VISITE OFFICIELLE DE SA MAJESTE LE ROI RADAMA III EN FRANCE – Dernière partie –

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« Félicité » – Vitrail du Palais de Justice d’Antananarivo (bâtiment et vitraux: oeuvres de l’Architecte-Urbaniste Pierre Razafy-Andriamihaingo) – Reproduction interdite –


             VISITE OFFICIELLE DE SA MAJESTE LE ROI RADAMA III EN FRANCE

                                                          –  Dernière partie   –  

                                                   « MAMY NY VOANKAZO ! »

La marque particulière de cette visite riche en intensité relationnelle est qu’en fait de décisions porteuses d’avenir pour les rapports franco-malgaches elles vont bien au-delà de ce que les parties en espéraient.

Côté malgache, Sa Majesté le Roi Radama III a su vaincre par la démonstration même de son art relationnel la francophobie maladive de certains dans son entourage proche ; côté français, le Président Maiteron a su imprimer un tournant salutaire pour faire oublier les relents quelque peu paternalistes d’une certaine « tradition » relationnelle de laquelle le Quai d’Orsay avait jusque là du mal à se départir s’agissant de Madagascar et des Malgaches !

Nous sommes donc bien à ce tournant que l’Histoire retiendra comme marqué d’une pierre blanche.

Le Roi Radama III a, lui, sa propre formule pour résumer le tout et savourer son plaisir : « Mamy ny Voankazo !» (« le fruit est savoureux ! »).

  • Nota: pour lire les trois épisodes précédents, cliquez sur les liens ci-dessous en fin du présent article qui renvoient aux articles correspondants –

                                                                         *

ECHAPPEE-BELLE MUSEALE POUR LA REINE…

Alors que le roi et sa délégation entamaient le 28 avril 2025 la série d’entretiens décisifs que nous relations précédemment (voir la 3ème partie de notre article, datée du 8 juillet 2017, sur ce même blog), parallèlement la reine Rasoa, elle, avait son propre programme.

Ce fut tout d’abord à 10h30 sa visite complète du Musée d’Orsay, Quai Anatole France dans le 7ème arrondissement de Paris, essentiellement consacrée au patrimoine artistique de ce XIXème siècle si riche s’agissant en particulier des arts plastiques et sculpturaux français. La reine, qui avait dans sa jeunesse estudiantine reçu à l’Ecole du Louvre une formation en muséologie et en histoire de l’Art ne pouvait pas mieux être servie. Son accueil fut assuré par Monsieur Eniomel, le directeur du musée, ainsi que par Madame Tigrault, la chargée des relations publiques.

C’est en connaisseuse avérée et avec une délectation certaine, qui impressionna ses hôtes réduits en la circonstance à un rôle de simples accompagnateurs, que la reine arpenta, commentaires appropriés à l’appui, les quelque kilomètres de cet énorme musée. Si bien que la durée de sa visite muséale, initialement prévue prendre une heure trente pour se terminer à 12h, se prolongea jusqu’à 13h30 !…L’épouse de l’ambassadeur Raholimanomana-Andrimimanja, elle-même artiste-peintre de formation, diplômée de l’Ecole supérieure des Beaux-Arts de Paris, n’était pas moins dans son élément en accompagnant la reine…mais, il faut dire que la patience des autres membres de la délégation, auxquels s’étaient joints trois journalistes malgaches, fut mise à rude épreuve…

C’est donc en à peine 45 minutes que la Reine Rasoa, de bref retour dans sa suite de l’Hôtel de Crillon, prit un léger déjeuner avant d’enchaîner, ce même 28 avril 2025 à 14h15, avec sa visite des Ateliers, des Salons et de la Boutique de Haute-Couture Christian Lacroix, rue du Faubourg Saint-Honoré dans le 8ème arrondissement de Paris.

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« Couple d’oiseaux sur Katana, sur fond d’améthyste » (JPRA) – Reproduction interdite –


Excellent choix de visite, là aussi, à mettre au crédit conjoint de l’ambassadeur Raholimanomana-Andriamimanja et de son épouse artiste qui connaissent les penchants de leur reine. Le fameux couturier français, présent sur les lieux, n’a pas perdu, malgré son âge avancé et des déboires financiers qui l’avaient forcé à fermer boutique une dizaine d’années auparavant, de son inimitable style. Et en cette circonstance privilégiée il a même poussé la délicatesse jusqu’à offrir à la Reine Rasoa, au grand plaisir de celle-ci, une robe en soie aux motifs abondamment fleuris tirés de la tradition des tisserandes malgaches.

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SA MAJESTE LE ROI RADAMA III DEVANT LE MONDE ECONOMIQUE ET LE CESE…

A présent, en ce 29 avril 2025, nous sommes au troisième jour de la visite officielle de Sa Majesté le Roi Radama III en France.

La journée s’annonce encore plus chargée que la précédente, mais dans le sens privilégié du terme.

En effet, au programme : deux moments forts de nature économique, suivis de l’apothéose que seront les rencontres avec les deux têtes au sommet du pouvoir exécutif français.

