« Composé de fruits », pastel à l’huile (Jipiera) – Reproduction interdite –
ALLONS SEMER LE BON GRAIN
On s’achemine vers la fin de l’année 2022, dans la perspective de l’élection présidentielle de 2023. Et, à nouveau, Madagascar et les Malgaches, entendent faire leur Printemps !
Les mouvements populaires actuels, amples, denses et pacifiques, mais très férocement réprimés par des forces de l’ordre en panique, sont mus par un besoin vital de survie devant les misères quotidiennes, et traduisent une quête et une inspiration plus que légitimes qu’il est interdit d’ignorer.
S’ARRIMER AUX PRINCIPES SIMPLES
Or, les autorités en place, au sommet desquelles se trouve le Président d la République, n’entendent point comprendre ces mouvements dans leur juste mesure.
Que chacun, alors, se détermine !
Que les différents pouvoirs constitutionnellement déterminés, dépositaires du peuple, jouent leurs rôles respectifs et distributifs sans dévoiement de leurs prérogatives propres, mais en ayant en point de mire exclusif l’intérêt du peuple et la pérennité de la nation !
Que les organes de la société civile s’expriment librement et en responsabilité pour être en position d’influer sur les choix sociétaux !
Que les forces armées, qui doivent demeurer « la grande muette », se gardent d’intervenir à tout bout de champ mais soit le rempart exigeant de la Démocratie et de l’ordre républicain !
Que les églises s’abstiennent d’influer sur le cours des évènements, sauf, éventuellement et de façon non-ciblée, à rappeler à la conscience de chacun et de chacune leurs enseignements spirituels !
Est-ce si difficile de s’arrimer enfin à de tels principes ?
A ces conditions, l‘ordre tant prôné et clamé offrira à tous les protagonistes un cadre idéal de débat fructueux, démocratique et de formulation de propositions afin de satisfaire un peuple trop longtemps tenu dans la frustration.
Oui, cette frustration demeure et elle s’épaissie dangereusement.
Car, n’ayons pas la mémoire courte.
Rappelons-nous que depuis un funeste mi-mars 2009 et en dépit de multiples médiations et formules biaisées de sortie de crise, au fond ce peuple malgache n’a jamais pu ni assouvir sa soif et sa faim ni jouir de ses droits fondamentaux pourtant tant revendiqués à juste titre.
Face à une telle triste réalité, il ne faut pas se tromper de registre ou de terrain, mais d’agir avec circonspection et justesse. Car, le « cas malgache » nécessite un diagnostic affiné, et il ne suffit pas de se dire qu’il suffit de réunir autour d’une table les protagonistes de la crise. Or, d’expérience on sait que d’un tel exercice trop convenu ne sortira qu’une soupe fade.
SEMER LE BON GRAIN
Tout, dans l’ambiance du temps, celui de notre actuelle quête existentielle, semble échapper à la raison et aux saisons, car nos puissants ignorent le sens de nos valeurs, celui du simple message du coeur.
Mais, alors, faut-il encore se bercer d’illusions ?
Précisément, désormais à chacun de semer le bon grain, là où la jachère risque de s’étendre, là où quelque sève répandue en renfort est souhaitée, car tout doit tendre à empêcher que l’aridité des âmes malignes étale ses mauvaises oeuvres.
Hier encore on se risquait à envisager en simple songe que le mieux gagne et que le pire s’éloigne de nos vues. C’est que, oui ! une voix intérieure semblait nous susurrer l’annonce de quelque lumière !
« Fruits de nos labeurs », huile sur toile (Roberta Faulhaber et Jipiera) – Repoduction interdite –
Mais, avec un retour de vent retors, la bourrasque des mauvais jours risque de ne pas tarder à apporter à nouveau ses nuées de guêpes pour nous envelopper d’un manteau froid…Alors quoi, devons-nous éternellement vivre sous l’empire de Pilate, dans les profondeurs de l’abîme, et renoncer à voir l’horizon, à scruter le firmament et à nous référer à la vigie de notre destin ?
Le sang répandu, les blessures des corps et des âmes, les larmes de désespoir et les humiliations subies trouveront bien dans notre détermination d’airain et d’acier les réparations dues !
Nous, Madécasses d’alors !, Malagasy d’aujourd’hui !,Malgaches de toujours !, allons ce jour même à travers champs et rizières, sur les cimes, au fond des vallées, dans les villages, en villes, ramasser et jeter nos fruits amers pour que demain, mais sans délai, ils laissent place à la gousse ingénieuse de nos références.
Allons de même à longueur de tes rizières, ô Ny Taniko ! creuser leurs sillons fertiles.
Le moment venu, nous n’oublierons pas non plus d’annoncer à Ikoto, à Fara, à Jovy, à Raivo ou à Sakaiza, au Fokonolona, au Fokotany, au Firenena, la bonne nouvelle de notre âme retrouvée.
Ne sont-ce là qu’illusions déjà perdues ?
Allons d’un seul élan jeter nos fruits amers…afin que nos compatriotes, pétris de courage, édifiés des dures épreuves, nourris par la profondeur de leurs sources, fortifiés à force de dignité, se libèrent des lianes hideuses des ténèbres !
Afin que vivent et volent de leurs ailes les figures hâlées de nos libertés !
Afin que nous allions à nouveau semer le bon grain !
N’oublions pas : les innombrables Vatolahy fièrement dressés tracent sur nos chemins historiques l’itinéraire à suivre. Il mène sur les crêtes d’où l’on perçoit au loin le florilège de nos réalisations passées et d’où l’on voit se profiler la floraison promise. Celui qui saura l’emprunter d’un pas hardi pourra dire: ici commence la relève, ici sous le jour Madagascar et les Malgaches revivront !
Le redressement national tant voulu exige, commande, requiert de tous l’adhésion du coeur et de l’esprit; ce qui pour certains peut-être, passe par leur reconversion et le dépassement de soi; mais pour chacun en tout cas, l’ardent devoir de s’unir autour de nos valeurs partagées.
Magnifique percée que cette volonté commune ! Un seul sentiment, une seule visée formeront la trame prochaine et nouvelle de notre Histoire !
Et pour que nous puissions à nouveau semer le bon grain !
Jean-Pierre Razafy-Andriamihaingo
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Reproduction, même partielle, interdite des textes et illustrations
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