HOMMAGE AUX COMBATTANTS MALGACHES DE LA GRANDE GUERRE

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NOTA:

. La présente publication s’est enrichie, à l’occasion des manifestations commémoratives de l’année 2014, de documents historiques inédits, relatifs au Comité Malgache de souscription à l’effort de guerre, grâce auquel l’armée de l’air française, arme nouvelle en pleine expérimentation opérationnelle durant la guerre 1914-18, put compter sur trois avions de combat du dernier modèle sur les fronts français et nord-africain, avions offerts par les Malgaches. – Archives personnelles – Reproduction interdite – 

. Cliquez sur les documents ci-dessous pour les consulter.  

  • Reproduction interdite. Archives personnelles.

                                          HONNEUR AUX COMBATTANTS MALGACHES !

Ainsi donc, le 11 novembre est chaque année l’occasion du souvenir du Soldat Inconnu autant que de la commémoration, dans le partage, des sacrifices consentis par les nations pour la victoire finale de 1918 et pour la Paix.

S’y ajoute, depuis une loi du 28 février 2012, l’hommage de tous les morts, civils ou militaires, pour la France.

En cette année 2022, le samedi 26 novembre 2022, quatre années après celle du Centenaire en 2018 de la Victoire de 1918, ce souvenir en forme de cérémonies d’hommage solennel et exceptionnel prend une dimension plus grande encore pour ce qui concerne tout spécialement les combattants malgaches, auquel vous êtes tous cordialement conviés. Ce même jour du 26 novembre 2022, ces cérémonies se dérouleront en quatre temps (voir ci-dessous l’encart d’annonce en fin d’article).

Personnellement, durant mon mandat d’ambassadeur de Madagascar en France (2002 à fin 2008) je m’étais rendu à plusieurs reprises sous l’Arc de Triomphe aux cérémonies de ravivage de la Flamme, mais aussi devant le monument dédié au Soldat Inconnu malgache du Jardin Tropical du Parc de Vincennes (commune de Nogent-sur-Marne).

Car, la contribution de Madagascar et des Malgaches à la victoire finale de 1918 et pour la Paix était très importante, ainsi que je tiens à le rappeler dans les lignes ci-après.

Grand hommage à eux !

UN EFFORT DE GUERRE IMPORTANT …MAIS MECONNU

Cette victoire éclatante de 1918, Madagascar l’avait payé cher du sang et du labeur de ses fils, puisque près de 45.000 soldats malgaches de tous grades, répartis entre les différentes formations (artilleurs, ambulanciers, chargés de la logistique, etc…) ont vaillamment combattu sur tous les théâtres d’opération européens, sur le sol français, en Allemagne et jusqu’à y compris en Macédoine, et que la riche terre malgache fut amplement mise à contribution pour fournir en nourritures et en matériaux divers les armées françaises et alliées.

Après la Libération de Paris durant la seconde guerre mondiale (voir l’article daté du 24 août 2014, intitulé « La Libération de Paris : la grâce de la Liberté » sur ce même blog) , sous la conduite de notre père, lui-même officier d’artillerie lourde sur le front de la Somme en 1940 et résistant à Paris dès octobre 1940 au sein du réseau « Musée de l’Homme » avec germaine Tillion pendant la guerre 39-45, des compatriotes malgaches étaient venus se recueillir (voir la photo en noir et blanc ci-dessus : notre père est à l’extrême gauche, débout en manteau noir) devant le même monumental « Vatolahy » (pierre levée) qu’on voit par ailleurs en couleur (voir photo récente au-dessus de celle en noir et blanc).

Au titre des contributions, notre arrière-grand-père maternel, Rawilly Rabemananjara, avait ouvert à Madagascar, en sa qualité de président du Comité Malgache pour l’Effort de Guerre, avec onze autres membres malgaches (dont les noms figurent sur la photo ci-après), une souscription spéciale grâce à laquelle trois avions de combat du dernier modèle, baptisés « Emyrne », « Madagascar » et «Tananarive », ont pu s’aligner sur les fronts aériens français et marocain.

