MADAGASCAR : LE DROIT A LA VERITE POUR S’OUVRIR A L’ESPERANCE

Profusion florale 2

« Foisonnement floral » – Acrylique – JPRA – Reproduction interdite –


 

       MADAGASCAR : LE DROIT A LA VERITE POUR  S’OUVRIR A L’ESPERANCE

Si l’on se réfère aux informations reçues ici et là, le second tour de l’élection présidentielle malgache du 19 décembre 2018 aura été émaillé d’irrégularités de gravité diverse, mais toutes substantielles, commises lourdement, concomitamment et successivement à plusieurs niveaux du processus électoral.

Pour résumer, elles seraient intervenues :

1. durant la campagne elle-même (exemples : achat massif de votes par le candidat n° 13, ce selon les observations des missionnaires de l’Union Européenne + bulletins pré-cochés en faveur du candidat n° 13 + distribution de fausses cartes d’électeur + abus de prérogatives de puissance publique, etc…) ;

2. au moment des opérations de vote (exemples : votants fictifs portés par des usurpateurs d’identité de personnes décédées + bourrages d’urnes + actes d’intimidation, etc…) ;

3. et durant les opérations de comptage des voix (exemples : inversions de voix au profit du candidat n° 13 + manipulation des chiffres, etc…).

Nul doute que la tâche de la Haute Cour Constitutionnelle, saisie de requêtes y relatives, sera déterminante et cruciale à la fois quant au sort même de cette élection présidentielle, ce, après la publication le 27 décembre 2018 des résultats tronqués de ce 2ème tour de l’élection présidentielle par une Commission Electorale Indépendante – CENI – .

La norme et les principes juridiques doivent ici primer sur les spéculations arithmétiques et sur toute autre considération.

                                          LE RÔLE SALVATEUR ATTENDU DE LA HCC

Dès lors, et compte tenu de la légitime contestation des résultats actuellement servis par la CENI , seul le résultat de l’examen de l’ensemble du processus électoral par la Haute Cour Constitutionnelle compte et s’impose, à condition sine qua none qu’elle exerce toute la plénitude de ses compétences de juge et de ses prérogatives d’autorité suprême en matière d’élection.

La Haute Cour Constitutionnelle se doit donc d’éviter de juger et d’exercer son autorité ad minima, et au contraire elle se doit de juger en dernier ressort et d’exercer son imperium a maxima.

Et ce ne sont certainement pas les évaluations lénifiantes d’inclusivité supposée de cette élection présidentielle, qualification d’ailleurs sans rapport aucun avec le coeur de la question de la régularité ou pas de ladite élection présidentielle malgache, qui y changeront quoi que ce soit.

Sans vouloir influencer sa décision à venir,  – ou avoir la prétention d’influer sur sa décision à venir -, la Haute Cour Constitutionnelle aura en outre à assainir une situation qui, étant déjà explosive, risque réellement d’hypothéquer pour longtemps le devenir et l’avenir d’un pays et d’un peuple qui a une telle soif de justice que ça en devient dramatiquement pathétique.

Car, au-delà du soit disant faible degré de gravité arithmétique sur lequel certains commentateurs – et certains observateurs envoyés par l’Union Européenne et d’autres organisations internationales –  parient et se plaisent complaisamment à réduire ces irrégularités, juridiquement elles doivent nécessairement être prises pour substantielles.

Il est d fait que, de par leur nature elles sont propres, par des procédés qui sont pénalement répressibles et répréhensibles, à entacher gravement la sincérité et le caractère sacré de la juste expression de la volonté du citoyen au moyen de son vote.

                                                           LES VOIES POSSIBLES

Plus précisément encore, ces irrégularités mettent au jour un détournement de volonté, une falsification d’identité, un usage de faux, une corruption active – et la liste des qualifications pénales extrêmement graves n’est ici point exhaustive – , qui irrémédiablement doivent avoir pour conséquences :

. soit, la disqualification du candidat n° 13 et, par voie de conséquence, la proclamation de l’élection de son adversaire, le candidat n° 25 ;

. soit l’annulation des votes entachés desdites irrégularités, suivie du re-comptage des voix  ;

. soit le report suivi d’une nouvelle organisation des opérations de vote;

. soit l’annulation pur et simple de l’ensemble des opérations électorales ayant donné lieu au 2ème tour de l’élection présidentielle.

Le tout, avec toutes les conséquences de droit quant :

. à la proclamation du candidat gagnant ;

. aux structures et modes opératoires de l’élection présidentielle ;

. mais aussi quant au cours même de la – ou des – procédure(s) et poursuite(s) pénale(s) dont normalement ces irrégularités et fraudes sont passibles.

Si l’on veut que Madagascar entame une ère nouvelle dans la Démocratie, vivante, vécue et emplie d’espérance, il faut s’imposer ces exigences et passer par cette voie d’assainissement et/ou de sanctions.

Car, dans le cours de notre histoire contemporaine actuelle cette espérance est historiquement un droit, et au stade de délabrement où se trouvent nos structures institutionnelles, psychologiques, mentales et comportementales, ce droit a acquis un caractère inaliénable.

A défaut, et puisque l’abîme n’a pas de fond, Madagascar et les Malgaches s’y achemineront inexorablement et nos enfants auraient alors raison de nous en vouloir éternellement de les y avoir enfoncés

La Haute Cour Constitutionnelle doit exercer très scrupuleusement toute la plénitude de ses compétences en tant que juge sur tous les plans, c’est à dire comme seul compétent pour juger de :

. la sûreté, l’exactitude, la conformité et la sincérité de l’expression même du vote ;

. la régularité, sur le pan légal et par rapport aux principes juridiques, des opérations de vote ;

En outre, en tant qu’autorité suprême en matière électorale, elle aura éventuellement à ordonner certaines mesures qui s’imposent visant à atteindre ce qui précède

Pour toutes ces raisons et dans le contexte actuel, la publication le 27 décembre 2018 des résultats provisoires par la CENI du 2ème tour de cette élection présidentielle malgache se présente donc comme une simple péripétie sans emport pour ce qui concerne le soit disant vainqueur… D’ailleurs, à cet égard, il est plus que choquant de constater qu’au lendemain d’une telle publication précipitée des résultats tronqués par ladite CENI, son président se soit ostensiblement affiché avec le soit-disant candidat gagnant en train de sabler ensemble le champagne de la victoire…

 

perspective infinie

« Perspective infinie », Acrylique – JPRA – Reproduction interdite –

 

 

   Jean-pierre Razafy-Andriamihaingo, Expert international en Bonne gouvernance

 

——————————————–

Reproduction, même partielle, interdite des textes et illustrations

——————————————–