise, que toutes les nations du monde doivent savoir dialoguer, en particulier Madagascar qui compte une importante et imposante communauté indienne (composée d’hindous et de musulmans) et sur qui l’Inde a récemment fait le choix de miser sur le plan économique. Dans ce contexte, rappelons qu’une coopération multifaciale Inde-Madagascar a pris de l’ampleur à l’occasion d’une visite d’Etat à Madagascar du Président de la République de l’Inde en mars 2018.

Jean-Pierre Razafy-Andriamihaingo

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Reproduction, même partielle, interdite des textes et illustrations

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VOANKAZO ! – FRUITS D’ESPERANCE ! –

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« Plateau de fruits et tasse de thé » (JiPieRA)


                                                    VOANKAZOFRUITS D’ESPERANCE

Le thème des fruits est, on ne peut plus, voué au privilège de l’Espérance chez les Malgaches et en ces temps de crises de toutes les natures une telle Espérance prend bien volontiers cette forme privilégiée.

C’est donc avec une réelle délectation que je la représente par ces quelques oeuvres ci-dessous présentées en forme de revue.

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« Trois pommes et un verre » (JiPieRA)


Kaki, pomme, citron 2 « Kaki, pomme et citron », pastel sec (Jipiera)

Et, à présent ceux-ci en ont drôlement besoin !

Que de privations, en effet, subissent-ils !

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« Plateau de fruits dans la nuit » (JiPieRA)


abondance-de-raisins-2 « Gros raisins rouges », pastel sec (Jipiera)

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Que d’espoirs remisés endurent-ils !

Et pourtant, la terre nourricière malgache n’en finit pas, loin s’en faut, d’offrir inlassablement ses fruits !

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« Composé de fruits » (JiPieRA)


Tany mamoa vao tsara ny tanindrazan’antsika !

Fort heureusement !

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« Plateau fruits » (JiPieA)


jeu de citrons « Couple de citrons », pastel sec (Jipiera)

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Soa amantsara !

Alors, prions Dieu qu’il nous conserve les fruits de notre terre !

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« Orange, mangue, citron » (JiPieRA)


Andriamanitra no angatahana mba hiaro ny vokatry ny tany !

Et que le Malgache tire un grand fruit de ses labeurs !

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« Offrande de fruits » (JiPieRA)


Nature morte « Valse », pastel sec (Jipiera)

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Aoka anie ny malagasy mba mahazo soa amin’asany ê !

Soyons l’arbre qui produit de bons fruits !

Bol de cristal entre deux pamplemousses géantes (2)

« Bol de cristal entre deux pamplemousses » (JiPieA)


IMG_5028 « Corne d’abondance », pastel sec (Jipiera)

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Aoka anie isika tahaka ny hazo mamoa voa tsara ê !

Banane sur bol de cristal (3)

« Bananes sur bol de cristal » (JiPieRA)


litchi (2) « Litchi », aquarelle (Jipiera)

feuillage abondant « Jeune ananas paré de son abondant feuillage », pastel sec – Jipiera)

Oranges 21 « Grosse orange rouge », acrylique (Jipiera)

Japonimse 13 « Pommes bleues », acrylique (Jipiera)

Mangue, verre, banane, pomme « Verre et ses amis fruits », acrylique (Jipiera)

Mangues « Mangue, mère et fils », acrylique (Jipiera)

abondance-de-raisins-7 « Grappe solitaire », pastel sec (Jipiera)

Ananas « Vigoureux ananas » acrylique (Jipiera)

jeu de figues « La famille figue », pastel sec (Jipiera)

demie-poire sur collier de jaspe « Demie poire et collier de jade », aquarelle (Jipiera)

expo d day 2 « fruits célestes », pastel sec (Jipiera)

Que cette revue de fruits soit la transfiguration d’un futur proche d’Espérance pour Madagascar et les Malgaches !…  

  Jean-Pierre Razafy-Andriamihaingo alias Jipiera

  • Reproduction, même partielle, interdite des textes et illustrations

VISITE OFFICIELLE DE SA MAJESTE LE ROI RADAMA III EN FRANCE – 3ème partie : « Mandroso ny raharahantsika ! »

