« Abondance de raisins ». Pastel sur papier canson. JPRA.
LES ROIS DE FRANCE ET LEURS DYNASTIES
2ème partie)
La République française est née des cendres de la monarchie, disions-nous en introduction de la première partie de notre article (cf. sur ce même blog, en date du 4 août 2017).
Il est remarquable de constater que cette République ne s’est réellement pas affranchie des relents monarchiques en termes de valeurs de gouvernance.
Qui s’en étonnerait, depuis que la Vème République, rappelons-le, est née de l’invention d’un Charles De Gaulle qui fut nourri à la meilleure source monarchique française au point d’envisager après-guerre de faire appel à l’héritier de Louis-Philippe 1er pour asseoir définitivement la légitimité historique de l’Etat français, de sorte que jamais autant qu’aujourd’hui parle-t-on aussi fréquemment de « tradition monarchique » dans l’exercice régalien du pouvoir exécutif.
De fait, présider au destin d’un pays pétri de déterminations visionnaires inspirées par la centaine de monarques que la France s’est donnée, implique de se référer à ces rois qui ont structurellement et idéologiquement fait la France.
Des bases fondatrices à la modernité, de Clovis (qui commence à régner en 481) à Louis XII (dont le règne s’achève en 1515), quatre étapes fondamentales, que nous relations en première partie, jalonnent et rythment l’avancée dialectique d’une France qui, semble-t-il, n’est pas encore totalement en phase avec elle-même.
Pourtant, voici maintenant François 1er , le Valois d’Angoulême, qui dès 1515 incarne à lui seul la renaissance française, grâce à quoi la France semble propulsée sur une trajectoire de prospérité assurée.
Or, c’est une voie cahoteuse qui se présente au carrefour d’une succession mal assurée, l’éphémère ère de prospérité ouverte par François 1er étant maintenant gâchée par une longue guerre de religions, la catholique contre la protestante, qui va hypothéquer une destinée française sur une période douloureuse de soixante-quinze ans jusqu’à la fin de règne du roi Henri III et le début d’une dynastie nouvelle, celle des Bourbons, avec le « Bon Roi » Henri IV en 1589.
DE LA RENAISSANCE A LA FIN DE LA GUERRE DES RELIGIONS
La dynastie des Valois est toujours aux commandes.
Après celle, dite « directe » qui commença avec Charles V dit « le sage » (1364), en passant brièvement par la branche des Valois d’Orléans avec le roi Louis XII (1498), vient donc maintenant la branche des Valois d’Angoulême.
a/ – Le jeune roi François 1er , qui a à ses côtés le fameux chevalier de Bayard, inaugure son règne par une victoire éclatante contre les Suisses à l’aube du 14 septembre 1515 et s’ouvre les portes de l’Italie après avoir franchi les Alpes. Peu de temps après, la même année, le roi vainqueur rencontre à Pavie le vieux Leonardo de Vinci qui très vite deviendra, étant royalement logé au manoir de Clos-Lucé près d’Amboise, l’homme lige du roi, son « premier peintre et architecte et ingénieur du roy, meschanischien d’estat », ainsi que le décrivent les annales.
Certes, François 1er aura été ce roi esthète, cultivé, amoureux et promoteur des arts et des lettres que l’on sait, autant que laudateur des bonnes manières, mais avant tout, du point de vue de la France et des Français c’est celui qui, pourtant sans cesse sur les routes et préférant au-dessus de tout son « cher pays de Loire » avec son magnifique château de Chambord, renforcera la centralisation de l’administration de l’Etat tout autant que sa modernisation, et, surtout, celui qui imposera le français sur toute l’étendue de son territoire.
Roi guerrier, athlète accompli du haut de son imposante taille qui fait pâlir de jalousie Henri VIII, le roi d’Angleterre, François 1er doit cependant s’avouer vaincu en 1525 par son grand rival, Charles Quint de Habsbourg qui lui ravit le Milanais si convoité, l’oblige à retenir en otage ses deux fils aînés et lui impose comme épouse sa sœur aînée pour le prix de la Bourgogne et de la liberté de la France ! Pas moins…Et voilà une source durable de rivalité qui perdurera au cours des siècles…
On ne peut taire la cause du décès du roi François 1er en 1547, victime de ses bons plaisirs avec un « vilain mal » sans doute contracté à l’occasion de ses multiples incartades sexuelles…
b/- En seconde étape de cette histoire dynastique des Valois d’Angoulême vient le roi Henri II (1547-1559), douze années d’un règne sans panache ni fait marquant.
Mais par contre, surgit une irréductible rivalité religieuse entre catholiques et protestants qui paralyse les affaires du royaume.
Quand meurt Henri II en 1559, lui succède François II qui ne règnera qu’une petite année. A la suite, vient donc dès 1560 un enfant, qui prend nom Charles IX. C’est sa mère, Catherine de Médicis qui règne en réalité en ses lieu et place sous le titre de « gouvernante du royaume » sous le regard bienveillant du parti des protestants.
La guerre religieuse entre catholiques et protestants gagne alors tout le pays et se mue en guerre civile. Le Duc de Guise est la figure de proue des catholiques, tandis que Henri de Navarre lui fait face pour le parti des protestants.
Le paroxysme de cette rivalité survient avec le massacre de la Saint-Barthélemy un 25 août 1572 qui voit périr sous les coups de tueurs des milliers de protestants. La réconciliation tant recherchée par le roi et sa mère, Catherine de Médicis, n’aura pas lieu…
Ainsi vont la France et les Français, à ce stade de leur histoire où la donne stratégique, entre, d’une part les catholiques Espagne et Italie, et d’autre part les protestants Autriche et Pays-Bas, joue également ses influences sur le plan intérieur français et alimente la guerre des religions.
Le règne suivant de Henri III, fils de Henri II et donc frère de Charles IX, que les Polonais avaient choisi en 1572 pour leur Roi, désormais installé Roi de France en 1574, ne fait aucunement évoluer la rivalité tenace entre catholiques et protestants, le souverain se préoccupant sans doute trop du faste de sa cour, qu’il veut inégalée, plutôt que de se consacrer à la recherche de la paix civile.
De sorte qu’étant incapable de contenir les furieuses poussées des ligueurs catholiques, notamment à Paris assiégée, Henri III commet l’irréparable en faisant assassiner le Duc de Guise et croit voir son salut en s’alliant à son beau-frère, Henri de Navarre. Mais, le 1er août 1589 il est assassiné par un moine dominicain.
Avant de mourir, Henri III a le temps de désigner son successeur.
Ce sera Henri de Navarre, futur Henri IV.
Mais, avec celle des Valois d’Angoulême initiée par François 1er, c’est aussi la fin de la dynastie des Valois toutes branches confondues qui survient de la sorte…
*
C’est ainsi donc qu’après les secousses de la guerre des religions qui la faisait vaciller sur ses bases, voici que la réconciliation peut jouer sa partition grâce à un Henri IV (1589-1610) fort inspiré et qui apporte enfin la paix.
(A suivre : 3ème partie)
Jean-Pierre Razafy-Andriamihaingo
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