« Jaillissement floral » – JPRA – Acrylique – Reproduction interdite.
AMOUR ET ESPERANCE
Le désespoir.
Qui ne l’a jamais éprouvé se mentirait.
En ce moment où il y a quatre ans j’ai perdu mon épouse suivi d’un long deuil éprouvant et où l’année dernière, comble de malheur je perdais aussi successivement mon frère aîné et ma soeur aînée, et où, au surplus, l’amour que j’espérais venir en secours ne répondait pas, comme si toutes ces pertes ne devaient pas suffire, j’essaie depuis lors de mener avec courage mon chemin de croix …
Et ce désespoir va-t-il me tenir longtemps ?
Eh bien non !, il me faut sortir de ses liens pour libérer mon coeur et mon âme, et aller à l’Espérance !
Comment ?
Tout d’abord, j’observe que dans ce bas monde trop empli de mauvais augures et de penchants obscurs, par ailleurs constamment animé par l’instinct possessif et à la recherche de la performance qui conséquemment secoue l’âme et bouscule les sentiments comme valeurs fondatrices propres à l’humain, l’on se réfugie bien trop volontiers dans les recettes supposément sécurisantes du repli sur soi et du matérialisme dominant.
Face à cela, quoi de plus inspirant que la relecture de notre tréfonds sentimental pour éclairer avec bonheur le concept d’Amour qui lui-même mène à l’Espérance et ne vit que par elle, certes ici fondés non point nécessairement sur la foi, en l’occurrence au cas présent chrétienne, mais qui ont vocation à s’adresser à l’humanité entière.
Or, ce qui est commun aux messagers d’Amour et d’Espérance, c’est bien plus qu’un message sentimental ; il est de transformer de l’intérieur la vie, le regard sur les autres et la perception du monde. Le Bouddhisme, haute spiritualité de l’Amour et de l’Espérance, en l’occurrence pour Lui axée sur la purification de l’âme individuelle, ne dit pas le contraire.
La quête de l’Amour et de l’Espérance n’est ainsi point un exercice de pur individualisme et de satisfaction personnelle qui consisterait à se réfugier dans un message limitativement sentimental à l’autre ; bien au contraire, il s’agit d’un exercice participant au « salut communautaire », cette union existentielle avec l’ « Autre », c’est-à-dire la mise en œuvre ciblée de l’altérité.
S’agissant maintenant plus spécifiquement du sentiment d’Amour individuel, celui qui anime en intensité l’éclat et la profondeur d’un élan du cœur vers l’être aimé, il est loin de n’être cumulativement qu’un acte de désir, de plaisir, de profonde estime, de bonté ou d’un exercice contemplatif, car il inclue la quête de l’Espérance, celle d’une parfaite union des coeurs tournée dans la même direction où se visionnent le Bien et la Félicité.
Il faut qu’il en soit ainsi si l’on ne veut pas qu’il ne dure qu’un moment ou qu’il dégénère en chagrin qui, lui, durerait toute une vie !
Une âme perdue doit ainsi être travaillée de l’intérieur pour que jaillisse le pain pour le corps et pour l’âme, comme le serait un terrain sauvage qui doit être rendu fertile. Surtout quand cette âme éprouve les affres d’un amour subit qui, hélas, est long à guérir quand il prend fin tout aussi subitement…
Car dans ce cas, l’Amour seul sans Espérance ouvre un jour la voie à la souffrance, au doute ou à l’interrogation.
« Jaillissement floral II » – JPRA – Acrylique – Reproduction interdite.
Jean de La Fontaine, dans « Le lion amoureux » ne disait-il pas :
« Amour, amour, quand tu nous tiens,
On peut bien dire : Adieu prudence ! ».
Pour sa part, afin de chasser le doute, Alfred de Musset, dans « La Nuit d’août » (Poésies), déclamait :
« J’aime, et je veux pâlir ; j’aime, et je veux souffrir ;
J’aime, et pour un baiser je donne mon génie ;
J’aime, et je veux sentir sur ma joue amaigrie
Ruisseler une source impossible à tarir.
J’aime, et je veux chanter la joie et la paresse,
Ma folle expérience et mes soucis d’un jour,
Et je veux raconter et répéter sans cesse
Qu’après avoir juré de vivre sans maîtresse,
J’ai fait serment de vivre et de mourir d’amour. »
Et, dans d’autres poésies, il poursuit sa quête :
« Se voir le plus possible et s’aimer seulement,
Sans ruse et sans détours, sans honte ni mensonge,
Sans qu’un désir nous trompe, ou qu’un remords nous ronge.
Vivre à deux et donner son cœur à tout moment ».
Ou encore :
« Après avoir souffert, il faut souffrir encore ;
Il faut aimer sans cesse, après avoir aimé ».
Par ailleurs, n’est-ce pas là meilleure réponse à la dualité amour-raison qui trop souvent freine les élans du cœur ?
Car il faut le souligner, dans leur condition personnelle, sociale ou sociétale l’homme et la femme ne sont point seulement le produit de la seule Raison.
Ils sont avant tout de chair, de sentiment et de conscience.
Certes, la Raison doit conduire à la victoire sur l’irrationalité à condition qu’elle discerne systématiquement le bien du mal et que le jugement du cœur, animé de hauts sentiments, prenne toujours le pas sur la froide considération exclusivement rationnelle.
Or, cette dernière peut, comme c’est le cas très risqué de nos jours, conduire à cette incommensurable prétention de l’Homme à devenir « Homo Deus » ou son substitut, le prétendu « Homme augmenté » !… grâce, paraît-il, à ce qui est désormais convenu d’appeler l' »intelligence artificielle ».
Or également, dès à présent ne constatons-nous pas déjà que beaucoup trop d’entre nous se comportent comme des zombies, rivés en toutes circonstances, au détriment de la sociabilité, aux I’phone, smartphone, GPS, écouteurs portables et autres instruments de la « nouvelle mobilité » ou de la « connectivité augmentée » ?…
Chimères que tout cela ! …
Fort malheureusement, dans sa propension incontrôlée à vouloir prétendre, à vouloir plus, à vouloir performer, à vouloir et exiger, l’Homme s’auto-détruit inexorablement et le malheur est qu’étant lui-même partie intégrante de l’écosystème global, mais s’y croyant en position supérieure et de domination, il le détruit à vue d’oeil sans même qu’il s’en rende compte…ou, plus grave encore, il s’en contre-fout.
Ne l’oublions jamais: dans l’histoire de l’Humanité, partout où il est passé l' »Homo Sapiens » a toujours tout détruit autour de lui dans sa quête à l’efficacité et à l’exploitation de son environnement…Alors que dire de notre actuel prétendu « Homo Deus » ?…
Et pire: l’Amour dans tout cela, celui qui mène à l’Espérance, compte-t-il encore ?…
Pauvre Humain !
Ressaisissons-nous et revenons illico aux valeurs combinées de l’Amour et de l’Espérance !
Jean-Pierre Razafy-Andriamihaingo
« Jaillissement floral III » – JPRA – Acrylique – Reproduction interdite .
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