A 9h10 – notons la précision protocolaire…-, le Roi est attendu avec empressement pour un petit-déjeuner par le Mouvement des Entreprises de France, le fameux MEDEF, aux Salons Hoche, dans le 8ème arrondissement de Paris.Tout ce que la France compte de grands patrons dont les entreprises sont présentes ou comptent être présentes à Madagascar est là. Le Président du MEDEF en tête, Monsieur Françis Togiret.

Après un bref discours introductif de celui-ci au cours duquel il salue l’insigne privilège que les patrons français mesurent de recevoir la personne du souverain d’un pays dont l’histoire fascine, Monsieur Togiret souligne la volonté de ceux-ci de s’engager à Madagascar maintenant que ce phare de l’Océan indien donne un signal fort en direction de l’extérieur.

Vient alors, durant 45 minutes, l’important discours de Sa Majesté le Roi Radama III émaillé de formules aussi choisies que percutantes, auxquelles répondent des salves d’applaudissements des quelque trois cents cinquante convives – un record d’affluence ! – attablés autour de tables rondes de dix personnes chacune.

Chacun retiendra du discours du roi, entre autres considérations enthousiasmantes, trois choses fondamentales :

. premièrement, c’est bien le Roi de Madagascar et non le chef du gouvernement malgache qui a consenti à venir au-devant des patrons français, privilège exceptionnel que l’ensemble de la presse, française, malgache et étrangère a relevé et qu’avait tenu à souligner le président Togiret, non sans s’attribuer le mérite d’avoir réussi cette première. Et c’est ce roi qui consent à développer devant un tel parterre un plaidoyer de haute volée pour promouvoir Madagascar ;

. deuxièmement, ces patrons ont la primeur d’un éclaircissement sur le nouveau Plan quinquennal malgache entré en vigueur dès janvier 2025, le désormais fameux « Plan Intégré de Développement de Madagasikara Mijoro » (le PIND-MAMI), qui donne une visibilité jamais atteinte à Madagascar en termes d’identification d’objectifs chiffrés, de ciblage sectoriel, et d’articulation opérationnelle aux niveau national, régional et local. De plus, le PIND-MAMI se traduit et est relayé par l’adoption progressive de lois de programmation économico-financière que le gouvernement, dans l’exposé de politique générale que le Premier ministre avait fait dès le lendemain du couronnement du Roi Radama III en novembre 2024, a commencé de proposer au vote du Parlement ;

. troisièmement, ils sont informés que la veille, le 28 avril au Palais des Affaires étrangères, cinq grands accords bilatéraux France-Madagascar venaient d’être signés, dynamisant incontestablement les rapports franco-malgaches dans le domaine économique : un Protocole d’accord de re-échelonnement de la dette malgache ; un Accord d’annulation partielle de dettes ; un Accord d’appui budgétaire ; un Accord d‘appui à la création d’une Technopôle à Antsiranana ; et un Accord de promotion réciproque des investissements.

Chacun des patrons présents ne pouvait donc que se convaincre d’ « aller à Madagascar », et chacun de se tourner vers son voisin de table pour approuver la formule !

De sorte que la séance suivante consacrée au rituel des questions-réponses, se résuma en de propos respectueux, aimables et convenus. Seule une question souleva quelque gêne dans la salle, mais c’est de façon spontanée que le roi réagit. La question émanait du directeur général du Groupe Topi, présent à Madagascar dans le textile : « Majesté, pouvez-vous garantir aux entreprises françaises une égale préférence que votre gouvernement semble accorder à nos concurrents chinois ? ». Réponse du roi : « Cher Monsieur, aucune nation ne peut imposer à Madagascar ce qui se pratiquait avant sous couvert d’une clause de la nation la plus favorisée et qui cache en réalité une forme de diktat économique. Nous sommes à Madagascar, je vous le rappelle, dans un pays qui pratique avec intelligence son indépendance économique et le traitement égal des investisseurs, tout comme ici en France !… ».

Le petit-déjeuner se termine à 11h dans la satisfaction générale.

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« Couple d’oiseaux sur plateau de fruits » (JPRA) – Reproduction interdite –


Les ministres malgaches des Affaires étrangères, de l’Economie et des Finances, et de l’Equipement, présents aux côtés de leur roi, sourient d’aise. Ils savent que, s’ils ont du pain sur la planche à leur retour au pays, c’est non seulement pour la bonne cause, mais surtout avec la perspective certaine de voir affluer des investissements dans les domaines et secteurs qu’ils ont en charge de faire progresser.

Il est 11h20, toujours en ce 29 avril 2025.

Et toujours ce soleil brûlant qui impose sa loi avec une température avoisinant les 37° à l’ombre sur Paris ! Du jamais vu ! Et dire qu’à Madagascar en ce moment même et en cette intersaison il ne se passe pas une seule semaine sans que soient annoncés des feux de brousse ou de forêts à cause de la hausse inhabituelle et anarchique de la température…La limite des 2° au-dessus de « la normale » prévue dans l’Accord de Paris de décembre 2016 est largement dépassée, ce malgré que chacun des plus gros pollueurs sur cette terre – les Etats-Unis, la Chine, l’Europe, l’Inde et les pays du Golfe Arabique – ait pris chez lui des mesures restrictives jugées draconiennes.

