COURTES CONSIDERATIONS SUR L’ECOLOGIE TRADITIONNELLE CHINOISE

« Mont fleuri », acrylique – Jipiera – Reproduction interdite

En ces temps où partout et à tout moment l’écologie est évoquée, célébrée et réclamée pour rendre plus viable ce monde caractérisé par la volonté de l’Homme à vouloir dominer la Nature, voire à la manipuler au seul service de ses besoins matériels, il est bon de rappeler que la Chine, volontiers présentée – à quelque raison – comme actuel fauteur de troubles écologiques, avait portant été le génial inventeur de la cause écologique depuis la nuit des temps.

En effet, s’agissant de cette Chine actuellement perçue comme dominatrice, n’oublions pas que ses philosophes et ses souverains avaient, dès l’époque lointaine mais si faste dans la formulation de ses références spirituelles et philosophiques il y a environ 2500 à 3000 ans avant Jésus-Christ, avait eu une connaissance développée des phénomènes naturels et des lois de la Nature.

Ainsi, le « Wuxing » distingue les cinq éléments constitutifs suivants: l’Eau, le Feu, le bois, le Métal et la Terre, pour évoquer la loi de la connectivité.

Ces éléments sont connectés, interconnectés et interagissent dans une dynamique de mouvements grâce auxquels la création du monde, ses mutations/évolutions, de même que les relations entre toutes choses – y compris entre individus – peuvent être interprétées.

Tout particulièrement, on relèvera que dans les oeuvres classiques qui datent d’il y a environ 2500 à 3000 ans avant notre ère, les Lettrés chinois avaient déjà expliqué le cycle de l’eau et son importance, de même avaient-ils relevé les différents types de terre et de sols en en relevant leurs caractéristiques propres.

Une telle connaissance scientifique se prolongeait dans les considérations spirituelles et philosophiques mais tout naturellement avait aussi ouvert une vision morale d’admiration et de respect de la Nature, elle-même génératrice de pratiques méditatives aujourd’hui encore bien vivantes.

C’est ici où il nous faut évoquer le Taoïsme, qui édicte des règles très précises pour protéger la Nature, car il s’agit là d’atteindre l’harmonie entre les hommes et l’univers.

Ainsi Zhuang Zi ne disait-il pas : « L’Homme se règle sur la Terre. La Terre se règle sur le Ciel. Le Ciel se règle sur le Tao. Le Tao se règle sur la Nature ».

Et d’ajouter : « Je suis né avec le Ciel et la Terre et les dix mille êtres et moi-même ne faisons qu’un ».

On remarquera que la peinture chinoise classique est le reflet de cette philosophie.

Remarquons également que le Taoïsme et le Bouddhisme interdisent tous deux de tuer les animaux.

Relevons aussi que l’idéal des jardins chinois traditionnels est de donner l’impression que tout est naturel sans trace artificielle, contrairement aux arrangements géométriques des jardins à la française.

Quant au Feng Shui, vision traditionnelle chinoise de l’espace qui valorise notamment l’orientation, l’énergie, le champ magnétique et l’environnement naturel, elle est l’ancêtre de l’urbanisation et de l’écologie perçue dans sa dimension de développement durable.

Et, ce qui nous plaît tout particulièrement de relever ici, c’est qu’un des premiers souverains chinois, du nom de Shun (2187 à 2067 avant notre ère), avait érigé en référence de bonne gouvernance un corpus composé des quatre saisons, de l’astrologie, de la géographie et de l’humanité destiné à guider toute action de sorte que les lois de la Nature soient respectées.

Ainsi sera-t-il dit dans les oeuvres classiques de la Chine ancienne que si un roi n’arrivait pas à protéger les ressources naturelles dans son royaume, il ne mériterait point son titre de roi ni sa condition de souverain.

Tous ces aspects établissent ainsi un lien fondateur entre les lois de la Nature et le double destin de l’Homme et d’une nation, tous deux étant conçus comme un corps vivant.

Qu’il nous suffise de rappeler ces quelques notions pour conclure qu’en matière écologique comme en toute autre matière les vieilles civilisations génèrent un fonds inestimable de valeurs et principes qu’il convient de se rappeler à l’esprit…

Jean-Pierre Razafy-Andriamihaingo

Nota:

Je tiens ici à remercier mon amie Ying Xu, Consultante et Interprète-Traductrice, pour ses éclairages sur l’écologie traditionnelle chinoise.

Article soutenu par « FOCUS CHINE » – « YING & JP ASSOCIES » –