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« Orchidée à Ambohipotsy » (JPRA) – Reproduction interdite –


                     VISITE OFFICIELLE DU ROI RADAMA III EN FRANCE

                                                          –  3ème partie   –

                                  « MANDROSO NY RAHARAHANTSIKA ! »

Cette visite, riche en intensité relationnelle et en décisions porteuses d’avenir tant pour les rapports franco-malgaches que pour l’importante diaspora malgache de France, met le physique à l’épreuve mais rehausse à un niveau enthousiasmant le moral des troupes !

Or, on n’en est qu’à la moitié du séjour parisien de Sa Majesté le Roi Radama III !

Car, en ce jour du 28 avril 2025 il reste encore deux journées fertiles en évènements – et, qui sait, de faits inattendus…-, avant son retour qui devrait s’annoncer triomphal à Antananarivo, la cohorte des journalistes accompagnant la délégation malgache ayant fait son travail d’information auprès du public malgache de Madagascar et d’ailleurs, les échos en retour étant excellents.

L’ambiance à Paris, avec une chaleur printanière désormais entrée dans les habitudes à cause du phénomène récurrent du réchauffement climatique généralisé, prend un tour singulièrement moderniste avec les installations olympiques qui sont demeurées sur place après le déroulement, durant l’été 2024, des différentes épreuves des Jeux Olympiques de Paris, la Ville des Lumières ayant été choisie sept ans auparavant  par le Comité Olympique International au détriment de Los Angeles.

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« Soleil » (JPRA) – Reproduction interdite –


                                                                                *

LA RECEPTION AU « PETIT LUXEMBOURG », RESIDENCE DU PRESIDENT DU SENAT 

Nous le disions, la République française avait décidé de déployer tous ses fastes pour cette visite exceptionnelle du monarque malgache, l’Esplanade des Invalides étant pour la circonstance pavoisée du drapeau tricolore malgache frappé en son centre du Voromahery (l’aigle royal malgache).

Cette marque particulière de très haute considération est relevée par l’ensemble des observateurs, un tel dispositif étant en principe réservé à une visite d’Etat d’un Chef d’Etat étranger. Il en est de même de l’itinéraire choisi et prévu pour les déplacements du roi malgache pour aller à la rencontre des hauts personnages de la République tels que le Président du Sénat ou au dîner offert par le Ministre des Affaires étrangères au nom du Président de la République. Car, le cortège du Roi Radama III empruntera, au moins pour ces deux rendez-vous, le prestigieux Pont Alexandre III qui, précisément, débouche dans une ouverture majestueuse sur l’Esplanade des Invalides, l’Allée des Grands !

28 avril 2025, il est 10h50.

Le Roi Radama III vient de quitter son Hôtel pour se rendre en cortège automobile, accompagné des ministres des Affaires étrangères, de l’Economie et de la Culture, et de son ambassadeur en France, au Petit Luxembourg, l’Hôtel de la Présidence du Sénat, et s’y entretenir avec Monsieur Claude Pontecourt, Président du Sénat.

Le roi et le président du Sénat se connaissent et s’apprécient mutuellement puisque du temps où l’un et l’autre n’étaient pas encore investis de leurs hautes fonctions actuelles, ils étaient en rapport d’affaires, celui qui à l’époque n’était que le prince Andrianamboly (le « prince qui a semé »), jeune avocat au Barreau de Paris, avait eu à traiter certains dossiers d’investissement de Monsieur Pontecourt, alors PDG de sa Société « Primavert », importatrice quasi-exclusive sur le marché français de la viande de zébu et du foie gras malgaches de haut de gamme.