Du coup, c’est bien opportunément que cette question climatique et environnementale va être discutée maintenant. Car, précisément à 11h20 le Roi Radama III et sa délégation sont les hôtes du Président du Conseil Economique, Social et Environnemental (CESE) au Palais d’Iéna dans le 16ème arrondissement de Paris.

C’est Monsieur Monsieur Jacques Engamer, Président du CESE, qui accueille le Roi Radama III au seuil du Plais d’Iéna, une bâtisse bien représentative de ce style moderniste du début des années 1930 faite de béton orné de fresques colorées.

Le souverain malgache, flanqué légèrement en retrait de son ministre des Affaires étrangères et de son ambassadeur, affiche un visage réjoui. Les ministres de l’Economie et des Finances, de l’Equipement et de la Culture, qui font également partie de sa délégation, les rejoignent.

Après un court entretien dans le bureau du président Engamer, celui-ci conduit le roi à la tribune de l’hémicycle du CESE où sont réunis pour la circonstance les Membres du Bureau du CESE. S’engage alors un échange, presque sur le ton de la confidence, entre le roi et la petite quinzaine de conseillers présents, ceux-ci n’ayant pas encore été avertis des excellents résultats de la rencontre précédente avec les patrons français. De sorte que sur le fond les mêmes thèmes que précédemment sont abordés.

Cependant, c’est le roi qui prend l’initiative d’aborder deux points essentiels : les compétences nouvelles dévolues au CESE en matière environnementale ; et la coopération qu’il juge fort utile à développer entre le CESE et son futur équivalent à Madagascar. Car, tout d’abord dans la poursuite actuelle de l’intensification du dispositif français en matière de transition énergétique, il note avec grand intérêt que la France avait d’ores et déjà réduit de plus de la moitié son réseau de centrales nucléaires au profit des énergies renouvelables non-fossiles, au nombre desquelles figurent en bonne place les énergies hydrauliques et solaires. Il relève que dans la mise en œuvre de cette politique énergétique le CESE a un rôle croissant en tant qu’instance de concertation et d’impulsion, mais aussi d’alerte. Il souhaite donc vivement s’en inspirer pour Madagascar où son gouvernement est sur le point d’introduire une réforme constitutionnelle majeure avec la création, prévue pour la fin de cette année 2025, d’un Conseil Consultatif pour le Développement Economique, Social et Environnemental (CCDESE).

L’assentiment général étant acquis, il a été décidé qu’une délégation, conduite par le Président du CESE lui-même, vienne à Madagascar au début de l’année 2026, une fois le CCDESE malgache installé, pour discuter sur place à Antananarivo des contours de la future coopération entre les deux assemblées consultatives.

C’est à 12h30 que cette rencontre avec le CESE se termine.

Pendant que le roi honorait ces deux rendez-vous majeurs de nature économique, la Rein Rasoa, elle, visitait à 10h30 l’appartement privé de Mademoiselle CHANEL au 31 rue Cambon dans le 1er arrondissement, puis à 11h30 la Boutique CHANEL et sa Joaillerie au 18 Place Vendôme.

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SA MAJESTE LE ROI RADAMA III EST SUCCESSIVEMENT A L’ELYSEE…

A 12h30, à nouveau les motards de la Préfecture de Police de Paris et les éléments de la SPHP font merveille pour faire parcourir, en un temps record, au cortège automobile de Sa Majesté le Roi Radama III le trajet de la Place d’Iéna, situé dans le 16ème arrondissement, au Palais de l’Elysée, rue du Faubourg Saint-Honoré dans le 8ème arrondissement.

Car, comme le prévoyait le Protocole, c’est à 12h45 précises, devant une petite centaine de curieux, que le cortège royal parvient au seuil du Palais présidentiel français, mais seule la voiture du roi pénètre dans la Cour du Palais où, alors que Radama III descend de sa voiture pour cheminer sur le tapis rouge d’un pas lent vers l’escalier d’honneur du Palais de l’Elysée devant une importante formation de la Garde Républicaine, celle-ci fanfare et porte-drapeau en tête, est au garde-à-vous pour présenter armes et rendre les honneurs.

C’est au seuil de cet escalier d’honneur que Monsieur Pierre Maiteron est descendu du perron pour accueillir large sourire aux lèvres le souverain malgache, et contrairement à son habitude envers d’autres chefs d’Etat dépourvus de la sacralité royale, le Président français avec respect et chaleur se « contente » de serrer de ses deux mains celle de Radama III avec une inclinaison appuyée du haut de son corps. Les mots échangés entre les deux hauts personnages qui se voient pour la première fois sont, après les formules de civilité, visiblement en rapport avec l’exceptionnel éclat de lumière que renvoie le soleil d’un ciel dépourvu de nuage, à tel enseigne que les deux hommes dirigent ostensiblement leurs regards en sa direction. Le moment n’a pas manqué d’être saisi et abondamment commenté par l’ensemble des médias présents, télévisions comme radio, presse écrite et photographes…

Après le rituel de la pose sur le perron du palais, le Président de la République invite maintenant le roi malgache à gagner son bureau où a lieu l’entretien tant attendu, tandis que le protocole conduit discrètement les invités, membres de la délégation malgache, dans le Salon des Aides de Camp où ils attendent avec appréhension mais confiants la sortie de l’entretien de leur roi et de son hôte.