La Revue « La vie au grand air » en avait fait un reportage remarqué, avec photos à l’appui, montrant successivement : 1. le Comité Malgache au complet + Rawilly Rabemananjara, son président; 2. le « Madagascar », un monoplan biplace construit par louis Blériot; 3. le « Tananarive », un biplan construit par Maurice Farman; 4. l' »Emyrne », un biplan construit par Henry Farman.

comité malgache

avion Madagascar

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avion Emyrne

Quant au général Mangin lui-même, le Commandant en chef de la Xème Armée française, il a tenu à rendre un vibrant hommage aux combattants du 12ème Bataillon de Chasseurs Malgaches qui s’étaient particulièrement illustrés à plusieurs reprises lors de l’offensive finale de 1918 contre les troupes allemandes, offensive ayant mené à la victoire finale.

De ce fait, ce Bataillon avait reçu pas moins de trois citations à l’ordre de l’Armée, fait exceptionnel, et fut qualifié par le général Mangin de « Bataillon magnifique » !

J’évoquais plus haut la présence sur les champs de bataille de soldats malgaches en Macédoine durant la 1ère guerre mondiale. Oui, ils y étaient également ! Et c’est en 1964 que mon père, Pierre Razafy-Andriamihaingo, alors ambassadeur de Madagascar en Grèce, fit tenir sur les lieux mêmes une cérémonie d’hommage pour ces valeureux combattants, et par la suite il décida avec le gouvernement grec le rapatriement à Madagascar des dépouilles de ceux qui sont tombés sur les champs de bataille. Un devoir sacré accompli, quand on sait combien dans leur tradition séculaire les Malgaches conçoivent comme un devoir ultime de retourner sur leur terre natale, comme pour revenir à la maison, en cas de décès en terre étrangère.

LIEUX ET OCCASIONS DE COMMEMORATION

A Paris, un bel et imposant Monument au Soldat Inconnu Malgache se dresse dans la plus pure tradition de nos « Vatolahy » dans le Jardin Tropical du Parc de Vincennes – commune de Nogent-sur-Marne –  (voir ci-dessus en début d’article la photo en couleur).

sonnerie aux morts

  • Reproduction interdite. Archives personnelles.

Au pied de ce magnifique « Vatolahay » nous avions déposé, chaque année durant ma mission comme ambassadeur en France, une gerbe.

Sur la photo ci-dessus: à la sonnerie aux morts, le général de corps d’armée Le Pichon et moi-même sommes au garde à vous.

Jardin tropical (généraux Le Pichon et Lang)

Sur la photo : Après le dépôt de gerbe au pied du magnifique « Vatolahy », le monument du Soldat Inconnu Malgache du Jardin Tropical à Vincennes, les quatre généraux présents, dont les généraux de corps d’armée Le Pichon et Lang, et deux généraux de division, suivis des sections d’anciens combattants présentes, m’accompagnent vers la sortie.- Archives personnelles – Reproduction interdite – 


Après les cérémonies au Jardin Tropical de Vincennes devant le monumental « Vatolahy », je me rends à l’Arc de Triomphe à Paris et sous la fameuse voûte c’est avec une forte émotion que je procède au ravivage de la Flamme, précédé du son sourd et montant du roulement des tambours de la Garde Républicaine, du claquement des bottes de la troupe au garde-à-vous, puis s’installe alors un impressionnant silence pour le recueillement.

La lourde épée traditionnelle m’est présentée, à l’aide de laquelle dans un geste à l’unisson le général Le Pichon, un haut gradé ancien combattant et moi, ensemble nous procédons avec précaution à l’ouverture de l’orifice qui dégage instantanément dans un léger sifflement la Flamme sacrée.

