RISING STARS

                                                              RISING STARS

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« Rising stars » – Acrylique sur carton doré – JPRA –


 

John Mc.Cain, Sénateur des Etats-Unis d’Amérique est mort le 25 août 2018.

Ses funérailles nationales se sont déroulées le 1er septembre, avec un hommage unanime, mais en l’absence remarquée du Président des Etats-Unis, Donald Trump, dont la présence, au demeurant , n’était pas souhaitée par John Mc.Cain dans l’expression antérieur de ses dernières volontés.

LaboDiplo ne peut pas ne pas saluer la mémoire d’un tel grand homme.

Grand était-il, en effet, de par son parcours public et politique, avec d’authentiques exigences : le service des autres et la défense des valeurs.

L’aviateur pilote de chasse qu’il était, fait prisonnier durant la longue guerre du Vietnam ne refusait-il pas sa propre libération si elle ne s’accompagnait pas de celle de ses compagnons d’infortune ? L’actif sénateur Républicain n’hésitait-il pas à braver la solidarité idéologique des siens pour dénoncer l’injustice et l’abaissement des valeurs et des principes ? Dernièrement, sa farouche opposition au Président Trump allait bien au-delà des prises de position de circonstance pour atteindre, à travers une foi d’humaniste, la quintessence de la politique.

Un homme politique de cette trempe, qu’un certain système électoral américain et le médiocre état de conscience de la classe politique du temps présent aux Etats-Unis l’ont empêché d’émerger pour accéder à la magistrature suprême, le classe dans la même catégorie qu’un Eisenhower et qu’un Kennedy qui, chacun à sa manière, avaient donné du sens et de l’aura à leur présidence pour mettre en oeuvre de véritables visions à la hauteur de la plus grande puissance du monde et des problématiques de leur temps.

« Rising stars », tels furent Eisenhower et Kennedy.

Tel fut John Mc.Cain.

Il faut espérer pour les Etats-Unis que son exemple fera des émules pour redonner espoir au peuple américain et au monde.

 

Jean-Pierre Razafy-Andriamihaingo

 

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Reproduction, même partielle, interdite des textes et illustrations

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LE MONDE NOUVEAU, LE NOUVEAU MONDE ?

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« Le bal des dauphins » – Pastel sur papier canson épais – Jipiera – Reproduction interdite –


                                       LE MONDE NOUVEAU, LE NOUVEAU MONDE ?

PROPOS LIMINAIRES : POSONS LA PROBLEMATIQUE

La grave crise sanitaire et pandémique du COVID-19 met à nue les failles béantes de notre ordre international rivé aux exigences d’une logique systémique financière qui dénature la notion même d’économie, laquelle par définition et fondamentalement, se doit pourtant d’intégrer dans une vision holistique toutes les dimensions sociale, environnementale et écologique, culturelle et civilisationnelle.

Ce qui, il est vrai, mettrait à mal les étroits critères de gestion comptable et des objectifs technologiques qu’on a, par inadvertance coupable, substitué aux valeurs fondamentales.

Il faut donc désormais inverser drastiquement les priorités au risque que le monde sombre définitivement. La question s’était déjà posée au tout début de nos années 2000…mais les réflexions s’y rapportant remontent, elles, depuis bel longtemps.

Et, il convient maintenant de les mettre en oeuvre, résolument.

– * –

C’est sous ce titre volontairement super optimiste : « Porto Alegre ou le Monde Nouveau », que dans la revue « Madagascar Magazine » (n° de mars 2001) nous rapportions les résultats et leçons à tirer des différents travaux du premier Forum Social Mondial, tenus à Porto Alegre au Brésil du 25 au 30 janvier 2001, et pour lequel, en représentation de Madagascar, nous faisions partie d’une importante délégation de l’UNESCO composée également d’experts indien, argentin, français, anglais et africain.