Leur patience ne sera pas mise à l’épreuve, car c’est dès 13h15 qu’au bout d’à peine une demie heure d’entretien les deux hommes sortent ravis du bureau présidentiel. C’est d’une voix commune, signe que leur accord fut aisé à atteindre, qu’ils interpellent avec entrain le ministre malgache des Affaires étrangères, le général Ranjahafalina, pour lui annoncer ce qui se supputait de façon insistante au sein de la délégation malgache : la France va agir de tout son poids pour que le prochain poste convoité de Secrétaire général de l’Organisation Internationale de la Francophonie échoie à un Malgache. En l’occurrence à Monsieur Pierre-Jean Yzafy-Andriambonitany, qui fut durant six ans, vingt-cinq ans auparavant, ambassadeur de Madagascar en France mais, surtout, Représentant personnel du Président de la République de Madagascar de l’époque, un homme rompu à la diplomatie et qui avait également présidé deux organisations internationales spécialisées, son âge ne constituant nullement un obstacle à son élection vivement souhaitée, tant il a accumulé expériences, sagesse et vision tout au long de sa carrière internationale.

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PUIS A MATIGNON…

C’est donc d’un pas léger que tout le monde se dirige maintenant dans le Jardin d’Hiver du Palais de l’Elysée où, à 13h30, un déjeuner de travail est offert par Monsieur Pierre Maiteron, Président de la République française, en l’honneur de Sa Majesté le Roi Radama III.

Pour la circonstance, c’est-à-dire dans une sorte d’exercice de restitution et de mise en perspective, au plus haut niveau, des relations bilatérales entre la France et l’un de ses partenaires internationaux, habituellement c’est une simple réunion de travail qui se tient, avec un Président de la République entouré de son ministre des Affaires étrangères, de son ambassadeur accrédité auprès du pays concerné, de son Sherpa et de ministres et conseillers dont les compétences sont visées qui font face à un Chef d’Etat étranger, lui-même entouré des ministres, de l’ambassadeur et des conseillers de son choix.

En l’occurrence ici, compte tenu de la qualité du roi malgache et de l’excellence retrouvée des relations de la France avec Madagascar, l’Elysée a choisi de donner à une telle réunion de travail un format à la fois plus convivial et prestigieux en organisant un déjeuner.

Dans son discours introductif le Président Maiteron n’a pas manqué de rappeler avec emphase le caractère exceptionnel et à bien des égards exemplaire du chemin parcouru :

. l’avant-veille 28 avril, lors d’un déjeuner de travail avec Monsieur de Villegarde, ministre français de l’Equipement, des Transports, du Logement, du Tourisme et de la Mer, n’avaient-ils pas été annoncées les signatures prochaines d’accords, initialement non-prévus, concernant notamment : la réhabilitation-extension du réseau ferroviaire malgache, actuellement en mal d’équipement, d’entretien et de personnel qualifié ; la mise en place sur toute l’étendue du territoire malgache d’un réseau, digne de ce nom, d’hôtels de première catégorie au soutien du tourisme durable que le gouvernement du roi entend développer, surtout à la faveur d’un prêt concessionnel consenti par l’Organisation Mondial du Tourisme qu’il convient de relayer en termes de financements complémentaires et de formation ; la protection environnementale du pourtour maritime de Madagascar, tant sur le littoral qu’au large ?

. et toujours ce même 28 avril, cette fois-ci lors du dîner d’apparat au Palais des Affaires étrangères, en la résidence du ministre français des Affaires étrangères, Monsieur de Miramar de Villegrain, sur une magnifique table de style Louis XV, cinq grands accords n’étaient-ils pas solennellement signés au nom de leur pays respectif par les ministres concernés de chaque partie ? C’est-à-dire : un Protocole d’Accord de re-échelonnement de la dette malgache ;  un Accord d’annulation partielle de dettes ; un Accord d’appui budgétaire ; un Accord d’appui à la création d’une Technopôle à Antsiranana ; et un Accord de promotion réciproque des investissements ? D’ailleurs, ce 5ème accord est agrémenté d’un Protocole additionnel prévoyant, à titre exceptionnel et pour une durée renouvelable de trois années, une détaxe partielle des produits d’exportation malgache sur le marché français !

Lors de ce déjeuner de travail au Palais de l’Elysée, les parties discutent donc des modalités de mises en œuvre des intentions affichées et des engagements pris mutuellement, afin de les rendre effectifs, pérennes et exemplaires.