Lors de l’entretien il était, avant tout, bien sûr question avec le second personnage de la République française, d’envisager de renforcer les liens institutionnels entre les deux chambres hautes, certes en termes de formation et d’appui matériel, mais surtout pour développer significativement la coopération décentralisée, le Roi faisant remarquer à juste titre que l’implantation territoriale des sénateurs à Madagascar comme en France devrait grandement y contribuer. Ce dont a convenu parfaitement le président Pontecourt, lequel d’ailleurs avait donné immédiatement ses instructions dans ce sens au directeur du Service international du Sénat afin qu’il prenne toutes les initiatives adéquates.

L’entretien, amicalement chaleureux, a duré près d’une heure et demie.

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« Trois pommes et un verre » , mon hommage à Cézanne (JPRA) – Reproduction interdite –


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RECEPTIONS A L’HOTEL DE ROQUELAURE, A LA GRANDE ARCHE DE LA DEFENSE ET A L’ACADEMIE DES SCIENCES D’OUTRE-MER

Nous sommes déjà à mi-journée. Il est 13h ce même jour du 28 avril 2025 :

. déjeuner de travail à l’Hôtel de Roquelaure en la résidence et à l’invitation de Monsieur André de Villegarde, ministre français de l’Equipement, des Transports, du Logement, du Tourisme et de la Mer, celui-là même qui au nom du Président de la République française accueillit de belle façon, deux jours auparavant à l’aéroport d’Orly, Sa Majesté le Roi Radama III au pied de son avion.

Les larges attributions dévolues à ce ministre français en disent long quant aux sujets qui animèrent les discussions, notamment : la réhabilitation-extension du réseau ferroviaire malgache, actuellement en mal d’équipement, d’entretien et de personnel qualifié ; la mise en place sur toute l’étendue du territoire malgache d’un réseau, digne de ce nom, d’hôtels de première catégorie au soutien du tourisme durable que le gouvernement du roi entend développer, surtout à la faveur d’un prêt concessionnel consenti par l’Organisation Mondiale du Tourisme qu’il convient de relayer en termes de financements complémentaires et de formation ; la protection environnementale du pourtour maritime de Madagascar, tant sur le littoral qu’au large ; etc…

Des accords, non initialement prévus, sont annoncés sur ces matières hautement structurantes. Ils seront rédigés et peaufinés ultérieurement mais rapidement en vue de leur paraphe, par qui de droit, par le ministre français et l’ambassadeur Raholimanomana-Andriamimanja, avant qu’ils ne soient confirmés par la signature gouvernementale du côté malgache, à moins que l’ambassadeur ne reçoive entre-temps une habilitation spécifique pour ce faire. En tout cas, pour l’heure des lettres d’intention mutuellement signées sont actées pour servir de balises aux accords prévus.

Ce n’est qu’à 15h que ce délicieux déjeuner, agrémenté d’un café « Robusta de Madagascar » siroté dans les jardins de l’Hôtel de Roquelaure, 246 boulevard Saint-Germain à Paris 7ème, prit fin, ce havre verdoyant étant autrefois quartier de la haute noblesse dont les faits et gestes sont merveilleusement contés par Honoré de Balzac dans ses ouvrages.

S’enchaîne tout de suite une visite du quartier d’affaires de La Défense où le Roi et sa délégation sont accueillis au pied de la Grande Arche de La Défense par Monsieur Armand Dujardin, Directeur général de l’Etablissement Public d’Aménagement de La Défense (EPAD).

Ils sont tout d’abord conduits dans le Musée de cet Etablissement où sont exposés différents maquettes, photos et panneaux explicatifs, le tout retraçant l’historique fort instructif de cet ensemble architectural et urbanistique exceptionnel dédié, certes au monde des affaires, mais aussi à l’habitat moderne et aux espaces de verdure, de création artistique et de flânerie, créant ainsi un univers de vie du présent et du futur.

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Vue panoramique sur la périphérie nord-ouest de l’agglomération d’Antananarivo, vue prise du haut de la colline sacrée d’Ambohipotsy (JPRA) – Reproduction interdite –


Vient ensuite la visite de l’imposante Grande Arche, le directeur de l’EPAD étant épaulé pour les commentaires par son collègue directeur général du Toit de la Grande Arche, Monsieur Patrick Timer.

