
« Astres », acrylique – Roberta Faulhaber et Jipiera – reproduction interdite
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Ce 6 mars 2023, j’apprends avec grande tristesse le décès de Gérard Pelisson.
J’exprime à sa famille toutes mes condoléances très attristées.
Je ne prétends pas l’avoir bien connu, mais de ce que j’ai pu connaître de lui c’est qu’en lui disparaît plus qu’une figure, si rare: une race ! Celle des prestigieux industriels avec la prestance d’un prince.
Oui !, il incarnait une telle véritable personnalité, naturellement, sans ostentation aucune, mais au contraire douée d’une humanité vraie.
Le tout impressionnait, sans jamais intimider, car le personnage savait verser dans l’affabilité sans se forcer aucunement parce qu’il aimait visiblement le contact humain, le dialogue avec cette considération qui vous met à votre aise.
Dans ma fonction d’ambassadeur de Madagascar en France j’avais eu cet agréable privilège de le recevoir à plusieurs reprises, lui le Président-Co-Fondateur du fameux Groupe ACCOR, certes pour échanger au sujet de son grand intérêt pour Madagascar et ses immenses potentiels touristiques, mais aussi pour nouer une relation amicale grâce à l’intermédiation d’un autre grand capitaine d’industrie, Jean-Louis Castelnau, grand amoureux de Madagascar et alors Président du CIAN (le puissant Conseil des Investisseurs Français en Afrique).
C’est tout naturellement qu’au cours de nos échanges, étant porté par un réel enthousiasme quant aux potentiels touristiques malgaches en cette période d’embellie relationnelle entre la France et Madagascar, Gérard Pelisson décide un jour de printemps 2004, après plusieurs tentatives infructueuses, de faire le pari de développer à Madagascar une activité touristique d’envergure digne de la tradition de son Groupe ACCOR.
Pari tenu ! Nous décidâmes alors rapidement d’organiser sa venue à Madagascar. L’annonce de la nouvelle de ma part au Président de la République de Madagascar et à son gouvernement fait sensation. J’arrive sur place à Antananarivo en précurseur pour y préparer l’accueil et le séjour de Gérard Pelisson, un évènement en soi au milieu d’une conjoncture économique marquée par le dynamisme général.
Gérard Pelisson atterrit à l’aéroport international d’Ivato à bord de son jet privé ! Tous les honneurs lui sont rendus…quasiment comme s’il s’agissait d’une haute personnalité publique étrangère. Il est animé des meilleures intentions en termes d’investissement. Le Président de la République de Madagascar le sait, étant préalablement informé par mes soins. Il est ravi. Pour la circonstance, c’est tant le Président de la République de Madagascar, es-qualité, que Marc Ravalomanana, le grand capitaine d’industrie de souche malgache, une race si rare à Madagascar, qui entend honorer Gérard Pelisson en le recevant personnellement en tête-à-tête dans la grande salle d’audience du Palais présidentiel d’Ambohitsorohitra à Antananarivo. Et pour bien marquer le caractère convivial de l’entretien, Marc Ravalomanana tombe la veste et invite Gérard Pelisson à faire de même pour discuter entre hommes d’affaires. La scène à huis clos, si sympathique et chaleureuse n’est pas rapportée par la presse, laquelle n’était pas invitée à y assister.
J’y étais présent.

« Arc-en-ciel », acrylique – Jipiera – Reproduction interdite
C’est ainsi, dans une ambiance d’une grande convivialité, les deux interlocuteurs étant ravis et de la teneur de leurs échanges et de leur portée, qu’ils sont rapidement parvenus à un accord global pleinement satisfaisant quant à une implantation du Groupe ACCOR à Madagascar, à commencer par celle d’une chaîne hôtelière de la catégorie « Ibis » pour ensuite monter en gamme avec les catégories supérieures « Mercure » et autres à Antananarivo et à Majunga.
Au-delà de l’aspect purement professionnel, Gérard Pelisson était charmé par Madagascar.
Certes, concrètement il aura tout de même fallu plusieurs mois de tractations financières et techniques pour que les projets d’investissements aboutissent. Et au final c’est dans le sillage de la visite officielle à Madagascar de Jacques Chirac, alors Président de la République française, en juillet 2005, que j’avais grand plaisir à organiser, que le coup de pouce final fut donné afin de débloquer les fonds nécessaires aux investissements initialement prévus.
C’est certain, l’homme Gérard Pelisson emporte avec lui là où il est maintenant les meilleurs souvenirs de ses trop courts séjours à Madagascar !
il a le « Tsodrano » – bénédiction – de Madagascar et des Malgaches !
Jean-Pierre Razafy-Andriamihaingo, ancien Ambassadeur de Madagascar en France