Tandis que les discussions vont bon train dans la meilleure des ambiances, ce qui rend plus délicieux encore tant au palais qu’aux sens les succulents plats qui défilent et les meilleures cuvées de vin rouge et blanc, le tout se concluant par de la glace de vanille – de Madagascar, bien sûr ! – au dessert accompagnée de café « Robusta » – de Madagascar bien sûr ! -, trois autres sujets occupent les esprits :

. d’une part, comment organiser la concertation entre les pays membres au sein des instances de l’Organisation Internationale de la Francophonie pour que le vote en faveur de l’élection de Monsieur Yzafy-Andriambonitany au poste de Secrétaire général passe comme une lettre à la poste lors du prochain Sommet de  novembre 2025 ? ;

. d’autre part, devant la situation internationale préoccupante créée dans le Pacifique-sud par une récente incursion chinoise dans les eaux territoriales japonaises à hauteur des Iles Ryuku, la France étant décidée à prendre une initiative diplomatique forte et déterminante au sein du Conseil de sécurité de l’ONU et de l’Assemblée générale visant à isoler la Russie qui ne veut prendre aucune initiative à l’encontre de la Chine, est envisagée une initiative simultanée de Madagascar au sein de l’Unité Africaine, ce en concertation étroite avec le Maroc, afin d’amener le continent africain à soutenir l’initiative française ;

. et enfin, le projet de visite officielle que le Président Maiteron déclare souhaiter effectuer à Madagascar dans le courant de l’été 2026, ce dans l’enthousiaste approbation unanime.

C’est donc aussi, à travers le rehaussement spectaculaire des relations bilatérales franco-malgaches, et au-delà de celles-ci, ni plus ni moins la montée en puissance de Madagascar sur la scène internationale qui s’élabore et se dessine ainsi.

L’évolution est historique pour Madagascar, qui désormais sait avec noblesse se ceindre de son soyeux écharpe de « lamba », en l’occurrence bien dans sa vocation géostratégique souhaitée mais dont elle n’avait jamais su donner une quelconque forme auparavant.

Ce mémorable déjeuner de travail au Palais de l’Elysée de ce 29 avril 2025 est assurément à marquer d’une pierre blanche.

Commencé à l3h30 pour être prévu se terminer à 14h45, ce déjeuner ne se termine en réalité qu’à 15h30…La suite du programme est donc décalée d’autant ; or, il s’agit d’un entretien avec Monsieur Bernard La Viguemont, le Premier ministre français. Les services du Palais de l’Elysée l’ont opportunément prévenu…

L’arrivée de Sa Majesté le Roi Radama III à l’Hôtel de Matignon, résidence officielle du Premier ministre, se fait à 17h30 après que le roi et sa suite aient marqué une pose d’une heure quinze à l’Hôtel de Crillon.

Monsieur La Viguemont est au pied de l’escalier menant au perron de l’Hôtel de Matignon. Ici aussi, quoique règlementairement réduite à quatre éléments disposés de part et d’autre du perron, la Garde Républicaine, sabre au clair, rend les honneurs au roi.

Le Premier ministre français s’avance jusqu’au pied de la voiture officielle du roi malgache pour le saluer et l’accueillir. Il conduit ce dernier jusqu’au salon où a lieu l’entretien.

Puisque tout avait été dit et envisagé lors des entretiens précédents, en particulier avec le Président de la République, cet entretien se résume à un exercice purement protocolaire. Mais, Monsieur La Viguemont, entouré de son conseiller diplomatique et de son conseiller Afrique, face au roi malgache qui ne s’était fait accompagner que de son ministre des Affaires étrangères et de son ambassadeur, tient à assurer ce dernier de sa volonté de suivre tout spécialement la bonne coordination des différents services de son gouvernement dans la mise en œuvre effective des dispositions décidées par ailleurs.

Il est 18h30. L’entretien avec le Premier ministre français prend fin. Retour à l’Hôtel de Crillon pour le roi et sa suite.

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« Mon Katana et ses trois pommes » (JPRA) – Reproduction interdite –


LE COUPLE ROYAL RECU…ROYALEMENT AU CHATEAU DE VERSAILLES…

Le lendemain 30 avril 2025, c’est programme de pur agrément qui est réservé au couple royal malgache et à sa délégation. Quoique, en fait d’agrément, sauf les petites tensions du débat interne au sein de la délégation malgache pour cause de francophobie ambiante chez certains dans le proche entourage du roi, ce séjour et ses différents rendez-vous, bien que studieux, auront été émaillés de multiples moments agréables et inspirants pour tous… !

Il est donc temps maintenant de lever l’ancre à 10h du matin de l’Hôtel de Crillon, après un copieux petit-déjeuner, pour se rendre au Domaine du Château de Versailles !

Le temps est lourd, les nuages s’accumulent et bien que la température soit toujours aussi élevée avec un « petit » 30°, la moiteur gagne du terrain et le conseil pressant du protocole français est de se vêtir très légèrement, sans cravate ni veste. Le roi est donc en tenue légère, chemise en soie sauvage bleue assortie à son pantalon beige, la reine mise dans une robe longue également de soie sauvage fleurie du plus bel effet et qui met avantageusement en valeur son collier d’améthystes d’un violet éclatant et son bracelet en or massif serti de diamants.