Disons-le tout de suite, ce « Monde nouveau » n’est pas le « Nouveau monde » que certains agitent comme une vaine incantation…

Car, en janvier 2001, il y a donc vingt-et-un ans à Porto Alegre, il s’agissait pour l’ensemble des représentants des citoyens de tous les continents d’inaugurer le troisième millénaire en offrant à la réflexion de tous une très large palette de points de vue inédits sur des thématiques dont l’acuité se vérifie tous les jours, de façon permanente et universelle, notamment :

.   « Construire un système de production de biens et de services pour tous » ; « Transformer le progrès scientifique en progrès humains » ; « Promouvoir les droits de l’Homme et garantir la santé de façon équitable » ; « Le futur des Nations unies » ; Sauvegarde des identités culturelles et protection des œuvres de l’esprit face à la commercialisation à outrance ».

Que ce premier Forum Social Mondial ait eu lieu au siège de l’Université catholique de la capitale de l’Etat brésilien de Rio Grande do Sul, un Etat en proie aux affres de la dé-socialisation et contre lesquelles le rôle salvateur de l’Eglise catholique n’est plus à souligner, était significativement représentatif de ce phénomène au niveau mondial. D’autant plus significatif aujourd’hui où au Brésil, qui abrite l’un des poumons de notre Terre avec l’Amazonie, le Président Bolsanaro n’hésite pas à accentuer par sa néfaste politique productiviste à outrance, la déforestation et les pratiques prédatrices.

Or, les bases mêmes de ce « Monde Nouveau » tardent toujours à être posées à cause des méfaits plus qu’évidents d’une mondialisation envahissante, en particulier dans les domaines aussi cruciaux que ceux de la santé, de l’agriculture, de l’environnement et de tout ce qui concerne la sécurité foncière.

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« Daurade heureuse » – Acrylique sur papier doré – Jipiera – Reproduction interdite – 


                                     I – S’OUVRIR DES PERSPECTIVES NOUVELLES

Parmi les facteurs déclencheurs du désastre environnemental, il faut citer l’Accord Multilatéral sur les Investissements scellé 1998 qui incontestablement – mais de façon incompréhensible est passé sous silence – avait été un marqueur d’autant plus négatif en donnant le signal de départ d’investissements colossaux avec leurs effets dévastateurs pour la société civile et les divers métiers, que son cadre était triplement relayé et amplifié par les orientations prises au sein de l’Organisation Mondiale du Commerce, de la Banque Mondiale, et du Fonds Monétaire International.

Ce néolibéralisme triomphant, qui entendait imposer un « nouveau monde » commercialiste et technologique ne pouvait dès lors que créer en contre-point une réaction fondée sur un triptyque humaniste : Santé-Environnement-Démocratie.

Dès lors, toute la question était d’œuvrer concrètement à la définition de stratégies d’actions politiques et publiques. Au-delà des clivages idéologiques, il est heureux de constater que ces stratégies sont aujourd’hui menées, et sans aucun doute amplifiées demain, par différents cercles d’universitaires, de chercheurs, de consultants, de capitaines d’industries, des acteurs de la vie économique, sociale, culturelle et artistique, parmi lesquels des capitaines d’industrie, des acteurs de la vie sociale et culturelle, mais aussi, fort heureusement par de nombreuses personnalités politiques du monde entier. 

        1. Poser le bon diagnostic                                                  

Le fond du problème, dans son état actuel, est qu’il convient assurément de donner aux peuples d’autres alternatives que le néolibéralisme ambiant à tout va, dans lequel trop de gens tendent à se résigner.

Or, chacun a bien conscience que l’homme doit être au centre de toute entreprise ou de tout programme de développement. L’intrusion massive et systématique de la loi du marché doit être encore plus sérieusement reconsidérée qu’elle ne l’est actuellement, tant à l’intérieur de chaque pays que dans les relations internationales. Pour ne prendre que des exemples :

.  comment faire en sorte que la formation, la concentration et la distribution de la santé soient assurées de façon équitable ; comment libérer de l’emprise de l’argent l’emploi et l’environnement ; que signifie la liberté de la circulation des capitaux ; de quelle marge de manœuvre peuvent encore disposer les Etats devant la toute puissance de la finance.

La mondialisation de l’économie se caractérise essentiellement par des flux commerciaux sans cesse en croissance et en renouvellement avec, certes, une prédominance accrue des pays du nord, mais une diversification en provenance de la Chine, de l’Inde et d’autres pays nouvellement conquérants.