Les échanges vont bon train au fur et à mesure que le Roi et sa délégation avancent dans les allées de ces monuments d’un modernisme imposant, non pas qu’ils les inspirent pour les dupliquer à Antananarivo – ce qui serait absurde ! -, mais parce qu’en termes de conception ils retiennent volontiers que, d’une part, une bonne planification urbaine est absolument nécessaire et que, d’autre part, dans ses traductions une telle planification gagnerait, du moins pour Antananarivo, à inclure ce qu’il est maintenant convenu d’appeler les « Smart cities », des espaces de vie à créer à la périphérie de l’agglomération pour que les populations, réintégrées dans leur milieu, s’identifient à leur avenir. Et c’est là où le roi se mit à songer combien dommage les maires successifs d’Antananarivo n’aient pas appliqué à la lettre le plan d’urbanisme qui fut conçu en 1953 par l’architecte-urbaniste Pierre Razafy-Andriamihaingo du temps où il fut le directeur incontesté de l’Architecture, de l’Urbanisme et de l’Habitat à Madagascar, et dont les œuvres font aujourd’hui encore référence…

En résumé, le roi en ayant conféré avec les meilleurs planificateurs malgaches et étrangers, entend préserver absolument le système traditionnel d’irrigation et de cultures maraîchères de Betsimitatratra, où d’ailleurs les riziculteurs et maraîchers avaient repris leurs droits au détriment des affairistes qui auparavant avaient indûment procédé à des remblaiements sauvages sous les régimes successifs de la République. Pour Radama III et le Royaume rétabli il s’agit donc d’une sorte de reconquête territoriale destinées à rendre sa destination première et écologique à cette vaste plaine de Betsimitatratra, les « smart Cities », dont les assises seraient strictement délimitées et réduites au nombre de cinq sur le pourtour d’Antananarivo, devant être des zones d’habitation populaire pourvues de toutes les facilités d’équipements socio-culturels propres, en particulier, à y fixer la jeunesse et certains secteurs d’une économie de proximité à développer.

Il n’est jamais trop tard pour réinventer une vie sociale adaptée et pour rattraper le temps perdu…

Fin de cette série de visites à 17h en ce 28 avril 2025.

A peine 30 minutes après, voici maintenant que Sa Majesté le Roi Radama III est reçu à l’Académie des Sciences d’Outre-Mer, cette vénérable institution jumelée avec l’Académie Malgache qui s’enorgueillit à juste titre de posséder un fonds inestimable de documents de toutes natures sur Madagascar et qui font le délice des chercheurs.

Son accueil est assuré par Monsieur Daniel Magnicourt, Secrétaire perpétuel. En gravissant les marches de l’hôtel particulier, siège de l’Académie, pour accéder au premier étage, le roi est chaleureusement et respectueusement applaudi par la nombreuse assistance, bien sûr composée des membres de l’Académie des Sciences d’Outre-Mer mais aussi pour cette circonstance solennelle, de membres de l’Académie Malgache, son président en tête, Monsieur Randriamivolamena. Or, il se trouve, circonstance heureuse, que l’instant de cette visite royale coïncide avec le 122ème anniversaire de la création de cette noble institution malgache.

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Salle du Trône du Palais de Manjakamiadana en 1955 avant restauration (archives personnelles JPRA) – Reproduction interdite –


Le protocole de l’Académie des Sciences d’Outre-Mer avait prescrit pour les hommes la tenue de ville, l’uniforme pour les militaires, et la « robe courte » pour les dames…

En ouverture de la séance commune des deux académies, les discours émus du secrétaire perpétuel de l’académie française et du président de l’académie malgache, co-hôtes des lieux, tous deux soulignant le caractère unique et historiquement exceptionnel du moment, s’accompagnent d’une annonce précédée d’une décision prise unanimement auparavant le 25 avril 2025 lors d’une séance extraordinaire des deux académies réunies, co-présidée par Monsieur de Hauteville et par Monsieur Randramivolamena :

. la double réception, en l’Académie des Sciences d’Outre-Mer et en l’Académie Malgache, de Sa Majesté le Roi Radama III en qualité exceptionnelle de Membre d’Honneur et Eminent. Le roi est donc désormais « Immortel » !