L’accueil du couple royal malgache dans la Cour d’Honneur du Château de Versailles par Madame de la Bourguignon de La Salle du Pin, une descendante du Roi Soleil Louis XIV par la branche aînée des Bourbons, actuelle Présidente de l’Etablissement public du Domaine et du Château de Versailles et des Trianons, se fait chaleureuse, comme si d’emblée l’hôte et les invités se reconnaissaient instantanément. C’est que par la magie du maintien et du naturel, ceux-ci se devinent et se sentent à l’instinct…

A ses côtés, l’hôtesse des lieux est secondée par Madame Laminarais, Directrice du patrimoine mobilier des Musées du Château de Versailles et des Trianons, et par Monsieur Maniano, Architectes des monuments historiques et Directeur du patrimoine immobilier des mêmes musées.

Inutile de décrire par le détail l’émerveillement du couple royal malgache devant la majesté des lieux, sa visite commençant par la chambre du Roi Louis XIV, suivie de l’inévitable Galerie des Glaces et poursuivie par un court recueillement dans la Chapelle royale. Le Parc lui-même offre au Roi Radama III et à la Reine la splendeur des fontaines resplendissantes de leurs puissants jets d’eau. Pour sa part, la Reine Rasoa prend plaisir à arpenter les allées du jardin de la fermette de la Reine Marie-Antoinette, dont le potager s’emplie des légumes soigneusement choisis par des jardiniers amoureux de leur métier. Et cette visite versaillaise se termine par une rafraîchissante promenade en bateau sur une partie des étangs royaux, d’où la vue sur le château lui-même dégage une perspective magnifique.

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« MAMY NY VOANDALANA « …!

Ainsi, de si belle manière prend fin la visite officielle de Sa Majesté le Roi Radama III et de la Reine Rasoa en France.

Un retour à l’Hôtel de Crillon vers 13h30 en ce 30 avril 2025 tourne déjà à la grande nostalgie après un séjour si riche, agréable et fructueux que personne n’a envie de voir terminer…

Le Roi et la Reine réunissent autour d’une grande table dans la grande salle à manger du palace parisien la trentaine de membres de leur délégation officielle, la presse y comprise. Radama III s’adresse à eux pour leur dire combien heureux il se sent de pouvoir rentrer à Madagascar « les mains pleines » et l’esprit léger, non sans remercier de tout cœur chacun des membres de sa délégation, tous partageant dans la solidarité le poids des responsabilités de cette obligation de résultat à laquelle lui-même et chacun, pour sa part propre, se sont astreint.

Il est 18h. Le départ de l’Hôtel de Crillon pour se rendre à l’aéroport de Roissy-Charles-De-Gaulle est annoncé pour l’heure qui suit, à 19h, par le Chef du Protocole royal. Le cortège est déjà prêt, et les motards s’apprêtent à faire vrombir le moteur de leurs motos tandis que les agents de la SPHP s’affairent pour mettre la dernière touche à l’itinéraire à suivre.

Contrairement à l’arrivée du Roi à Paris, ce n’est point à Orly que l’avion de la compagnie « Madagasikara Royal Air » décollera mais effectivement à Roissy, car il s’agira pour le roi d’un vol inaugural à destination d’Antananarivo !

Autre résultat heureux à mettre à l’actif de cette visite décidément hors du commun !

A Roissy précisément, au Pavillon de Réception de l’aéroport tout est en place pour accueillir le roi et la reine. A leur arrivée devant le pavillon, ils sont salués par le Chef-adjoint du Protocole de l’Elysée qui les conduit jusqu’à la passerelle de leur avion. Un dernier salut à leurs accompagnateurs, et les voici à l’intérieur de leur avion où auparavant étaient acheminés les membres de leur délégation  officielle.

A 19h45, voici que l’avion de la « Madagasikara Royal Air », ayant à son bord Sa Majesté le Roi Radama III et la Reine Rasoa, se dirige vers la piste d’envol.

Le décollage du vol inaugural  Roissy-Charles-De-Gaulle-Antananarivo-Ivato de la Compagnie « Madagasikara Royal Air » intervient, comme prévu, à 20h précises.

Au revoir la France !

A bientôt Madagascar !

« Mamy ny voandalana ! » (« Savoureux sont les fruits du voyage ! »).

Jean-Pierre Razafy-Andriamihaingo, ancien Ambassadeur de Madagascar en France (2002 à 2008), Avocat honoraire au Barreau de Paris.

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Reproduction, même partielle, interdite des textes et illustrations

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* NOTA : Il s’agit ici d’une fiction qui, cependant, s’inspire en grande partie de faits réels et vécus rapportés à un contexte imaginé mais plausible.

*** Pour lire les trois épisodes précédents, cliquez sur chacun des liens ci-dessous qui renvoient aux trois articles correspondants.

LES ROIS DE FRANCE ET LEURS DYNASTIES – 1ère partie : Racines et genèse –

Plateau de fruits et tasse de thé 4

« Composé de fruits ». Pastel sur papier canson. JPRA.


                                                LES ROIS DE FRANCE ET LEURS DYNASTIES

                                                – 1ère partie : Racines et genèse d’une nation

La République française est née des cendres de la monarchie.

Mais, s’en est-elle réellement affranchie en termes de valeurs de gouvernance ?