Ceci a un coût terrible, en particulier au détriment de l’environnement, des spécificités culturelles et des populations modestes. Quant à l’explosion des flux financiers et des investissements directs à l’étranger, ils entraînent une déréglementation accrue présentée complaisamment présentée comme un progrès, alors qu’elle n’a d’effet que de permettre aux puissants groupes multinationaux de pénétrer sans coup férir les marchés nationaux au détriment des entreprises locales.

              2. Perte de substance de la notion de service public

Au résultat de ce phénomène, ces grands groupes ont acquis un pouvoir de négociation face aux Etats, et pour peu que ces derniers soient faibles ou sans moyens, ces grands groupes exercent tout naturellement leur imperium.

Dans tout ceci, on ne parle plus – l’a-t-on remarqué ? – de développement, mais de pays « émergents » qui ont seulement réussi à maintenir une certaine croissance, mais qui peuvent à tout moment basculer dans l’impasse pour (re)devenir des « pays pauvres ». Car, ce qui caractérise cette mondialisation, c’est que le poids de la dette, l’impasse budgétaire de trop nombreux pays, l’atonie de leurs économies et leur fragilité structurelle sont considérables et augmentent dangereusement, alors même que ces grands groupes prédateurs augmentent leurs marges bénéficiaires.

Il est certain que le phénomène de la mondialisation est un processus complexe qui touche maintenant non seulement tous les secteurs économiques, mais également des mécanismes institutionnels qui, jusqu’à récemment, étaient épargnés à travers la notion générale de Bonne Gouvernance, mais qu’on assimile désormais trop souvent à la notion privatiste et réductrice de bonne gestion des affaires publiques en oubliant la notion fondatrice de service public.

Or, cette notion de « bonne gestion » ramène inévitablement à introduire des modes de gestion assimilables à ceux adoptés par les entreprises privées, délaissant irrémédiablement aux confins de la sphère étatique les prérogatives premières d’un Etat, qui sont de défendre à l’intérieur comme à l’extérieur les intérêts légitimes de tout un peuple, de garantir à tous les citoyens l’exercice des droits fondamentaux, et d’assurer à tous l’équité et la justice sociale au moyen de la mise en œuvre d’une politique de développement durable et participatif.

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« Truite heureuse » – Acrylique sur papier doré – Jipera – Reproduction interdite –


La main-mise plus qu’inquiétante des « Gafar » (« Google », « Apple », « Facebook », Amazone » et autres entreprises-monstres) sur des pans entiers de l’économie et des finances mondiales, sans parler de leur influence grandissante sur les comportements, tout ceci sans que les Etats puissent réellement les contrôler, main-mise qui personnifie et illustre l’outrance d’une société de consommation actuelle déconnectée de tout rapport avec l’économie réelle et avec l’emploi, est patente à tous tous ces égards.

                          II – DEVELOPPEMENT DURABLE ET DEMOCRATIE

Face aux dérives constatées, il faut revenir aux fondamentaux.

De prime abord, il faut se convaincre qu’il y a certainement un lien indissociable à établir absolument et définitivement entre Développement durable et Démocratie.

Précisément, qu’entend-on par développement durable ?

Le concept, qui prend sa source dans des considérations anciennes mais qu’on a oubliées, inclut l’idée que toute entreprise industrielle ou commerciale doit intégrer une demande sociale croissante (équité sociale ou effets sociaux induits) et la dimension environnementale (prudence écologique, protection ou mise en valeur de l’environnement).

Et, l’ensemble doit s’inscrire dans la durée, tout comme il implique la participation active de la population – au niveau national comme au niveau local – à sa mise en œuvre.

D’où la notion subséquente de « développement participatif », laquelle doit être associée au concept de développement durable.

Ainsi, tout développement durable doit atteindre au moins les quatre objectifs suivants :

.  maîtrise de l’utilisation des ressources;  emploi de techniques « propres » maîtrisant la production des déchets et l’utilisation de polluants ; localisation réfléchie des activités économiques ; adaptation des modes de consommation aux contraintes écologiques et sociales (préférence étant donnée à la satisfaction des besoins plus qu’à la demande).