Le discours en réponse du roi malgache ne fut pas moins ému, en particulier quand il évoqua la mémoire, pour leur rendre un hommage filial et plein d’affection, de ses aïeux. Il évoqua les travaux actuellement en cours au Rova d’Antananarivo pour réhabiliter le palais en bois jadis érigé par Jean Laborde en 1839 sur ordre de la Reine Ranavalona 1ère, et alors qu’il fit tous ses voeux que cette oeuvre monumentale de restauration aboutisse dans les meilleurs délais, en accompagnement l’assistance applaudit avec ferveur. Chacun d’autre part avait en pensée l’allusion fine et maligne du roi malgache au général « masika » Galliéni, fondateur de l’Académie Malgache en 1902, et ceci n’échappa à personne, mais bien entendu dans l’esprit du roi cet épisode ne devait point servir de marqueur à une Histoire malgache en marche…

Les discours étant terminés, les questions et interventions émanant de l’assistance, en particulier des nombreux malgachisants présents, furent nombreuses, toutes se félicitant de l’excellence retrouvée des relations franco-malgaches, cette fois-ci fondée sur des bases pérennes, mais avant tout de l’amorce incontestable du redressement de Madagascar dans ce monde visé par différentes menaces, d’aucuns se référant aux percées civilisationnelles et matérielles du Roi Radama 1er, toutes choses étant égales par ailleurs, car l’âme malgache d’aujourd’hui demande encore à être consolidée après les avatars des persistantes incertitudes des années 2010 à 2023.

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LE DÎNER D’APPARAT AU PALAIS DES AFFAIRES ETRANGERES DU QUAI D’ORSAY – SIGNATURE D’IMPORTANTS ACCORDS SCELLANT DES RAPPORTS FRANCO-MALGACHES AU PLUS HAUT NIVEAU RELATIONNEL JAMAIS ATTEINT 

28 avril 2025. Il est 19h30.

La soirée commence, mais le soleil, lui, oublie de se coucher, et le thermomètre affiche 30° en cette heure ! Décidément, le réchauffement climatique continue de répandre ses méfaits dans tous les secteurs de la vie et il alimente inlassablement toutes les conversations résignées…

Ce n’est pourtant pas le moment de fléchir sous la chaleur accablante. Le Roi et son épouse la Reine Rasoa sont attendus, avec leur délégation au complet, à cet autre moment solennel du faste républicain, que le Protocole français qualifie ainsi :

.  Dîner officiel offert en l’honneur de Leurs Majestés le Roi Radama III, M’Panjaka Ny Madagasikara, et la Reine Rasoa, par Monsieur Eloï de Miramar de Villegrain, Ministre des Affaires étrangères, au Palais des Affaires étrangères.

Les grilles du 37, quai d’Orsay sont grande ouvertes pour laisser le passage à la « DS7 » du roi tandis que les autres voitures officielles faisant partie du cortège royal sont stationnées au seuil de la grille pour délivrer leurs occupants, et les éléments d’un détachement de la Garde Républicaine, sabres au clair, sont disposés de part et d’autre d’un large tapis rouge qui ouvre la voie vers l’escalier menant au Palais.

Le ministre de Miramar de Villegrain est au pied de l’escalier pour accueillir et saluer respectueusement ses royaux invités. Tout le monde est détendu et tout sourire, et le ministre français ne manque pas de désigner allusivement de la main le soleil là-haut qui refuse toujours de se coucher…mais qui, dit-il, tient sans aucun doute à témoigner de sa présence pour ce moment exceptionnel…Eclats de rire du roi et de la reine qui apprécient le trait d’humour et qui acquiescent !

Le Roi est en simple tenue de ville, d’un sombre bleu marine et cravate rouge grenat assortie, et à son côté la Reine porte un tailleur de couleur verte orné d’une belle broche sertie de pierres précieuses de Madagascar ainsi que d’un collier d’améthyste rose d’un éclat lumineux.