Loin s’en faut, et depuis que la Vème République est née de l’invention d’un Charles De Gaulle qui fut, faut-il le rappeler, nourri à la meilleure source monarchique française au point d’envisager après-guerre de faire appel à l’héritier de Louis-Philippe 1er pour asseoir définitivement la légitimité historique de l’Etat français, jamais autant qu’aujourd’hui parle-t-on aussi fréquemment de « tradition monarchique » dans l’exercice régalien du pouvoir exécutif.

De fait, présider au destin d’un pays pétri de déterminations visionnaires inspirées par la centaine de monarques que la France s’est donnée, implique de se référer à ces rois qui ont structurellement et idéologiquement fait la France.

DES BASES  FONDATRICES A LA MODERNITE

a/ –   La France, Francia, mue par une idée certaine, naît avec Clovis (481-511) à partir de l’union des peuples francs jusque là confédérés sous la tutelle de l’Empire romain. Clovis est un guerrier païen mais qui rapidement « marchait droit devant Dieu », le premier roi à être sacré à Reims, consacrant ainsi un rite qui perdurera avec tous ses autres successeurs à la tête du royaume de France ; Clovis qui bâtit un Royaume Franc, administré depuis Paris ainsi faite capitale royale, et composé d’une grande partie de la Gaule, s’étendant de l’Escaut au nord jusqu’à Toulouse au sud.

Son génie fait que cette France là, tôt protégée par l’Eglise, est reconnue « Fille aînée de l’Eglise », un honneur statutaire unique dans la catholicité universelle, toujours salué aujourd’hui par les souverains pontifes successifs.

Indéniablement Clovis est le père de la monarchie française, celui qui a fondé la dynastie des Mérovingiens (nom inspiré de celui de son grand-père Mérovée) , qui a adopté le symbole du lys devenu l’emblème permanent de la Royauté française : « La Fleur de Lys ».

Les Mérovingiens vont régner durant presque trois siècles jusqu’en 751 et malgré que les quatre fils de Clovis aient quelque peu saccagé l’héritage unitaire paternel, la première dynastie royale française comptera dans la lignée le fameux « Bon Roi » Dagobert (629-638), fondateur d’abbayes et qui donna à la France une superficie plus grande encore que celle d’aujourd’hui.

Mais le cours de l’Histoire change avec une fin de règne caractérisée par la débauche et inexorablement avec l’épuisement des impulsions des origines et une succession de « rois fainéants » qui laissent péricliter un bel héritage unitaire en abandonnant l’exercice régalien du pouvoir à des maires du palais, la dynastie des Mérovingiens disparaît lentement…

b/-    En seconde étape de cette histoire dynastique vient donc en substitution celle des Carolingiens (751-987) avec Pépin Le Bref qui règnera jusqu’en 768, mais c’est par Charlemagne (768-814), fils du fondateur de la nouvelle dynastie, que les Carolingiens, la France et l’Europe connaîtront une apogée historique.

Eh oui, l’Europe ! Car, Charlemagne – Charles le Grand – va conquérir un immense royaume et restaurer ce qui fut l’Empire romain, réunissant la Gaule, l’Italie, l’Espagne et la Germanie, et faisant d’Aix-la-Chapelle la « nouvelle Rome », Rome où il fut sacré le jour de Noël 800, Rome où il embellie la basilique Saint-Pierre. Grand était-il, en effet ! Du haut de ses 1m90, il en imposait assurément.

Contrairement à la légende, Charlemagne ne fut pas l’inventeur de l’Ecole mais encouragea fortement son extension, et les « missi dominici » de l’empereur Charles le Grand, par leurs œuvres culturelles propagées à travers l’Europe au nom de leur maître, et surtout par la généralisation de l’éducation et la multiplication des bibliothèques, vont faire naître une culture européenne avant l’heure et dont les Européens actuels sont les lointains bénéficiaires…

Ici encore, la fatalité frappe pour donner à la France des rois successifs inaptes à entretenir un héritage surdimensionné pour eux. Ceux-ci laissent en effet se développer et s’affirmer les velléités d’indépendance des vassaux. L’Empire carolingien prend fin après deux siècles et demi.

Fresque.

« Fresque » – Acrylique sur papier canson – (JPRA)


c/-    C’est ainsi que voici en troisième lieu les Capétiens avec trois siècles et demi de règne (987-1328) !

C’est donc par la désagrégation progressive de l’Empire fondé par Charlemagne que l’un de ces vassaux, Hugues, duc des Francs, 47 ans déjà, précédemment roi de la Francie Occidentale, émerge. Il se fait désigner Roi par les grands du royaume à l’issue d’une décision collective de ses pairs dont le caractère « quasi-démocratique »  est à souligner (déjà !…), et est sacré par l’Eglise sous le nom de Hugues 1er Capet (987-996).

Après lui et en sixième génération, Philippe II Auguste (1180-1223) agrandit considérablement le royaume de France et en affermit les structures de gouvernance avec une centralisation administrative pleinement maîtrisée, se caractérisant en particulier par la confirmation de Paris comme capitale, la ville étant par ailleurs notablement embellie. Mais Philippe II Auguste est aussi le grand vainqueur des Allemands et des Anglais à la fameuse bataille de Bouvines, non loin de Lille. Et surtout, c’est lui qui va bouter hors de France le roi Richard Cœur de Lion et les Anglais et reconquérir définitivement la Normandie, l’Aquitaine, l’Anjou, le Maine et le Poitou.

