DE LA NOBLESSE D’ÂME

Voeux Aïkido

« La noblesse du Samuraï », aquarelle – RF et JPRA – Reproduction interdite


                                      DE LA NOBLESSE D’ÂME DU COMBATTANT

A chaque élection majeure, en l’occurrence pour se choisir le Chef de l’Etat, le Guide de la Nation, les électeurs, dans quelque contrée qu’ils soient, à Madagascar ou ailleurs, se convainquent de faire leur choix d’avenir pour celui qui, pour un mandat donné, doit présider aux destinées de toute une nation. S’agissant de Madagascar, elle est en perdition…

Mais en réalité et en vérité, nul besoin de se focaliser sur celui qui est désormais aux commandes au moment où les lignes et les mots suivants s’expriment et se crient.

Car, dans le cas du tréfonds de notre âme de Malgache, de Malagasy, si heurté et malmené depuis trop d’années – que dis-je ? depuis des dizaines d’années !… – par la misère et les tourments, peu importe finalement de connaître cet héraut qui doit porter le lourd fardeau du redressement et de la renaissance !

Parce qu’au fond du fond, quel qu’il soit, ce héraut dont Madagascar a dramatiquement besoin ne peut point pouvoir se passer de chacune et de chacun de nous ; il lui faut nous réunir dans ce que nous sommes chacune et chacun, c’est-à-dire dans nos turbulences, avec nos différences et nos foucades caractérielles, emplies de nos défauts inhérents qu’il va bien falloir transformer en autant de qualités si, pour autant, cet héraut-là sait trouver en nous, corps social composite et souvent insaisissable, le point de nos convergences.

Mais, ce qui est vrai pour Madagascar et les Malagasy, l’est également, à des proportions diverses, pour d’autres pays et nations.

« Trouver le point de nos convergences ». C’est l’Art auquel notre héraut  – quel que soit le passé qu’on lui connaît – doit se consacrer corps et âme en toutes circonstances.

Et immédiatement !

Il en trouvera, certes, dans nos traditions, mais aussi ailleurs, la source, si ici encore, il saura où les trouver. Car, de son ouverture d’esprit dépendra son élévation et sa capacité à rassembler.

Pour notre part, on sait où les trouver :

  • à la source de la tradition qui amena jadis un certain prince Andriandranando, guerrier adepte du culte de la chevalerie qui l’amena au XVIème siècle à composer avec son cousin le roi Andriamanelo pour construire les bases du futur royaume de l’Imerina  (voir à cet égard nos articles par ailleurs sur ce même blog « Réformateurs et modernisateurs de Madagascar, 1ère partie, et à la rubrique « à propos ») ;
  • mais, également à la source de ce que nous considérons comme étant le fonds commun de la noblesse d’âme du combattant, le « Bushido » japonais, un code d’honneur et de morale traditionnelle dans la pratique des arts martiaux, que nous voulons prendre ici dans son sens le plus large applicable aussi à tout exercice de combat, en l’occurrence ici pour l’honneur, la dignité et les valeurs de notre collectivité publique.

andriandranando

Prince Andriandranando, héraut de la naissance du royaume d’Imerina au XVIème siècle. Pastel – JPRA – Reproduction interdite –


Qu’y trouve-t-on ?

Douze valeurs référentielles à l’usage d’une bonne gouvernance personnelle et, par extension, publique :

  1. La rectitude : esprit de raison droite et de justice.
  2. Le courage : esprit d’audace et d’endurance.
  3. La bonté et l’humanité : la tendresse du combattant, notion qui éveille un sentiment noble.
  4. La politesse : expurgée de la simple convention, mais animée par un sentiment profond.
  5. La véracité, la sincérité et la loyauté : qu’il suffise d’être en accord de vérité avec soi-même, mais avec sincérité et dans le respect d’autrui.
  6. Le désintéressement et le détachement : être habité par la dévotion et par le dévouement.
  7. L’honneur : faire ressortir en soi la partie immortelle, celle qui relie aux valeurs, à la noblesse d’esprit et à la dignité.
  8. Le devoir de fidélité : en l’occurrence envers sa nation, sa terre natale, ses ancêtres, sa mission perçue comme sacrée.
  9. La modestie : qui trouve ses racines dans la sincérité et la vérité, pour savoir apprécier, respecter et aimer la valeur chez les autres.
  10. Le respect : sans modestie aucun respect n’est possible, sans respect aucune confiance ne peut naître, et sans confiance aucun enseignement ne peut être donné ni reçu.
  11. Le contrôle de soi : contrôler et dominer ses affections les plus naturelles.
  12. L’amitié, la bienveillance : l’amitié est certainement le plus pur des sentiments de l’humain, fondé sur la compréhension, l’estime et la confiance mutuelle. Et lorsqu’il s’exerce à l’égard de celui qui est dans le besoin, il se mue en bienveillance.

Voeux Aïkido 2

« La noblesse du samuraï 2 », aquarelle – RF et JPRA – Reproduction interdite –


L’observance de ces valeurs humaines forme naturellement, au-delà des préceptes formels d’ordre juridique, le corpus d’une bonne gouvernance personnelle qui , par extension et transposition, doit elle-même trouver sa traduction dans la bonne gouvernance publique.

Car, pour paraphraser Bergson, en toute circonstance et puisque les défis sont cruciaux, il faut agir en homme – ou femme – de pensée et constamment soucieux d’éthique, et penser vertueusement en homme – ou femme – d’action.

Pour ne prendre que notre cas, c’est l’invite pressante à laquelle nous appelons le Président de la République de Madagascar ou, pourquoi pas, le Souverain qui, par sa propre étoile et devant l’Eternel, incarnera une nécessaire Renaissance de Madagascar et de son peuple.

Car, c’est bien de cette noblesse d’âme du combattant, pour le redressement résolu de Madagascar, dont cet héraut a besoin, pour lui-même et pour le peuple dont il a la charge sacrée.

Jean-Pierre Razafy-Andriamihaingo

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Reproduction, même partielle, interdite des texte et illustrations.

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