Le dîner lui-même est précédé d’une Cérémonie de signature d’accords.

Le moment est à la fois solennel, comme il se doit, mais surtout marque pour l’Histoire relationnelle de la France et de Madagascar une étape décisive.

Sur une magnifique table de style Louis XV, cinq grands accords sont successivement signés au nom de leur pays respectif par les ministres concernés de chaque partie :

.  1. un Protocole d’Accord de re-échelonnement de la dette malgache ; 2. un Accord d’annulation partielle de dettes ; 3. un Accord d’appui budgétaire ; 4. un Accord d’appui à la création d’une Technopôle à Antsiranana ; 5. un Accord de promotion réciproque des investissements.

Il faut dire que par rapport au planning envisagé auparavant, il y a à peine quelques heures par la délégation malgache, les esprits et les choses ont considérablement évolués ! Car, souvenons-nous (cf. sur ce même blog : «Visite officielle de Sa Majesté le Roi Radama III en France, 2ème partie : Embellie et concorde relationnelles » article daté du 11 juin 2017) , pris en tenaille par la forte opposition du puissant courant francophobe de son entourage immédiat, le roi était dans l’hésitation, car il n’était pas question de « trop ostensiblement avancer » dans l’amélioration des relations franco-malgaches et surtout il fallait éviter de signer un quelconque accord visant à promouvoir réciproquement les investissements !…

Comprenne qui pourra…

Au résultat des courses, après l’excellente ambiance des diverses rencontres qui s’étaient tenues jusqu’ici, à mi-parcours de la visite officielle en France du Roi Radama III, les plus récalcitrants des francophobes de l’entourage du roi virent de bord et rendent les armes ! Plus question de s’opposer à quoi que ce soit !

Comme quoi, la dimension émotionnelle fait quelque fois bien son œuvre…

Place donc aux meilleures avancées, ce au grand soulagement du ministre des Affaires étrangères, le Général Ranjahafalina, et de l’ambassadeur Raholimanomanana-Andriamimanja, lesquels n’avaient pas ménagé leurs efforts pour parvenir à cet heureux dénouement :

. non seulement le 5ème Accord, celui prévoyant et permettant la promotion réciproque des investissements qui avait provoqué tant de résistance du côté des francophobes malgaches, est signé ;

. mais en plus il est agrémenté d’un Protocole additionnel prévoyant, à titre exceptionnel et pour une durée renouvelable de trois années, une détaxe partielle des produits d’exportation malgache sur le marché français !

. et troisièmement, une marque symbolique supplémentaire concédée par la partie française : la Cérémonie des signatures a lieu dès ce 28 avril au Palais des Affaires étrangères et non pas le 30 avril à l’Hôtel de Matignon comme initialement prévu, signifiant par là une sorte d’empressement enthousiaste et de « normalisation » formelle des actes de signature desdits accords. Subtilité protocolaire dont seuls les diplomates chevronnés ont le secret…

Produits export malgaches

Produits malgaches d’exportation (JPRA) – reproduction interdite –


Dans son discours de bienvenu, le ministre de Miramar de Villegrain a d’ailleurs souligné combien ce moment du 28 avril est à marquer d’une pierre blanche, car c’est le début, dit-il, d’une longue trajectoire où tout est possible pourvu que le respect et la compréhension réciproques jalonnent toujours le chemin ainsi ouvert communément. Le Roi Radama III, lui, emboîta bien volontiers les pas de ce ministre français qui lui est si sympathique, ce qui l’incita à se détacher complètement de son texte écrit d’avance pour improviser des paroles de sage et d’ouverture bien dans la tradition du « Kabary » (art du discours malgache), ce qui saisit l’assistance entière d’un sentiment d’aise et de joie.