Une autre grande figure de la lignée des Capétiens nous arrive avec Louis IX dit Saint-Louis (1226-1270), petit-fils de Philippe II Auguste. Sa grande œuvre, suivant les impulsions administratives et institutionnelles de son grand-père, est incontestablement, sous l’inspiration divine, la Justice et l’œuvre de justice car il la veut, pour tous et « sans distinction des personnes », efficace, équitable…et juste.

Ainsi avec Saint-Louis, le perpétuel pénitent qui a Dieu en adoration et aime tant sa mère, Blanche de Castille, apparaît la notion, aujourd’hui plus que jamais à l’ordre du jour, de la « bonne gouvernance » par la vertu, là où en République actuelle on parle volontiers d’éthique et de moralisation.

Son petit-fils Philippe IV le Bel (1283-1314) consolide l’héritage capétien. Il est beau mais sans charisme. Et en dépit du fait qu’il ne se laissa point impressionner par son vassal le roi d’Angleterre ni par le Pape Boniface VIII, son autorité fléchit sous les conséquences de sa mal gouvernance des finances royales, des scandales  suscités par ses brus et, surtout, s’attire la malédiction de l’Ordre du Temple, de sorte que la fin de son règne est calamiteuse : Philippe IV le Bel mort, ses héritiers mâles successifs meurent prématurément à tour de rôle jusqu’à l’extinction de la primogéniture mâle des Capétiens après Charles IV le Bel qui, lui, meurt en 1328.

d/ –    Le relais dynastique est alors assuré par les héritiers du Seigneur Charles de Valois, frère de Philippe IV le Bel vu ci-devant, avec Philippe VI de Valois (1328-1350).

Ainsi naît la dynastie des Valois, avec deux autres lignées collatérales (dont on parlera ultérieurement), lesquelles font face à un démembrement du royaume de France sur fond de Guerre dite de « Cent ans » (avec pour adversaires les « éternels » Anglais, bien sûr, mais aussi des provinciaux français qui s’entretuaient sur fond de guerre civile, tels les Armagnacs et les Bourguignons)…

La lignée directe commence donc avec Philippe VI.

On relèvera principalement le règne de son petit-fils Charles V le Sage (1364-1380) qui doit se débattre au milieu d’une guerre de Cent ans qui fait rage après que son père le roi Jean II le Bon ait été auparavant fait prisonnier par les Anglais à Poitiers, à cela s’ajoutant une situation économico-financière désastreuse…

Mais, le sens responsable du roi, un intellectuel féru de littérature classique et pétri de sagesse (la sapienta) autant que de prudence déterminée (la prudentia) le fait triompher des énormes défis. C’est aussi ainsi, par une patiente méthode aidée par le valeureux guerrier Du Guesclin, que Charles V le Sage reconquiert les territoires (notamment l’Aquitaine, le Poitou, le Limousin…) que les Anglais avaient auparavant repris au royaume de France.

Ces vertus cardinales de gouvernance deviendront des principes référentiels de bonne gouvernance qui traverseront le temps.

Mais la Guerre de Cent ans perdure. Pire, le roi Charles VI le Fou (1380-1422) est « empêché » par la folie, ce qui permet au roi Henri V d’Angleterre d’en profiter pour imposer ses conditions afin de carrément revendiquer et obtenir la régence du royaume de France…pas moins !

La Guerre de Cent ans ne prend fin qu’avec  le roi Charles VII (1422-1461) qui réussit à imposer « sa » paix entre les Bourguignons et les Armagnac et à bouter, dans la même lancée, les Anglais hors de France. C’est dans ce contexte général qu’interviennent deux femmes  :  l’exceptionnelle Jeanne-d’Arc « la Pucelle » inspiratrice des combats victorieux contres les Anglais, et Anne Sorel, la première maîtresse « officielle » d’un souverain régnant…un précédent historique qui aura des suites…

Puis, avec Louis XI (1461-1483) intervient la monarchie absolue, l’homme étant machiavélique mais non dépourvu d’autorité naturelle, craint et sachant en user, faisant de la France un royaume puissant, craint et respecté, dont les frontières sont solidement établies. Sur ces acquis structurels, institutionnels, territoriaux et stratégiques, vient par la suite Charles VIII (1483-1498) avec qui s’éteint la dynastie des Valois dits directs.

La relève des Valois est alors assurée par une seconde branche collatérale, celle des Valois Orléans avec le roi Louis XII (1498-1515) issue d’un frère du roi Charles VI le Fou vu précédemment.

Cette branche collatérale n’ayant pas prospérée, intervient la seconde branche collatérale avec les Valois d’Angoulême et la figure emblématique du grand Roi François 1er qui fera l’objet de nos prochains écrits.

Car, avec François 1er on entre pleinement, s’agissant de la France et des Français, dans la modernité.

Renaissance oblige… !

(A suivre : 2ème partie)

Jean-Pierre Razafy-Andriamihaingo

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