Ravivage flamme arc triomphe

Allumage de la Flamme sous l’Arc de Triomphe de Paris – Archives personnelles – Reproduction interdite –


NE JAMAIS OUBLIER…

Plus tard, en début Novembre 2006, à l’initiative conjointe du gouvernement français, par son Ministre des Anciens Combattants, M. Mekachera, à qui j’exprime ma reconnaissance, et de l’ambassadeur de Madagascar en France que j’étais,  s’est érigée dans le Parc du Ranelagh à Paris XVIème, devant la Chancellerie de l’Ambassade de Madagascar en France et à deux pas du siège de l’OCDE, un autre « Vatolahy » de granit rose (en provenance de la Bretagne) pour célébrer la fraternité d’armes franco-malgache durant les deux guerres mondiales (voir: photo ci-dessous).

Je rends ici hommage à M. Pierre-Christian Taittinger, alors Maire du 16ème Arrondissement de Paris, et auquel j’associe bien volontiers sa 1ère Adjointe d’alors, Mme. Danièle Giazzi, d’avoir permis l’érection de ce « Vatolahy » en un temps record.

Sur la plaque de bronze que nous avions fait graver figurent les mentions suivantes pour la postérité et afin que Malgaches et Français ne l’oublient pas :

. « A la mémoire des combattants qui, sur les différents théâtres d’opérations, ont défendu la Liberté, pour leur patrie et pour la France – Ce « Vatolahy » symbolise la fraternité d’armes franco-malgache ».

Vatolahy

« Vatolahy » commémorant la Fraternité d’Armes Franco-Malgache dans le Parc du Jardin du Ranelagh à Paris XVIème arrondissement – Archives personnelles – Reproduction interdite – 


En 2014, diverses manifestations commémorant le début de cette « grande guerre » et célébrant le souvenir de ces soldats de toutes provenances étaient organisées en France.

Parmi celles-ci, un colloque qui s’était tenu au Ministère français des Affaires étrangères en mai 2014, placé sous la présidence conjointe du Secrétaire d’Etat chargé des Anciens Combattants et de la Secrétaire d’Etat chargée de la Francophonie, évoquait la contribution des anciennes colonies, au nombre desquelles Madagascar.

Ce qui m’avait quelque peu chagriné c’était quelques propos maladroitement réducteurs de l’effort de guerre consenti par Madagascar et les Malgaches, ce qui provoqua de ma part une réaction bien mesurée mais précise pour rappeler des réalités méconnues des historiens présents, dont celles évoquées plus haut concernant les trois avions de guerre du dernier modèle offerts par Madagascar aux armées françaises, et certaines autres telle que la distribution massive aux soldats des tranchées de « corned beef » à base de viande de zébu malgache qui, au-delà de l’anecdote, contribua significativement, de par sa richesse nutritive et gustative, au relèvement du moral des troupes en vue de l’offensive finale…

Ensuite, au Sénat français se tenait le 8 juillet 2014 un autre colloque placé sous la présidence de Monsieur Jean-Pierre Bel, Président du Sénat, et animé par d’autres historiens, notamment notre ami Eric Deroo ou Madame Françoise Vergès et Monsieur Pascal Branchard.

L’un des intervenants, Monsieur Gilles Aubagnac, avait fort opportunément évoqué un fait que j’ignorais jusque là:

. au nom de la mémoire partagée, l’Armée française perpétue soigneusement le souvenir de certaines formations qui avaient particulièrement brillé lors de la guerre 1914-18, et parmi celles-ci figure le souvenir permanent du 7ème Régiment de l’Artillerie de Marine des Tirailleurs Malgaches, dont le drapeau est gardé et porté par l’actuel 4ème Régiment du Service militaire Adapté basé à Saint-Denis de la Réunion.