Voilà qui est du meilleur augure, et qui ne fait que rendre plus délicieux encore, tant au palais qu’aux sens, le dîner composé des plus succulentes recettes, et des meilleures cuvées de vin rouge et blanc, dont seul le chef des cuisines et le sommelier du Quai d’Orsay sont capables pour entretenir et magnifier cet art culinaire français qui fait partie intégrante et privilégiée de la « qualité France ». Cependant à cet égard, on laissera prudemment aux vrais spécialistes gastronomes le soin d’apprécier qui de ces chefs du Quai d’Orsay, du Palais de l’Elysée ou de l’Hôtel de Matignon, sont les plus méritants en la matière… !

Le menu du dîner est un  chef-d’oeuvre d’équilibre. Le chef des cuisines du Palais des Affaires étrangères était averti qu’il fallait éviter au roi malgache trop de sauces. Eh bien, Radama III fut amplement satisfait ! En entrée, le foie gras du Périgord généreusement servi fit merveille avec son vin blanc moelleux, son lit de petites asperges finement aplaties et ses toasts grillés à point. Vint ensuite une assiette de côtes d’agneau cuites en rosée accompagnées de ce si rare riz rouge malgache tant recherché, et qu’à cette occasion unique où l’un des produits-phares de Madagascar se devait d’être à l’honneur, le déguster devait s’accompagner d’un silence ému, ce qui effectivement se fit ! Que dire alors de ce petit accompagnement de légumes composés posé là, sur une petite assiette à côté de la grande assiette, comme cela se fait à Madagascar et en Asie !…Nécessairement, la douce valse des plats rythmée par les pas de danse des serveurs attisait les conversations, et les inévitables soupirs de satisfaction accentués par la dégustation des vins, pour discrets qu’ils furent, s’entendirent distinctement…et certains regards, yeux mi-clos poussés par l’inspiration gustative, se dirigèrent en un lent mouvement vers ce merveilleux plafond orné d’une belle fresque aux figurines réjouies…

Au moment du fromage, le Roi et la Reine préférèrent se restreindre devant tant de diversité proposée et ne prirent qu’une petite tranche de comté, car ils voulaient quelque peu ménager leur estomac pour dormir léger un tant soit peu, avant d’affronter une autre journée le lendemain tout aussi chargée que celle d’aujourd’hui…

Il est 23 heures, et ce n’est qu’à cette heure tardive de la nuit que le soleil s’est couché et s’est véritablement installé dans son lit. Ce qui rassure tout le monde. Mais la température ne baisse pas les bras, elle est encore de 28° à cette heure-ci. Dans la grande salle à manger du Palais des Affaires étrangères, les convives viennent à peine de terminer le dessert, et une dernière gorgée de tisane après le dernier verre de champagne satisfait totalement son homme pour cette soirée mémorable. Il est l’heure de lever l’ancre et que chacun regagne son foyer…

Le retour du Roi et de la Reine en cortège automobile à leur Hôtel de Crillon, toujours précédé de ces fameux motards de la Préfecture de Police de Paris, se fait d’autant plus rapidement que la distance à parcourir n’est que de deux kilomètres à peine, et cette fois-ci on passe par le pont qui fait face à l’Assemblée nationale.

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« Plateau de fruits et tasse de thé » (JPRA) – Reproduction interdite –


Parvenu dans ses appartements, et au moment de se séparer des membres de sa délégation, le roi ne put s’empêcher de les réunir un court instant pour s’écrier sobrement, avec soulagement et en forme d’encouragement pour tous :

. «  Mandroso ny raharahantsika ! » (« notre affaire avance ! »).

Demain est une autre journée, l’avant-dernière du séjour ô combien fructueux du Roi Radama III et de la Reine Rasoa à Paris.

(A suivre : 4ème et dernière partie)

Jean-Pierre Razafy-Andriamihaingo, ancien Ambassadeur de Madagascar en France (2002 à 2008), Avocat honoraire au Barreau de Paris. 

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Reproduction, même partielle, interdite des textes et illustrations

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* NOTA : Il s’agit ici d’une fiction qui, cependant, s’inspire en grande partie de faits réels et vécus rapportés à un contexte imaginé mais plausible.