Il est bien évident qu’un tel concept heurte la conception libérale, encore qu’on observe depuis peu une évolution de cette dernière vers l’idée de durabilité, à preuve l’inclusion il y a quelques années de la notion de développement durable dans le préambule même du texte fondateur de l’Organisation Mondiale du Commerce (l’OMC). Rappelons aussi que la 2ème Conférence des Nations Unies sur l’Environnement et le Développement s’était achevée, dès l’année 1992, par la création d’une Commission du Développement Durable au sein des instances des Nations Unies. Et, faut-il le souligner, tant le FMI que la Banque Mondiale, dans le sillage des Nations Unies, sont désormais en phase avec la notion de développement durable.

Dès lors, on comprend bien que le développement durable suppose, dans ses principes, le renforcement de la Démocratie dans ce sens où il nécessite la participation de la population à toutes les étapes des choix économiques, et ce aux niveaux national et local.

On retrouve ici la notion de Bonne Gouvernance qui ne doit pas se limiter à la seule bonne gestion des affaires publiques prise dans ses définitions exclusivement comptable et financière. Il s’agit tout à la fois de préserver et de promouvoir les valeurs sociales et traditionnelles, les cultures, optimiser le bon fonctionnement des rouages institutionnels, et intégrer dans le processus de développement les groupes minoritaires ou marginaux.

En somme, il s’agit tout simplement de mettre en œuvre les droits de l’Homme tels que :

.   le droit à un environnement sain, à une alimentation saine et suffisante, à l’éducation, au respect des cultures locales, de regard et de contrôle des affaires publiques.

         1. Implications pratiques

Parmi celles-ci, la question se pose de savoir quels sont les instruments dont l’Etat peut disposer pour mettre en œuvre une politique de développement durable.

Il y a bien sûr les mesures règlementaires et les mesures économiques, sociales et fiscales incitatives qui sont classiques. Mais, il y a aussi la notion de gestion collective des biens communs et ce qu’on appelle les mesures d’ « approches volontaires ».

La première notion consiste à promouvoir une approche participative et multidisciplinaire à la gestion des terroirs et des ressources par les populations, le transfert des responsabilités de l’Etat vers les communautés locales, une meilleure adaptation du droit foncier.

Quant aux mesures d’ « approches volontaires », elles consistent, au moyen d’une réglementation incitative à ces égards, à ce que toute entreprise industrielle ou commerciale mette en valeur les performances environnementales et sociales attendues, et ce de trois façons :

. adoption volontaire par l’entreprise d’un code de bonne conduite écologique et sociale ;

. accord environnemental et social négocié avec l’Etat, contenant pour l’entreprise des objectifs écologiques et sociaux à atteindre selon une planification déterminée, en contrepartie pour les pouvoirs publics, par exemple, d’exonérer l’entreprise de certaines règlementations domestiques ;

. imposition, par les pouvoirs publics, de cahiers des charges auxquels peuvent adhérer volontairement les entreprises en contrepartie d’une accréditation ou d’un étiquetage spécifique sur les produits qu’elles commercialisent.

       2. Développement durable et libre entreprise : même combat

Le développement durable n’entrave en aucune façon la liberté d’investir ni d’innover.

Au contraire.

Grâce à la mise en œuvre de stratégies nouvelles, il est porteur de nouveaux marchés et génère des avantages compétitifs nécessaires à la croissance.

C’est bien pourquoi, la Chambre de Commerce Internationale a décidé, en 1992, de constituer en son sein la « World Business Council for Sustainable Development » dont la charte constitutive porte le titre : « Réconcilier le développement de l’entreprise et la protection de l’environnement ». Parmi les programmes d’action alors définis, figurent « la promotion d’accords de coopération technique dans le domaine de l’environnement entre entreprises des pays industriels et des pays en développement », et « la promotion de politiques environnementales compatibles avec le maintien d’un système commercial multilatéral et ouvert ».

Certes, tous ces instruments ne sont pas nouveaux.