Précisément, au sujet de la contribution de Madagascar à l’effort de guerre, le colonel Rives et le professeur Dietrich écrivent dans leur ouvrage « Héros méconnus », un document de référence couronné par l’Académie des sciences d’Outre-Mer, et édité par l’Association française des Frères d’Armes :

– « …10 000 Tirailleurs malgaches servirent dans les régiments d’artillerie lourde dont l’importance fut primordiale lors des offensives de la Victoire.  En définitive, pendant la Grande Guerre de 1914-1918 :…45 803 Hommes (ont été recrutés) à Madagascar…et ce non compris les travailleurs malgaches engagés pour les usines de guerre ».

Cette question de la contribution des anciennes colonies à l’effort de guerre est donc, malheureusement, encore sujette à des recherches et révélations, mais son importance et son caractère déterminant ne doivent plus susciter aucune interrogation.

D’autre part, la juste réparation des sacrifices consentis ou subis reste à résoudre, la question de la « décristallisation » des pensions dues aux anciens combattants d’outre-mer, quant à elle demeure, du fait que leur total alignement sur celles des anciens combattants métropolitains n’est toujours pas satisfait…

Après la guerre 39-45 et durant les années suivantes, en sa qualité de Président de la Fédération des Anciens Combattants malgaches, mon père n’avait eu de cesse de se battre pour cette « décristallisation » et pour des actes significatifs de reconnaissance, et plus tard moi-même, en tant qu’avocat au Barreau de Paris j’avais eu à effectuer des démarches précises dans le même sens, y compris pour la reconnaissance des mérites pourtant unanimement reconnus de mes propres parents…

Mais Bon Dieu !, que les résistances administratives et la parcimonie ambiante sont tenaces…!

De façon exceptionnelle, le traditionnel Défilé militaire sur les Champs-Elysées de l’année 2014 a vu certes les drapeaux des anciennes colonies se déployer fièrement, et il s’agissait là d’une forme d’hommage mérité, mais qui n’efface pas encore ce confus sentiment de reconnaissance inachevée, ressenti à juste titre par les anciens combattants malgaches et africains.

L’année 2018, celle du centenaire de la victoire de 1918, je m’étais rendu à l’Esplanade du Mont-Valérien le 14 octobre où était notamment présent le Préfet des Hauts-de-Seine, et le 19 novembre sous l’Arc de Triomphe de Paris pour, à ces deux occasions solennelles, rappeler la mémoire de ces valeureux combattants malgaches, ce à l’initiative de l’Association Nationale Mémoires du Mont-Valérien présidée par Alain Faber.

Mais en cette année 2022, un hommage exceptionnel, encore plus significatif, sera rendu à ces combattants malgaches des deux guerres mondiales par l’organisation, sous l’égide de l’Association Mémoires du Mont-Valérien, présidée par Monsieur Alain Faber, à laquelle je m’associe étroitement et bien volontiers, d’une importante série de cérémonies qui se déroulera en quatre temps:

1. un dépôt de gerbes devant la Stèle dédiée à la fraternité d’armes franco-malgache au Jardin du Ranelagh à Paris XVIème;

2. un recueillement solennel, une évocation de la contribution des combattants malgaches, avec la présence de formations militaires,  à l’Esplanade de la Résistance et de la France Combattante et devant la Croix de Lorraine, au Mont-Valérien ;

3. Concert du répertoire Durosoir (du nom d’un officier français ayant combattu aux fronts avec les tirailleurs malgaches durant la 1ère guerre mondiale), de Ravel et de Debussy  à l’Auditorium de la Mairie de Puteaux;

4. Cocktail-dînatoire sur fond rythmique malgache dans la Salle de Réception de la Mairie de Puteaux.  

Cliquez sur le lien ci-dessous pour consulter la fiche d’annonce et le détail du déroulé des cérémonies :

Invitation cérémonie combattants malgaches

Profond hommage aux combattants malgaches !

Ci-dessous:

Pour eux, voici mes « Fleurs en hommage » – Acrylique sur papier d’or – JPRA – Reproduction interdite –

fleurs en hommage 2

Jean-Pierre Razafy-Andriamihaingo

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Reproduction, même partielle, interdite des textes et illustrations

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