Par contre, leur combinaison intelligente nécessite de la part des pouvoirs publics un bon dosage et un effort d’imagination, afin de leur accorder la meilleure efficacité possible, d’éviter que les « charges » environnementales et sociales pèsent sur la croissance économique et sociale, et de ne point défavoriser les petites et moyennes entreprises par rapport aux grands groupes.

Mais, il faut bien reconnaître que si une dynamique nouvelle a été impulsée dans le domaine du développement durable, elle ne bénéficie de façon significative qu’aux pays industriels, c’est ce qui apparaît quand on regarde des projets élus par le Fonds pour l’Environnement Mondial. Quant à la Banque Mondiale, elle finance certains efforts des pays membres à fixer des priorités, à renforcer les institutions et à formuler des politiques environnementales et des stratégies de développement durable.

Cependant, certains observateurs notent qu’étant encore prisonnière de la conception libérale, elle rechigne à s’engager pleinement dans la promotion du concept de développement durable. Et puis, tant que trop de gouvernants de pays bénéficiaires d’aides pratiquent comme un sport national le détournement de fonds, la mise en place et la poursuite d’une véritable coopération internationale pour le développement durable peuvent difficilement être rendues efficaces.

Rappelons qu’en 1972, le Prix Nobel d’Economie James Tobin a lancé l’idée d’un impôt sur les transactions financières internationales à court terme, qui serait prélevé sur les transactions en devises, ceci pour réduire l’instabilité des changes et décourager les mouvements purement spéculatifs. Les recettes de la taxe – dite « taxe Tobin » – seraient affectées à l’aide au développement durable. Le PNUD (Programme des Nations Unies pour le Développement) a calculé qu’au taux de 0,1% la taxe Tobin procurerait environ 166 milliards de dollars US par an, c’est-à-dire deux fois plus que la somme annuelle nécessaire pour éradiquer au début du XXIème siècle la pauvreté extrême.

La mise en place de cette taxe nécessite une coordination internationale, mais les Etats libéraux que sont au premier chef les Etats-Unis n’en veulent pas…Qui s’en étonnerait…?

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« Fraîcheur », acrylique – Jipiera – Reproduction interdite –

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        3. Encourager une nouvelle mentalité

On voit bien que les mentalités évoluent et c’est heureux, mais pas avec le volontarisme ni la dynamique voulus…

Si aujourd’hui encore la solution libérale continue de s’imposer, demain, peut-être à l’initiative de l’Union Européenne et de la France (mais sauraient-elles réellement s’engager ?) le paysage sera plus favorable. A cet égard, il est certainement heureux, notamment pour les pays en développement, qu’il y a plus de dix ans le projet d’Accord Multilatéral sur l’investissement (le fameux « AMI ») élaboré par l’OCDE, qui tendait à dénier à tout Etat la possibilité d’exproprier et d’édicter des règlements protecteurs afin d’encourager l’investissement et l’accès à tous les marchés, n’ait finalement pas été adopté. L’opposition déterminée de l’Union Européenne, amenée par la France, avait été nette et sans appel. C’eût été le règne absolu des grands groupes internationaux, la fin des Etats en matière de contrôle et de régulation économique, et aurait accentué les effets pervers de la mondialisation en termes d’uniformisation, de mort lente des métiers, et de préservation des spécificités sociales et culturelles des pays, tout ce que nous dénoncions au début de cet article.

Pour faire court et pour être dans le raisonnement binaire cher à la logique cartésienne, disons que le « Nouveau Monde » est né des ruines de l’après-seconde guerre mondiale avec les valeurs générées autour de la Charte des Nations Unies, tandis que le « Monde Nouveau » qui se formule de façon encore balbutiante dans nos esprits se profile difficilement…

Ainsi, le « Monde Nouveau » fondé sur la notion réelle de développement durable est encore loin de naître, mais le « Nouveau Monde » fondé sur un néolibéralisme révisé mais encore prôné et revendiqué par certains, à défaut de renaître ou d’évoluer significativement, ne semble pas non plus en passe de disparaître aussi facilement.

Nous sommes donc encore entre deux mondes, mais il serait plus que temps de basculer résolument dans le « Monde Nouveau » !

Jean-Pierre Razafy-Andriamihaingo

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Reproduction, même partielle, interdite des textes et illustrations

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